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Abderrahmane Sissako à cœur ouvert avec les étudiants de l’ISIS

Publié le vendredi 6 mars 2015 à 22h43min

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Abderrahmane Sissako à cœur ouvert avec les étudiants de l’ISIS

Le réalisateur du film au sept Césars, Abderrahmane Sissako, a fait un master class, ce vendredi 6 mars, avec les étudiants des écoles de cinéma africaines. Objectif, partager avec eux son expérience et discuter sur le thème de la mise en scène au cinéma. C’était dans le cadre des activités de la fenêtre des écoles organisées par l’Institut Supérieur de l’Image et du Son (ISIS) en marge du FESPACO 2015.

« Mes films parlent de gens simples. N’allez pas chercher très loin, racontez ce que vous êtes, ce qui vous entoure ». C’est en ces termes qu’Abderrahmane Sissako s’est adressé aux étudiants en cinéma du Bénin, du Niger du Ghana, du Togo, du Maroc, de l’Afrique du Sud, de l’Ethiopie, et du Burkina. Le réalisateur a pendant plus de deux heures discuté à cœur ouvert avec les étudiants sur son parcours, ses méthodes de travail et aussi les difficultés qu’il a rencontrées pour le tournage du film « Timbuktu ».

« Faire du cinéma, c’est raconter le monde avec sa propre particularité », assure Abderrahmane Sissako. Dans ses films il aborde beaucoup le thème de l’exil. Les silences occupent une grande place dans la mise en scène. « Lorsqu’on raconte un drame, il faut éviter le spectaculaire. Dans « Timbuktu », j’ai évité de montrer par exemple des mains coupées. Il faut savoir y aller doucement », explique le réalisateur.

Il a aussi raconté plusieurs anecdotes sur ses sept années de formation à la VGIK (école de cinéma) à Moscou et sur ses tournages. Pour lui, la sincérité, la simplicité et la rigueur sont les maîtres mots. Le réalisateur doit être patient, tolérant et faire confiance à son équipe car « un film est un travail collectif ». « Il y a certains réalisateurs qui crient sur les comédiens. Moi je préfère leur dire de jouer les scènes avec leurs mots pour qu’ils soient plus naturels. »

Quant aux polémiques autour du film, Abderrahmane a déclaré ne pas y prêter attention. Pour lui, « beaucoup de gens ont parlé du film sans l’avoir regardé. Le sujet est complexe et touche à l’actualité ce qui n’est pas facile. Nous avions prévu de tourner le film à Tombouctou mais il y a eu un attentat suicide qui a mis l’équipe en danger. Nous avons donc tourné finalement pendant six semaines en Mauritanie avec un important dispositif sécuritaire. »

Occuper les écrans avec des histoires et productions africaines

Abderrahmane Sissako a salué l’initiative de lui offrir cette tribune d’échange avec des jeunes qui comme lui ont décidé de faire du cinéma leur métier. « Pour moi c’est la plus importante et belle action que je pouvais faire en venant ici à l’ISIS et de parler à des jeunes », a-t’ il déclaré. Il est important pour l’Afrique d’occuper ses écrans avec nos histoires, nos films et séries produites localement. « Il faut emmener les autorités à s’intéresser à la culture. Ils ont l’habitude de dire qu’il y a d’autres priorités comme la santé et l’éducation, mais nous savons tous comment ils y ont échoué », a-t- il ajouté.

Pour Soubeiga Michel, étudiant à l’ISIS, ce partage d’expérience est encourageant. « Nous l’attendions et c’est une chance pour nous d’avoir pu échanger avec lui. J’ai retenu plusieurs choses qui me serviront ».

Lien vers la biographie et la filmographie d’Abderrahmane Sissako
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abderrahmane_Sissako

Diallo Aïssatou (stagiaire)
Lefaso.net

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