LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Trophées du FESPACO : Sur les traces de l’Etalon de Yennenga

Publié le jeudi 5 mars 2015 à 00h20min

PARTAGER :                          
Trophées du FESPACO : Sur les traces de l’Etalon de Yennenga

Au soir du 7 mars quand le grand vainqueur de la 24e édition du FESPACO brandira l’Etalon de Yennenga, il y aura eu derrière, les mains savantes de Ali Nikiéma, le concepteur. C’est lui qui, depuis plusieurs années, est le père de ces trophées tant convoités par les hommes du 7e art de l’Afrique et de sa diaspora. Zoom sur celui qui dans l’obscurité, fait briller les meilleurs cinéastes présents à chaque FESPACO.

Dans son l’atelier au sein du Centre national d’artisanat d’art de Ouagadougou, ce n’est pas du tout repos. En cette matinée du 4 février, c’est une ambiance studieuse qui y règne. On lime, on burine pour parfaire. De jour comme de nuit, c’est le même manège pour être dans le délai. C’est ainsi depuis deux mois que la confection des trophées du FESPACO a commencé dans l’atelier de Ali Nikiéma. A édition spéciale, programme spécial. Les éditions précédentes, le travail commençait 4 à 5 mois avant le début du festival. Le doute ayant plané sur la tenue de cette 24e édition du FESAPCO, Ali Nikiéma et ses collaborateurs se sont mis au travail, tard. Il a fallu mettre les bouchées doubles.
Sculpteur fondeur et enseignant au centre national des arts, c’est dans ledit centre que Ali que Ali a été formé. Plus tard, il bénéficiera d’une bourse pour aller se perfectionner en Italie. « C’est au retour que j’ai été retenu comme enseignant » se rappelle l’artiste qui a du mal à se rappelle de la période. Sans doute entre 1983 et 1986. Depuis il a formé des jeunes, aussi bien au centre que dans son atelier à la maison dans le quartier, Gnongssin, réputé, quartier de fondeur.

Une continuité avec le FESPACO

« Mon aventure avec le FESPACO, c’est une longue histoire », se souvient Ali. Tout a d’abord commencé avec son maitre formateur, à qui la confection des trophées avait été confiée par Sotigui Kouyaté, Louis Thiombiano et Tahar Chedia. « J’ai eu la chance avec l’œil d’enfant, de le voir à l’œuvre. Après lui, on a un grand frère qui le faisait. Actuellement c’est moi qui assure la continuité » poursuit-il.
Cette année, encore, Ali Nikiéma a été sollicité pour la conception de trois lots de récompense. Celui des longs métrages avec les Etalons, les courts métrages avec cours les Poulains et pour la conception du symbole du monument des cinéastes qui récompensent les prix d’interprétation, meilleurs scénario, etc.
Volontiers, il nous expliquera le processus de création de l’Etalon d’or du Yennenga. « L’Etalon est conçu à partir d’un modèle fait avec de la cire d’abeille. On chauffe la cire qu’on façonne pour donner le modèle, c’est la partie création. Après la forme en cire, il y a une autre étape, c’est le moulage. On enveloppe soigneusement le modèle dans de la terre réfractaire. Ensuite, on chauffe cette terre quand elle est sèche, la cire est une matière qui fond rapidement, on la vide. A l’intérieur maintenant de la terre, l’empreinte de l’Etalon est gardé et on fait fondre le métal en fusion, on coule, et ça épouse la forme ». Et le tour est joué. Facile à expliquer, mais la conception peut prendre des semaines, voir un mois, en fonction de l’inspiration de l’artiste.
L’Etalon d’or de Yennenga est-il fait en or ? Non pas du tout, il y a de l’or, mais Ali fait « une composition pour que ça brille fort comme de l’or ». C’est sa technique. Quelle est la quantité d’or utilisé ? Secret professionnel ! L’artiste n’en dira pas plus. Pas plus non plus, si vous lui demandez combien il gagne à chaque édition avec le FESPACO.

Des efforts reconnus, mais peut mieux faire

« En terme numéraire, on ne peut pas parler(…) on est toujours récompensé par l’amour de servir sa patrie, c’est la satisfaction. Le FESPACO, c’est le ministère de la culture, tout comme le centre national des arts. C’est donc une famille qui travaille ensemble. On apprécie la collaboration » avance-t-il, mais sans se plaindre, il aurait souhaité être invité à une clôture du Festival pour voir ses œuvres brandies avec fierté.

« Je ne suis jamais invité à participer à la clôture, depuis que je conçois les trophées. Ça nous ferait un petit honneur, mon équipe et moi d’être invité (…) » regrette celui qui a été élevé au rang de chevalier à deux reprises.
Les œuvres de Ali Nikiéma trônent majestueusement dans les artères de la capitale Burkinabè et bien au-delà. Il cite entre autre, les ronds-points de la bataille du rail, des sports en face de l’école nationale de la police, les sculptures en face de la salle des fêtes de Ouaga 2000, à Laongo, les Etalons à la présidence du Faso, les sculptures dans la ville de Ouahigouya. L’expertise de Ali est également sollicitée à l’extérieur, entre autre en France et au Danemark ou il a donné des formations dans des centres d’arts et érigé des monuments dans les rues. Toutes ces œuvres portent les empreintes du sculpteur-fondeur. « Je suis comblé(…) Ce sont mes enfants qui vont rester éternellement sur terre » se réjouit-il.

Tiga Cheick Sawadogo
Photos : Lawasselea Bonaventure Paré
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique