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Affaire Norbert Zongo :Piste de Kaya, la peur des "amis sûrs"

Publié le vendredi 18 mars 2005 à 00h00min

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Si l’adjudant Marcel Kafando, était "désinculpé", le juge reviendrait sûrement sur la piste de Kaya. Ce qui n’est pas pour plaire à tout le monde notamment aux "amis sûrs" de Norbert Zongo.

Dans des écrits aux allures de réquisitoire, les "amis sûrs" continuent de faire des "révélations" les unes plus inexactes que les autres.

Comme des sentinelles qui veillent sans vigilance, ils ont le regard glauque, rivé sur l’épais nuage de la passion politique qui a entouré ce drame. Difficile alors d’admettre la vérité quand elle dessert leurs intérêts partisans.

Wenceslas Ilboudo devenu brusquement un juge crédible

Longtemps accusé par l’Indépendant de faire le jeu du pouvoir et au mieux de se tourner les pouces, le juge Wenceslas Ilboudo en charge du dossier Norbert Zongo est devenu au détour d’une énième révélation, un enquêteur crédible. "Même le juge Wens a écarté la piste de Kaya" lit-on à la une de la dernière livraison. Le juge Ilboudo ainsi désigné par le diminutif affectif "Wens" a droit à d’autres éloges dans les colonnes du canard qui pour une fois l’épargne de son courroux de justicier intègre. "En deux ans d’enquête où il n’a rien laissé au hasard en exploitant aussi la piste de Kaya, il a fini par inculper le 2 février 2001, l’adjudant Marcel Kafando, ce qui voudrait dire que la piste de Kaya n’a rien donné". A la bonne heure ! Les Burkinabè épris de justice sont heureux d’apprendre que le juge d’instruction travaille consciencieusement, que l’affaire Norbert Zongo ne traîne pas sous la poussière dans des tiroirs sur injonction des pouvoirs publics.

On note au passage et ceci n’est pas anodin, bien au contraire, l’appel à peine voilé pour l’abandon de la piste de Kaya. "Même Wens" l’a écartée, comme pour dire on n’en parle plus, surtout nous autres invités que nous sommes à retourner à l’école des enquêtes journalistiques. Non, messieurs, enquêtes pour enquêtes, pistes pour pistes, nous n’abandonnerons jamais cette quête de la vérité dont vous revendiquez si outrageusement le monopole. La démocratie burkinabè court un trop grand risque si l’on vous abandonne le monopole de la prétention à défendre la veuve et l’orphelin. Nous allons vous y accompagner malgré vous. Surtout quand vous répandez des contre-vérités du genre : "cette piste (de Kaya) est remise sur la place publique parce que François Compaoré l’a trouvée intéressante".

Si Sapouy est une suite logique de Kaya...

Et pourtant ! ce n’est pas François Compaoré qui a remis cette piste de Kaya sur la place publique.

C’est le numéro spécial de l’Indépendant sur l’affaire Norbert Zongo paru le 14 décembre avec ses révélations croustillantes. Relisez-vous messieurs ! Dans ces enquêtes que vous avez qualifiées de "sérieuses" , menées pendant six mois vous avez laissé entendre que ce qui s’est passé le 13 décembre sur la route de Sapouy, (assassinat de Norbert Zongo) est la suite logique de ce qui s’est passé à Kaya le 7 novembre. Et que s’est-il passé à Kaya ? Une tentative d’empoisonnement collectif dont la principale cible était Norbert Zongo. C’était lors d’un repas pris entre "amis sûrs" après une conférence de la CGTB. Les faits sont têtus et si Sapouy est une suite de Kaya, le pauvre Marcel Kafando n’y est pour rien. Le juge d’instruction peut donc se tromper en toute bonne foi. C’est pourquoi une confrontation est nécessaire entre Marcel Kafando et son contradicteur.

Au demeurant, la jurisprudence nous enseigne qu’il y a des révisions de procès quand des faits nouveaux tendent à prouver qu’il y a erreur judiciaire. Le dossier Norbert Zongo n’en est qu’au stade de l’instruction et de nouvelles preuves peuvent orienter le juge d’instruction sur une piste ou une autre. N’est-ce pas conscient de cela que vos "enquêtes" et vos "révélations" très orientées tentent de faire oublier la tentative d’empoisonnement de Kaya ?

Mais si Marcel Kafando était disculpé d’une façon ou d’une autre, il faudrait bien revenir sur cette piste qui dérange... énormément.

Quant au discrédit de la CEI, ce sont encore les fameuses révélations du numéro spécial de l’Indépendant du 14 décembre 2004 qui l’ont provoqué. Aujourd’hui on enfonce le clou en nous parlant de "taupes", de "scandale des procès verbaux", "d’orchestration pour saboter le travail", etc, autant de choses qui font dire à juste titre que la CEI n’a pas travaillé sereinement. Et si tous les commissaires sont responsables de ce manque de sérénité, son président, M. Kassoum Kambou est plus responsable que tous les autres.

Le président de la CEI, M. Kassoum Kambou remettant le rapport
de l’enquête à l’ancien Premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo.

Le "tact" dont il "a usé pour que la commission puisse continuer le travail" ne le dédouane en rien de ses déboires et de la non-pertinence de ses conclusions. Au demeurant "taupe" pour "taupe", l’Indépendant devrait avoir des taupes dans la CEI, lui qui, depuis 1999 à nos jours, est si au courant des attitudes individuelles des commissaires et de l’atmosphère générale qui a entouré ses travaux. Avec une si grande capacité d’infiltration, on aurait pu nous éviter les contradictions et les embrouillaminis à la Tournesol, diffusés à longeur d’édition. Personne n’a trinqué à la mort de Norbert Zongo mais on sautera volontiers le Champagne si certaines plumes venaient à ne plus être trempées dans le fiel épais de l’acrimonie de la critique destructrice.

Djibril TOURE
L’Hebdo

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