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« Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

Publié le vendredi 20 février 2015 à 22h19min

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De prime abord, la question pourrait offusquer et même choquer les esprits religieux au Burkina Faso. Ce qui s’entend bien. Mais, le « Pays des hommes intègres » est-il si sûr de sa foi, et de quelle « foi » ? Récemment, En Grèce, le pays qui a vu naître la démocratie, le premier ministre a décidé de ne pas prêter serment sur la Bible (ou le Coran, s’il était musulman). En se déclarant athée, il permet aux Africains, profondément religieux, de se poser des questions sérieuses sur leur avenir culturel et cultuel. Que penser de notre pays qui, dans une période transitoire, se prépare à élire son premier président de l’ère post-insurrectionnel ? Et s’il se déclarait athée ?

Le Burkina Faso est un pays religieux : une terre de croyances

Que penserons-nous le jour où le président du Faso prêtera serment sur un texte culturel (et même cultuel) qui fait l’unanimité des chefs traditionnels et religieux de la nation Burkinabè ? Est-ce impossible ? Dans tous les cas, il est indéniable que « la foi en Dieu » est un patrimoine du Burkina Faso ! Que penser de l’inverse ? Et si le chef de la magistrature suprême se déclare incroyant officiellement pour diriger des populations à majorité croyante ? Loin de se projeter dans des chimères, il faudra peut-être y cogiter aujourd’hui. Surtout qu’il y a un vide juridique sur le sujet dans notre Constitution…
En rappel, la question de l’article 37 et du référendum est encore fraîche dans les mémoires. On ne peut occulter (voire nier) que notre Constitution, ne nous a pas aidés à démêler très tôt les risques d’interprétations controversées sur les mandats présidentiels et leurs limites. N’existe-t-il pas encore des zones d’ombre dans les textes qui régissent la vie de millions de Burkinabè ?
Le Burkina Faso, depuis la fin octobre 2014, a entamé des changements à tout point de vue, eu égard aux commissions mises en place pour les réformes envisagées pendant sa « transition ». Pour revenir au sujet du moment, des enjeux se profilent déjà à l’horizon dont principalement les élections d’octobre et leurs lots de quête de suffrages. Une épreuve électorale, en somme, pour vérifier la bonne « santé démocratique » du pays croyant des hommes intègres. Si « la foi » est un patrimoine immatériel du Burkina Faso, cela doit être notifié en principe. A l’heure où tous les peuples (même les minorités) resserrent leurs liens pour s’affirmer afin d’exister, il serait d’un bon ton que les Africains agissent de même, au lieu de plaquer des textes écrits sous d’autres cieux et qui ne reflètent aucunement les valeurs, surtout éthiques, de nos populations.
A la limite, devons-nous exiger clairement que les candidats aux postes à haute fonction, et de responsabilité très élevée, soient réservés à des croyants (Religions Traditionnelles africaines, Islam, Christianisme…) ? Un athée peut-il être candidat à la présidence du Faso ?

Notre Constitution est-elle « croyante » ?

On dit souvent qu’une carte vaut mille mots. Interrogeons notre Constitution elle-même. Au regard des textes relatifs à la croyance nous pouvons lire : « La liberté de croyance, de non-croyance, de conscience, d’opinion religieuse, philosophique, d’exercice de culte, la liberté de réunion, la pratique libre de la coutume ainsi que la liberté de cortège et de manifestation sont garanties par la présente Constitution, sous réserve du respect de la loi, de l’ordre public, des bonnes mœurs et de la personne. » (Article 7) CONSTITUTION DU BURKINA FASO (Loi N° 002/97/ADP du 27 janvier 1997). Un seul et unique article gère les questions culturelles sinon cultuelles relatives à la « foi » d’un peuple de croyants… D’un point de vue qualitatif et quantitatif, force est de reconnaître que ce patrimoine est bien discret et peu étendu pour une valeur suprême dans un pays africain comme le Burkina Faso. La « foi » est bien un patrimoine immatériel du Faso, il reste à l’écrire…
La pensée religieuse au Burkina Faso est basée sur les schèmes traditionnels vécus et appliqués. L’esprit « cultuel » coule toujours dans les veines de tout peuple. On n’a pas besoin de référendum pour inscrire dans notre Constitution le fait que tous les Burkinabè sont croyants par naissance (C’est une évidence pour l’instant). Ceci, pour nous prévenir des Burkinabè d’autres « fibres » (expatriés, diaspora…) qui contreviendraient à cette vérité inscrite dans la chair des « Burkinabè de tradition ». Il n’est pas offensant de se présenter tel qu’on est. Cela peut rendre un grand service aux générations futures. A commencer par celle d’aujourd’hui qui est en perte de repères stables et encourageants. Qui sait si le fameux développement durable que chaque Burkinabè appel de tous ses vœux ne passe pas par une reconnaissance des valeurs intangibles de son existence ici-bas ? Les mânes des ancêtres préexistent à toutes les religions dites révélées qui ont essaimé dans nos contrées africaines. Elles ont véhiculé ces richesses anthropologiques qui font de tout Africain un référentiel (en valeurs universellement reconnues) en la matière.
En quelques mots, on peut reposer la question savante : le président du Faso jure sur quoi pour diriger notre pays ? La Bible ? Le Coran ? Un rituel coutumier (selon la religion qu’il pratique) ? Dans un contexte où tous les peuples s’affirment pour exister pouvons-nous tolérer un vide à ce niveau ? Le prochain président du Faso jurera sur quelles valeurs autres que « républicaines » pour diriger le pays ? Ce n’est pas le choix d’une personne qui développera le Faso, ce sera l’option d’une détermination basée sur des valeurs sûres. Ces valeurs-là commencent par un socle indéracinable, celui de la « foi » Burkinabè, comprise comme une et indivisible ! Serait-ce une intrusion de la religion dans la « démocratie magnifiée » aujourd’hui ? Pas forcément, ce serait une juste affirmation d’un peuple qui met en exergue un patrimoine fondamental. C’est sa foi de croyant pour une nation prospère dans tous les sens. Et pourquoi pas, une nouvelle pratique culturelle et originale où la foi en un unique Dieu régie une cohésion sociale inébranlable et permanente. Les Burkinabè en ont le pouvoir parce qu’ils sont croyants dans leur âme et Africains dans leur esprit. Mais, le sont-ils seulement dans leurs mœurs ?

Plaidoyer pour la reconnaissance d’un patrimoine immatériel au Faso

Faut-il instituer enfin une fête des ancêtres dans notre Nation (Ils ont prié pendant des siècles pour leurs descendants que nous sommes). Aujourd’hui, pouvons-nous avancer dans un futur proche ou lointain sans les valeurs reçues et partagées de nos jours et héritées de nos ancêtres croyants ?
Pouvons-nous augurer que si la foi en Afrique, et particulièrement au Burkina Faso, n’est pas intégrée dans la Constitution, les négro-africains seront condamnés (ou presque) à des errements certains ? La réponse échoit certainement à l’avenir… Nous sommes d’une culture négro-africaine (multiculturelle). C’est une réalité et non pas un choix. Les intellectuels africains, et Burkinabè, sont certes allés à l’« école occidentale » mais une autre école plus stable et garante de nos Institutions africaines est très souvent négligée, voire même combattue. On ne lutte pas contre soi-même. On ne change pas de peau sans conserver l’ancienne non plus. Espérons que le renouveau tant attendu du Burkina Faso tiendra compte de l’âme négro-africaine qui sommeille en nous et qui a besoin d’être mise à contribution à tous les niveaux. Le Burkina Faso a un patrimoine culturel immatériel qui répond bien aux critères de l’UNESCO à savoir traditionnel, représentatif, inclusif et communautaire. Le pays a conservé ses valeurs ancestrales et pourrait bien légitimement en faire une référence première dans ses principes constitutifs. Qui le fera à notre place ?

Le rôle et la place des intellectuels africains dans un renouveau culturel

Prises dans le jeu de la mondialisation et de ces corollaires abasourdissants, les élites africaines n’ont pas toujours su adapter leur profonde foi traditionnelle au modernisme. N’est-ce pas un exercice qu’il faudra désormais capitaliser dans tout projet africain ? Il y a une étude anthropologie (des études certes à réaliser) appliquée qui manque au tableau de nos plans et nos projets africains. C’est la donne culture, culte, religion et développement. Une forme d’« intention cultuelle » qui pourrait servir de « valeur ajoutée » à toute planification qui touche la dignité humaine dans le développement social africain.
Précisons que par le culte, les Africains vénèrent leurs ancêtres, ce n’est pas adorer des hommes mais s’incliner devant les valeurs humaines et sociales qu’ils ont vécues et transmis. Qu’en avons-nous fait ? Les religions dites révélées, islam et christianisme pour ce qui concerne le Burkina Faso, nous sont apparus par voie de terre ou de mer. Une partie de nos ancêtres en ont fait « leur religion » pour des raisons diverses. Certains en les adaptant forcément au contexte africain, d’autres en les plaquant purement et simplement. Ce qui n’a pas manqué de révéler des dysfonctionnements dont nous portons encore aujourd’hui les stigmates… Par la culture plurielle et locale, il y a l’affirmation d’une « culture Burkinabè » c’est indéniable. Chaque pays africain, malgré le redécoupage colonial des grands ensembles, a su se reconstituer quelque peu (il reste encore à faire). Pour le cas du Burkina, dire que notre culture se limite à des journées festives auréolées de « Parentés à plaisanteries » et de « Brochettes pimentées » reste insuffisant. Il est d’ailleurs curieux que des intellectuels (ou assimilés) se laissent prendre à ce jeu-là. Le culte est le prolongement de la prière, donc d’un sentiment intérieur qui peut se mettre au service du développement humain intégral au Burkina.

L’« intention cultuelle » dans l’esprit et la base du développement au Burkina Faso

La culture Burkinabè est un ensemble de conceptions traditionnelles qui a survécu à l’esclavage et à la colonisation. L’âme des peuples ne se perd pas dans le sable parce qu’elle est enracinée dans les esprits. Et les esprits sont toujours là. Ils veillent. Il faut une intention cultuelle qui est l’image et la détermination d’une personne dans son devenir quand il pose un acte humain ou social. Et pour un pays en voie de développement comme le Burkina cette intention constitue un préalable à toute évolution positive vers la réalisation de l’Homme dont rêve le « Pays des hommes intègres ». Il n’y a pas de développement sans âme et l’âme africaine est fortement cultuelle.
Plusieurs adaptations sont possibles. Dans le catholicisme burkinabé, par exemple, la liturgie peut insérer dans l’eucharistie (communément appelée la messe), une célébration annuelle basée sur le culte des « Saints ancêtres ». Quels chefs traditionnels ne participeraient-ils pas à une telle célébration ? De plus, et comme cela se voir ailleurs, n’est-il pas temps d’instaurer une fête cultuelle des ancêtres Burkinabè ? Célébration d’envergure nationale (jour férié) pour honorer ceux qui ont toujours prié et bénis la terre du Faso ? La conversion ou la restauration que souhaitent tous les Burkinabè pour leur pays passera certainement par une reconnaissance de leur culture. On ne se développe pas, quand on n’a pas d’identité. « Quand on ne sait pas qui on est, on ne sait pas où on va ». Ce qui est dit ici est valable pour toutes les autres religions et toutes formes d’harmonisation entre foi, culture, cultes et prières au Faso. Une « prière Burkinabè » existe-elle ? Si non, il faut la créer et lui donner une place au cœur de l’être Burkinabè. L’inculturation des valeurs africaines n’est pas seulement religieuse, elle est aussi politique et sociétale.

Des exemples comme pistes de réflexions…

Prenons des exemples concrets. Les enfants du Burkina ont le droit d’être reconnus dans leurs cultures pour exister. Le système éducatif tient-il compte de « l’intention cultuelle » de nos progénitures ? Les femmes, et particulièrement les jeunes filles, savent-elles la route à suivre aujourd’hui dans leurs rôles et places dans la société Burkinabè ? Le travail, valeur incontournable pour la « création de richesses », est-il intégré dans le cultuel et vice versa ? Toutes les questions relatives à la désorientation des mœurs de notre jeunesse africaine ont-elles trouvé voix qui répondent ? Ce devoir échoit aux politiques actuelles et à la détermination d’un « pouvoir » qu’il soit de transition ou non. L’avenir appartient aux peuples libres et engagés, en restant eux-mêmes dans le concert des idées mondialisées. Il ne suffit pas d’accuser la mondialisation et les médias pour justifier les malheurs africains.
Un retour aux sources s’avère nécessaire au regard des égarements subis par nos sociétés écarquillées entre le bon grain et l’ivraie. Un avenir culturel, qui passe par une intention cultuelle, est en jeu aujourd’hui dans nos pays africains. Pouvons-nous espérer que la foi et la spiritualité des Burkinabè sauront faire barrage à l’incroyance qui se mondialise progressivement ? La menace ici, c’est ce qui constitue tout être humain : le corps, l’âme et l’esprit.
Peut-on aller plus loin afin de vaincre une cécité des possibles dans un monde aussi surprenant que le nôtre ? Que se passera-il le jour où la démocratie voudra voter dans un pays, s’il faut croire en Dieu ou non ? Est-ce encore une utopie, si un dirigeant peut se déclarer athée et refuser une tradition multiséculaire et croyante ? Le pire, peut-être, reste à venir dans un monde où le choix du plus grand nombre impose toujours sa dictature !
La culture démocratique, en Afrique, passe par cette démarche honnête envers les citoyens : la reconnaissance de leurs richesses intrinsèques. L’État, dans un espace et un temps donné, doit pouvoir refléter les réalités de ses concitoyens et le notifier clairement. Encore une fois, il s’agit de ne pas naviguer à vue, en matière de valeurs référentielles et de patrimoines culturels et cultuels. La « foi » d’un peuple ne se décrète pas certes, mais quand elle existe il faut la dire… Mieux, l’écrire.
L’Afrique a pris l’habitude de chercher des voies et moyens de sa promotion politique et économique. Sa culture et son patrimoine restent encore sous-exploités. Un réveil de ce côté-là ne sera jamais de trop dans une planète ou de nouvelles « valeurs » surgissent chaque jour. Le Burkina Faso saura-t-il relever ces défis-là ?

Nérée Z.

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Vos commentaires

  • Le 21 février 2015 à 05:45, par zot En réponse à : « Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

    Bien vrai ce que vous dites mais aujourdhui moi je prefere quelqu’un qui se declare athee a quelqu’un qui se dit croyant et est capable de tuer son semblable au non de cette foi comme exemple on peu citer boko haram et meme a cote chez nous ici on peu prendre l’exemple du monsieur qui fait entrer des boissons perimes pour les revendre a ses semblables et pourtant il se dit croyant

  • Le 21 février 2015 à 08:04, par KAMA En réponse à : « Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

    Bonne analyse. J’adhère parfaitement à l’idée d’une journée dédiée aux ancêtres. Cela pourrait s’appeler "BAYIR DAARE" comme certaines localités le font déjà. Elle servira d’occasion de retour à la source souhaitée par beaucoup de "déracinés" qui veulent réintégrer leurs origines mais ne savent pas par oú commencer. Il y a des enfants qui ne connaissent leur village d’origine que lorsqu’ils sont rattraper par leur propre histoire (le pog poussem mondernisé en PPS). Cette journée peut être un levier de developpement sur tous les plans. Enfin, elle pourrait banir le fanatisme religieux(importé) et cultiver la tolérance religieuse interconfessionnelle.
    A NOS MARQUES POUR SA PROTION

  • Le 21 février 2015 à 08:51, par croyant En réponse à : « Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

    je suis simplement étonné que les chers internautes ne commentent pas ce texte ?

  • Le 21 février 2015 à 10:10, par akilas En réponse à : « Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

    Merci Père Nérée et bon carême ! Merci pour l’effort de réflexion sur un thème qui jusque-là n’est pas une préoccupation. A mon humble avis, je vois vraiment pas l’intérêt de jurer sur l Bible ou sur le Coran encore moins sur les mânes des ancêtres pour être un bon président ou un dirigeant exemplaire.
    L’essentiel c’est de tenir à sa parole d’honneur. Là où jusque-là il n’y a pas problème, ne cherchons pas à prévoir des solutions au risque d’engendrer des incompréhension sou des conflits religieux inutiles. Dieu nous bénisse ! Amen !

  • Le 21 février 2015 à 10:16, par lajumelle En réponse à : « Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

    Merci pour la réflexion M. l’Abbé ! A entendre les commentaires de certains musulmans ou chrétiens sur la religion, j’ai l’impression qu’ils se cachent derrière les religions pour vivre leur vie de féticheurs ou de marabouts. Sinon comment comprendre qu’un adepte d’une religion trouve que ce que qu’elle défend n’est pas culturelle. Si je ne suis pas de la religion traditionnelle parce que je suis d’une autre religion révélée qui m’interdit de prendre part aux pratiques et rites traditionnels, libre à moi de quitter pour ne pas avoir une double face. La religion est une conviction et nul ne doit être contraint en la matière. Celui qui se sent bien se donne entièrement sans réserve. Celui qui ne se sent pas du tout bien retourne dans sa tradition. Ce qui est sûr chacun cherche la bonté sur la terre et le paradis dans l’au delà. Que le seul Dieu que tous prient, nous éclaire pour que chacun où qu’il soit le craigne et s’y attache vigoureusement pour bien vivre sa vie de foi et être un modèle dans son milieu.

  • Le 21 février 2015 à 15:40, par Culture burkinabè En réponse à : « Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

    Monsieur l’abbé, attention. Il y a certes un lien entre culture et religion. Toute religion produit une culture et toute culture a une dimension religieuse dans le sens de la transcendance. J’ai toujours été fier de la promotion culturelle du pays. Il me semble que vous faites une analyse confuse du rapport religion/culture. Vous les distinguez dans leur fonction sociale certes, mais vous en faites une transposition. Au Burkina Faso, nous n’avons pas une religion ou plusieurs religion revendiquant un seul livre sacré comme aux USA. Vous faites bien honneurs aux ancêtres en leur donnant leur place. Quoi qu’il en soit de la croyance des Burkinabé, votre proposition porte grandement préjudice à la nature même de la démocratie dans la situation propre du Burkina Faso. Sur quelle loi formelle et signe matériel relatifs à la religion le président prêterait-il son serment ? La croyance fait partir du patrimoine nationale ; en revanche, vous ne rendez pas service au pays et aux Burkinabè par votre proposition.

  • Le 21 février 2015 à 17:50, par Bahiya En réponse à : « Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

    Bonsoir à tous et merci à l’Abbé Z. de soulever une reflexion qui risque de le dépasser. J’avoue que l’Abbé doit être au courant de quelque chose sur certains de nos hommes politiques et qu’il veut dire de façon politique. A y voir de près, son article cache beaucoup de non dit. S’attaque t-il aux athées ? aux féticheurs ? aux adeptes des religions dites révélées ? Ce qui est sure les burkinabés dans leur majorité ont réussi à maitriser les danger des religions dites révélées qui causent plus de probleme de vivre ensemble. Mr l’Abbé évitez nous ce genre de reflexion sans issue. Que le président ou les ministres ou députés soient athés ou musulmans ou chrétiens ou autres ne nous regarde pas. D’ailleurs l’athéisme sera la religion du future. vous qui vous dites croyant quelle différence entre vous et un autre ? L’homme reste l’homme qu’elle que soit sa religion, c’est à dire s’il veut être bon ou mauvais, aucune religion ne peut l’apêcher de........mentir, voler, violer, tuer, aimer, pardonner, aider.

  • Le 21 février 2015 à 21:02, par LE SILENCE En réponse à : « Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

    En ce monde moderne gouverner par la recherche du bien être matériel, la religion peut-elle empêcher un homme de satisfaire ses besoins ? un athée, un musulman, un chrétien, un animiste, en quoi ils sont différents dans la réalité de la vie sociale ?
    La religion ne rend pas un homme bon ou mauvais, la religion révèle le fond de l’homme. Si le fond de l’homme est bon, la religion révèlera sa beauté, si par contre son fond est mauvais, la religion révèlera sa laideur. Qu’il soit croyant ou incroyant, l’essentiel que son fond soit bon.
    L’Esprit saint ne guide t-il pas même les incroyants ?

  • Le 22 février 2015 à 10:44, par Jabil Cantaga En réponse à : « Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

    Bonjour Chers Tous ! Les propos de l’Abbé ZABSONRE ne doivent pas être mal vus.Ils attirent l’attention sur un fait.
    Nous constatons :
    - Les religions révélées n’ont jamais fait une quelconque concession à la culture et à la région traditionnelle africaine et ce, depuis la nuit des temps : rappel des temps de l’esclavage et de la colonisation.
    Toujours diviser pour mieux régner ;seule philosophie de la Force annexant qui faisait toujours la promotion des minorités et/ou exclus qui jubilaient ( d’être choisis et désormais considérés )de détruire des valeurs culturelles cardinales des populations autochtones voire de tenir tête aux détenteurs des pouvoirs traditionnels. Auxiliaires acquis
    - les soit -disant intellectuels évolués, selon les cas, seront entrainés(,à l’école,) à mépriser voire à détester les coutumes et traditions africaines. Ils auront désormais honte de cette chose dont ils sont issus et dont ils portent la marque indélébile nonobstant tous les apports extérieurs.
    Quelque soit la nouvelle religion embrassée , tout africain converti conserve ,consciemment ou inconsciemment à plus de 50% sa foi et pratique d’origine (dit-on) donc, les valeurs et la culture africaines traditionnelles. Si bien que les uns et les autres se débarrasseront d’abord du nom traditionnel local donné par les parents : de Jabili à Jean ou à saidou , selon les cas.
    - La force annexante ira jusqu’à faire perdre à l’africain sa langue. Drame : tant et si bien que l’évolué ne pourra ni lire, ni écrire dans sa langue maternelle et pire ,il ne sera apte à dire sa prière que dans la langue adoptée de l’autre. On lui apprendra à détruire les lieux de cultes africains et tout ce qui va avec : vêtements, aliments, masques et autres objets . L’insolite : lors d’une JNP ; l’organisateur national expert de cette rencontre du monde paysan et rural est allé jusqu’à refuser une traduction des messages dans la langue de la localité , prétextant que toute autre traduction autres que celles en plus du fulfuldé , mooré et dioula prendra du temps et que même le Président n’en veut pas. Rien n’y fit malgré la supplication des organisateurs locaux.
    J’avais pitié de tout ce beau monde qui avait été convoyé pour le folklore et qui ne comprenait aucune autre langue que celle locale, parlée d’ailleurs de droit dans les pays voisins. Voyez vous seulement l’ampleur du ridicule, pardon, du phénomène ?
    - les grands responsables se lancent dans la promotion de leurs coreligionnaires , sans pour autant se défaire des pratiques traditionnelles africaines , ignorant ainsi tradition et pratiques coutumières
    - Ce domaine de la foi et de la religion traditionnelle , pourtant patrimoine national immatériel , est laissé pour compte. L’administration va même jusqu’à feindre de ne savoir le département ministériel qui allait s’en occuper . Ceux qui le savent travaillent à ce que ce ministère manque jusqu’à l’essentiel. Il s’agit du ministère de la culture ,des cultes..(ailleurs). qui devrait être responsable des religions, des cultes et des pratiques coutumières.Aucun PTF ne va financer le développement de la culture tout comme la sécurité d’un État tiers : car tout homme culturellement épanoui est totalement libéré . Les intellectuels africains tombent dans ce piège savamment posé par par le colonisateur. Les responsables locaux de ce département ministériel manquent du minimum et marchent à longueur de journée pendant que certains de leur collègues des autres départements disposent de 2 ou 3 véhicules et des moyens pour travailler.. Même au plus haut niveau beaucoup reste à faire dans ce domaine ;
    Le remède à tous ces problèmes d’incivisme que vit depuis un certain temps ne peut venir et ne passe que par le culturel. Tous les efforts déployés seront vains si nous continuons à ignorer ce que nous sommes ou si nous en avons honte, au point de ne pas vouloir revenir et nous regarder froidement dans le miroir,
    - toutes choses qui font que nulle part dans la constitution il n’est fait cas de la tradition , des pratiques coutumières traditionnelles , à plus forte raison d’une journée nationale dans ce sens.
    Il faudra y penser et vite, car notre pays est laïc : toutes les pratiques religieuses ont leur place et devraient être considérées sur le même pied....

  • Le 22 février 2015 à 10:45, par Celeetin En réponse à : « Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

    Merci Monsieur l’Abbe pour cette riche contribution. Ce qui reste a faire, c’est trouver les voies et moyens pour un cadre de reflexion plus large, qui permette a tous ceux qui s’interessent a notre culture de pouvoir s’exprimer. Il y a comme une menace qui pese sur nous parce que une bonne partie de nos personnes ressources dans ces domaines sont deja parties. Bon nombre de ceux qui sont toujours avec nous sont tres ages et sinous n’y prenons garde, nous voudrons de leurs contributions un jour, mais ils ne seront plus la. Il est temps d’elargir le cercle de la reflexion. Je vous propose de creer un groupe de reflexion pour vers quelle direction s’orienter et qui fera du lobying aupres des autorites. Je vous donne mon contact : Celestin Kouda 76693363. Bon dimanche.

  • Le 22 février 2015 à 17:04 En réponse à : « Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

    Merci monsieur l Abbe pour votre reflexion , j ai toujours attendu ces genres de debat avec impatience pour que les autorites trouvent une direction a la jeunesse Burkinabe avant qu I’ll ne soit trop tard...
    Esperons que les hommes intelligents du burkina vous comprendront...?
    Vous etes un homme de dieu eclaire
    Encore merci

  • Le 24 février 2015 à 14:57, par Bernard Luther King En réponse à : « Le Burkina Faso est-il un pays de croyants ? » : réponse de l’Abbé Nérée Zabsonré

    L’afrique est très RELIGIEUSE et peu SPIRITUELLE. Je prefère l’EUROPE des Homosexuels et Autres à l’Afrique des Jaloux, des mentalités Anti-scientifiques, des "Wakman" et autre structures de veille occulte et de destruction. Le chemin vers le developpement a un mode d’emploi. Et il faut le connaître.
    Par L’homme qui ne se laisse pas brimer par DIEU

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