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Province de la Tapoa : l’ONG Action contre la Faim (ACF) renforce la résilience des populations à la malnutrition à travers un nouveau projet

Publié le jeudi 19 février 2015 à 22h39min

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Province de la Tapoa : l’ONG Action contre la Faim (ACF) renforce la résilience des populations à la malnutrition à travers un nouveau projet

Diapaga, chef-lieu de la province de la Tapoa, a abrité mercredi 18 février 2015, l’atelier de lancement d’un projet initié par l’ONG Action contre la faim (ACF) dénommé « Appui intégré de lutte contre la sous-nutrition et renforcement de la résilience dans l’Est du Burkina Faso ». L’évènement, placé sous les auspices du Secrétaire général de la province hôte, a connu la présence d’autorités locales et la participation d’acteurs du domaine de la nutrition et partant de la santé.

La malnutrition, ce fléau notoire qui n’épargne guère les pays du sahel tels que le Burkina Faso sévit actuellement dans la région de l’Est particulièrement dans la province de la Tapoa. Les femmes enceintes et allaitantes ainsi que les enfants de moins de deux ans sont les plus touchés. Ce problème de santé publique qui persiste en dépit des multiples actions menées çà et là, est au cœur des préoccupations d’Action contre la faim (ACF), implanté dans la zone depuis 2008. Et après moult stratégies de lutte qui ont permis aux populations de sortir un tant soit peu de l’ornière, l’ONG initie de nouveau un projet qui s’inscrit dans la continuité de ses interventions dans la province. Il s’agit de l’ « Appui intégré de lutte contre la sous-nutrition et renforcement de la résilience dans l’Est du Burkina Faso » financé par la Direction générale à l’aide humanitaire et protection civile (ECHO) de la commission européenne et le Département pour le développement international (DFID) de l’United Kingdom Aid (UKAID). Et le lancement dudit projet a été fait, ce mercredi 18 février, par Théophile Ouédraogo, SG de la Tapoa, représentant Mme la Haut-Commissaire, en présence de M. Thomas Loreaux, Directeur-Pays de ACF, du Dr Salif Sankara, Directeur régional de la santé de l’Est et des différents partenaires techniques et financiers.

« La malnutrition… n’est pas une fatalité »

1 million 400.000 € soit plus de 900 millions de nos francs, tel est le coût global du présent projet qui couvrira l’ensemble de la province de la Tapoa sur une période de 12 mois. De concert avec les services techniques de la santé, de l’agriculture, de l’eau ; ACF forte de 105 agents dans la zone devra prévenir la malnutrition en renforçant la résilience des personnes vulnérables et en favorisant la prise en charge de la malnutrition aigüe par le système de santé. Le fléau étant intimement lié à la pauvreté, la tâche s’annonce donc « titanesque » sans autant relever de l’impossible. Et Thomas Loreaux en est convaincu « la malnutrition au Burkina Faso, dans la région de l’Est et dans la province de la Tapoa n’est pas une fatalité ». Ainsi donc pour lui, ce mal peut être évité « par des actions simples et complémentaires » et soigné à la condition d’avoir un diagnostic « correctement posé ».

Les données sont inquiétantes. L’enquête nutritionnelle nationale de 2013 a révélé que la Tapoa a une prévalence de 10,8% à la malnutrition mais le Secrétaire général de la province a réaffirmé une fois de plus l’engagement de son administration à soutenir les activités qui seront menées par les acteurs. Ce taux, quoi que élevé, est en recul car pour le Docteur SALIF Sankara, il était de 12% en 2008, date d’implantation de ACF dans la zone. Pour lui, le présent projet s’inscrit en droite ligne du plan national de développement sanitaire 2011-2020 dont l’une des priorités est de réduire la malnutrition et la mortalité maternelle et infantile. Et il a également tenu à rassurer les acteurs de la disponibilité de son équipe à faciliter le succès des interventions du projet.

Les actions prévues par le projet

Des enfants malnutris de moins de 5 ans en passant par les femmes enceintes et allaitantes jusqu’aux ménages pauvres et très pauvres. Au cours de l’année 2015, et ce jusqu’en janvier 2016, ce sont au total 71 000 personnes qui bénéficieront du projet d’ « Appui intégré de lutte contre la sous-nutrition et renforcement de la résilience dans l’Est du Burkina Faso » qui comportera trois piliers.
Tout d’abord, l’intégration de la prise en charge de la malnutrition aigüe dans le système de santé sera renforcée à travers un appui technique aux centres de santé qui verront leurs agents formés pour offrir un traitement de qualité. Ensuite, le deuxième pilier permettra d’améliorer la résilience et la prévention de la sous-nutrition. Concrètement, cela sera possible entre autre à travers la mise en place des jardins de la santé, gage d’une alimentation de qualité et diversifiée. Aussi, le changement de comportement des populations sera déterminant avec l’ « Approche intégrée de changement social pour le bien-être de la famille » de l’Association Chant de femme. Pour Césaire KY, Chargé de la vulgarisation de cette stratégie innovante, cela permettra aux populations de mieux s’approprier le projet, d’« occuper la place qui est la leur dans tout le processus de changement de comportement ». Enfin le troisième pilier concerne principalement la réduction de l’impact des chocs en période de soudure de mai à novembre 2015 à travers une assistance alimentaire pour les familles à risques. Les enfants de 6 à 23 mois verront également leur alimentation enrichie avec la farine infantile Yonhama.

Des jardins de la santé au CSPS de Tansarga

Dans la commune rurale de Tansarga à 27 Km de Diapaga figurent des réalisations notables faites par ACF depuis 2012. Déportés sur les lieux, nous avons pu apprécier le jardin de la santé entretenu par des groupements de femmes dirigés par Possibo Ouoba et dont le but premier est de permettre aux populations de consommer des produits à la fois diversifiés et de qualité. Etendu sur une superficie d’un hectare avec quatre puits modernes, ce jardin est une véritable « mine d’or » pour la cinquantaine de femmes qui y travaillent. On y trouve plusieurs spéculations telles que l’oignon, le chou, la tomate, la laitue, le poivron, le gombo, l’oseille. Bref, tous les ingrédients nutritifs de qualité y sont représentés. Les femmes garantissent ainsi leur bien-être et partant celui de la famille vu qu’elles peuvent avoir chacune près de 150 000 F CFA au bout des trois repiquages effectués par an. Des difficultés, il n’en manque pas. Pour Possibo Ouoba, elles sont essentiellement liées à la maîtrise des spéculations, à l’écoulement des produits du fait du manque d’infrastructure routiers, au tarissement des puits, comme ça été le cas l’an dernier, et à l’éloignement du forage par rapport au jardin.

Quant au CSPS, il a bénéficié de la réalisation de certains ouvrages tels que des latrines, des douches, un incinérateur, un forage et d’autres équipements pour la pesée au niveau de la maternité. Pour Aka Tavigui, responsable du centre, ces installations de l’ONG Action contre la faim apportent une bouffée d’oxygène aux patients, même s’il note une certaine réticence de ceux-ci quant à l’utilisation des latrines. Mais grâce à la sensibilisation, il espère, lui et son équipe de 3 agents, changer les vieilles habitudes des populations.

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net

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