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<I>Il était une fois le Faso : Les élucubrations de Toégui</I>

Publié le jeudi 17 mars 2005 à 08h22min

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Je vois du tout dans ma télé. Et je ressens un certain malaise à la vue de ces accolades et bisous distribués à tour de bras lors des cérémonies officielles telles que remise de diplôme, de décorations, etc.

Tout le monde s’y adonne, du Haut Commissaire au Directeur général, du Ministre au Président d’Institution, le tout dans une parfaite singerie collective. Ces bisous ont un brin d’indécence et ne devraient pas avoir leur place dans un protocole républicain.

Pour un nègre d’Afrique qui veut manifester un sentiment de satisfaction en public, rien de tel qu’un sourire radieux accompagné d’une énergique poignée de main, les yeux dans les yeux. Si on tient malgré tout à ce rituel ridicule qui nous est venu d’ailleurs, qu’on veille au moins à en codifier les règles, afin de mettre fin à l’anarchie qu’on constate actuellement.

D’abord, que nos adeptes de l’imitation sachent que donner la bise à quelqu’un, ce n’est pas l’embrasser ni même lui donner un baiser. En fait, on ne fait qu’effleurer la joue. Ensuite, c’est deux bisous, un à droite et un à gauche. Ce n’est pas tantôt trois, tantôt quatre. Il s’en trouve même des malappris qui apposent un cinquième bisou sur les lèvres, devant les caméras. Et puis, qu’on se le dise, même dans les pays des Blancs, un homme donnant le bisou à un autre homme dans une cérémonie officielle, c’est totalement incongru.

• Dans la ville de Ouagadougou, je reste parfois médusé à la vue de ces grandes parcelles de près de 1000 m2 bordant les nouvelles avenues des nouveaux quartiers. A qui donc appartiennent ces parcelles et pour quoi faire ? Une parcelle de cette superficie ne devrait être attribuée qu’à un service de l’Etat, à une communauté religieuse, à tout le moins à un projet d’intérêt public. Pourtant, de toute évidence, ces parcelles appartiennent à des particuliers et pour la plupart ne sont pas mises en valeur. Pour la petite histoire, il y a sur Charles-de -Gaulle un immeuble tout de carreaux blancs dont le site était autrefois le siège d’une école primaire.

Peut-être que cette parcelle a été soumise aux dispositions légales de changement de destination, mais enfin. La question des parcelles constitue une vraie nébuleuse ici au Faso. Tenez, dans l’objectif de rationaliser la gestion du domaine foncier national, il est prévu depuis longtemps d’informatiser le fichier cadastral et des parcelles. Avec le temps, cette informatisation finira bien par se faire. Il faut seulement attendre.

Le problème qui va se poser un jour sera le suivant : étant donné que le code civil régissant le régime foncier dans notre pays dispose en son article 49 : "Dans un même centre aménagé, une même personne physique ne peut être attributaire de plus d’un terrain à usage d’habitation", qu’arrivera-t-il si on découvre alors, qu’en violation des dispositions légales, une seule personne est attributaire de plusieurs parcelles dans la même ville ? Si la fièvre des parcelles, qui s’est emparée du Faso, disons-le sans avoir peur des mots, depuis l’avènement des mairies d’arrondissement, si cette fièvre ne baisse pas, un de ces beaux matins, nous allons assister au lotissement du parc Bamgréweogo, ex-bois de Boulogne. Foi de Toégui.

• Avez-vous entendu parler de la malédiction de Cham ? Cham, c’est le deuxième fils de Noé, le patriarche de la Bible. Selon la légende, il aurait été maudit par son père pour s’être moqué de la nudité de celui-ci. La légende ajoute en outre que les Noirs que nous sommes seraient les descendants de ce fils maudit, ce qui expliquerait notre retard sur les autres peuples de la terre.

Pour ma part, je ne crois point à cette histoire, mais je dois l’avouer, il m’ arrive d’éprouver des doutes à la vue des images de Haïti à la télé. Haïti ! Voilà un pays, la première République noire, indépendante depuis plus de 200 ans, avoisinant les côtes de l’Etat le plus puissant de la planète, les Etats-Unis d’Amérique. Il n’y a pas très longtemps encore, Haïti subissait le joug des Duvalier père et fils et de leurs tontons macoutes, avec à la clé un obscurantisme primaire à base de vaudou et de zombies.

Aujourd’hui encore, la télévision nous montre quotidiennement le spectacle des bidons villes sinistres de Port-au-Prince, de campagnes plus désolées que celles du Darfour, de pauvres hères s’échinant sur des charrettes à traction asinienne ou se battant à coup de bâtons pour quelques vivres de la Croix Rouge. La malédiction de Cham. Et si c’était vrai ce que les gens racontent ?

Et soudain je me pose une question : dans toute l’Afrique noire, à l’heure d’Internet et des téléphones portables, à I’heure où les autres viennent d’envoyer un satellite à des milliards de kilomètres de la terre, existe-t-il un seul pays de Noirs capable de fabriquer une aiguille ? Une simple aiguille avec le chas effilé juste pour le passage d’un fil mince ? De grâce, ne me dites pas qu’on fabrique des voitures et des motos au Nigeria.

Quand je dis "fabriquer", je ne parle pas des articles manufacturés produits à partir d’usines « clés en main » achetées en Amérique ou en Europe. Fabriquer, c’est aller ramasser le sable des plages nigérianes pour le transformer en produits fini à l’aide de machines fabriquées également au Nigeria. En attendant, toutes les babioles made in Nigeria qui nous parviennent de Lagos sont « montées » à partir de machines de Blancs. Oh, mon Dieu : Faites que dans 200 ans mon pays le Burkina Faso ne soit pas comme Haïti aujourd’hui.

Charles Guibo
Observateur Paalga

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