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Succession d’Eyadema : Aidons le Togo

Publié le mercredi 16 mars 2005 à 07h32min

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Le Togo revient de loin, mais ira-t-il loin ? Après 38 ans de régime totalitaire incarné par feu Gnassingbé Eyadéma et un bref intermède monarchique avec son fils Faure Gnassingbé, le pays s’apprête à aller aux urnes le 24 avril prochain.

Face à l’héritier Gnassingbé, l’opposition s’est choisi un seul candidat : Emmanuel Bob Akitani, premier vice-président de l’Union des forces du changement (UFC), principal parti de l’opposition radicale de Gilchrist Olympio. Cette présidentielle mettra le peuple togolais face à lui-même.

L’Union européenne dit se trouver dans l’impossibilité d’envoyer des superviseurs au Togo, étant donné le caractère urgent de la situation. Pour sa part, et si l’on en croit le peu qui a filtré des entretiens du conseiller Afrique du président Chirac, Michel de Bonnecorse, avec l’opposition togolaise, Paris estimerait préférable que Faure Gnassingbé conserve le fauteuil présidentiel. Et ce, conformément aux voeux des chefs militaires, l’armée étant aux yeux du conseiller français, la seule force organisée au Togo. Cette position française aurait-elle eu quelque influence sur la décision de l’UE ?

Avec ou sans l’Union européenne, le peuple togolais devra faire la preuve de sa maturité politique. Sur ce plan, l’opposition a fait un grand pas. Elle n’a pas fait de fixation sur Gilchrist Olympio, l’opposant le plus craint par le camp Eyadéma. Elle n’a pas exigé coûte que coûte une modification de la Constitution afin que ce dernier puisse se présenter. Il appartiendra toutefois à cette opposition et à la société civile togolaise de jouer les superviseurs, en suivant de bout en bout les différentes étapes du processus électoral. L’argument du manque de moyens financiers ne pourra pas tenir la route.

Le Niger a prouvé lors de la dernière présidentielle, qu’une société civile sans moyens pouvait trouver des observateurs dans les bureaux de vote. La désaffection de l’UE peut, à certains égards, être considérée comme un appel du pied fait au peuple togolais pour qu’il se prenne en charge.
Cependant, l’erreur de la communauté internationale serait de croire que la présidentielle d’avril prochain serait la panacée au drame que vit le Togo depuis 38 ans. A tort ou à raison, le sentiment est que le pays est laissé à lui-même face à cette échéance capitale.

Après que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine ont réclamé à cor et à cri le respect de la Constitution, c’est le silence radio depuis que Lomé a décidé d’organiser des élections. Pour l’heure, aucune action envisagée par ces deux instances allant dans le sens d’une élection transparente n’est connue. Pourtant elles doivent oeuvrer à faire de ce scrutin une réussite. La symphonie ne doit pas rester inachevée.

La plus grande vigilance doit s’imposer, pour que cette élection ne débouche pas sur un drame. Une bonne partie de l’opinion publique togolaise est convaincue que l’heure du changement a sonné. Gilchrist Olympio, dans une interview accordée à RFI, ne s’imagine pas que l’opposition puisse perdre. Sentiment légitime de la part d’un opposant historique, persécuté dans son propre pays et contraint à l’exil.

Mais la logique politique est différente de la logique cartésienne. D’où la responsabilité de la communauté internationale et togolaise dans le déroulement de l’élection. La pression doit demeurer. Elle doit être constante. La communauté internationale doit aider à la mise en oeuvre d’une opération électorale transparente.
Sous cet angle, l’opposition ne devrait pas rougir en cas d’échec.

Car, quoi qu’on dise, il est difficile de démantibuler en un tour de main, un système qui tisse sa toile depuis 38 ans. L’union sacrée autour d’un seul candidat est un grand pas ; beaucoup d’oppositions africaines tendent vainement vers un tel consensus. L’essentiel en l’état actuel du processus de restauration démocratique, est que l’élection du 24 avril puisse réconcilier les Togolais entre eux.

Le Pays

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