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Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

Publié le lundi 26 janvier 2015 à 10h46min

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Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

Plus de deux mois après l’insurrection populaire qui a sonné le glas du pouvoir de la 4e république, le Burkina Faso semble être sur la bonne voie de la transition avec la mise en place des organes de cette période d’un an. Durant cette phase de notre histoire, le peuple attend de nombreuses reformes dans le sens de la consolidation de la démocratie dans notre pays. Le pays des hommes intègres a une opportunité pour couper les racines de grands maux de la société burkinabè. Il s’agira de conduire de grandes réformes qui au final, permettront de donner de nouvelles fondations à la société burkinabè.

Ces réformes pourraient être d’ordre médiatique et public, politique, constitutionnel, institutionnel et économique. Par exemple, sur la réforme constitutionnelle, la transition devra limiter les pouvoirs de l’exécutif de notre pays et fera en sorte que des contre-pouvoirs efficaces puissent voir le jour. Il faudra s’inspirer de l’Afrique profonde pour réécrire notre constitution. Par exemple, de la même manière que le chef traditionnel ne cumule pas la fonction de chef de terre, notre président ne devra plus être en même temps le chef suprême des armées, de la magistrature, chef de l’État, chef du Gouvernement, etc. Aussi, la limitation du nombre de mandats doit être claire et bétonné. Un Président élu, à la fin de son ou ses deux mandats n’est plus éligible à vie et aucun membre de sa famille immédiate ne pourra le succéder.

Parmi ces textes cruciaux à réécrire figure celui de la place de la chefferie traditionnelle et coutumière dans la politique. On le sait tous, la chefferie a toujours été une actrice stratégique de la scène politique burkinabé. Et les citoyens s’interrogent souvent sur les raisons de ce positionnement qui semble défier autant le temps que les modes de pensée politique. Tantôt décriée pour son implication dans la vie et la gestion des partis politiques, tantôt reconnue comme une institution gardienne des valeurs de la civilisation africaine, la chefferie continue de susciter de nombreuses controverses à chaque étape importante de l’histoire du Burkina Faso.

De ce fait, il s’agira pour le CNT (Conseil National de Transition) de définir des textes bien clairs sur le statut des chefs traditionnels. Autrement dit, il faudra institutionnaliser la chefferie traditionnelle dans le sens d’une dépolitisation totale de ces gardiens de nos coutumes. Il serait souhaitable d’indiquer clairement dans leur statut, que la chefferie ne doit pas se substituer à la république. Cela évitera que les bonnets rouges ou bleus, n’abusent de certaines pratiques où ils semblent constituer un Etat dans un Etat. Ce serait aussi une bonne chose, si la chefferie dans son futur statut, s’interdisait de donner des consignes de votes aux citoyens pour respecter le droit et la liberté des uns et des autres en matière électorale. Pour cela, nos législateurs de la transition pourraient bien s’inspirer de certains pays voisins comme le Ghana qui a su très tôt la nécessité d’institutionnaliser la chefferie pour une bonne marche de la démocratie.

Dans ce pays, il est tout simplement interdit aux chefs de participer à la politique active d’un parti et posé la règle selon laquelle un chef souhaitant le faire et cherchant à se faire élire au parlement doit renoncer à son bonnet. Et pourtant, tous ceux qui connaissent le Ghana savent qu’il est mieux classé que le Burkina, et de loin, en matière de démocratie. Ainsi, les membres du CNT sont invités à se servir des idées de l’exemple du Ghana en lisant par exemple le chapitre XXII de la constitution ghanéenne pour se convaincre que les chefs peuvent jouer un rôle politique noble autre que partisan, et que cette grave question ne doit pas être traitée à court terme, sous l’angle électoraliste et partisan. Sans vouloir se passé pour spécialiste, je suis convaincu qu’à long terme, l’Etat et la démocratie, mais aussi et surtout la chefferie ont tous intérêt à donner un caractère institutionnel à leurs rapports, autre que celui basé sur des intérêts égoïstes.

Les chefs traditionnels ne doivent pas oublier que le contrat social de la chefferie, à la différence de celui des politiciens, est pluriséculaire et non lié à un mandat électoral forcément temporaire et souvent incertain.

Constitution du Ghana de 1992,

Chapitre XXII : de la chefferie

270.
1. L’institution de la chefferie, en même temps que ses conseils traditionnels ainsi qu’établis par le droit et l’usage coutumiers, est garantie par les présentes.

2. Le Parlement n’aura aucun pouvoir d’adopter une quelconque loi qui :
a- confère à toute personne ou autorité le droit d’accorder ou de retirer la reconnaissance à être chef pour un but quelconque ;
b- en quelque manière enlève ou porte atteinte à l’honneur et à la dignité de l’institution de la chefferie.

3. Rien sous l’autorité d’une quelconque loi ne sera entrepris de manière incompatible avec ou en violation de la clause (1) ou (2) du présent article, si la loi prévoit :
a- conformément au droit et à l’usage coutumiers en vigueur, la détermination par un Conseil traditionnel, une Chambre régionale des chefs ou par un Comité de chefferie de l’un ou l’autre, de la validité de la nomination, de l’élection, du choix, de l’installation ou de la déchéance d’une personne en qualité de chef ;
b- l’institution d’un Conseil traditionnel ou une Chambre régionale des chefs ou la Chambre nationale des chefs pour établir et mettre en œuvre une procédure d’enregistrement des chefs et de notification au public dans le Journal Officiel ou du statut des personnes en qualité de chefs au Ghana.

271.

1. Il est établi une Chambre des chefs.

2. La Chambre des chefs de chaque région élit comme membres de la Chambre nationale des chefs cinq chefs suprêmes de la région.

3. Quand dans une région il y a moins de cinq chefs suprêmes, la Chambre des chefs de la région élit un tel nombre de chefs divisionnaires qui composera la représentation requise des chefs pour la région.

272.

La Chambre nationale des chefs –
a- conseille toute personne ou autorité chargée de toute responsabilité dans le cadre de cette Constitution ou toute autre loi pour toute matière concernant ou touchant la chefferie ;
b- entreprend l’étude progressive, l’interprétation et la codification du droit coutumier en vue d’évoluer, dans les cas appropriés, vers un système unifié de règles de droit coutumier et de compiler les droits et les lignages de succession coutumiers applicables à chaque fauteuil ou catogan ;
c- entreprend une évaluation des coutumes et des usages traditionnels en vue d’éliminer ces coutumes et usages traditionnels qui sont démodés et socialement nuisibles ;
d- exécute les autres fonctions, qui ne sont pas incompatibles avec toute fonction assignée à la Chambre des chefs d’une région, comme le Parlement à s’y référer.

273.

1. La Chambre nationale des chefs constituera une juridiction d’appel dans toute cause ou matière touchant à la chefferie qui a été déterminée par la Chambre régionale des chefs dans une région, et dont les décisions seront susceptibles d’appel devant la Cour Suprême, avec la permission de la Chambre nationale des chefs ou de la Cour Suprême.

2. La juridiction d’appel de la Chambre nationale des chefs est exercée par une Commission juridique de la Chambre nationale des chefs se composant de cinq personnes désignées par cette Chambre au sein de ses membres.

3. La Commission juridique de la Chambre nationale des chefs est assistée par un Avocat en activité depuis au moins dix ans, désigné par la Chambre nationale des chefs suivant les recommandations du ministre de la Justice.

4. Un membre de la Commission juridique de la Chambre nationale des chefs ne peut être relevé de ses fonctions que sur la base d’un mauvais comportement avéré ou en cas de perte de ses facultés mentales ou d’infirmité physique après le vote par au moins deux tiers des membres de la Chambre nationale des chefs.

5. La Commission juridique de la Chambre nationale des chefs est compétente pour toute cause ou affaire touchant à la chefferie –
a- relevant de la compétence de deux ou plusieurs Chambres régionales des chefs ; ou
b- qui ne relève pas nettement de la juridiction d’une Chambre régionale des chefs ; ou
c- qui ne peut être autrement traitée par une Chambre régionale des chefs.
6. Un appel se fera de droit en ce qui concerne toute cause ou matière traitée par la Commission juridique de la Chambre nationale des chefs conformément à la clause (5) du présent article à la Cour Suprême.

274.

1. Une Chambre régionale des chefs est établie à l’intérieur et pour chaque région du Ghana.

2. Une Chambre régionale des chefs se compose des membres que le Parlement pourra par la loi déterminer.
3. Une Chambre régionale des chefs –
a- exerce les fonctions qui lui sont conférées par ou dans le cadre d’une loi votée par le Parlement ;
b- conseille toute personne ou autorité chargée dans le cadre de cette Constitution ou toute autre loi d’une responsabilité de toute matière concernant ou touchant à la chefferie dans la région ;
c- auditionne et détermine les appels des conseils traditionnels dans la région en ce qui concerne la nomination, l’élection, le choix, l’installation ou la déchéance d’une personne en qualité de chef ;
d- constitue la juridiction de base dans toute matière concernant un fauteuil ou catogan suprême ou l’occupant d’un fauteuil ou catogan suprême, y compris la reine mère d’un fauteuil ou catogan suprême ;
e- entreprend des études et fait des recommandations générales en cas de besoin pour la résolution ou le règlement rapide des conflits relatifs à la chefferie dans la région ;
f- entreprend la compilation des droits et des lignes de succession coutumiers applicables à chaque fauteuil ou catogan dans la région.

4. La juridiction originale et d’appel d’une Chambre régionale des chefs est exercée par une Commission juridique de la Chambre régionale des chefs composée de trois chefs désignés par la Chambre régionale des chefs au sein de ses membres.

5. La Commission juridique des chefs régionaux est assistée par un avocat en activité depuis au moins cinq ans, désigné par la Chambre régionale des chefs sur recommandation du ministre de la Justice.

6. Un membre de la Commission juridique d’une Chambre régionale des chefs peut être démis de ses fonctions sur la base d’un mauvais comportement avéré ou en cas de perte de ses facultés mentales ou d’infirmité physique après le vote par au moins deux tiers des membres de la Chambre régionale des chefs.

275.
Aucune personne n’aura la qualité de chef si elle a été condamnée pour haute trahison, trahison, crime grave ou pour offense impliquant la sécurité de l’Etat, ou condamné pour fraude, malhonnêteté ou turpitude morale.

276.

1. Un chef ne peut participer à la politique active d’un parti ; et tout chef souhaitant le faire et cherchant à se faire élire au Parlement doit abdiquer un fauteuil ou son catogan.

2. Nonobstant la clause (1) du présent article et paragraphe (c) de la clause (3) de l’article 94 de la présente Constitution, un chef peut être nommé à toute fonction officielle pour laquelle il est d’ailleurs qualifié.

277.

Dans le présent chapitre, sauf disposition contraire, l’appellation "Chef" signifie toute personne qui, se réclamant de la famille et du lignage approprié, a été valablement nommée, élue ou choisie et intronisée sur le fauteuil ou le catogan comme chef ou reine mère conformément au droit et à l’usage coutumiers appropriés"

GUIRE Marc Adama
Etudiant en troisième année de sociologie à l’Université de Ouagadougou.
Email : marcadamaguire@gmail.com
Tel : 77595919

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Vos commentaires

  • Le 26 janvier 2015 à 11:13, par le republicain En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    ATTENTION !!!! Réfléchissez y par deux fois !!! en tant que contribuable,je ne suis pas prêt à ce que l’état entretiennent des chefs à mes frais, alors que en dehors de la nationalité je ne partage rien d’autre avec lui, je ne suis pas son sujet !! et je suis sûr d’une chose : je ne suis pas seul à le penser !

  • Le 26 janvier 2015 à 11:13, par le republicain En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    ATTENTION !!!! Réfléchissez y par deux fois !!! en tant que contribuable,je ne suis pas prêt à ce que l’état entretiennent des chefs à mes frais, alors que en dehors de la nationalité je ne partage rien d’autre avec lui, je ne suis pas son sujet !! et je suis sûr d’une chose : je ne suis pas seul à le penser !

  • Le 26 janvier 2015 à 13:00, par veto En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Ce serait une bonne chose dans la mesure où cela permettrait d’instaurer une véritable démocratie dans notre pays. Les dérives politiques sont très souvent dues au fait que la chefferie traditionnelle s’investisse corps et âme dans la politique avec des idées très partisane contraire à leur rôle de gardien de la tradition. L’institutionnalisation de la chefferie traditionnelle serait certainement un garde-fou car définira les conditions dans lesquelles les chefs exerceront leur pouvoir.

  • Le 26 janvier 2015 à 13:20, par SY En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    C’EST MAIS SEULEMENT IL Y A UN PROBLÈME CAR NOUS CONNAISSONS NOS PEUPLES IL Y A DES PEUPLES QUI N’ONT PAS DES CHEFS MAIS CET NIVEAU VOUS ALLEZ VOIR CE QUI VA SE PASSER ALORS IL VA FALLOIR FAIRE TRES ATTENTION A CE COTE

  • Le 26 janvier 2015 à 13:43, par tinguinbiga En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Le role du CNT devrait etre de gerer les choses jusqu’aux elections. Le CNT n’a pas vocation a proposer des changements structurels. Que ceux qui sont pour l’institutionalistion de la chefferie traditionnelle propose leur projet lors de elections (comment ils vont s’y prendre, combien cela va couter au contribuable, etc. et quels en sont les avantages, et ce que cela aura comme consequence sur l’implication des chefs dans les competitions politiqyes). Ceux qui sont contre cette institutionalisation auront egalement l’occasion d’avancer leurs arguments. Le parlement elu de ces elections sera plus habilite a statuer sur le statut des chefs traditionnels.

  • Le 26 janvier 2015 à 14:14, par Henri Bouda En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Je vois bien que "LE REPUBLICAIN" est sujet des parlementaires, des membres du gouvernement et de toute la sphère politique, puisque son argent (en tant que contribuable) est aussi utilisé pour payer les émoluments de ses gens là. Je pense qu’il faut être sérieux dans les commentaires. On n’a pas besoin de se reconnaitre dans une une institution pour qu’elle soit utile à la société. Que LE REPUBLCIN veuille ou pas, la chefferie traditionnelle est une réalité incontournable. On peut débattre sur comment la prendre en compte mais on ne peut pas continuer de l’ignorer et jouer à l’hypocrisie. Combien sont ces parlementaires qui sont allés négocier des terres avec les chefs de terre dans leur village alors qu’ils se sont assis au parlement pour voter la loi stipulant que la terre appartient à l’Etat ? Un peu de bon sens s’il vous plaît !

  • Le 26 janvier 2015 à 14:25, par sidsaya En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Evitez nous les propositions farfelues Monsieur l’apprenti sociologue. Ne réinventons pas éternellement la roue.

  • Le 26 janvier 2015 à 14:37, par africain En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    je suis pour. Des fois des chefs rentrent dans la politique alors juste pour manger. Si on leur donne un perdiem, au moins ils seront la pour proteger ses sujets dans sa région et l’autorité de l’état sera d’autant renforcé.
    Je suis POUR !!!
    @le republicain, il ne faut pas avoir peur de son africanité. on ne parle pas d’entretenir pour entretenir. Et je ne suis pas non plus pour qu’un chef ait un salaire de ministre mais saches quand dans les régions reculés et dans les villages ca peut permettre d’integrer les chefs dans une republique africaine. c’est la tradition et la modernité qui se marient !!

  • Le 26 janvier 2015 à 14:42, par tout risque En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    laisson s les chefs traditionnels a leur place de garant de traditon pour ne pas complique les choses .il ya plus de 60 ethnies au burkina donc plus de soixante chefs traditonnels comment vous allez organiser ses gens la et qui sera chef de qui ? chaque ethnie n’a qu’a se debrouillé avec son chef s’ils veulent laisser mourir les chef de faim ca c’est leur probleme.sinon fabriquer des bouches pour nourrir par l’Etat c’est pas bon pourtant il ya trop de chomeurs.

  • Le 26 janvier 2015 à 15:44, par Naboho Lassina En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Je crois qu il faut demander aux dignitaires coutumiers et religieux de s abstenir de faire de la politique. Le CNT prend des lois à cet effet si y a de l aide , il faudra élargir à tous , chef de terre ,chef de canton , chef du village ; Rois et assimilés .Le budget alloué doit etre détaillé transparent. Le reste ceux qui se reconnaissent à l un d entre eux , supportent les autres charges à déterminer clairement . merci

  • Le 26 janvier 2015 à 15:58, par MALKA En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Conférer un statut particulier à la chefferie coutumière et traditionnelle sera de ma part une bonne chose et une avancée de plus pour notre démocratie.Quand je lis les quelques articles de la chambre nationale du Ghana je constate que ça peut nous éviter des amalgames dans la gestion des affaires d’état et surtout en période de campagne électorale.Pour les émoluments,je pense que les membres élus de l’institution à mettre en place sont aussi des citoyens et peut de droit bénéficier des fruits de la croissance du pays comme les autres institutions de la république (Assemblée,CSC,CNT )ect...

  • Le 26 janvier 2015 à 16:13, par ZONGO En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Je crois qu’il faut analyser autrement ! Ils ont une utilité pour la société burkinabé et c’est largement suffisant. Si vous deviez allez jusqu’à énumérer l’ensemble des actions de l’Etat qui vous ne profitent pas directement en tant qu’invidus, je crois que vous allez rien payer comme taxes

  • Le 26 janvier 2015 à 16:46, par Filsdupays En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Pour ma part il ne faut pas se casser la tête sur cette question de constitutionaliser la chefferie car en regardant de près, la chefferie incarne une tradition et celle-ci est propre à chaque ethnie. Vouloir la moderniser c’est vouloir forcement harmoniser les pratiques reconnues à chaque tradition. Il faut tout simplement fixer des limites aux us et coutumes de telle sorte à ne pas franchir certaines barrières qui puissent nuire à l’intérêt général. Sinon je ne vois pas de problème à un chef traditionnel de se faire élire député ou président. Il faut faire confiance au peuple burkinabé qui a beaucoup mûri et personne eut égard à sa position sociale ne pourrait l’influencer facilement.

  • Le 26 janvier 2015 à 17:26, par patriote_Bobo En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Tres belle reflexion.
    il faut profiter de la neutralite de cette transition pour betonner les institutions. Et il nest serait pas mal de s’inspirer tres rapidement du cas ghaneen.

  • Le 26 janvier 2015 à 18:00, par Anita Manour En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Il faut le dire à haute voix, les chefs traditionnels ont joué un rôle prépondérant à l’enracinement de la dictature blaisienne. et il faut qu’on se le dise, leur place n’est pas dans la politique. soit il font la politique et oublie pour toujours leur rôle de Naba, soit il ne la font pas et ils continueront d’avoir l’estime et le respect qu’on a vis-à-vis d’eux. c’est dire que si ces derniers doivent continuer à jouer le jeu politique avec leur différent bonnet à leur tête, c’est sûr qu’on ne connaîtra jamais de démocratie véritable au Burkina ici.
    Et il faudra noter en passant que chaque groupe ethnique accorde une certaine importance à son chef. et il n’y a aucune raison à privilégier certains chefs d’un groupe ethnique donné au détriment des autres. Soit on favorise eux tous, soit on ne favorise personne au nom de l’égalité de tous les Burkinabé.

  • Le 26 janvier 2015 à 19:38 En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    ce que vous ne savez pas la constitution ghanaenne na pa la même caractéristique que la notre. Au Ghana, ils ont une constitution etanche dans laquelle on peut mettre tout y compris ce qui relève du decret. c’ezst ains que vous verrez des dispositions relatives a certains fonctionnaires.alors que nous, nous avons une constitution doublement rigide, et qui est strictement reservé aux normes constitutionnelles. Donc le statut de la chefferie coutumière ne peut pas être inscrit dans la constitution , mais dans une loi. et le caractère republicain de notre constitution fait qu’on ne peut pas les conferer un role politique, mais simplement culturel. et puis avant de copier le Ghana, il faut aller voir comment ca se passe au Ghana, voir les insuffisances et la realité sociologique du Ghana avant dessayer de transposer le modele chez nous. merci

  • Le 26 janvier 2015 à 19:41 En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Belle analyse.mais,mais.....cette question difficile de chefferie sous nos tropiques est tres complexe vouloir la codifier revient a reconnaitre le caractere pluriel de la nation Burkinabe.En soi c,est pas mauvais il est meme salutaire dans la mesure ou elle constitue l,expression vivante des entites noyees de facon chevaleresque dans un ensemble unitaire plus ou moins heroclite Par les colons francais d,ou les tensions.Les evenements du 30 et 31 oct Par l,immaturite de la classe politique dans son ensemble a fini Par ramener la chefferie devant la scene politique Par une mise en quarantaine de la constitution,une ruee vers la chefferie comme solution a la crise et pourtant cela n,etait pas necessaire.Aujourdhui la presence de la chefferie est une realite,elle entend tirer profit de sa participation au denouement de la crise.Alors que faire ?A mon avis il faut penser une chambre des regions incluant chefferie et forces productives avec pouvoir d,induire un referendum propositif ou abrogatif ect... si l,appelation (senat embarasse)au lieu d,un conseil regional qui n,est qu,une autre machine bureaucratique a l,image du pouvoir central il n,est ni representatif des entites ni les autonomies.Ce mini-parlement regional concu dans le respect des entites/autonomies serait le vrai labo pour penser les politiques du developpements Par la mise en valeur des potentiels de la region....c,est peut etre de cette maniere on substituera graduellement les cours traditionnelles Par une representation parlementaire regionale en adequation avec le temps et doni-doni les nabas et les dougoutigui mourerons de leur belle mort.

  • Le 26 janvier 2015 à 19:54, par Amadoum En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Les chefs traditionnels occupent une place importante au Burkina Faso, mais ils ne doivent pas se meler de la politique. Car, pendant la presidance de M. Compaore, certains ont ete traines dand la boue. S’ils ne font garde, je l’avais dit il y a de cela quelque temps, ils veront pire.
    Leur vie politique doit se limiter a voter comme tout citoyen et exercer leurs autres droits de citoyen. Le Larle Naba a annonce sa decision de se retirer de la "politique politicienne" et je pense que cette decision est une que les autres chefs peuvent suivre.

  • Le 26 janvier 2015 à 20:31, par Bahiya En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Bonsoir à tous, ce débat est très important et nous devons bien réfléchir aux solutions que nous proposons. d’abord je suis pour l’institutionnalisation des chefs traditionels. Leur interdire de faire la politique est irréaliste car avant l’arrivé du blanc, ce sont nos chefs qui nous gouvernaient avec de la politique. l’histoire nous enseigne que si tu oublie ton histoire ou si tu penses que la culture d’une autre personne peut te sauver, tu te trompe lourdement. Pour revaloriser nos cultures allons vers ceux qui ont tenté de les garder. surement il faut trouver un système qui tienne compte du Burkina du XXIè siècle. Mais croire qu’on ne peut pas tirer du bien dans nos chefs traditionels est une erreur. Beaucoup de pays, sauf la France ont des rois et des rènes, mais nous sommes une ancienne colonie française. alors.......

  • Le 26 janvier 2015 à 21:18, par nemo76 En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Je suis entièrement d’accord avec vous à la seule condition que toutes les ethnies aient leur chef et que le royaume mossi ne soit représenté que par un seul chef.

  • Le 26 janvier 2015 à 22:39, par YIRMOAGA En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Instituer pour qu’ils fassent quoi ? En dehors de leur rôle de coutumier dans leur sphère pour régler l’entente dans une cohabitation harmonieuse, les chefs n’ont pas un rôle administratif ? Dans ce cas institutionnaliser r tous les leaders religieux au même titre que les coutumiers ? Le coutumier n’est pas plus que le religieux ? Laissez les tel, les bons chefs seront considérés par leurs sujets comme les bons religieux.

  • Le 27 janvier 2015 à 01:03, par Tientigui En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Réflexion à soutenir pour le simple fait qu’un chef coutumier est un citoyen comme les autres au sein d’une république normale. Chacun doit légiférer selon ses attributs. Nous sommes dans une société moderne fait d’un Etat qui diffère d’une empire ou un royaume c’est à dire fonctionne selon la loi. Donc il faut faire la part des choses entre la souveraineté d’un État et la confusion totale qui ne peut que renforcer l’anarchie.
    La chefferie a un rôle important dans la conservation de nos valeurs culturelles qui est une richesse. Donc un intellectuel nommé chef traditionnel n’est pas habilité à faire la politique au point de ne pas influencer sa tribu contre sa volonté dans les choix électorales.

  • Le 27 janvier 2015 à 08:53, par le republicain En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    l’exemple ghanéen n’est pas bien indiqué, pour la simple raison que la bas , il n’y a pas un chef traditionnel qu’on veut coute que coute placé au-dessus des autres , comme s’il avait autorité sur les autres ethnies. Et on ne chante pas partout que tel ou tel peuple est acéphale, ne connaissait pas la notion de chef avant la colonisation !!! il faut clore ce débat !
    En France les descendant des rois, des ducs , comtes, baron, des marquis...etc.... sont là comme de simples citoyens français !!!!!

  • Le 27 janvier 2015 à 09:36, par Mamon Yélé En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Deux choses.
    1. Ce n’est pas du ressort du CNT de re(dé)struturer nos institutions. Cela reviendrait à créer une cinquième république. Même étant d’accord, il est mieux d’attendre ;
    2. La référence à l’institutionnalisation au Ghana est malheureuse, car il s’est agit de deux système de colonisation totalement différent le direct et l’indirect rool. Les facilités d’institutionnalisation ne peuvent pas être les mêmes. Le Burkina Faso, c’est 8000 villages reconnus, presqu’autant de chefs, avec différents systèmes de gérance et surtout de nationalités et de valeurs sociétales.
    Il ne faut pas que les bonnets rouges aux meetings des parties politiques nous impressionnent outre mesure. La république est on ne peu plus clair sur ce sujet. Chaque citoyen a une voix aux élections. La subordination des sujets est de plus en plus simplement relative et peut être même nocive dans notre système démocratique car :
    - si les bonnets rouges ne sont pas populaires, leur présence rebutera les autres citoyens,
    - s’ils sont modèles, même absents ils seront suivis.
    Bien que politique, faisons en sorte que la tradition soit un modèle de vie parallèle comme la religion.

  • Le 27 janvier 2015 à 09:57, par Cequejenpensevraiment En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Cette histoire d’institutionnalisation de la chefferie etait une autre trouvaille du regime Compaore a travers le CCRP, pas pour l’interet general, mais pour faire simplement des yeux doux aux chefs coutumiers en vue des elections de 2015 (a commencer par les tripatouillages constitutionnels prevus a cet effet).

    Je pense que la reflexion est importante sur le sujet et ne pas inviter le CNT a la precipitation. Meme si en tant que organe neutre il est mieux place pour faire des reformes qui repondent a l’interet general.

    Les consequenses d’une precipitation pourraient etre desastreuses pour la chefferie elle-meme et plus generalement pour notre pays.
    Un chef mossi (roi ou ministre du roi) n’est pas egal a un chef (de village ou de terre) samo... de par leurs prerogatives, leur mode de designation, etc. Ceci est valable pour d’autres ethnies au Burkina :

    *Il faut donc eviter de creer des frustrations.

    *Il faut eviter de creer des sitiuations de domination : en dehors de leur prerogative dans leur zone de chefferie et de leur organisation hierarchique, tous les chefs se valent. Le Mogho Naaba n’est pas plus que le chef de terre en d’un village Samo (ce n’est pas de la parentee a plaisanterie).

    * Il faut eviter que les chefs deviennent des donneurs de consigne de vote comme ces le cas des religieux au Senegal. Meme si le consigne ne marche pas a tout les coups, ca aggrave le risque de corruptibilite des chefs. A la longue on aura affaire a des "chefs tout puissant" mais malheureusement pas dans l’interet national.

    Je propose donc, qu’il y ait un nouveau CCRP (on pourra l’appeler comme on veut) sous la transition pour revoir les reformes prevus par l’ancien, proposer de nouvelles et regler definitivement la question de l’art 37 (verrouiller), du Senat (a supprimer). Revoir le Conseil Economique et Social (l’effectif, son role, et que son president ne soit plus un politique).

    La question de l’amnistie qu’un certain s’est offert doit etre revu.
    ETC.

  • Le 27 janvier 2015 à 11:05, par yamsoba En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    touche pas à nos chefs traditionnels. ils ont non seulement le droit mais surtout le devoir de faire la politique pour que ces députés déracinés et formatés n’adoptent des lois qui sabotent notre culture. la tentative de sankara de brimer les chefs a contribué à sa perte

  • Le 27 janvier 2015 à 11:23, par yamsoba En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    pourquoi vous ne demandez pas à l’eglise catholique d’arrêter de prendre des positions politiques, aux imams et pasteurs de ne pas soutenir des partis. formaté que vous êtes

  • Le 27 janvier 2015 à 11:49, par yamsoba En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    à ceux qui parlent de la france : le president français est quasiment un roi. la france est une dictature légalisée

  • Le 27 janvier 2015 à 14:34, par boukare neya En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    LES différentes opinions exprimées traduisent le caractère très sensible du sujet au même titre que la religion ou les ethnies. il faut donc faire vraiment attention dans le traitement du dossier sur le statut de nos têtes couronnées. suis d’accord qu’on leur trouve un statut pour les sortir de la misère qui les expose à la corruption des politiciens, mais cela ne doit pas se faire au détriment des ethnies dites minoritaires.

  • Le 27 janvier 2015 à 18:29, par Bakus En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Il faut se méfier du mimétisme. Laissons au Ghana sa constitution et ses réalités . Prenons le temps qu’il faut pour réfléchir sur notre propre situation , surtout ne confions pas cette tâche au CNT dont le temps est insuffisant, et dont la composition ne me paraît pas capable de mener de très bonnes réflexions autour de la question. Ils sont certes volontaire mais la volonté seule ne suffit pas pour ce genre de sujet.
    Qui est chef coutumier ?
    Qui est chef traditionnel ?
    Les ministres du Moro Naba auront quel statut ? Seront ils traités de la même manière que le Moro Naba ?
    Faudra t il un chef par ethnie ? par village ?

    Bref je demeure inquiet pour la république à travers les signes de précipitation que je perçois.
    Salut à tous !!!!

  • Le 27 janvier 2015 à 20:02, par ledoux En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Moi je suis d’avis. Et même que je trouve l’exemple ghanéen parfait.
    Si le CNT ne peut pas faire mieux en si peu de temps, il n’ya pas de honte à copier.
    Pour les ethnies qui n’ont pas de chef, qu’ils désignent des leaders d’opinions.

  • Le 28 janvier 2015 à 17:16, par Shalom En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Les chefs coutumiers devraient se retirer de la politique et être des conseillers impartiaux.

  • Le 30 janvier 2015 à 18:56, par Docteur Delphine FEESER COMPAORE En réponse à : Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière : Le CNT osera t-il ?

    Réponse du Docteur FEESER COMPAORE à Monsieur Guiré Marc sur son article intitulé « Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle : Le CNT osera-t-il ? »

    J’ai lu avec beaucoup d’intérêt et d’interrogations votre article intitulé « Institutionnalisation de la chefferie traditionnelle et coutumière ». Vous essayé d’aborder ce sujet assez complexe touchant justement à nos racines profondes, très souvent traité ou discuté avec sérieux et subtilité, sans toutefois rien s’interdire. C’est pourquoi j’ai décidé de contribuer au débat.
    Dans cet article, paru, le 26 Janvier 2014 dans le Fasonet, vous évoquez la révolution burkinabè d’octobre 2014, la constitution et sa réécriture, les grandes réformes à mener, les racines des grands maux de la société burkinabè, la limitation des mandats présidentiels, la « constitutionnalisation » de la chefferie traditionnelle et coutumière, proposant pour celle-ci de la rendre totalement apolitique. Par ailleurs, vous donner une belle recette tout aussi radicale pour régler l’épineux problème de la limitation des mandats présidentiels en interdisant aux membres immédiats de la famille des présidents d’être éligibles à leur tour. Bref, tout un programme à coup de quinquennat, pour une transition d’un an chrono ! J’aborderai donc comme vous les réformes, le statut de la chefferie traditionnelle et coutumière, les mandats présidentiels : Un ensemble d’éléments sur lesquels je partage parfois votre analyse tout en récusant fortement certains points.
    Sur la question des réformes : Il en faut pour permettre à la société burkinabè d’évoluer. Elles sont politiques, économiques, sociales, nécessaires et incontournables, nationales, régionales et continentales, car liées aux autres pays dans un espace mondialisé. Tous les secteurs d’activités sont en attente au Burkina Faso. Pour rester sur ce terrain, on peut avancer l’épineuse question liée aux constitutions africaines sur la limitation des mandats présidentiels et leur durée. Il en est de même du bon fonctionnement et de l’efficacité des institutions garantes des pouvoirs, des droits et libertés individuels et collectifs. À ce sujet, quel bel exemple que la révolution d’octobre 2014 au Burkina Faso, qui a tranché radicalement la question des mandats présidentiels. Lorsqu’on ajoute à cela, les instabilités multiples et à haut risque du continent, celles liées particulièrement aux calendriers électoraux à venir où ces questions se poseront avec acuité, on voit aisément le bien fondé des réformes attendues.

    Vous parlez de « couper les racines des grands maux de la société burkinabè » sans en donner aucun, alors même que votre article porte un intérêt marqué à la chefferie traditionnelle et coutumière. On ne peut que vous poser cette question toute simple : La chefferie traditionnelle et coutumière fait-elle partie de ces maux qui empêchent l’avancée de la société burkinabè ? Evidemment la réponse vous appartient mais à défaut de le dire clairement, on peut extrapoler à souhait. Même si, en lisant entre les lignes, on entrevoit la réponse quand vous appelez à la « constitutionaliser » afin de la dépolitiser et la sortir du débat politique.

    De la chefferie, et de son éventuel statut, vous en appelez au Comité National de Transition pour son « institutionnalisation » dans le sens d’une « dépolitisation totale. »
    La chefferie traditionnelle et coutumière est une institution vieille de plusieurs millénaires dont les usages et coutumes nous survivent, tant ils se transmettent de génération en génération. Certaines de ces pratiques peuvent être décalées et sont parfois même parfois dépassées pour épouser les contours de notre temps. Mais beaucoup d’autres font notre fierté, notre force lorsque dans certaines circonstances le ciel nous tombe sur la tête, nous obligeant à remonter le temps, et à faire un retour sur nous-même pour prendre du recul et mieux évaluer la situation. En cela, je crois que chaque Burkinabè et chaque Africain fait cet incessant aller-retour de nécessaire adaptation, entre modernité et traditions qui demeurent pour certains des références.
    Vous évoquez aussi une chefferie décriée, controversée, mais aussi parfois considérée comme gardienne de nos valeurs. Combien de nos concitoyens la décrient, la trouvent inadaptée ? Pas tant que ça ! J’en veux pour preuve une étude, pas si ancienne que ça, du Centre de la Gouvernance Démocratique, qui donnait une majorité de Burkinabè autant confiants aux institutions traditionnelles qu’à celles de la République. Ils ont peut-être changé d’avis entre temps, mais en attendant, vu l’état dans lequel se trouve parfois le service républicain dans nos institutions, on ne doit pas être encore très loin de cet avis ! Des données importantes que vous excluez de facto de la République et qui ont plus d’une fois, à un moment ou un autre, permis de la sauver. La chefferie a aussi permis d’assoir de nombreuses règles de droit, appliquées par les institutions républicaines. Vous vous souviendrez sans doute aussi que le droit coutumier a existé et règle encore de nos jours certains cas. On retiendra en tout, qu’au-delà de ce qu’elle n’a pas pu ou su bien faire, elle nous a plus d’une fois tiré d’un mauvais pas, en allant justement puiser aux tréfonds de nos valeurs pour faire entendre raison aux uns et aux autres, sauvant ainsi parfois l’intérêt général. Elle a toujours été au cœur de la vie politique, de la République et de ses institutions.

    Elle a été présente tout au long de l’histoire politique et sociale de la Haute Volta devenue Burkina Faso. Elle a défendu nos causes, fait de la politique, avec parfois des représentants élus porteurs de ses principes. Pour s’en faire véritablement une idée on peut toujours se replonger dans les archives ou les écrits qui portent les sceaux de notre histoire particulière pour mieux comprendre, apprendre et se souvenir que cette même chefferie traditionnelle et coutumière à lutter politiquement de toutes ses forces pour que vive la Haute Volta, et par extension le Burkina Faso. Son rôle politique dans la République n’est plus à prouver et ses membres ont été formés de génération en génération pour gouverner la cité, le royaume. C’est pourquoi, votre appel à la constitutionnaliser, juste pour la dépolitiser totalement et à tout prix, afin de l’empêcher d’impacter la vie politique me semble contestable. Que vous le vouliez ou non, elle reste garante de valeurs auxquelles les citoyens croient et de ce fait constitue aussi une force politique.

    Le statut de la chefferie traditionnelle et coutumière a été maintes fois évoqué, discuté et débattu. J’avais surtout retenu ce souhait qui est de mettre en exergue son rôle pacificateur, et permettre de faire en sorte d’éviter parfois les conflits de succession au trône et d’apporter bien d’autres bienfaits à notre société. Votre article, dit en substance, qu’elle n’est pas républicaine, que par conséquent, il faut la constitutionnaliser par un statut apolitique inscrit dans la constitution. Vous poursuivez en outre, en indiquant les raisons de cette éventuelle « constitutionnalisation » qui selon vous permettrait d’éviter son immiscions dans les débats politiques de la société. Votre appel à constitutionnaliser n’a d’autre but que de pouvoir la museler à travers la constitution pour mieux l’exclure des débats.
    Entre la République et les institutions traditionnelles et coutumières, on n’épuisera sans doute jamais le débat. Mais la République est régie par un certain nombre de règles dont la constitution placée au-dessus de tout, au demeurant expression de la volonté de la majorité des citoyens. Ils jouissent des mêmes droits et devoirs conférés par leur constitution qu’ils ont défendu jusqu’au dénouement des 30 et 31 octobre 2014. La chefferie traditionnelle et coutumière est garante de nos traditions et de nos valeurs culturelles, et ses membres, citoyens de la République, bénéficient des mêmes droits et des mêmes libertés. Dites-moi un peu au nom de quoi vous voulez empêcher ces personnes d’exercer leurs droits, et de jouir de leur liberté, y compris d’appeler à voter pour X ou Y, comme nous pouvons nous-mêmes le faire, si tant est que nous disposions vous et moi, d’une audience suffisante pour faire comme eux, et être largement entendu ? Et pour tout dire, cette liberté de dire et de se prononcer sur tel ou tel autre sujet, qui s’apparente aussi à une sorte de pouvoir, très peu de personnes en réalité voudront en faire l’impasse, bien content d’exercer leurs droits, même si c’est dans le respect strict des règles établies.
    Vous prenez l’exemple de la chefferie traditionnelle et coutumière du Ghana, de son statut dans la constitution de ce pays et vous lancez un vibrant appel à faire pareil.
    Au-delà de l’histoire, les chefferies burkinabè et ghanéennes ont évolué différemment, ont joué des rôles politiques et sociaux différents en fonction des faits, des évènements et des réalités politiques et sociales de chacun de ces deux pays. Méconnaître ou occulter ces paramètres faussera irrémédiablement nos analyses et nos comparaisons. À ce titre, posons-nous ces questions sur tous les aspects de l’évolution de cette chefferie traditionnelle ghanéenne et celle burkinabè. Pourquoi et comment le Ghana à un moment donné de son évolution politique et sociale a-t-il légiféré sur sa chefferie traditionnelle, lui donnant un statut qui a d’ailleurs régulièrement évolué ?
    Je vous invite à le faire et vous verrez peut être qu’entre autres éléments, il y eut à des moments pas si démocratiques que cela, des souhaits de dépolitisation de cette chefferie, à l’exemple de ce que vous réclamez, pour l’affaiblir parce qu’accusée d’être féodale et coloniale.
    Vous conviendrez aussi que le Burkina Faso a vécu aussi certains moments semblables où sa chefferie a connu un traitement de choc, et où certains règlements de compte, au nom de la lutte antiféodale, n’ont pas pu être évités. Nous n’avons pas été parfaits dans ce domaine précis des droits et des libertés individuelles et chacun appréciera.
    Chaque époque et chaque gouvernance a eu ses travers, ses dérives et ses acquis. Puisse-ton en tirer les enseignements pour mieux se projeter vers un avenir radieux ! Les Burkinabè savent mieux que quiconque que rien n’est jamais définitivement acquis et que le dialogue social et la négociation restent permanents et s’avèrent parfois rudes.
    Je reviendrai également sur une petite phrase qui en dit parfois long sur notre état d’esprit, lorsque nous portons un jugement sur nous-même et nos acquis. Dur, dur, de ne pas faire de l’auto flagellation ! Nous nous appuyons vous et moi sur les chiffres en matière d’indice de démocratie qui nous le confirment. D’autres données parleront même de démocratie imparfaite pour le Ghana et de régime autoritaire pour le Burkina. L’alternance constitue l’un des éléments du puzzle démocratique, mais il en faut bien d’autres. C’est ce qu’a fait le Burkina durant toute son histoire à travers cette formidable capacité de dire non chaque fois que nécessaire, et les récents évènements d’octobre 2014 en sont une parfaite démonstration. Les débats sur plusieurs années ont été houleux à tous les niveaux, même jusqu’au dernier rempart démocratique que constituait l’Assemblée Nationale, avant ce dénouement final et dramatique qui, de ce fait, a emporté quelques uns ad-patres, rendu d’autres invalides, et envoyé quelques autres en exil volontaire ou forcé. Ces 30 et 31 octobre 2014, en effet, la population est descendue dans la rue, se faisant entendre par cet assaut final, comme pour dire qu’il reste et demeure encore libre de décider. Et ici, il faut souligner et prendre en compte l’extrême diversité de toutes les composantes sociales, de tous les électorats, qui sont descendus dans la rue pour agir, à quelque niveau que ce soit, dans le sens du fait et des événements des 30 et 31 octobre 2014, pour un dénouement tel que connu à ce jour.
    La gestion orageuse, brutale, subtile, mais remarquable, montre naturellement que tout le monde a compris et que les Burkinabè sont restés eux-mêmes, en gardant la mesure des choses pour ne pas rompre le fil du dialogue et de la paix sociale, tout en restant lucide pour empêcher l’inacceptable. Des partis politiques ont été sanctionnés et certains ont fait leur mea-culpa pour montrer qu’ils se sont trompés et prêts à faire amende honorable. C’est là aussi où la modernité conjugue avec la tradition, et on peut encore épiloguer à souhait sur nos bonnes vieilles méthodes sur la faute, le pardon, la paix et tout le reste. Un curseur politico-social qui tient tant bien que mal en équilibre et qui de ce fait en dit long, à mon avis, sur la maturité politique burkinabè. Dans tous les cas, les limitations des mandats présidentiels sont particulièrement problématiques dans les contrées africaines et rien n’est encore gagné malgré ces efforts et cette démonstration.
    À ce propos, de grandes interrogations subsistent sur la limitation des mandats présidentiels et sur un certain nombre de paramètres des démocraties et gouvernance africaines, qui, de plus en plus, jettent nos populations dans les rues. Le cas du Burkina Faso montre que nous devons repenser fondamentalement nos circuits de partage des richesses économiques et du pouvoir politique. Lorsque je vous lis au paragraphe trois de votre article où vous nous invitez à faire un retour dans notre Afrique profonde pour « réécrire » notre constitution, je suis assez d’accord avec vous, et en cela je vous invite à aller lire le volume 2 de ma thèse soutenu le 19 décembre 2012, et contenant l’ensemble des recueils d’entretiens réalisés, où africains et non africains croient en nos atouts et nous encouragent à prendre appuis sur nos ressources profondes pour mettre en place des outils de développement qui collent à nos réalités.
    Vous évoquez également, la réduction des pouvoirs du Président de la République qui en plus de son pouvoir de chef de l’Etat cumule parfois plusieurs autres portefeuilles. Ce qui de ce point de vue est de bon aloi, et est absolument nécessaire pour redonner une efficacité et une indépendance aux différentes institutions qui légifèrent et portent nos instances judiciaires.
    Cependant, certaines des méthodes préconisées par vos soins pour gérer les paramètres de cette épineuse limitation des mandats sont très inquiétantes. Vos envolées lyriques préconisent que l’on puisse légiférer en étendant la législation aux membres de la famille immédiate, afin que ceux-ci ne puissent en aucun cas être éligibles à leur tour. Bonjour les amalgames et les aberrations ! Dites-nous comment vous définissez la famille immédiate ? En lisant ceci, on a du mal à vous croire lorsque vous préconisez le retour à l’Afrique profonde. Et puis du point de vue du droit, chacun des membres d’une telle famille, comme vous et moi, a les mêmes droits. Donc, comme on peux le comprendre, vous recherchez les solutions pour limiter certaines dérives. Je pense qu’il va valoir continuer à chercher. Car vous trouverez partout dans tous les secteurs d’activités des dynasties entières, y compris en politique, où de façon libre ou guidée, les uns et les autres choisissent leur métier et font en sorte de mériter leur place comme ils le peuvent. L’exemple américains des Présidents Bush, père et fils, ainsi que quelques exemples français, sont là pour en témoigner ainsi que bien d’autres exemples à travers le monde et chez nous en Afrique. Le problème est ailleurs, et le débat parfois difficile et très passionné en dit long sur les enjeux. Pour illustrer ceci, prenons votre exemple ou le mien, peu importe.
    Vous êtes en train de faire des études de sociologie. Vous avez mes encouragements et mes souhaits d’une grande réussite pour que nous puissions bénéficier d’un sociologue de plus pour décrypter encore et encore tous les aspects des phénomènes sociaux burkinabè et africains, pour ne prendre que cet aspect des choses. On aura alors largement le temps d’imaginer, d’extrapoler et de rire en voyant la tête que fera chacun des membres de votre famille immédiate, lorsqu’ils se verra servir de tels arguments, tendant à l’empêcher de devenir sociologue, président, journaliste, juriste, avocat, médecin, député, diplomate et que sais-je encore. C’est sûr qu’ils riront avec nous. Vous imaginez ? Ici encore le problème est ailleurs. De plus, en toute chose chaque citoyen doit répondre de ses propres actes, et ne peut être comptable des actes d’un autre membre de sa famille, du seul fait de son appartenance familiale. Au nom de quoi la loi pourrait empêcher un membre x ou y de votre famille immédiate, de la mienne, ou de n’importe quel autre, d’être ce qu’il veut être et de briguer des mandats ? Je pars du principe qu’un métier en vaut un autre. Chacun des membres de la famille immédiate, comme vous et moi, conserve en entier son droit d’être ce qu’il veut, d’être éligible, de briguer des mandats dans son pays, en Afrique et partout dans le monde.
    Je voudrai terminer en soulignant le rôle combien important des pouvoirs de la transition dans leur ensemble, mais avec un délai imparti bien circonscrit, assez court pour normaliser la situation politique au Burkina Faso, un an, rien de plus. Mener un calendrier électoral à terme pour réussir une transition avec le moins de casse possible n’est sans doute pas la chose la plus aisée. Beaucoup d’attentes seront sans doute déçues. Mais une transition réussie résidera aussi dans le choix des possibles au vu du temps, le reste restant dans la continuité des taches républicaines après transition.
    Enfin, puisqu’il est question quand même de chefferie traditionnelle et coutumière, je voudrais rappeler aussi que nos sociétés ne fonctionnent pas toujours sur le même principe, et portent toutes des valeurs et des paramètres d’union et de cohésion. Ces différences qui font appel à nos histoires et cultures profondes, sont notre force et notre cohésion, que nous devons en aucun cas galvauder ou utiliser pour exclure.
    Quant à la République, elle est et doit rester notre premier dénominateur commun. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas parfois mettre un gros coup de pied dans ce bel angélisme que nous essayons tant bien que mal de sauvegarder. Il ne faut pas non plus être dupe.

    Vive le Burkina Faso, bien cordialement et très fraternellement !
    Docteur Delphine FEESER COMPAORE
    defeeser@outlook.fr

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