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Pénurie de gaz au Burkina : « La solution, c’est d’accroître la capacité de remplissage des bouteilles »

Publié le jeudi 22 janvier 2015 à 23h21min

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Pénurie de gaz au Burkina : « La solution, c’est d’accroître la capacité de remplissage des bouteilles »

Depuis novembre 2014, les consommateurs du gaz butane sont confrontés à une pénurie criarde du gaz butane. La raison : un problème de remplissage des bouteilles. Tout a été dit ou presque. Mais la solution c’est incontestablement l’accroissement du nombre de centres remplisseurs.

Mercredi 21 janvier 2015,10h. Un camion vient de faire la livraison de gaz au niveau du plus grand dépôt à Kilwin. Là, une centaine de clients attendait, depuis 7h. Aujourd’hui, tous ceux qui étaient dans le rang ont été servis. Mieux, il en reste. Ceux qui viendraient dans une heure au plus tard pourront obtenir du gaz. Après, ce sera trop tard et il faudra attendre le lendemain.
Safoura Soré vient d’être servie. C’est un soulagement parce qu’en venant, elle n’était pas sûre d’en avoir. Le soulagement est encore plus grand chez Balkissa Kaboré. Plus d’un mois et demi qu’elle était retournée au bois de chauffe puisqu’ayant fait le tour d’une dizaine de boutiques sans obtenir du gaz. « Le gaz n’est pas encore venu », « ça vient juste de finir », « il faut repasser demain… peut-être qu’il y aura du gaz ». Partout, ce sont ces phrases qui lui sont servies. Ce matin encore (ndlr : 21 janvier), elle a quitté le quartier non loti de Watinoma pour venir tenter sa chance.


La situation est-elle en train de se décanter

Chez les agents responsables des points de vente du gaz, c’est aussi le soulagement car ils seront épargnés des insultes des clients excédés par cette pénurie. « Aujourd’hui, on est content parce qu’on sait que tous ceux qui sont dans le rang pourront être servis. Si vous étiez venu il y a deux semaines, vous alliez trouver deux ou trois fois ce monde. Je pense que la situation est en train de se décanter », soutient Issa Ouédraogo.
La SONABHY s’est déjà expliquée sur cette pénurie. Tout comme le ministère du commerce. Tous ont toujours fait la promesse que le problème trouvera bientôt une solution. Mais, deux mois après, la pénurie perdure. Et le calvaire des consommateurs aussi.
Mais, le ministère et la SONABHY semblent pointer un doigt accusateur sur les sociétés de distribution. Ces sociétés sont soupçonnées par certains consommateurs de stocker du gaz pour favoriser la spéculation. Aussi, polémique-t-on sur des problèmes de disponibilité de bouteilles.
Pour mieux comprendre, nous nous rendons au siège du plus grand distributeur, la société SODIGAZ. Elle a plus de 60% de clients. La visite des locaux nous permet de constater une logistique impressionnante. Une vingtaine de camions exclusivement chargés du ravitaillement, des milliers de bouteilles neuves entreposées dans des magasins, des charriots pour le chargement des bouteilles, du personnel notamment des chauffeurs qui impatientent…

Tout sauf un problème de bouteilles

C’est donc dire que le problème est tout sauf une insuffisance de bouteilles. Ce n’est pas non plus un problème de camion de ravitaillement ou d’une logistique quelconque. « Nous avons 21 camions d’approvisionnement qui sont chargés exclusivement d’aller chercher le gaz à la SONABHY sise à Bingo. Nous avons entre 17 et 20 camions qui livrent du gaz pour la ville de Ouagadougou. Nous avons aussi des bouteilles neuves (plus de 40 000) qui ont été contrôlées par le BUMIGEB mais que nous ne pouvons pas mettre sur le marché actuellement parce que la disponibilité du gaz nous empêche de les mettre dans le circuit. En termes de logistique (camions ou bouteilles), la SODIGAZ n’a aucun souci pour répondre à n’importe quelle consommation sur toute l’étendue du territoire burkinabè », précise Fabrice Naré, le chargé de communication de la société.
Alors, comment résoudre ce problème de remplissage qui dure plus de deux mois. SODIGAZ a une proposition de solution : avoir son propre centre remplisseur comme l’autorise la loi. Elle en a fait la demande depuis plusieurs années. Mais sans suite. Après la composition du gouvernement de transition, elle a encore renouvelé cette demande. Le ministre du commerce a d’ailleurs confirmé cette demande au cours du point de presse dénommé « Face à la presse », le 24 décembre 2014.

Permettre aux distributeurs d’avoir leurs propres centres remplisseurs

Il avait même promis de se pencher rapidement sur le dossier. Pourtant, chez les distributeurs, on attend encore. A SODIGAZ, on estime avoir les compétences techniques et les partenariats pour le faire. « Une société qui a trois décennies a quand même des partenaires, même au niveau international pour le faire. Nous avons déjà identifié le site pour cela, nous avons les partenariats techniques qu’il faut pour pouvoir installer un centre remplisseur et, naturellement, dans la demande, nous l’avons précisé, ce sera sous la supervision de l’Etat parce que c’est quand même une question sécuritaire importante », explique Fabrice Naré.

Depuis plus de deux décennies, les premiers responsables du pays ont fait la promotion du gaz et ce produit est désormais entré dans les habitudes des burkinabè. Il faut donc œuvrer à le rendre disponible. « Nous sommes un acteur principal du gaz et nous sommes disposés et disponibles pour toutes formes d’initiatives qui puissent nous permettre de trouver des solutions durables et définitives au problème du gaz. Il y a des solutions et la solution c’est d’accroître les capacités de remplissage afin de répondre aux besoins actuels et futurs », confie le chargé de communication du plus grand distributeur de gaz au Burkina.
M. Naré dit déplorer la spéculation autour de la question du gaz butane, tout en s’excusant auprès des consommateurs, même s’il estime que sa structure n’est pas responsable. En tous les cas, sur cette question, il appartient aux structures étatiques chargées du contrôle des prix d’assumer pleinement leur rôle.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 23 janvier 2015 à 08:14 En réponse à : Pénurie de gaz au Burkina : « La solution, c’est d’accroître la capacité de remplissage des bouteilles »

    Encore du GAZ. A la lecture de votre article je réponds par la négative. La solution est à plusieurs niveaux. "Ce n’est pas en inondant le marché de billet de banque qu’on rendra tout le monde riches".
    Pour moi, au delà de votre proposition il faut surtout faire en sorte de rationaliser le circuit de distribution.
    1. Les services du Ministère du commerce et la SONABHY gagneraient dans un premier temps à faire du contrôle. Pourquoi du contrôle, parce que trop de bouteilles de gaz ne sont pas comptabilisées dans le circuit officiel. Regardez dans les rues de Ouaga, partout, tout le monde vend du gaz. Ont-ils les licences nécessaires ? On se croirait dans un pays voisin ou chaque domicile est une station d’essence.
    Selon les informations non encore vérifiables, tous ces vendeurs au carrefours sont des dépositaires non officiels d’agents de la SONABHY. est-ce vrai ???? en tout état de cause il faudra une action des forces de polices communales et du Ministère technique pour y voir clair, parce que ce sont eux qui revendent les bouteilles à 30.000F cas on organise la non disponibilité du gaz. Stocker des bouteilles de gaz pendant des mois pour attendre la "pénurie", il faut se donner les moyens. J’invite donc les acteurs pré-cités à organiser des descentes coup de poing.
    Ce genre de pratiques, thésauriser le gaz pour attendre qu’il en manque et augmenter les prix fait en sorte que les familles commencent elles aussi à organiser au sein des maison des sortes de petits dépôts de bouteilles de gaz pour éviter les surprises. Du coup chaque maison devient une petite bombe de gaz sans le savoir. Voilà donc deux risques à partir des pénuries organisées. Un, le risque d’avoir des bouteilles de gaz à tous les carrefours et deux, celui de transformer son domicile en dépôt de gaz en prévision des "pénuries.
    2. La problématique de l’interchangeabilité des bouteilles. Dans un petit marché comme le Burkina avec si peu de distributeurs, les bouteilles sont marquées et quand le gaz vient à manquer vous en trouvez mais vous n’avez pas la bonne bouteille. Il faut donc avoir des bouteilles de toutes le couleurs à domicile enfourcher sa moto pour aller à la chasse au gaz. De plus, la société PETROFA et si je ne m’abuse, SHELL ne sont plus acteurs dans ce domaine. Sous la révolution, un décret avait mis fin à cette affaire de bouteilles de couleur différentes puisque tout le monde s’approvisionne au même endroit. Une autre piste de réflexion pour les autorités en transition.
    Je termine en disant qu’au delà de l’accroissement de la capacité de remplissage, il faut surtout revoir le circuit de distribution pour l’assainir, augmenter le nombre de dépôt légaux et organiser des opérations régulières pour vérifier ou va le gaz et qui le vend.
    Courage aux différends acteurs.

  • Le 23 janvier 2015 à 10:40, par compatriote En réponse à : Pénurie de gaz au Burkina : « La solution, c’est d’accroître la capacité de remplissage des bouteilles »

    A Ouaga même les taxis fonctionnent avec du gaz. L’autorité doit faire un effort dans ce sens.

  • Le 23 janvier 2015 à 10:53, par dariane En réponse à : Pénurie de gaz au Burkina : « La solution, c’est d’accroître la capacité de remplissage des bouteilles »

    il faudra diminuer
    le prix du gaz a 1500f

  • Le 23 janvier 2015 à 10:56, par Naboho Lassina En réponse à : Pénurie de gaz au Burkina : « La solution, c’est d’accroître la capacité de remplissage des bouteilles »

    Bonjour, le problème du gaz butane est le fait des vendeurs agrées qui reçoivent les bouteilles de gaz et qui les revendent aux vendeurs de gaz du secteur informel .Donc je pense qu il y a une complicité . Si non comment des vendeurs de bazard peuvent posséder des bouteilles de gaz. Je crois qu il faut prendre du courage et interdire purement et simplement ce produit dans le secteur informel . SI cela est fait on aura plus de pénurie de gaz. Il est temps d arreter le désordre dans notre pays. On peut vendre les réchaud et les accessoires de gaz mais pas le gaz . J ai appris que le secteur informel achète la grosse bouteille 12 KGS et la transvase dans les bouteilles de 6kgs raison pour laquelle on trouve des 6kgs à moitié plein. Si les autorités attendent l imparable cela pourra arriver un jour , un incendie dans ce secteur qui manipule les bouteilles de gaz. Finalement des gens qui s enrichissent royalement sur le dos des consommateurs de gaz . Merci

  • Le 23 janvier 2015 à 11:29 En réponse à : Pénurie de gaz au Burkina : « La solution, c’est d’accroître la capacité de remplissage des bouteilles »

    ce n’est peut être pas en innondant le marche de billet de banque qu’on rendra tout le monde riche mais en innondant le marche de gaz tout le monde aura du gaz.

  • Le 23 janvier 2015 à 18:35, par DEMBELE En réponse à : Pénurie de gaz au Burkina : « La solution, c’est d’accroître la capacité de remplissage des bouteilles »

    Pourquoi ne pas créer, comme au Ghana, des postes de remplissage de bouteilles au niveau de quelques stations d’essence dans les grandes villes du pays ? Cela serait beaucoup plus efficace que la création d’un second centre de remplissage à Bingo.
    Par ailleurs, pourquoi ne pas mettre fin à cette discrimination entre les marques de bouteilles ?
    Il faut vraiment mettre fin à cette souffrance de la population sinon la lutte contre la désertification qui risque de prendre un sérieux coup.

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