Le thème « Donne-moi à boire » est tiré de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine dans l’Évangile de saint Jean (Jn 4,1-42). Cette rencontre présente, par étapes, la progression d’une relation de confiance entre Jésus et une femme que rien n’autorisait à lui adresser la parole. Se rapprocher devient donc fondamental pour tisser des relations vraies.

À cette occasion des manifestations sont prévues dans le monde entier pour relever les défis de ‘unité : prières, célébrations diverses autour de la Bible ? Ainsi, toutes les instances ecclésiales (Conseil Pontifical pour l’unité des chrétiens, Conseils œcuménique des Églises ?) participent à ce grand mouvement béni pour marcher ensemble vers la communion fraternelle.

Pour rester dans l’esprit de cette Semaine de Prière il est important de se rappeler les raisons de son institution. Elle a inspiré les premières heures du mouvement œcuménique depuis le début du XXe siècle jusqu’à ce jour. Les mots essentiels de la prière évoquent « l’indifférence, la méfiance, et même l’hostilité mutuelle ». Les chrétiens ont, de ce point de vue, une grande responsabilité devant l’histoire.

Au Burkina Faso, l’Alliance Biblique constitue une excellente expression du rapprochement entre les Églises, à travers notamment les traductions de la Bible dans les langues locales du pays. Les célébrations communes, par contre, font difficilement leurs chemins. Initier des Fraternité œcuméniques de Prière promettra sûrement un beau futur pour l’unité des chrétiens au Faso.

Une histoire de « Frères séparés » qui prêchent un même évangile depuis 2000 ans

L’histoire du christianisme, à l’exemple de la vie ordinaire d’une famille, est faite de hauts et de bas. Dès les premiers siècles, les chrétiens se sont illustrés dans des querelles doctrinales qui ont porté une atteinte grave au témoignage de l’Église entière. Des divergences de vues sur Dieu, l’organisation concrète des communautés ont conduit vers des séparations. Le grand schisme d’Orient du XIe siècle a été douloureux et le protestantisme n’en fut pas moins retentissant au XVIe siècle. Les contradictions se sont multipliées au fil des siècles, fissurant davantage les relations entre Latins, Orientaux, Anglo-saxons et Germanophones.

L’une des conséquences tragiques de la divisons des chrétiens d’occident fut sans doute les « missions séparées » qui eurent lieu au XIXe siècle dans les autres continents, notamment en Afrique. En un mot, les querelles et antipathies des « chrétiens Blancs » ont été exportées sur le continent noir, faisant des catholiques et des protestants africains, non concernés par les « palabres » des premiers missionnaires étrangers. Ces missions se sont développées séparément et ont engendré des communautés divisées également jusque dans les villages africains.

De nos jours, des communautés complexes, dues aux diversités confessionnelles, présentent un paysage bigarré du christianisme en Afrique. Dans un tel contexte, on ne ‘étonne pas des conflits interconfessionnels qui en découlent. Toutefois, la communion et l’esprit de l’Église (supposée unique) sont une interpellation de nos Églises, toutes confessions confondues. L’inculturation, forte de ses valeurs africaines, peut contribuer à rassembler les Africains en une seule famille chrétienne. Il reste à trouver les voies et les moyens ?

Et si les Africains initiaient une unique Église chrétienne d’Afrique : une Église œcuménique ?

Les missions séparées en Afrique sont l’une des plus grandes erreurs du christianisme occidental. Elles ont transplanté les querelles entre catholiques, protestants et orthodoxes sur le continent noir. Pourtant, l’Afrique, du fait même de la diversité des pratiques religieuses, a toujours préservé une unité fondamentale autour du Dieu unique. Comment imaginer un seul instant des Africains se « bagarrer » pour des questions théologico-doctrinales ? Cela ne vient-il pas des polémiques dont nous ont habitués les judéo-chrétiens ?

Au cours de l’histoire de ce mouvement œcuménique, des travaux de rapprochement ont été réalisés par les Églises chrétiennes : une seule Bible (Bible Tob œcuménique), une seule prière « Notre Père œcuménique », des carnets de chants œcuméniques (liturgie) et surtout une seule foi chrétienne (le Credo œcuménique). Tous les ingrédients semblant réunis pour créer une seule Église. Seulement, une « Catéchèse œcuménique » manque au tableau pour l’avènement de cette communion retrouvée. C’est sans doute une question de temps ? En espérant que Dieu suscite des prophètes au sein du peuple africain.

En guise de conclusion ?

Cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, en cette année 2015, vient encore rappeler l’urgence du christianisme : se convertir et témoigner dans la paix.

Toutefois, le mouvement œcuménique demeure toujours orphelin. Qui prendra soin d’une « pastorale de l’unité » complexe et dissidente finalement, vu les positions rigides des Églises chrétiennes ? Néanmoins des espoirs renaissent grâce à des sursauts courageux et prometteurs. Dans tous les cas, l’Afrique, forte de ses valeurs religieuses à tendances inculturées, peut relever les défis. En gardant confiance dans la prière du Maître : « Qu’ils soient un afin que le monde croie » (Jn 17.21). Ses racines africaines de dialogues, de fraternité et de foi au Dieu unique lui donneront-elles raison un jour ?

Abbé Nérée Z.