Emotion, ferveur religieuse et populaire, recueillement, voilà les sentiments dominants lors de ses obsèques nationales qui se sont déclinées en quatre actes, en ce dimanche 13 mars 2005 à Lomé. La capitale du Togo qui accueillait un parterre de chefs d’Etat de la sous-région (Olusegun Obasanjo, Mathieu Kérékou, Laurent Gbagbo, Mamadou Tanja, John Kufuor) et d’anciens chefs d’Etat africains (Joaquim Chissano, Yakubu Gowon) ainsi que Mohamed Ibn Chambass, secrétaire exécutif de la CEDEAO.

Le Burkina Faso était représenté par son ministre des Affaires étrangères, Youssouf Ouédraogo, la France par le détenteur du même maroquin, Michel Barnier et le Sénégal par son Premier ministre, Madior Sall. Egalement dans la foule des invités, des leaders de l’opposition togolaise, comme Joseph Kokou Koffigoh, Léopold Messan Gnininvi, Edem Kodjo ... Quatre actes majeurs donc, dont le premier a consisté au dépôt de gerbes puis au recueillement sur la dépouille de l’illustre disparu avant la signature du livre de condoléances.

Un rituel auquel tous les chefs d’Etat et personnalités présents se sont livrés avec la solennité qui sied, à commencer par le président nigérian Olusegun Obasanjo en sa qualité de président en exercice de l’UA.

Egalement concernés par cet acte d’une haute portée émotionnelle, tous les corps constitués togolais, ainsi que la famille Gnassingbé représentée à l’occasion par Kpatcha Gnassingbé, un des fils du général.

"Adieu papa"

S’en suivra le culte protestant de l’Eglise évangélique presbytérienne du Togo, deuxième acte avant que les oraisons funèbres ne viennent à nouveau jeter de l’émotion dans une salle qui avait déjà accueilli dans les cris et les larmes, la dépouille mortelle du général Gnassingbé Eyadéma, à son arrivée au palais des congrès. Le pic de l’émotion sera atteint lors du passage de la représentante de la famille Gnassingbé, Bénéza Gnassingbé.

La voix enrouée par les larmes, elle trouvera cependant la force morale de louer son père, qui a toujours su opposer à l’adversité, "la sérénité et le courage". Un père "bon", "loyal" dont la devise était : "La vie est un combat ; il faut combattre pour vaincre et vaincre pour vivre" et qui a su "façonner" le Togo à son image.

"Nous ne te pleurons pas, nous te chantons papa", dira-t-elle avec force avant de lui dire "adieu", la voix pleine de sanglots. Dès lors, le Premier ministre, Koffi Sama, ne pouvait que s’épancher lui aussi en pleurs, tout en avouant la "fierté" du Togo d’avoir engendré un tel fils. Le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale reconnaîtra à ce "valeureux fils", le mérite d’avoir "bâti" la démocratie togolaise et le chef d’Etat-major général, des Forces armées togolaises, le général Zakari Nandja, celui d’avoir été le "père" de l’armée togolaise.

Après ce troisième acte, une prière mettait fin à la cérémonie. Mardi 15 mars 2005, les obsèques nationales se déporteront au palais des congrès de Kara. Temps forts de cet autre moment de ferveur et de recueillement, la prière d’ouverture par les pasteurs Touléassi, et Cidema, puis le dépôt de gerbes sur la dépouille mortelle.

Une oraison funèbre sera prononcée par le secrétaire général du Rassemblement du peuple togolais (RPT) avant le départ du corps pour Pya, le village qui a vu naître "papa Eyadéma", l’enfant de "Mémé N’Danida". Le fils a rejoint sa maman chérie dans la paix du Seigneur.

Boubacar SY,
Envoyé spécial à Lomé