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Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

Publié le mercredi 14 janvier 2015 à 14h14min

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Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

Cet écrit est la contribution d’un jeune Burkinabè épris de leadership pour un Burkina Faso renouvelé, où les plus faibles ne seront pas les laissés pour compte du pays, où la démocratie loin d’être une potence, sera l’arme pour construire un meilleur vivre-ensemble entre Burkinabè, où le savoir-faire et le savoir-être des citoyens seront des éléments de valeur pour assurer un développement humain durable et partant, de l’ensemble de la nation.

De l’exemple de leadership

L’image était saisissante : en France, des manifestations de citoyens et activistes écologistes contre la construction du barrage de Sivens, ont donné lieu à un affrontement avec les forces de l’ordre. Et Rémi Fraisse, un des manifestants, trouve la mort. Mea culpa des plus hautes autorités françaises, décision forte de ne plus utiliser de bombes lacrymogènes offensives. Pour une seule personne morte à l’issue d’affrontements avec la police, l’ensemble du pays bouge. Le président François Hollande annonce dans la foulée –comme le rapporte le monde sur son site le 28 octobre 2014, de vouloir faire toute la vérité sur le drame. Ouverture d’enquête sur les circonstances de la mort de l’activiste.

Réaction des politiques avec Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche qui réclame la démission de Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur. Luc Chatel, Secrétaire général intérimaire de l’UMP, lui emboîte le pas. Ce n’est pas la première fois que le sort des Français quelle que soit leur appartenance ou position sociale, de race et de religion, leur obédience politique, suscite une réaction de toute la classe politique française. Ce ne serait pas la première aussi que le chef de l’Etat français, François Hollande prend la parole au nom des difficultés des Français ou de ses concitoyens qui connaissent des problèmes cruciaux, qui meurent dans des circonstances anormales, en se faisant audible, en prenant les choses au sérieux.

C’est dire toute la dimension d’homme d’Etat qu’il faut à un président de la République et à ses proches collaborateurs pour transcender les clivages et se mettre au service de l’ensemble de la Nation. C’est également tout le charisme et la volonté des grandes figures de l’opposition politique et de la société civile à mener les vrais débats. De même au-delà du management, la question du leadership vrai se pose, si tant est que l’on veut que tous ses compatriotes regardent dans la même direction que le dirigeant, travaillent de concert avec lui, l’épaulent sincèrement afin de l’aider à assurer un développement économique durable et profitable à toute la nation.

Alors partant de là, quel leadership pour nos présidents de la République, hommes politiques, nos figures de la société civile ?

L’exemple pris plus haut peut ne pas être le meilleur, mais il nous permet de mettre notre démarche et notre idée sur les rails. Les Burkinabé, d’ici et d’ailleurs, de la ville comme de la campagne dans leur grande majorité, sortent comme d’un long sommeil pour enfin prendre leur destin en mains. C’est sur les cendres d’un leadership, au finish édulcoré du régime Compaoré , que les dirigeants du Burkina d’aujourd’hui et de demain doivent pouvoir comprendre les racines des problèmes endurés par le peuple, son envie d’être écouté et compris, afin de poursuivre la construction d’une nation prospère pour l’ensemble de ses filles et fils, en ayant en tête le sens de l’intérêt collectif.
Mais au fait, c’est quoi le leadership dont tout le monde parle et dont plus d’un en use et abuse sans en savoir la réelle portée ?

Comprendre le leadership

Si Hersey et Blanchard nous égrènent les styles de leadership qui vont du directif ou dictatorial, au style délégatif en passant par les styles participatif et persuasif, il n’y aurait pas de style unique et uniforme de leadership. Mais, si l’on dispose que le style qui rapporte des résultats pérennes et soutenus, est celui qui permet d’inspirer, de motiver plus souvent par l’exemple et de persuader ceux qui nous suivent à se rendre meilleur, à être autonome, à travailler pour le succès de l’entreprise commune, pour l’intérêt de la majorité, alors le leader qu’il faut, se voudra un peu de chacun des autres types évoqués par Hersey et Blanchard. Un leader proche du transformationnel prôné par Bernard Bass ou encore James Burns, selon un mélange subtil qui varie selon la situation et l’environnement, et que nous appelons Leader transformant pour davantage exprimer l’action, le fait d’être proactif plutôt que réactif. La sentence du coach John Wooden est à ce titre très fort, lui qui écrivait dans ‘’JOHN WOODEN ON LEADERHIP’’ que le succès réside dans le ‘’compétitive greatness’’ qui est « la paix de l’esprit, résultante directe de l’autosatisfaction de savoir que l’on a fourni tout l’effort dont on était capable pour être le meilleur possible ».

C’est dire qu’à n’importe quelle position, l’on doit se rendre indispensable, être un pion essentiel qui apporte exactement ce qui est attendu et reconnu de lui pour atteindre l’objectif visé. Cela demande de travailler sur du vrai, sur de l’honnête ; car, comme disait un penseur, <>. Il arrive un moment où on est pris au cou, parce qu’on a voulu jouer dans la duplicité, dans la fausseté. Tout comme c’est au pied du mur que l’on reconnaît le maçon, c’est dans la durée que l’on reconnaît le vrai leader, comme l’enseigne si bien John WOODEN <>. Caractère entendu au sens de valeurs que vous avez d’intrinsèques, de cardinales, et qui vous font vous-même.

Le leader vrai devrait pouvoir user à doses homéopathiques d’un style autoritaire, sans être dictatorial lorsque son entourage manque de connaissances sur certains procédés. Il doit être participatif avec son entourage quand celui-ci comprend l’objectif visé et le rôle que chacun doit jouer pour l’atteindre. Il le déléguera à son entourage quand avec humilité, il reconnaît que certains dans cet entourage sont mieux à même de rendre certaines tâches performantes. Plus des leaders le pratiquent, mieux les membres de leur suite sont responsabilisés et encouragés à innover et à travailler dans le sens d’atteindre les buts fixés.

Chaque décision ou acte du leader transformant, devrait toujours apporter quelque chose de nouveau, un esprit de renouvèlement. Il doit donner l’envie aux gens de se surpasser pour réussir, en ayant pour eux une grande qualité d’écoute, un certain respect, en donnant plus que souvent l’exemple, en sachant prendre les décisions après avoir entendu et pris en compte les opinions de ses compagnons, de grandes voix de sa communauté, mais surtout de ‘’sentir’’ les décisions qui peuvent être catastrophiques ou meilleures en un temps ‘’t’’.

Pour porter fruits, le leadership transformant impose à celui qui en fait sa ligne de conduite, de se départir des artifices habituels des dirigeants, d’arrêter de jouer avec les maquillages, les stratégies de la courte échelle, le clanisme -sans être exhaustif- de passer en fait, d’une position de leader de fait (celui dans lequel l’on dirige du fait de nominations ou suite à des circonstances provoquées) à celui de leader naturel ou vrai. Et dans notre cas, leader transformant (celui-là qui a un charisme tel que les arguments qu’il donne, sa capacité à innover, à réinventer les méthodes, à écouter sans discrimination toutes les sensibilités pour de meilleures décisions), a toujours une réponse appropriée à chaque avis en fédérant les énergies pour établir une feuille de route viable, se rendant ainsi naturellement incontournable.

C’est aussi aller au-delà de l’esprit de manager (celui qui ne fait qu’administrer) au leader (celui qui en plus, innove constamment). Ce n’est qu’ainsi, l’on créera à terme l’esprit citoyen véritable où nos semblables n’ont pas besoin que l’on leur court après pour qu’ils fassent le travail, qu’ils travaillent de concert pour un meilleur devenir du pays.

Pour en arriver là nous sommes persuadés que cela requiert la mise en branle d’un certain nombre d’éléments clefs, de facteurs qui jettent les bases d’un succès durable.
Comme une colonne du pic de Sindou, cet ensemble gagnerait de notre humble avis, à s’appuyer sur cinq blocs de base que nous nommons : l’honnêteté, l’esprit de sacrifice, la confiance en soit, la volonté, et le courage.

L’honnêteté requiert au leader vrai, d’être véridique et reconnaissant envers et contre tous. Il demande pour cela, d’avoir un minimum de clairvoyance. Ce qui a manqué à nombre de thuriféraires du régime déchu, et même jusqu’à leur mentor Blaise Compaoré qui a de façon inexplicable, manqué de clairvoyance, en dépit des manifestations de plus en plus monstres des populations, debout plus que jamais contre sa volonté de rempiler à n’en pas finir à la tête du Burkina Faso. Il n’a pas compris la profonde aspiration du peuple au changement, il n’a pas voulu entendre les sons de cloche qui diffèrent de ceux de son premier cercle. Dangereux. Certains soutiens infaillibles, comme Me Gilbert Noël Ouédraogo, sont à mettre dans le camp de ceux qui n’ont pas écouté les plus ‘’faibles’’ de leur entourage.

L’esprit de sacrifice aurait dû commander de sa part, en tant que Président de l’ADF/RDA, de mettre de côté ses ambitions personnelles et son ‘’agenda caché’ pour faire la lecture critique et objective de la situation et dire dans les yeux au risque de fâcher ‘’tout le monde’’ y compris certaines personnes influentes de son propre camp, les dangers d’une ‘’collaboration’’ avec le CDP pour charcuter–une fois de plus- la loi fondamentale aux fins d’intérêts personnels, ceux du prince, défiant du même coup la volonté populaire contraire.

La confiance en soi, la volonté et le courage sont les marques du leader naturel transformant. Mais c’est aussi pour cela que ce dernier devrait réfléchir à ce qui va dans le sens de l’intérêt général, et mieux préparer sa sortie de scène, à accepter d’avoir tort, dès que, visiblement, de son autorité, résulte plus de menaces sur ses sujets que de leur engouement personnel à défendre un projet rassembleur. Si l’on pose que le leader naturel doit évaluer les conséquences de son action avant de prendre une décision, on pourrait à juste titre avancer que l’ancien président Blaise Compaoré n’a pas pensé jusqu’au bout, les conséquences immédiates et lointaines de ses décisions. Il aurait pu peser et soupeser les informations, les avis convergents et divergents, réfléchir à toutes les conséquences possibles, en venant au bout de 27 années d’exercice du pouvoir. C’est pourquoi, Dr Steven Covey dans son célèbre best-seller outre Atlantique ‘’The Seven Habits Of Highly Effective People’’ martelait son nom moins fameux
‘’Begin with the end in mind’’ : dès le début de toute action, réfléchir à sa finalité, aux différentes retombées.

Pour le Dr Covey, il est capital en activant toute chose d’avoir au préalable une claire compréhension de sa destination, des différents écueils possibles, et des étapes qui doivent nous suggérer la bonne décision, pour aller à l’objectif. Cela laisse penser à ce que nous voudrions que l’opinion retienne de nous, lorsque nous ne serons plus, lorsque nous aurons quitté la scène.

Les leaders des mouvements spécifiques tels que Smockey et Sams’k le Jah du Balai citoyen, Marcel Tankoano et Yamel YAGO du M21, et Hervé Ouattara du CAR, pour ne citer que ces derniers, ont très justement pensé à la fin en décidant de s’opposer à la politique du président Compaoré, puis au président lui-même vers la fin. Ils voulaient son départ ; pas forcement parce que le peuple ne l’aimait point, mais en raison de l’embrigadement de toute l’économie du pays par le premier cercle, des actes de mépris perpétrés par des bonzes de l’ancien parti au pouvoir. Ces leaders des mouvements spécifiques ont fait preuve de courage et de confiance en soi. Bien plus, certains d’entre eux ont tutoyé la mort en allant jusqu’au palais présidentiel de Kosyam, mettant en pratique une autre facette du leader transformant : ‘’leading by the exemple’’ (diriger en montrant soi-même l’exemple) même si on peut leur reprocher, faiblement, d’avoir été radicaux à des moments donnés. Faiblement, parce que même Nelson Mandela et son ANC ont dû recourir à la lutte armée lorsque le régime d’apartheid ne leur a plus laissé le choix.

Sur ce socle du pic, viennent ensuite se poser la passion du travail, le respect, la solidarité, et la coopération pour manager les conflits. Là également, le pouvoir déchu a manqué le coche. Surtout au sommet de l’Etat ; sinon, comment comprendre qu’un ‘’bon’’ leader puisse ne pas se faire entendre lorsque ses compatriotes, et pour l’exemple, meurent en masse d’accident de la route, ou de tout autres faits de catastrophe, et tout ce qu’il pourrait trouver, c’est d’envoyer ‘’les autres’’ là où il aurait été bon qu’il soit en personne, en première ligne. Et surtout par une sortie forte, ou alors vraiment calculée, sauf cas de force majeure, pour montrer sa compassion. Pour illustrer, l’accident dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 janvier 2014, aux environs de minuit, sur l’axe Dédougou-Bobo vers Kari, fut symptomatique pour soutenir notre argumentaire : un car de transport de passagers est entré en collision avec un camion de transport de marchandises dans le village de Kari, faisant vingt (20) morts et une dizaine de blessés. Le ministre délégué d’alors, en charge des transports, Baba Diemé, avait conduit la délégation gouvernementale. Pourquoi est-ce que le président du Faso ne monte pas au créneau ? Et quand c’est un cadre de son entourage, la réaction contraire est parfois un peu exagérée. Cela suscite ces sentiments difficilement tolérables d’abandon à soi-même, quand on est un Burkinabè ‘’d’en bas’’.

Exemple pour exemple puisqu’on parle démocratie, le président Obama n’a jamais manqué une occasion, pour l’exemple, de montrer personnellement sa solidarité pour les victimes de catastrophes de masses autant que pour des individualités victimes de bavures d’autres américains. Ce ne sont pas ces victimes de l’ouragan Sandy en novembre 2012 dans le New-Jersey où les communautés de couleurs sur l’affaire Trayvon Martin, qui me contrediront. Pourquoi ? Parce qu’avant tout, il a juré sur la Constitution américaine de protéger la nation et ses concitoyens, les même pour lesquels il a été mis dans le bureau ovale. D’où la nécessité de ne point banaliser la vie humaine.

Pour en revenir au cas burkinabé, en fait du ‘’service minimum’’ pour l’exécutif, qui aurait créé d’autres sentiments plus positifs envers la personne du président même dans les pires moments si ce dernier prenait la peine de se rendre personnellement, sans faux calculs électoraux sur des lieux de sinistres pour constater de visu et exprimer sa compassion et ainsi pour montrer que chaque burkinabè compte à ses yeux. Sans ‘’faux calculs’’ parce que ce sont des comportements qui reviennent sporadiquement lorsqu’il y a une échéance électorale ou une obligation qu’il ne peut écarter. Personne ne peut avoir le plaisir de rencontrer son président qui se fait inaccessible pour ses propres compatriotes. Il a fallu attendre les soubresauts de 2011 pour voir par exemple des structures comme des établissements d’enseignement, avoir accès facilement au président et au palais de Kosyam. La révision de l’article 37 c’est vrai approchait, ceci pourrait donc expliquer cela.

Du respect, parlons encore quand un président de la République snobe les medias de son pays -y compris publics - pour se confier à des medias étrangers pour des questions concernant son pays et son peuple, engendrant davantage de frustration contenue, au sein des travailleurs locaux, cela fait disons-le net, désordre.

Tout n’aura cependant pas été mauvais dans le passif du président Blaise Compaoré. Le leader qu’il a été, a compris très tôt le rôle de la paysannerie et de l’agriculture dans le développement économique du Burina Faso et décidé de mettre tout son poids pour renforcer les capacités des agriculteurs et éleveurs en écoutant leurs préoccupations, en les prenant en compte et en renforçant les rencontres de la Journée nationale du Paysan. Ce qui est louable, surtout quand on n’ignore pas que ‘’le pays dispose d’un grand potentiel en terres cultivables estimé à neuf millions d’hectares exploités à 46%. Les terres irrigables sont évaluées à 233 500 ha, dont environ 12 à 14% actuellement exploitées. En outre, le pays dispose de 500 000 ha de bas-fonds facilement aménageables. ‘’ C’est du moins, ce qu’a rappelé l’ancien ministre de l’agriculture, Laurent Sedogo, au cours d’une réunion en 2012 sur la Stratégie de croissance accélérée et de Développement Durable (SCADD). La SCADD qui devrait du point de vue de l’exécutif, donner la voie à suivre pour réaliser l’objectif de fournir une croissance soutenue et durable dans l’ordre de 10% l’an et profitable à l’ensemble des couches sociales du Burkina.

L’importance de développer la route pour baliser la route du développement, cela aussi, le président l’avait compris ; lui qui a impulsé un changement qualitatif du visage de Ouagadougou, la capitale. Une ville capitale qui se modernise à une bonne vitesse, multipliant ses kilomètres de routes bitumées et guidant telle une locomotive les autres régions à se développer. Et partant, le Burkina Faso entier, comme en témoigne ces célébrations tournantes de la fête nationale du 11 décembre qui sont plus un prétexte pour soutenir le développement des villes de l’intérieur. Ce qui demande évidemment d’avoir de la vision, mais aussi d’avoir à ses côtés, des conseillers de taille qui pensent ‘’intérêt commun’’ pour l’ensemble de la nation. De même, les initiatives pour redonner confiance aux jeunes tels que le Programme spécial de création d’emploi, ou la stratégie des pôles de croissance qui participent de cette vision d’apporter plus de ressources pour le Burkina Faso, et de booster l’emploi. C’est, croyons-nous, le partage des fruits de la croissance avec l’ensemble du peuple, qui souffrait d’insuffisances.

Et tout en haut du pic, à la pointe, se perchent l’habileté, l’humilité et un mental fort à même de résister aux difficultés…Cela est d’autant important que tous les faits et gestes de l’exécutif actuel seront analysés, scrutés, tournés et retournés dans tous les sens à l’aune de l’intérêt pour la nation ou pour la majorité du peuple.

Durant de trop longues années, la majeure partie des Burkinabé a souffert de maux qui ont durablement rempli leur cœur d’amertume, de désespoir. Il s’agit principalement de l’inégalité, de l’injustice, de l’impunité, de l’abandon et de la division.

Ils ont également souffert, à d’autres degrés, de la corruption, de la faim ; avec comme corollaire, cette soif de changement inébranlable, qui est allé crescendo jusqu’à l’ultime phase du 31 Octobre dernier qui a permis d’ouvrir les yeux aux uns et aux autres, tardivement mais définitivement, pour dire que plus rien ne devra se faire comme avant.

Après en avoir tenu la lame, l’opposition politique tenait enfin le manche du couteau pendant la longue descente aux enfers du régime Compaoré jusqu’à l’insurrection, mais n’a pas forcément eu la palme du leadership. S’il faut lui concéder le fait de s’être regroupée et entendue sur un même objectif – le départ de Blaise Compaoré au terme de son mandat en 2015 -, il n’en demeure pas moins qu’elle a beaucoup brillé par une mésentente chronique qui a fini par rejaillir, une fois l’objectif atteint. Pourra-t-on enfin assister après 27 ans de pression, à des propositions et débats constructifs uniquement axés sur des projets de société ? Nous l’espérons. Toujours est-il que sur beaucoup de sujets, l’opposition est restée prostrée ces dernières années dans des déclarations qui n’emballaient pas le peuple, jusqu’à ces derniers mois où cette opposition posait enfin des actes concrets et d’intérêt pour le peuple. Nous nous sommes maintes fois demandé où étaient passés les ténors des principaux partis d’opposition lors d’occasions offertes sur un plateau d’or, pouvant redorer le blason ou renforcer l’image dans l’esprit du citoyen, comme lors de certaines catastrophes naturelles. Quand un président refuse de descendre sur le terrain pour soutenir et accueillir des familles endeuillées par des catastrophes, ou de se rendre personnellement sur des lieux de sinistres chaque fois que du sang burkinabè coule, que font donc les leaders de l’opposition ? Prennent-ils la peine stratégique de s’engouffrer pour en tirer quelques honneurs ?

Parce que dans cette période post Blaise Compaoré, c’est ce qui va compter. Le peuple constitué en majorité de jeunes, a certainement en mémoire, ce que des ténors de l’ancienne majorité aujourd’hui, rentrés d’abord en résistance puis dans l’opposition, ont fait comme réalisations et comme maillages à l’intérieur du pays sous le bastion MPP. C’est en ce sens que nous saluons la démarche de l’UPC qui avait pris son bâton de pèlerin pour rencontrer les autorités sanitaires nationales au sujet du virus Ebola, alors que le parti au pouvoir n’avait ‘’d’yeux’’ et de temps que pour les manifestations ‘’oui au referendum’’. Cette visite de son président Zéphirin Diabré au ministre de la santé pour s’enquérir, en avant-gardiste, de l’état des lieux sanitaires vis-à-vis du virus Ebola en est pour nous, un exemple.

De certains comportements coupables d’ex-hommes forts du régime déchu

Pendant plusieurs décennies, les Burkinabé « d’en bas ont regardé avec tristesse » ceux d’en haut les narguer, du haut de leur opulence de « nouveaux riches ». Dans l’administration, l’arrogance, le mépris pour les populations laborieuses, et le népotisme, ont trop longtemps tenu en respect l’amour du travail bien fait, le talent et la volonté de faire avancer le Burkina Faso. Cela arrive le plus souvent lorsqu’un groupuscule détient un pouvoir et ne l’utilise pas dans l’intérêt général. Mais pis, malmène les plus faibles de la société. Car l’absence d’esprit citoyen au sein des Burkinabé est parfois, sinon plus souvent, l’expression et la conséquence d’un ras-le-bol longtemps contenu, tel un séisme qui finit par gronder et dont les répliques peuvent dépasser tout entendement. Et l’insurrection du 31 octobre dernier au Burkina en est une illustration parfaite. Les citoyens ont brûlé parce qu’ils ne se sentent pas écoutés. Les Burkinabé ont cassé parce qu’ils ont l’impression que c’est le seul moyen pour véritablement attirer l’attention sur la réalité, dans une société où le manque d’humilité fut la marque de fabrique de nombre de responsables, politisés jusqu’aux orteils. Les hommes et les femmes ont pillé parce qu’au plus profond d’eux-mêmes, ils sentent l’exclusion, l’arbitraire, le fait de ne pas être le frère, le fils ou le cousin d’un dignitaire.

Derrière les vitres teintées de leurs véhicules de luxe, il est souvent difficile pour les princes régnants, de percevoir la colère qui enflait au sein des citoyens dont la majorité vit dans une misère indécente. Une majorité qui peine à obtenir ce soutien salvateur, ce crédit qui pourrait lui permettre d’améliorer son existence, ou alors qui attend de rencontrer ce directeur ou ce ministre qui prend du plaisir à jouer les gens occupés, devenant subitement inaccessible pour ces gens pour lesquels il a été installé au poste. Les citoyens saccagent parce qu’ils se demandent si réellement la ‘’nomenklatura’’ les considère comme des Burkinabé, tellement ils sont piétinés souvent dans leur droit. Certains membres du gouvernement à l’image de l’ancien porte-parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré, sont carrément passés par des insultes, intimidations et autres menaces, comme lors d’une AG tenue au siège de la Télévision nationale mi-2013. Où est le leadership lorsqu’un patron se comporte de la sorte ? C’est justement oublier cette sentence de ‘’Woody Allen’’, qui demande en substance de respecter ceux que vous rencontrez dans votre ascension professionnelle parce que ce sont les mêmes que vous retrouverez en redescendant.

Ajouter à cet ensemble de comportements oppressants, les petits abus qui s’accumulent tels que ces comportements révoltants que vivent les « petits salaires », face à certains serviteurs peu serviles de l’Etat et corrompus jusqu’aux os, et dont la présence est généralement due au fait du prince et vous avez des ferments de rancœurs. Les travailleurs qui s’alignent régulièrement devant les guichets de l’ONEA ou de la SONABEL, faisant face à des pénalités insupportables pour des services mal rendus, ne diront pas le contraire.

Pour les citoyens, la mort est parfois vue comme une délivrance de toutes les souffrances endurées.

Aujourd’hui encore, certains ex-bonzes de l’administration Compaoré ont du mal à leur leadership. Eux qui, au lieu de faire dans l’amende honorable ou de demander pardon le plus simplement possible - parce que c’est cela aussi un aspect du bon leader que de reconnaître quand il a tort - poussent l’outrecuidance jusqu’à vouloir se dédouaner ‘’presque’’ des raisons qui ont provoqué l’insurrection des 30 et 31 octobre, et son corollaire de violences qui ont suivi. Ce n’est pas la lettre du CDP publiée il y a quelques semaines dans les journaux de la place qui nous contredira.

Et maintenant ?

L’administration Kafando pour l’instant va dans le sens de ce que recommandent une démocratie et une nation désireuse de chasser ses démons et de construire un vivre-ensemble nouveau, dans une certaine harmonie, un respect mutuel, une vie dans laquelle les plus pauvres ont accès à la parole et à une justice équitable. Ses actions s’inscrivent visiblement dans la vision du ‘’plus jamais ça au Burkina’’. Sa présence personnelle à la place de la révolution pour rendre un dernier hommage aux martyrs de l’insurrection en route pour leur dernière demeure, en disait long. Que l’enfant de Tinga puisse être reçu par des hauts commis de l’Etat comme le sont les gens nantis. Les deux têtes de l’exécutif burkinabé semblent en phase, avec les aspirations du peuple. Le Premier ministre avait séduit par des qualités certaines de leadership en ayant une grande capacité d’écoute déjà en tant que chef de l’Etat, discutant avec les anciens présidents, les personnes ressources, à la recherche de conseils appropriés. Une qualité revenue encore en lumière lorsque, le peuple a demandé et obtenu la révocation du ministre Adama Sagnon à la tête du département de la culture pour son implication dans le dossier Norbert Zongo, le Lieutenant-Colonel Isaac Zida a reconnu n’y avoir pas prêté attention quand bien même il considérait M. Sagnon à même de bien gérer ce département.

L’unique erreur qu’il ne faudrait certainement pas commettre en bon leader, est de donner, avec le temps, plus de considération aux opinions de ‘’ses proches’’, aux détriments d’avis venant hors du carré de fidèles, qui sont le plus souvent dénués de tout esprit partisan et devraient aider à faire la balance pour prendre de bonnes décisions, surtout qu’à un moment donné, celui qui est ‘’dehors’’ voit des choses que celui qui est ‘’dedans’’ ne perçoit pas forcement. Voici pourquoi, il faut faire attention à ne pas gouverner sur la base de ses appartenances telles que religieuses ou ethniques ; ce n’est pas du leadership, et ça peut avoir des conséquences incalculables à terme. Les mêmes causes produisant immanquablement les mêmes effets. C’est pour cela que tous les acteurs actuels de la transition devraient avoir en mémoire cette expression de Nelson Mandela dans laquelle il laissait entendre que « Je n’étais pas un messie, mais un homme ordinaire qui était devenu un leader en raison de circonstances extraordinaires. »

Voici pourquoi le président et le chef de l’exécutif pourraient, en leaders transformants, lancer des signaux forts au peuple pour montrer, pas seulement durant une petite partie du temps, mais pendant tout le temps, qu’effectivement ‘’plus rien ne sera comme avant’’. Le rétropédalage du MATDS à propos de la célébration du 13 décembre par le collectif pour la vérité sur l’assassinat de Norbert Zongo, après de vaines et dangereuses tentatives de noyer la manif, brouille fortement le message initial des responsables du gouvernement de la transition, rappelant au passage certaines tares du régime passé. De même certaines négligences – on a vu par exemple un ministre de la transition snober sans faire exprès des journalistes de radio en disant qu’il attendait la télé pour interviews - courroucent ceux qui en sont victimes et rappellent ce qui a été déjà vécu ces dernières années avec nombre de cadres du CDP. Les gages de confiance à un moment aussi délicat pour le Burkina Faso se doivent d’être solides comme de l’acier, au risque de perdre tout crédit, ce dont tout leader doit d’abord jouir pour prétendre diriger.

L’Homme et son développement étaient censés être au centre des politiques et des préoccupations des plus hautes autorités, tant les ressources humaines saines, fortes et bien formées, sont la base de toute réussite. Seulement, de la parole à l’acte, il y a bien longtemps sous l’ancien régime, que cela se passait différemment sur le terrain.

Cela nous amène à la réflexion que l’actuel et les prochains présidents du Faso ont du pain sur la planche ; entre recoudre des liens fortement distendus entre Burkinabé du fait de la politique politicienne, de l’agrandissement du fossé entre riches et pauvres, et trouver le juste milieu pour gagner l’assentiment de chacune des composantes des forces vives de la nation, en particulier de la jeunesse. Elle est l’avenir d’un pays dit-on toujours. Mais a-t-on réellement jusque-là pris la mesure du grand péril qui la guette ? Assurément non, quand on y regarde de plus près.

Quelles actions pour des ressources humaines compétentes et en nombre ?

Au Burkina, nous constatons l’état d’un système éducatif qui va à vau-l’eau, qui ne favorise pas la sortie de cadres en nombre pour servir le pays. Un pays où la politique a mis en coupe réglée, le fonctionnement des administrations, où la théorie du ‘’je te fais et il n’y a rien’’ gardait toute sa capacité de nuisance, et où le règne des « mesurettes » qui font dissiper la fumée sans éteindre le feu, le disputent aux décisions sans prospectives, qui donnent la désagréable impression de voir mettre la charrue avant les bœufs.

Prenons l’université publique : là, on se demande si on forme vraiment les futurs cadres que sont les étudiants à avoir des emplois au Burkina. Même la connexion internet qui doit être libre et vulgarisée dans toute l’université aux fins de recherches, est toujours à un état embryonnaire. Seul ‘’les grands’’ l’ont dans leurs bureaux. Pour le reste, cela ne préoccupe personne. Si en plus de fournir l’outil didactique adéquat, on assumait et on arrimait bien les filières de formations suivant les réalités burkinabé, les emplois auraient des personnes qualifiées pour les remplir. Aujourd’hui, ni encadreurs, ni étudiants ne sauraient vous dire avec sérieux, quelle est l’année académique en cours, tellement tout se chevauche et s’enchevêtre comme les bons petits polars d’Agatha Christie. A se demander si aucune projection n’a pas été faite dans le temps et dans l’espace pour parer à l’accroissement du nombre d’étudiants. Pourtant, des ressources mieux gérées, avec des décisions consensuelles prises avec l’avis de délégués des étudiants-futurs-cadres, permettraient à ces derniers d’avoir de meilleures conditions d’études et une visibilité claire sur les débouchés, suivant les offres d’emploi réels et disponibles.

Au primaire, la nouvelle mesure dénommée continuum, continue de susciter incompréhension et récrimination tant de la part de parents d’élèves que des encadreurs sur son implémentation. Et là aussi, le ‘’casus belli’’ est le manque d’accompagnement en termes d’infrastructures suffisantes et de personnel enseignant, un manque induit par l’absence de moyens financiers conséquents. Une nième preuve de navigation à vue des premiers responsables ou de roublardise.

Le Burkina a aujourd’hui besoin en effet, de leaders transformants qui puissent lui forger un destin fort. Le Burkina a besoin d’hommes et de femmes dont l’objectif est de tirer leur entourage vers le haut, de créer telle ces gouttes de pluie tombant dans la flaque des ‘’vaguettes’’ circulaires qui se démultiplient à perte de vue. Il a besoin d’hommes et de femmes qui ont une grande qualité d’écoute. Une qualité d’écoute pour comprendre et non pas pour répliquer. Il a besoin d’hommes et de femmes capables de renforcer ceux qui les suivent, afin que ces derniers travaillent d’eux-mêmes à atteindre les objectifs, sans avoir besoin que l’on soit sur leur dos. Il a besoin de leaders capables de se poser en exemples, de se mettre à la place de leurs interlocuteurs pour se faire une idée de la ‘’lentille avec laquelle ils voient‘’ le problème. Quand on a une attitude figée, quand on n’essaie pas de se mettre à ‘’la place de l’autre’’ pour comprendre, c’est difficile. Et cela commence depuis les plus insignifiants responsables d’un service perdu aux confins du pays, jusqu’au chef de l’Etat. Car comme le disait encore Madiba ‘’Vous obtiendrez plus dans ce monde avec le pardon qu’avec des actes de représailles.’’

Alors, sans nous prétendre le résumé de la science diffuse, nous souhaitons aux leaders actuels et futurs qui auront en charge la destinée du Burkina Faso, d’avoir à l’esprit et d’impulser un style de leadership qui renforce ceux qu’ils administrent, les libère, les rend meilleurs, enfin les inspire à donner tout ce qu’ils ont, pour atteindre des objectifs.

Comment transformer l’essai ?

1-Remettre dans les faits, l’homme au cœur de son action : nul n’ignore qu’il faut en premier lieu, investir dans les ressources humaines. C’est le plus grand capital, c’est le passage obligé. Mais plus, c’est d’avoir l’adhésion des citoyens à son projet de société, des citoyens qui comprennent et font leurs, les préoccupations énoncées. Des citoyens qui pourront pour une fois, faire confiance au président élu qui, dès qu’il arrivera aux affaires, va respecter sa parole aussitôt que possible dans des actes concrets. Cela demande aux premiers responsables d’avoir cette qualité de management et des Hommes et des biens sous leur autorité. Car un personnel brimé, que l’on n’écoute pas, assurément, ne peut participer efficacement à produire le résultat attendu de lui. Prendre soin de ce qui produit votre bonheur, et vous fait avancer, est capital. Si la poule aux œufs d’or est tuée, c’est la fin ‘’des haricots’’ pour son propriétaire inconséquent. La formation des Burkinabé et en particulier la jeunesse, doit être au cœur des projets de société. Lutter contre la précarité et le chômage, doivent figurer aux premières loges ; mobiliser, encourager, soutenir les PME-PMI, les organisations pour inciter à la création d’emplois porteurs et former les Burkinabé de sorte à ce qu’ils puissent remplir les profils.

2- Favoriser l’éclosion et la pérennité des entreprises par des décisions politiques fortes qui favorisent leur développement : car il n’y a pas de rayonnement d’économie sans entreprises qui font des bénéfices, sans entreprises qui créent et maintiennent l’emploi. Il n’y pas d’entreprises qui créent et maintiennent l’emploi sans des ressources humaines qualifiées. Il n’y a pas de ressources humaines qualifiées sans formations adéquates et suivant les réalités du pays. De même, une attention particulière envers le genre devrait être observée. Il faut travailler dans les faits à leur meilleure représentativité dans les instances de décisions, comme l’on devrait avoir un œil particulier sur les personnes en situation de handicap. Ces dernières, même si elles ne représentent que 1,2% de la population, ce sont aussi des Burkinabé avec des droits et des devoirs. Et à ce titre, méritent une voix au chapitre. Cela ne devrait pas se limiter à des places libres au stade lors des grandes soirées de match, mais aussi dans la vie active : les bus devraient disposer sous l’impulsion de la volonté politique, d’aménagements spéciaux à même d’accueillir les malades en chaise médicale, au niveau des toilettes, avoir des pissoires qui tiennent compte d’eux.

Au niveau des services, avoir des responsables, plutôt bons leaders que managers, pour se rendre accessible à eux, pour les écouter, pour comprendre et agir en conséquence. Pour d’autres, doter en matériel ou soutenir de toute autre manière les structures spécialisées qui prennent en charge les malvoyants par exemple, pour faciliter leur réinsertion serait aussi quelque chose de formidable. Ou alors encourager certaines entreprises qui veulent aider, en abaissant leurs impôts. Il y aurait moins de mendiants handicapés dans les rues. Parce que tant qu’on n’est pas mort, nous sommes tous des handicapés ‘’en puissance’’. Bref, la gestion des Burkinabé doit être fortement inclusive à tous les niveaux.

3- Redonner au Burkinabè, sa dignité  : c’est en ce sens qu’en tant que dirigeant, le leader transformant doit veiller à ce que le plus grand nombre possible ait accès à une bonne éducation qui, sur toute la ligne, trace les chemins de la réussite. Car des Burkinabé forts et en bonne santé ont ensuite besoin d’une formation adéquate et d’une mise à l’épreuve suffisante pour se faire de l’expérience et tenir les postes de travail. Les populations en général, et la jeunesse en particulier, devraient bénéficier de programmes justes et équitables et à une implémentation en toute transparence qui donne une égalité de chance aux Burkinabé, qui leur permettent d’être correctement éduqués ou d’avoir des formations professionnelles pour des métiers porteurs. Cette jeunesse qui représente plus de 7 millions d’individus sur une population totale d’un peu plus de 14 millions d’âmes selon le dernier recensement général de 2006, en a plus que besoin. Les étudiants devraient bénéficier d’une attention particulière afin que leur statut de futurs cadres de ce pays, ne soit pas un vain mot mais un comportement.

La priorité de stage dans les organisations et entreprises en fonction de leur filière, la poursuite et l’implémentation de filières diplômantes en relation directe avec les besoins et réalités du pays, la facilitation de leurs travaux de recherches en les dotant d’un statut spécial qui leur permettent en même temps de s’ouvrir l’esprit tels que les tarifs à ‘’prix étudiants’’ dans les enceintes culturelles et sportives, dans les transports en commun et ainsi de suite. Mais aussi et surtout, beaucoup de communication entre étudiants et autorités académiques et autorités tout court. Les querelles naissant dans l’esprit des étudiants, c’est dans l’esprit des étudiants que la communication peut aider à semer les germes de l’entente, du deal. D’un autre côté, les banques devraient considérer les étudiants comme un capital sur lequel un investissement est porteur de profits en leur accordant des crédits respectables qui leur permettent d’étudier décemment, de devenir des cadres, dont le remboursement, bien encadré , ne peut être un problème.

Dans la même lancée, les banques pourraient désormais revoir leurs conditions de prêts pour les nouveaux entrepreneurs, à des génies du secteur informel qui peuvent avoir des idées lumineuses mais pas de ‘’parrain’’ pour bénéficier de crédits afin de fabriquer, de créer de la valeur ajoutée. En un mot, suivre au moins l’exemple de Coris Bank qui a fait de l’appui aux PME-PMI, le soutien aux acteurs du secteur informel et surtout de l’assouplissement des conditions d’octroi de crédit, les clefs de son succès selon une enquête de Jeune Afrique Economie-Edition en ligne du mois d’Aout- venue comprendre cette success story de Nassa, l’homme qui innove plus vite que son ombre. Le patron avant-gardiste que plusieurs auraient à tort lié – l’enquête de JAE a démenti les rumeurs - sa réussite à une collusion avec des hommes politiques forts du régime déchu, notamment François Compaoré petit frère de l’ancien chef d’Etat.

Voici des bases pour une croissance soutenue, mais aussi pour susciter la consommation des ménages qui auront un meilleur pouvoir d’achat. Les responsables ‘’jaloux’’ qui mettent les talents sous l’éteignoir, devraient être débusqués et fortement punis lorsqu’ils empêchent les plus méritants d’avoir leur place au soleil. Aujourd’hui, ce que le Burkinabè veut et souhaite c’est avoir une vie et un travail décents, avoir les moyens d’élever ses enfants, les mettre à l’école, les soigner, dormir sous son propre toit. Déjà cela suffirait à son bonheur.

4- Renforcer le sentiment d’appartenir à une même nation solidaire

Pourquoi ne pas reconnaître tous ces petits gestes qui comptent et qui font la fierté d’être Burkinabè ? Pourquoi ne pas féliciter les meilleurs et inciter les moins bons à se surpasser ? Pourquoi ne pas reconnaître à un individu son talent et l’en récompenser, plutôt que de chercher à lui nuire ? Pourquoi ne pas équitablement donner les médailles de distinction aux méritants véritables que de les ‘’distribuer’’ à tout va à ses proches ? S’engager sincèrement dans une option de reconnaissance du mérite tout court, serait du tout bénef pour tout dirigeant. Ce ‘’petit’’ infirmier de Léo qui accomplit des performances inédites en sauvant des personnes, cet enseignant de Déou qui fait du 100% plusieurs fois avec ses élèves aux examens scolaires dans des conditions extrêmement difficiles, méritent à plus d’un titre, de voir leurs efforts reconnus à l’aune de la nation par des décorations officielles aussi, à la présidence du Faso. C’est d’un tel degré de motivation au sein des Burkinabé ‘’d’en bas’’, que cela ne pourra faire que tache d’huile.

Chaque Burkinabè a besoin pour se rallier à la cause de sa patrie, de sentir qu’il “compte”. Pas seulement dans les discours des politiciens, mais aussi dans leurs actes. Chaque Burkinabè devra avoir le droit à l’honneur sans être dans les faveurs forcément des princes, à la visibilité, au soutien et à la compassion de l’Etat. Chaque action d’excellence ou de développement de chaque Burkinabè devrait être reconnu officiellement, chaque Burkinabè du Kénédougou à la Tapoa, de l’Oudalan au Noumbiel en passant par la Sissili, doit se sentir aimé, supporté, concerné, quel que soit le président en place. Que la justice soit la même pour tous, pauvres ou riches, jeunes comme vieux, femmes comme hommes. La félonie, les conflits d’intérêts, les trafics d’influence, doivent prendre fin, afin que ceux qui méritent, méritent. Ce ne sont pas ces honnêtes entreprises qui ont été spoliées de leurs contrats dûment et durement gagnés après concours par des individus sans foi ni loi, dont le seul avantage est d’être dans les grâces du ‘’prince’’ qui me contrediront. La corruption doit être combattue cette fois dans les faits, et les frustrants monopoles de fait, abattus pour laisser la libre concurrence s’exercer et la démocratie réelle s’exprimer entièrement et plus librement.

5- Redonner confiance et viser la lune

L’Etat doit quitter les grands discours et dans les faits, pratiquer une évaluation sincère, des politiques conduites et si les résultats vont dans l’intérêt des Burkinabé, dans l’intérêt de la nation.

Tous les pays dits développés ou puissances ou encore superpuissances (chacun choisira sa terminologie préférée) se sont basés sur l’éducation en priorité des priorités. Quand on sait, on se soigne mieux, on enseigne, on guide. Les étudiants de l’Université publique ne disposent même pas du minimum pour réellement faire émerger en masse des cadres valables qui pourraient nous permettre l’embarras du choix dans la qualité. La connexion Internet devrait être du basique dans des universités en zones urbaines, pour booster les efforts de recherche. Les sports universitaires qui devraient supporter et faire émerger du monde sportif, des champions formés depuis le primaire, souffrent d’une organisation qui laisse peu de place en fait, à l’éclosion de vrais espoirs africains et mondiaux, peu de place à l’excellence.

On me parlera toujours des manques de moyens. Rien ne s’acquiert d’un coup de bâton magique, il faut penser quelque chose, évaluer les conséquences, et en fonction des axes, apporter tous les soutiens politiques nécessaires. Si Thomas Sankara disait que “ce qui est imaginable par l’homme est réalisable par l’homme “ Obama n’en a pas moins manqué de rappeler lors de sa sixième adresse au peuple américain sur l’état de l’Union que rien dans la vie qui vaille un sacrifice n’est facile.

II faut seulement se mettre dans la mentalité de gagneur ; nous le pouvons, nous le devons. Pour nous, pour nos enfants, pour les générations futures, pour l’Histoire.
Dieu bénisse le Burkina Faso.

K. Issa Napon

Arizona State University Alumnus
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Vos commentaires

  • Le 14 janvier 2015 à 14:52 En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    Ce n’est pas un livre là mon ami. Il fallait publier en chapitres. Nous on n’a pas le temps pour lire tout cela. Toi qui a fait les USA devrait être bien placé pour savoir "time is money".

  • Le 14 janvier 2015 à 15:54 En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    Pardon là fallait résumer ..nous on a plus le temps pour lire ça time is money où bien les chomeurs là n’ont qu’à venir résumer ça pour nous ..à la descente on reviendra commenter !!!

  • Le 14 janvier 2015 à 15:59, par Bayiribiga En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    Mon frère c’est très facile d’être assis aux USA tranquillement et donnée des leçons au Burkina. Où étiez-vous "donneurs de leçons" quand le clan Compaoré nous marchait dessus.
    Mon frère merci pour ta contribution on a compris.

  • Le 14 janvier 2015 à 16:22, par Monique B. YARGA En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    Très belle analyse de la situation nationale. C’est peint avec objectivité et c’est quasi exhautif en termes de thématiques traités : éducation, santé, sports et loisirs, valorisation de la femme et j’en passe. C’est long, mais je dirai que c’est tellement édifiant que je n’ai pas voulu suspendre la lecture. Chapeau : vous avez élevé le débat sainement.

  • Le 14 janvier 2015 à 16:40, par wibdos En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    Internaute 1. Au contraire. tous les responsables ou futurs responsables doivent avoir ce document sur leur table de travail pour de temps en temps jeter un coup d’œil afin de s’assurer qu’il est sur la bonne voie. "mettre l’homme au dessus de tout". Merci NAPON. En tout cas moi, j’ai apprécié.

  • Le 14 janvier 2015 à 17:00, par yoop En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    Monsieur Napon j’ai préféré écouter ROD STEWART me rappeler les années 1985.
    Tout le monde veut dire son point de vue au Burkina.
    Toi qui est au USA envoie l’argent pour que tes petits frères travaillent la terre.

  • Le 14 janvier 2015 à 17:07, par BILI-BILI En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    Tchièèè....mon frère , ça c’est quoi ? c’est roman non ?? vrai vrai là ton test est long..on ne peut pas prendre 1h pour te lire ! Vous les noirs vous êtes t toujours comça, quelque chose qui n’est pas ta langue maternelle, esqu’on a besoin de tout ce Gros Gros français pour se faire comprendre ? ! Soit tu fais un livre ; , c’est tout..là on va acheter pour lire !

  • Le 14 janvier 2015 à 17:14, par wibdos En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    Internaute 1. Au contraire. tous les responsables ou futurs responsable doivent avoir ce document sur leur table de travail pour de temps en temps jeter un coup d’œil afin de s’assurer qu’il est sur la bonne voie. "mettre l’homme au dessus de tout". Merci NAPON. En tout cas moi, j’ai apprécié.

  • Le 14 janvier 2015 à 17:23 En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    Votre article est intéressant mais aurait dû être saucissonné en plusieurs articles pour les lecteurs. Je réagis sur un point de vue erroné à savoir : "...Le leader qu’il a été, a compris très tôt le rôle de la paysannerie et de l’agriculture dans le développement économique du Burina Faso et décidé de mettre tout son poids pour renforcer les capacités des agriculteurs et éleveurs en écoutant leurs préoccupations, en les prenant en compte et en renforçant les rencontres de la Journée nationale du Paysan." A mon avis, sur ce plan vous faites erreur, Blaise avait vu les paysans comme du bétail électoral facile à mobiliser en corrompant la chefferie traditionnelle. Sinon, la politique agricole reste des plus pitoyables avec des résultats assez médiocres. Que dire de l’usine de tomates à Loumbila dont le chantier est à l’arrêt depuis 3 ans.

  • Le 14 janvier 2015 à 17:47, par Burkinabé En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    c’est très propre. ne pas faire attention aux partisans du moindre effort.

  • Le 14 janvier 2015 à 17:52, par Romaric En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    Felicitation Mr napon pour votre analyse. Mais sachez qu’un intellectuel digne de ce nom, qui a le savoir et le savoir-faire, doit savoir exprimer ses idees en peu de mots, savoir etre precis et concis. Cela est tres important, sinon personne ne vous lira jamais, ni ne vous ecoutera jamais. Tres amicalement.

  • Le 14 janvier 2015 à 18:24, par hannibal En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    Du copier-coller. Je ne pense pas que ce monsieur puisse faire une telle analyse au regard de son parcours scolaire. Comme l’a dit l’internaute plus haut ce n’est pas un livre qu’il doit servir aux lecteurs du Faso.net. Allez à l’essentiel et dites ce que vous pensez de la situation nationale au-lieu de de nous servir du blabla, du vent littéraire. Ce genre d’étalage m’intrigue pour l’avenir de votre pays. Avec la nouvelle donne on assiste à la promotion de faussaire !!! Que Dieu bénisse votre beau pays le Burkina Faso !!!

  • Le 14 janvier 2015 à 18:54 En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    Mon frere Napon, ne te decourage pas. Tu as jete un message dans une bouteillle en mer. Il ne sera pas lu par tout le monde au meme moment. Mais esperons qu’ elle sera lue. Tu comprendras pourquoi Blaise a pu baiser les burkinabe pendant 27 ans. Les gens sont presses on ne sait pas ou ils vont. Meme le chomeur qui a a peine un quart de litre d’ essence dans sa P50 est presse et personne n’a le temps pour lire. Ils disent tous qu’ ils n’ ont pas le temps pour lire parce que time is money. Or ils oublient que si c’est l’ argent qu’ ils cherhent, c’est dans la lecture qu’ ils peuvent le trouver. Meme ceux qui ont fait l’ universite, tout le monde aime pas lire. Et on veut avancer. Vers ou. Continue a faire ton devoir. Un meme a dit qu’ il prerere ecouter un morguier comme Rod Stweart, millionnaire dechard comme un rat d’ eglise. Il ne comprend meme pas farncais comment il va comprendre rod Stwear. mais ce que Blasie aimait. Si tu lis trop, tu comprends trop aussi. Le burkinabe est un vrai negro. Si tu veux lui cacher quelque chose, faut mettre ca dans un livre. Meme si tu avais ecri un roman, il fallait parler d’ un homme qui a tromper sa plus jeune fille avec une fvieile femme qui avait bcp d’ argent. Foyaaa. Ils allaient te lire. mais ce qui fait reflechir bcp bcp la, non, ils ’ ont pas le temps. Et pendant qu’ on pille leur or et leur tresor, ils cour partout. Ils n’ ont pas le temps. Gud Lock a vous.

  • Le 15 janvier 2015 à 10:57, par le modérateur En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    mes salutations les plus respectueuses.
    dit’on souvent il faut mettre dans un écrit ce que l’on veus cacher à l’AFRICAIN.
    votre écris frappe si fort qu’il peut etre ériger en model de gouvernance.
    je dis toujours à mon entourage, cultivez la recherche de l’excéllence et l’amour des autres pour quitter la précarité et devenir des capables et non des envieux incapables.
    Car dans le coeurs des envieux et dans les yeux de l’incapable la réussite te rend coupable.
    Osons apportez notre pierre au lieu de s’en prendre aux salaires de ceci de cela, du budget de cette institution ou sa raison d’etre.
    si tous ceux qui prétendent etre des intéllectulles apportaient leurs pierres comme Napon, au lieu de semer la discorde et la désunions , nous etions à ce jour dans la correction du projet de société Burkina émmengent.

  • Le 20 janvier 2015 à 15:02, par kouka En réponse à : Le Burkina Faso post-Compaoré : Et maintenant quel leadership ?

    C’est amusant. Pendant que l’article de monsieur Napon fait des propositions concretes, les reactions des internautes depeind l’etat d’esprit des burkinabes. Sur 14 commentaires 9 sont negatifs et sont en rapport non pas avec les idees detaillees dans l’article, mais des jugements sur la longeur du texte, un possible plagiat, le fait detre aux etats unis.... Bref des critiques insensees et contre productifs. Voila ce que nous sommes en realite : prompts a la critique meme absurde mais incapable d’apporter la moindre pierre. Ne sommes nous pas un frein au developpement ? On pourra toujours accuser nos dirigeants mais regardons nous dans le mirroir.

    Je reste admiratifs de l’article sur le contenu et la pertinence des propositions qui meritent detre parmi les livres de chevets de nos gouvernants.

    bon vent mon cher Napon.

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