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Centrafrique : la "Françafrique" face au risque d’une victoire de Bozizé

Publié le lundi 14 mars 2005 à 07h15min

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Tout le monde sait que la situation en Centrafrique a été voulu par certains pays voisins de la Centrafrique et d’une manière générale par la " françafrique ", Patassé devant quitter le pouvoir car n’étant plus en odeur de sainteté auprès d’elle.

On n’a pas hésité à provoquer une guerre civile pour le faire partir.François Bozizé porté à la présidence devait, selon le scénario appliqué dans bien de pays africains, " tomber " la tenue militaire pour revêtir la tenue civile et briguer la présidence. Mais pour bien de raisons indiscutables, l’homme n’a pas le profil de l’emploi.

D’abord, s’il a bénéficié pour son coup d’Etat de l’appui de la classe politique centrafricaine, il l’a perdue en se parjurant lorsqu’il a annoncé sa candidature aux élections présidentielles. Il a creuse davantage la disgrâce entre lui et la classe politique en empruntant des méthodes de gestion autoritaires, en allant chercher l’ " expertise " chez certains de ses pairs spécialistes en fraudes électorales pour domestiquer les institutions et se préparer une élection sans bavures. En choisissant selon ses desiderata, les candidats qu’il aurait contre lui à la présidentielle avec un Conseil constitutionnel affidé au pouvoir, il s’est totalement discrédité et a dû d’ailleurs faire marche arrière.

Autres handicaps : il n’a pas eu le temps de se créer un appareil de parti ; ensuite, il n’a pas le bagou qui peut aider à gravir les marches du pouvoir. Face à lui, par ailleurs, il a des opposants aguerris, anciens chefs d’Etat ou non, comme Abel Goumba, André Kolingba, Jean-Paul N’Goupandé, Charles Massi qui ont eu le temps de se constituer un électorat et de donner un ancrage populaire à leurs partis.

Face à tout cela, les choses ne seront pas faciles pour l’homme " fort " de Bangui. En admettant que Bozizé perde, hypothèse d’école mais à envisager par extraordinaire, ainsi que l’écrivait le journal CENTRAFRIQUE-PRESSE DU 7 Mars dernier, dans un article intitulé " Risques d’une victoire électorale à la Pyrrhus et d’un pays ingouvernable " : " Comme c’est Bozizé et son camp qui possèdent les armes et se sont préparés depuis fort longtemps à faire la guerre, tout indique que si les résultats de ces élections ne leurs sont pas favorables, ils ne les accepteront pas, foulant ainsi au pieds une fois de plus le soi-disant code bonne conduite destiné à accepter les résultats des élections quels qu’ils soient et chercheront par tous les moyens à créer des troubles dans le pays ".

Si c’est Bozizé qui remporte, et on peut mettre sa main à couper que ce sera le cas, l’opposition ne le reconnaîtra certainement pas, arguant naturellement des mauvaises conditions électorales. La Centrafrique risque de se retrouver au lendemain du 13 Mars prochain, dans une énième situation de crise de gouvernance africaine et malheureusement source de multiples violences.

Victory Toussaint
San Finna

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