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FILO 2003 :La dialectique du livre

Publié le jeudi 4 décembre 2003 à 11h04min

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C’est bien finie la quatrième édition de la Foire internationale du livre de Ouagadougou (FILO) tenue du 22 au 27 novembre dernier.

Débat sur éthique et transparence dans l’édition des manuels scolaires en Afrique francophone, réflexion sur la présence des femmes dans la scène littéraire burkinabè, présentation des auteurs et des oeuvres littéraires, panel autour du livre et l’éducation. Les acteurs de la FILO ont visité ou revisité la dialectique du livre dans un environnement plongé dans l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la Communication.

Le thème fédérateur de cette Foire internationale du livre de Ouagadougou a été "livre et éducation". Problématique ciblée ou réductrice ? Tout dépend de la position et de l’importance que chaque personne accorde à la lecture. Lorsqu’on aborde le livre en tant que support de connaissances, il y a implicitement un questionnement dialectique qui lie le livre et les domaines particuliers comme l’éducation, l’instruction, la politique, la communication, le divertissement… Notre préoccupation centrale est la suivante : quel rapport le livre entretient-il avec le burkinabè ? S’agit-il d’une relation active ou passive dans le processus de l’acquisition du savoir ? Existe-t-il une culture du livre ou une culture de lecture dans notre pays ?

Une corvée pour les écoliers

Le livre se présente comme un auxiliaire dans la transmission du savoir, un objet de consommation, de divertissement et un instrument d’ouverture au monde. Tout lecteur a une relation certaine avec un ouvrage. Le premier degré de rapport est la distraction. De plus en plus, l’exercice des séances de lecture à l’école primaire constitue une corvée pour les écoliers. Cette désaffection lente mais sûre de la lecture peut s’expliquer par la pertinence et la qualité des intrigues des ouvrages au programme d’une part, et de l’image que des élèves ont des livres d’autre part. Lire est avant tout une envie de ressentir des émotions. De nombreux élèves rechechent à travers les livres des personnages attachants et intéressants.

Dans les bibliothèques et les centres de lectures publiques, ils raffolent des livres policiers, des œuvres dites de séries noires dans lesquelles ils recherchent un coupable, un mobile. Ce besoin d’une intrigue passionnante des écoliers est-il pris en compte dans la conception et la confection des ouvrages au programme dans le département en charge de l’enseignement de base ? La lecture-plaisir est une voie à la possession du savoir approfondi et raisonné des œuvres.

Le goût de lire

Une autre façon de lire est celle vécue comme une activité culturelle. Dans une société de l’oralité, fortement handicapée par l’analphabétisme, le culte du livre n’est pas l’expression la mieux partagée. Il commence par être une préoccupation des individus lorsque le livre répond aux réalités socio-culturelles des hommes . l’ouvrage devient un support didactique efficace s’il est en adéquation avec les besoins des écoliers, des élèves et des hommes appelés à se nourrir des contenus de chefs-d’œuvres.peut -on cultiver le goût de la lecture chez les burkinabè ?

La véritable politique du livre au Burkina Faso date de la période révolutinnaire de 1983-1987. Derrière l’idéologie que cela sous-entendait, il y a un sentiment de lire ce que nos écrivains produisaient à côté des grands classiques comme "candide" de Voltaire, "les Trois mousquetaires" de Dumas, "L’Enfant Noir" de Camara Laye… La première condition du goût à la lecture dans notre pays est la révalorisation du métier d’écrivain. Ecrire est un don, mais aussi un art.

Lorsqu’on confie la production d’ouvrage d’apprentissage aux enseignants fatigués, aux conseillers ou inspecteurs en fin de carrière, il n’est pas étonnant que leurs productions d’ensemble ne correspondent pas toujours au goût des écoliers et du système d’éducation préconisée par les décideurs politiques. La production des manuels scolaires et des œuvres littéraires doit convoyer du plaisir et du savoir.

" Les as du livre "

Refléchir sur une relance de la lecture, c’est penser la gestion des bibliothèques, des centres de lecture et de documentation. Il faut plus d’imagination dans l’offre et la demande des livres. Dans cet ordre d’idée, l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication sont indispensables. L’introduction de l’électronique va donner une nouvelle dimension dans le processus de l’acquisition du savoir au niveau des centres de documentation.

L’une des initiatives qui pourraient entretenir la flamme de la lecture sont les "olympiades de lecture : les as du livre" de cette quatrième édition de la FILO. Cette activité peut constituer un pôle d’attraction dans les bibliothèques des lycées, collèges et des centres de lectures publics avec comme dénouement une finale durant chaque édition de la FILO. Cela aura pour avantage la professionnalisation de l’organisation et la naissance d’une compétition nationale autour de la lecture.

Les "as du livre" ne sont pas tous à Ouagadougou. Le second mérite de cette édition est la réflexion autour du futur de la Foire Internationale du Livre de Ouagadougou. Qui va payer le coût de l’organisation ? Que deviendra la FILO si davantage des partenaires financiers comme l’Union européenne, la France, le Canada pour des raisons de politiques culturelles se désengageaient de leur soutien ? La dialectique du livre se trouve aussi bien dans les politiques culturelles que dans les rapports du livre avec son environnement.

Arzouma Kiéma
L’Indépendant

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