Ils étaient encore là, dès 7 heures. Pour poser un acte qu’ils répètent depuis 16 ans. Mais cette année, avec une connotation particulière. Les autorités politiques qui étaient là depuis 1998 et que le collectif accusait de faire ombrage à toute vérité sur le quadruple assassinat de Sapouy ne sont plus là. Chassées par l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre. « L’espoir de franchir au moins une étape importante dans ce dossier pointe à l’horizon », a dit le président de l’Association des journalistes du Burkina, Guezouma Sanogo devant la tombe du journaliste assassiné.
Un espoir entretenu par le fait qu’avec la fuite des présumés commanditaires, a poursuivi le président, « nous supposons que les menaces et les peurs qui pesaient sur tous ceux qui ont des choses à dire, se sont éloignées et que les témoignages viendront étayer le dossier ».

En tout cas, il y avait foule au cimetière de Gounghin dès les premières heures. Venue une fois de plus rendre hommage à ce héros de la lutte pour la démocratie et des droits humains. L’éclaircie n’est peut-être pas loin avec les déclarations des autorités de la transition qui tendent à faire de la justice dans cette affaire, une des priorités pour les 11 mois à venir. L’AJB y croit aussi, mais son optimiste ne repose pas sur les déclarations d’intentions des nouvelles autorités, mais sur la détermination du peuple à voir la vérité et la justice triompher dans ce dossier.
Après le dépôt des gerbes de fleur sur les tombes de Norbert Zongo, Ernest Zongo, Blaise Nikiéma et Abalssé Ilboudo , tous assassinés et brulés à Sapouy, les membres du collectif ont fait de même sur les tombes des martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre. Le public s’est ensuite dirigé vers la place de la révolution, qui avait été débaptisée place de la nation, pour une marche meeting.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net