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Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

Publié le mercredi 10 décembre 2014 à 00h28min

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Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

Les évènements de la fin du mois d’octobre 2014 qui ont conduit au départ du Président Blaise Compaoré font de la société civile burkinabè un modèle que beaucoup de ses homologues sur le continent regardent aujourd’hui avec intérêt. Elle a fait preuve d’une détermination et d’un esprit de sacrifice remarquables, elle a démontré une capacité d’organisation exemplaire et apporté une contribution appréciable aux négociations relatives au délicat passage de la Révolution à la Transition. Mieux, la société civile burkinabè rappelle aux Africains, de fort belle manière, que leur destin se trouve entre leurs mains et que personne n’a les moyens de le confisquer.

Mais, l’histoire politique récente d’autres pays de notre continent enseigne que se débarrasser d’un pouvoir devenu indésirable pour une raison ou une autre n’est souvent que le début d’une nouvelle aventure. La Transition peut ne pas être un long fleuve tranquille. S’entendre sur les tâches à assigner à la Transition peut ne pas être aussi simple que cela pourrait paraître. Une fois ces tâches définies, s’assurer qu’elles sont exécutées dans les délais et à la satisfaction de la majorité peut se révéler extrêmement difficile. Réduire les risques que le nouveau cadre institutionnel et légal produit par la transition trahisse les espoirs du peuple peut nécessiter encore beaucoup d’efforts et de sacrifices.

L’expérience a également montré qu’il est imprudent de compter sur les seuls animateurs des organes de la transition – notamment les acteurs politiques et les forces de sécurité mais aussi parfois des acteurs de la société civile – pour apporter des réponses appropriées aux défis évoqués ci-dessus. Une société civile proactive, vigoureuse et volontaire demeure indispensable si l’on souhaite une transition qui porte les fruits des espoirs nés de la révolution et des sacrifices consentis pour cela. Elle doit pouvoir aider à déterminer les tâches précises de la Transition, à suivre leur mise en œuvre dans les délais et à surveiller le pouvoir post-transition.

Les évènements récents à travers le continent ont en outre révélé que la manière dont la société civile participe à la transition aux côtés des acteurs politiques et des Forces de défense et de sécurité peut lui être fatale. En effet, elle peut se retrouver purement et simplement décapitée par la Transition parce que cette dernière a tendance à coopter tout naturellement les figures majeures de la société civile dans les organes qu’elle met en place. La société civile se retrouve ainsi sans ses figures de proue pour intervenir et prendre positon dans le débat public. Dans le même temps, elle perd un peu de sa crédibilité aux yeux de l’opinion publique pour qui la société civile n’a de valeur que si sa contribution est gratuite, empreinte d’un certain degré d’altruisme, ce qui suppose qu’elle n’essaie pas d’en tirer profit,

Les effets de cette "décapitation" (affaiblissement) de la société civile par la transition peuvent s’étendre à la phase post-transition. En effet, une fois la Transition terminée, les figures de proue de la société civile qui ont aidé à sa gestion peuvent être rejetées par leurs pairs qui les considèrent désormais comme compromis par leur expérience de la politique. Si de nouvelles figures n’émergeaient pas rapidement (ce qui en général ne se fait pas du jour au lendemain), la société civile serait incapable au moment décisif d’apporter une contribution de qualité non seulement à la résolution des défis de la transition mais également ceux de la période post-transition.

En Guinée par exemple, la société civile n’est toujours pas complètement relevée de sa participation au processus de transition du pays entre 2007 et 2010. Au Sénégal, la société civile a combattu aux côtés des partis politiques pour l’avènement de l’alternance en 2012. Après quoi, les politiciens vainqueurs se sont sentis obligés de l’associer – et probablement une partie de la société civile s’est sentie méritant d’être associée – à la gestion des affaires publiques. Des phénomènes similaires ont été observées dans des pays comme le Kenya, le Mali et le Niger.

Il est par conséquent important que tous – société civile, acteurs politiques, leaders d’opinions, partenaires techniques et financiers du Burkina – travaillent à s’assurer que la société civile demeure capable d’aider à relever les défis qui attendent le pays dans sa marche vers le renouveau. Il s’agira essentiellement de s’assurer que toutes ses figures majeures ne rejoignent pas la Transition et que des moyens existent pour un certain nombre d’entre elles pour continuer la veille et la proactivité nécessaires pour le succès de la Transition et pourquoi pas pour celui de la phase post-transition.

Mathias HOUNKPE
Administrateur du Programme de Gouvernance Politique
OSIWA (Open Society Initiative for West Africa)

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Vos commentaires

  • Le 9 décembre 2014 à 15:13, par Ditvrai En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    c’est bien dit.

  • Le 9 décembre 2014 à 15:39 En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    Là, sur ce plan, je loue l’attitude de Me KAM et de SMOKEY dont j’écris les nom et nom d’artiste en majuscule. Ils ne veulent pas du pouvoir qui corrompt tout ou qui aveugle. Ils restent des SENTINELLES et des VEILLEURS de la DEMOCRATIE. Bel article ! Le Citoyen.

  • Le 9 décembre 2014 à 16:41, par raobiiga En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    Belle analyse, surtout que nous apprenons que la garde rapprochée de Blaise COMPAORE qui l’avait accompagnée à Yamoussoukro est rentrée et qu’une mission "officielle" du BF a embarqué pour aller offrir ses services à ce monsieur en exil volontaire du côté du Maroc : question : au frais de qui ? Pour quoi faire ? et est-ce que cela signifie que celui qui a fait tant de mal pendant près ou plus de trois décennies continuerait de bénéficier des bonnes grâces de ses anciens protecteurs du RSP ?
    Frères, peuple du BF, restons vigilants pour que notre lutte ne nous soit pas "volée".
    Exigeons des explications de qui de droit ! Gloire éternelle au peuple, surtout à sa fraction "jeune" !

  • Le 9 décembre 2014 à 16:47, par RV En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    Belle contribution ! Merci et vivement sa prise en compte.

  • Le 9 décembre 2014 à 17:05, par kihan En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    malheureusement cette société civile est devenu très politisée, beaucoup d’OSC sont générés par des partis politiques, la preuve près de 40% des représentants des osc dans le CNT sont membres de partis politiques.

  • Le 9 décembre 2014 à 17:13, par Togsdasida En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    Bravo à tous les acteurs de la Révolution d’Octobre 2014. Vive la Révolution et Abbas les remparts CDPistes, ADFistes et UNDDistes.
    Peuple du Burkina Faso, l’heure de la Révolution a sonné.

    La Patrie ou La Mort, Nous vaincrons.

  • Le 9 décembre 2014 à 17:20, par doudouno le cobra En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    Je suis une fois encore désolé de le dire.La vraie démocratie se joue dans les urnes et dans la rue et la violence.
    Au Sénégal la société civile a donner une leçon à Wade dans les urnes et non en brulant l Sénégal.Ici au Burkina Faso les OSC ont infantilisé nos frères des campagnes,pourtant ces eux les vrais électeurs,fallait juste juste les sensibiliser et ils auraient depuis belles lurettes sanctionner Blaise à travers les urnes.
    Nous n’avons pas besoin d’une société civile qui s’habille en noire et la sème la désolation partout ils payent.
    Tot ou tard l’histoire va restituer la vrai vérité sur cette prétendue révolution qui a vu des énergumènes envoyé des jeunes Burkinabés à l’abattoir pour les intérêt personnels et égotistes des anciens barons du CDP.
    Smokey et Kam vous n’êtes en rien des héros mais des hors la loi,vous penser que sur 16 millions de Burkinabés vous avez mobilisez combien de burkinabé pour qu’ils brulent les biens d’honnêtes citoyens, n’eut d’été la complicité des forces des l’ordre vous ne serez parvenu rien.
    Au non de quoi vous avez vandalisé l’assemblée nationale et les domiciles d’honnêtes citoyen sous le regard complice des forces de l’ordre.
    Vous n’êtes pas plus que les autres burkinabé qui ont voté ces députes.Vous êtes dans le déni de la démocratie,mais les prochaines élections restitueront à ce pays sa dignité bafoué par les vandales.Vive la démocratie des urnes, à bas la démocratie de la rue

  • Le 9 décembre 2014 à 18:04, par bye bye En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    bien dit et merci beaucoup

  • Le 9 décembre 2014 à 18:07, par bye bye En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    bien dit et merci beaucoup

  • Le 9 décembre 2014 à 18:42, par vrai-vrai En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    Mathias, ton analyse est correcte ; ta crainte que la société civile ne soit décapitée après la transition est légitime. Seulement il faut réaliser que ce ne sont pas tous ses compartiments qui prennent part à la gestion de la transition. Il y a par exemple le CAR qui a dit avoir décidé de rester à l’écart et de jouer à la sentinelle pour agir sans gêne dès que quiconque bafouera les règles du jeu démocratique. Il s’organise même pour changer de dénomination puisqu’on ne parle plus de référendum. Il y a également le balai citoyen qui s’oppose à ce que des gens soient dans le CNT à son nom. Aussi, il faut savoir que des acteurs de la société civile qui sont dans certains organes ont un temps limité (juste un an) et jouent toute leur crédibilité pour apporter un plus au pays, au regard de leur compétence. Chacun sait que s’il fait piètre figure, il risque d’être combattu par sa propre organisation. On ne peut imaginer, Loada ou Ibriga s’ériger en fossoyeur des intérêts du peuple en s’appuyant sur le CGD dans des structures de transition. C’est là qu’ils seraient amenés à démissionner avant terme pour leur honneur. Donc n’ayons aucune crainte comme l’a dit l’autre ; au contraire soutenons-les. Par vrai-vrai

  • Le 9 décembre 2014 à 18:49 En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    Mais Cobra,tu pleures parce que cette pseudo-démocratie qui te permettait de remplir ta panse a été dissoute ?yako !

  • Le 9 décembre 2014 à 19:40, par verite En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    TOI DOUDOUNO LE COBRA TU ES UN VENDU ET LE VRAI HORS LA LOI
    TU PENSES MELANGER LES GENS AVEC TES INEPTIES
    REVEILLE TOI CAR TU FAIS PARTI DE CEUX QUI ONT CIRCULER AVEC LE REGIME COMPAORE ET N’OUBLIE PAS SENEGAL ET BURKINA CA FAIT DEUX(2)
    A CHACUN SA REVOLUTION EGYPTE SENEGAL BURKINA TOUT EST DIFFERENT
    REFLECHI UN PEU ESPECE DE VENDU

  • Le 9 décembre 2014 à 19:59, par Melanie ilboudo En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    Bien dit, internaute 7
    vraiment il faut qu’on ouvre les yeux.’.je me demande ou va le Burkina ? Burkina juste et intégr ? Vous appelez ça société civile ? Bande de vandales, de pilleurs et de pyromanes....de toute façon, c’est compréhensible !!!!!si cette société civile est dirigée par des politiciens pyromanes opportunistes qui affirment avoir eux même mis le feu à l’assemblée nationale...
    des gens qui en tant normal ne peuvent même pas par voie d’urnes rassembler 10 bons électeurs
    , ce sont ces gens la qui dirigent auj notre cher Faso..... Revoyez les résultats des dernières législatives et voyez combien de voix un Ablasse Ouedraogo a obtenu....il était le seul député de son parti à l’assemblée nationale.....allez me parler de légitimité........

  • Le 9 décembre 2014 à 20:26 En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    Doudouno le cobra c’-à-d l’internaute n°7 doit être fou. Si vous êtes des garçons, montrez vous au Faso. Votre patron BLAISE, même si on lui paie de revenir ces temps-ci, il vous dira qu’il NON. Au lieu de proférer de tels propos (bande d’assassins), aidez votre type à se trouver une ville au MAROC afin de pouvoir poser un temps soit peu ses valises. Si vous êtes son fidèle sachez que la ville de Casablanca l’a refoulé pour une autre ville du Maroc. Les Marocains ont des relations avec le Peuple Burkinabè mais pas avec l’individu.
    Les jeunes sont en chômage,ceux qui sont dans les sociétés sont sous employés et exploités, ils n’avaient plus le choix que de s’opposer à un pouvoir à vie.
    Les autorités actuelles ont pour missions de balayer tous les responsables de services que vous utilisiez pour vos campagnes, de déblayer le pays de vos tares laissés durant vos 27 ans de règne.
    Depuis quand vous hébergiez des députés dans un hôtel proche de l’Assemblée pour procéder à des votes ? Vous méritez la prison.
    N’oubliez pas que vos cris reposaient sur ces mêmes forces de l’ordre. Seulement, vous avez oublié que mêmes divisées, elles restent une armée républicaine.

  • Le 9 décembre 2014 à 21:46, par LeMossi En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    Doudouno le cobra, Smokey et Kam n’ont rien à voir avec la technique de la terre brulée. La victoire par le feu, c’est du Salif Diallo et du Simon Compaore tout craché. Ils ne s’en cachent pas. Ils revendiquent les morts, mm ceux qui ont peri dans les flammes des maisons et propriétés qu’ils ont envoyé saccager. Donc, laissons Kam et Smokey tranquille et demandons des comptes aux RSS du MPP en tps opportun.

  • Le 9 décembre 2014 à 22:15, par YIRMOAGA En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    Mon cher DOUDOUNO LE COBRA, à défaut d’une alternance, qu’est ce qu’il faut appliquer aux tenants t gourous qui veulent mourir au pouvoir ? On comprend votre hargne contre les OSC, mais quand on veut pas partir, il faut qu’on accompagne à partir . Et il sera ainsi pour toujours. On entrera en démocratie par la volonté du peuple.

  • Le 9 décembre 2014 à 22:19, par YIRMOAGA En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    Mon cher DOUDOUNO LE COBRA, à défaut d’une alternance, qu’est ce qu’il faut appliquer aux tenants t gourous qui veulent mourir au pouvoir ? On comprend votre hargne contre les OSC, mais quand on veut pas partir, il faut qu’on accompagne à partir . Et il sera ainsi pour toujours. On entrera en démocratie par la volonté du peuple.

  • Le 10 décembre 2014 à 12:11 En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    D’accord avec le cobra. Le résultat est là et c’est seulement ça le modèle et l’exemple . Sinon bruler, casser, piller ne sauraient être des exemples a suivre. Le modèle sénégalais est le meilleur. Mais rendons à césar ce qui est à césar en admettant quand même qu au burkina le contexte de démocratie et libertés relatives à favorisé expression et presse libres, marches, meetings et autres , ce qui n’est pas le cas dans beaucoup d’autres pays où répression systématique et assassinats politiques découragent les plus téméraires. Chaque peuple à son histoire et sa maturité ....pas de recette tout faite.
    Le pélican

  • Le 10 décembre 2014 à 13:26, par YIRMOAGA En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    N° 18, oui bruler et piller n’est pas ça, mais voler et s’enrichir illégalement, confisquer les terres pour s’enrichir au détriment des propriétaires terriens , ne pas payer les taxes et impôts de part sa position politique, tuer sans avoir à faire à la justice, etc etc, vous étiez ou ^tes à OUAGA ou koi ? Pardon, on a eu notre histoire noircie par tes gens que tu supportes.

  • Le 10 décembre 2014 à 20:19 En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    #13, chiffre de malheuur. Moi je ne suis pas triste qu’ on ait brule l’ AN. Elle etait devenue l’antre du grand mal. La seule purification qui lui resteait, c’est par le feu. Ce qui fut fait. On a vu des ndeputes gros d’ empiffrement faire saut en hauteur ou c’est alpinisme encore. Dieu dort pas, deh ! Bande di couillons, fleh !!!

  • Le 10 décembre 2014 à 21:07, par Jeunedame seret En réponse à : Bravo à la société civile burkinabè ! Mais le travail n’est pas terminé…

    D’accord avec toi Mathias ; mais en tant qu’administrateur, fallait aussi nous développer des définitions morales et civiques de l’expression "société civile". Surtout le qualificatif. Nous sommes tous des lettrés analphabètes ; et nous confondons vite société civile et membres de bord politique.

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