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Moustapha Gomgnimbou : « La colonisation a fait de nous des Blancs à l’intérieur et des Noirs à l’extérieur »

Publié le dimanche 7 décembre 2014 à 22h46min

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Moustapha Gomgnimbou : « La colonisation a fait de nous des Blancs à l’intérieur et des Noirs à l’extérieur »

La direction des Archives nationales a organisé, ce vendredi 5 décembre, sa deuxième conférence de l’année 2014 pour faire connaître au public un pan de l’histoire du Burkina Faso. Pour cet exercice, le communicateur Moustapha Gomgnimbou, directeur de recherche en histoire africaine au Centre national de recherche scientifique et technologique (CNRST), a exposé sur la colonisation en pays Kasséna.

« La conquête et la colonisation du pays Kassena ». C’est le thème de la deuxième conférence de l’année 2014 des Archives nationales développé par Moustapha Gomgnimbou, directeur de recherche en histoire africaine au Centre national de recherche scientifique et technologique (CNRST). L’esprit des conférences des Archives nationales, le directeur général, Hamidou Diallo, c’est de valoriser les archives pour montrer aux citoyens ce que l’on peut tirer des archives. « Les historiens généralement utilisent les archives pour écrire l’histoire, ils écrivent des thèses, des articles. Ces thèses, articles sont publiés dans des revues spécialisées et tout le monde ne peut pas y accéder. Mais, à travers des conférences comme celle-là, on peut permettre à tout le monde de connaître l’histoire nationale », a indiqué le Professeur Diallo. Et de déplorer la destruction des archives de l’Assemblée nationale à l’occasion de l’insurrection populaire des 30-31 Octobre 2014.

Cela dit, place a été faite à l’exposé de Moustapha Gomgnimbou qui a commencé par donner des informations sur le peuple kasséna et à situer géographiquement le pays Kasséna. Les Kasséna, dit-il, font partie du grand groupe des Gurunsi. Le pays Kasséna est à cheval sur le sud du Burkina et le nord du Ghana. M. Gomgnimbou a ensuite développé son exposé en trois étapes : l’exploration, la conquête coloniale et les impacts de cette colonisation. Pendant la période exploratoire, les explorateurs comme Binger sont venus visiter la région, passer des traités. C’est en deux sous- points que le communicateur a traité la conquête coloniale, aussi bien celle française dans le pays Kasséna au Burkina que celle anglaise au Ghana. L’une ou l’autre conquête, assure Moustapha, a été émaillée de violences.


Impacts de la colonisation en pays Kassena

Le troisième axe de l’exposé, c’est-à-dire les impacts de la colonisation de l’exposé, a été abordé suivant trois sous points : au plan politique, au plan économique et au plan socio- religieux. Au plan politique, l’impact a consisté, selon le conférencier, à la réorganisation spatiale. « Les chefferies principales ont été transformées en cantons. Des chefferies principales naguère ennemies sont regroupées sous la même administration. Les chefs qui étaient coutumièrement intronisés grâce à un rituel sont désormais intronisés avec l’accord du Blanc. Du coup, la chefferie traditionnelle perd de ses valeurs puisque le chef traditionnel devient l’auxiliaire, le valet du colonisateur », explique Moustapha Gomgnimbou.
Sur le plan économique, les Kasséna étaient, à en croire le communicateur, comme les Romains de l’Antiquité et ne pratiquaient pas le commerce. « Ils n’avaient foi qu’à l’agriculture qui rend noble. Mais, avec l’impôt de capitation, il a fallu pratiquer des cultures de rente, le commerce, etc. »

Sur le plan socio-culturel, le conférencier relève l’introduction des religions révélées comme l’islam, le christianisme qui a fait que les valeurs socio-culturelles des Kasséna ont été balayées du revers de la main au profit des valeurs socio-culturelles importées ». Bref, se résume Moustapha Gomgnimbou, « la colonisation a réussi à faire de nous des Blancs à l’intérieur et des peaux noires à l’extérieur ».

Grégoire B. Bazié
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 8 décembre 2014 à 08:16, par combattant En réponse à : Moustapha Gomgnimbou : « La colonisation a fait de nous des Blancs à l’intérieur et des Noirs à l’extérieur »

    bien dit mr le conférencier revenons à nos anciennes pratiques religieuses

  • Le 8 décembre 2014 à 09:41, par sia En réponse à : Moustapha Gomgnimbou : « La colonisation a fait de nous des Blancs à l’intérieur et des Noirs à l’extérieur »

    Ou peut on avoir plus de détail ? Comment ça s’est passé etc...

    Merci

  • Le 8 décembre 2014 à 10:46, par GNIANE En réponse à : Moustapha Gomgnimbou : « La colonisation a fait de nous des Blancs à l’intérieur et des Noirs à l’extérieur »

    Merci grand frère pour ces éclaircissements. J’ai fréquenté une école primaire qui porte le nom de Binger (de Tiakané) à 7 km de la ville de Pô. La case qu’il habitait est restée un site touristique. Il serait bien de réhabiliter cette case qui est aujourd’hui presqu’en ruine. Cela témoignerait de notre humanisme, valeur essentielle chez nous, même à l’égard de personnes extraordinaires (les blancs n’étaient pas connus dans les villages à l’époque). Mais ce chef dont je me rappelle bien le nom à traduit tout le sens de l’humanisme dont ce peuple vaillant et courageux a toujours fait montre.
    Ce qui me réjouit au moins dans le Nahouri, moins de gens que j’appelle égarés veulent ressembler aux Blancs.

  • Le 8 décembre 2014 à 11:13, par Yempabou Noel COMBARY En réponse à : Moustapha Gomgnimbou : « La colonisation a fait de nous des Blancs à l’intérieur et des Noirs à l’extérieur »

    Belle mise en situation que cette conclusion. Nous sommes des blancs a l intérieur et des noirs a l extérieur. Permettez d ajouter que l inverse aussi peut être vrai en figuré.

    Aucun peut peuple ne peut se construire aisément sur la base de lois issus d une autre culture religieuse. Les nouvelles générations doivent prendre conscience de la nécessité de mieux s imprégner des valeurs animistes qui ont fondé leur culture afin de mieux choisir les lois et organisations qui régiront leur vie.

    Nous constatons aujourd’hui que nous vivons sous la coupe des lois occidentales, que nous avons signé toutes sortes de conventions pour des motifs divers, mais bien de ces lois sont des violences pour nos communautés a cette étape de leur histoire et de leur culture.

    On peut donc dire que nous continuons a coloniser nous mêmes notre propre peuple, tant que nous continuons a envisager notre société sur la base de valeurs qui sont lui sont étrangères et que nous n avons même pas discutées sincèrement avec elle.

    Est ce bien ou est ce mal, la n est pas la question, devons nous continuer ou non, ce n est pas le plus important. La question doit être posée en terme de problème réel, et des solutions envisagées, notamment autour d un débat national et d échanges avec les communautés a la base.

  • Le 8 décembre 2014 à 13:32, par TAIRE En réponse à : Moustapha Gomgnimbou : « La colonisation a fait de nous des Blancs à l’intérieur et des Noirs à l’extérieur »

    Mon cher esclave, pourquoi les gourounssis frères et ennemis ne se sont pas accordés en son temps pour sauvergarder leurs cultures et traditions en faisant front commun contre les colonisateurs ? Même si cles blancs ne vous avaient pas envahis pour vous imposer la cohabitation vous alliez venir par vous exterminer avant que nous vos patrons les "djambarmas" ne venions vous commander. même ça, c’est parce que vous nous avez provoquer qu’on a réagi.
    Je pense que c’est parce que les africains n’étaient pas à mesure de lutter contre les colons qui etaient et qui sont toujours en avance sur nous les africains sur tous les plans même si nous pouvons mieux nous organiser et nous faire entendre par ces anciens colons. Cest vrai que les gens ne doivent perdre leurs cultures et traditions qui ne soient pas barbares sinon nous allons perdre nos identités.Sans faire des jaloux je crois que les Mossé ont su sauvergarder leur patrimoine culturel et traditionnel par le Môogo-Naba et chaque ethnie doit s’organiser à rehabiliter leur culture et tradition et se faire sa place dans cet ère démocratique.
    Si les gurunssis n’arrivent pas a s’accorder, faites-nous signe, on revient.

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