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Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

Publié le jeudi 4 décembre 2014 à 18h39min

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Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

Un adage moaga enseigne que « lorsque la danse de la famille se déroule dans un plat il faut y mettre aussi son pieds. » M’inspirant de cette sagesse ancestrale je voudrais, au moment où le conseil national de transition entame sa mission et, en tant que citoyen, apporter ma modeste contribution au débat. Il faut d’emblée le reconnaitre, douze mois, c’est un temps assez court pour tout faire mais aussi long et périlleux au regard de l’ampleur du travail qui attend le gouvernement et le conseil national de transition.

En effet, l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre a sonné le glas de l’amateurisme et du saupoudrage dans le traitement des préoccupations multiples et multiformes des citoyens. Certes tout ne peut pas être résolu par un coup de baguette magique mais il faut avant tout se laisser convaincre que pour trouver les bonnes réponses il faut d’abord se poser les bonnes questions. C’est pourquoi en plus de la justice sur les crimes économiques et de sang déjà largement abordée, je voudrais orienter ma réflexion sur les préoccupations suivantes qui constituent celles de millions de Burkinabè.

1-La promotion de la jeunesse

C’est une évidence constatable dans les statistiques et pour tous ceux qui ont participé ou vu les images de l’insurrection : la jeunesse qui constitue plus de 60% de la population burkinabè a été au cœur de la lutte. Qu’ils soient issus de partis politiques, de la société civile ou de syndicats, ce sont eux qui ont affronté les forces de l’ordre dans les quartiers aux premières heures avant l’assaut final du 30 octobre. La bravoure de ces jeunes dont certains sont allés jusqu’au sacrifice suprême est un message fort adressé aux acteurs de la transition et aux futurs dirigeants du pays. Plus qu’un thème de campagne ou de thématique pour convaincre les bailleurs de fonds les jeunes veulent être considérés et responsabilisés à la hauteur de leur compétence et leur sacrifice. Pour cela les acteurs de la transition doivent sortir des sentiers battus et tracer les sillons d’une véritable politique nationale de promotion de la jeunesse qui prenne en compte la question de l’emploi et de l’entreprenariat.

2-Le foncier rural

Les conflits agriculteurs–éleveurs avec en toile de fond la question du foncier constitue l’Ebola du Burkina au regard des victimes qu’ils font chaque année. On se rappelle des cas malheureux de Zabré dans le Boulgou et de Gogo dans le Zoudwéogo où des dizaines de Burkinabè avaient perdu la vie sans compter les dégâts matériels. Le poids de l’agriculture et de l’élevage dans l’économie du Burkina explique en partie les soubresauts qu’ils connaissent. En effet ces deux secteurs, à eux seuls, emploient 86% de la population active, fournissent 40% du PIB et alimentent à hauteur de 80% les exportations. C’est donc une situation potentiellement explosive sur laquelle il faudra légiférer sans complaisance avec des textes clairs sur la délimitation des pâturages si on veut éviter le pire.

3-La réglementation du prix du loyer

C’est le cauchemar de millions de Burkinabè comme moi qui dorment chez les autres et sur lequel il faudra se pencher rapidement. Chaque année pour ne pas dire chaque mois des bailleurs sans motif valable se permettent d’augmenter le prix du loyer. Quand on sait combien il est difficile de trouver une maison surtout à Ouaga on comprend la véritable pression morale que ces bailleurs exercent sur les citoyens honnêtes qui n’ont que le malheur de ne pas avoir leur propre toit.

4-La mise en place d’une véritable politique de promotion du secteur privé

Il y a une contradiction fondamentale entre les politiques économiques et la réalité sur le terrain. Sinon Comment comprendre que pendant qu’on encourage les jeunes à créer des entreprises l’Etat mette en place un comité d’organisation à chaque activité ? Au regard des lourdeurs administratives avérées nous pensons qu’il est bon de renforcer le partenariat public-privé (PPP) pour plus d’efficacité et d’efficience. Dans le même ordre d’idée, il serait bien de jeter un regard dans le milieu des « fonctionnaires entrepreneurs » de sorte à ce que chacun fasse le choix entre la fonction publique et le secteur privé. Cela éviterait les confusions de genres qui portent un gros préjudice à ceux qui ont cru à la sincérité de l’Etat en se lançant volontairement dans l’entrepreneuriat ou après plusieurs échecs aux concours de la fonction publique.

Voici chères autorités de la transition, des pistes de réflexion qu’en tant que citoyen je souhaiterais que vous preniez en compte. Sans être exhaustives elles constituent à mon avis des sujets de préoccupation de la majorité des Burkinabè. Les prendre en compte dans vos réflexions ne fera que renforcer et pérenniser les bases d’un Burkina de paix, plus solidaire et plus démocratique auquel nous aspirons tous.

Idrissa Konditamdé
Citoyen burkinabè

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Vos commentaires

  • Le 4 décembre 2014 à 19:58, par Cherif En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    « lorsque la danse de la famille se déroule dans un plat il faut y mettre aussi son pieds. » Bien dit, merci pour votre votre contribution cher monsieur.

  • Le 4 décembre 2014 à 20:23 En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    Je suis du même avis et je dirai même aux nouvelles autorités de jeter un regard aux privés. Quand on me dit que l’Etat ne peut pas donner de l’emploi à tout le monde c’est juste mais que l’Etat fasse respecter les cahiers de charge et autres documents par les privées pour permettre à ceux qui irons travailler dans ce privé d’avoir les mêmes traitement que celui de la fonction publique. Quand je prends l’exemple des écoles primaires privés les fondateurs payent comme ils veulent donc conséquence on ne se sent pas en sécurité et tout le monde veut l’Etat

  • Le 4 décembre 2014 à 21:13, par Natou En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    "C’est le cauchemar de millions de Burkinabè comme moi qui dorment chez les autres et sur lequel il faudra se pencher rapidement. Chaque année pour ne pas dire chaque mois des bailleurs sans motif valable se permettent d’augmenter le prix du loyer. Quand on sait combien il est difficile de trouver une maison surtout à Ouaga on comprend la véritable pression morale que ces bailleurs exercent sur les citoyens honnêtes qui n’ont que le malheur de ne pas avoir leur propre toit." Vous avez tout dit M Konditadé, merci

  • Le 4 décembre 2014 à 21:21, par elvivo En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    Ce rêve sera réalisé si le MPP ne prend pas le pouvoir !!!
    Ne l’oubliez pas cher peuple du Faso !!! Ils sont aussi comptables que Blaise dans la mauvaise gestion de la cité et le manque d’intérêt pour la Jeunesse. Ne vous laissez pas avoir !!!

  • Le 4 décembre 2014 à 21:23, par elvivo En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    Ce rêve sera réalisé si le MPP ne prend pas le pouvoir !!!
    Ne l’oubliez pas cher peuple du Faso !!! Ils sont aussi comptables que Blaise dans la mauvaise gestion de la cité et le manque d’intérêt pour la Jeunesse. Ne vous laissez pas avoir !!!

  • Le 4 décembre 2014 à 21:51, par Ka En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    Citoyen, votre analyse est dans la logique, et je confirme : Mais pour un gouvernement de transite, tous ceux-ci seront un lourd fardeau, 12 mois pour un gouvernement de transite c’est comme 12 jours, et chaque jour compte énormément. Toutes vos propositions sont destinées à un gouvernement avec un temps illimité. Je pense à mon âme et conscience, que le premier gouvernant de l’alternance en 2015 sera très coloré de la jeunesse avec leur propre objectif de politique économique qui va pour l’emploi. C’est leur victoire et leur siècle, nous devons tous les épauler. Pour l’instant le rôle de ce gouvernement de transite et de son représentant, est de rendre le chemin de l’alternance propre et praticable pour une destination d’un Burkina nouveau, avec des institutions fortes, de la vraie justice pour protéger le peuple dans leur droit. Et comme le premier ministre Zida le répète souvent ‘’’rien ne sera comme avant’’’’ impérativement le gouvernement de transition doit abolir l’injustice et l’impunité instauré par l’ancien régime, traduire tous les nuisibles pour le peuple en justice, qui sont les responsables de la modification de l’article 37, qui a conduit le pays a un soulèvement populaire suivis des morts, préparer une élection couplée transparence sans être gênés par les dit nuisibles qui seront à la MACO pour payer leurs actes. Si ces deux actes sont accomplis par le gouvernement Zida et leur représentant M. Kafando, le peuple et sa jeunesse seront satisfait de leur victoire pour un Burkina qui sera en marche dans la paix et dans l’émergence.

  • Le 4 décembre 2014 à 21:53, par Ka En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    Citoyen, votre analyse est dans la logique, et je confirme : Mais pour un gouvernement de transite, tous ceux-ci seront un lourd fardeau, 12 mois pour un gouvernement de transite c’est comme 12 jours, et chaque jour compte énormément. Toutes vos propositions sont destinées à un gouvernement avec un temps illimité. Je pense à mon âme et conscience, que le premier gouvernant de l’alternance en 2015 sera très coloré de la jeunesse avec leur propre objectif de politique économique qui va pour l’emploi. C’est leur victoire et leur siècle, nous devons tous les épauler. Pour l’instant le rôle de ce gouvernement de transite et de son représentant, est de rendre le chemin de l’alternance propre et praticable pour une destination d’un Burkina nouveau, avec des institutions fortes, de la vraie justice pour protéger le peuple dans leur droit. Et comme le premier ministre Zida le répète souvent ‘’’rien ne sera comme avant’’’’ impérativement le gouvernement de transition doit abolir l’injustice et l’impunité instauré par l’ancien régime, traduire tous les nuisibles pour le peuple en justice, qui sont les responsables de la modification de l’article 37, qui a conduit le pays a un soulèvement populaire suivis des morts, préparer une élection couplée transparence sans être gênés par les dit nuisibles qui seront à la MACO pour payer leurs actes. Si ces deux actes sont accomplis par le gouvernement Zida et leur représentant M. Kafando, le peuple et sa jeunesse seront satisfait de leur victoire pour un Burkina qui sera en marche dans la paix et dans l’émergence.

  • Le 4 décembre 2014 à 22:10 En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    belle reflexion, mais reflexion inopportune. ce n’est pas à la transition de faire tout cela, c’est au prochain gouvernement qui sera elu en 2015 de s’en occuper. la transition s’occupe des faires courantes, des reformes, de la justice et des elections. point

  • Le 4 décembre 2014 à 22:47, par a.k.a.Z En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    Bel écrit Idrissa !
    Je m’étais retenu de vous lire au début en me demandant de quel opportuniste s’agissait-il encore, comme il y en a beaucoup aujourd’hui !
    Cependant je suis content d’avoir clique sur ton lien car ton analyse est non seulement l’une des plus utiles mais très pertinente.
    Concernant le loyer en particulier, je ne puis être plus d’accord avec toi bien que étant plus ancien je me suis libère de mes bailleurs aujourd’hui. Seulement il faut que l’état lui-même commence à respecter sa propre règlementation : je connais des gens qui habitent dans des maisons gérées par des structures de l’état qui ont vu leur loyer DOUBLER du jour au lendemain sans raison ! Apres ca pourquoi un particulier se retiendrait-il ?

  • Le 4 décembre 2014 à 22:57, par Bouba En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    No comment !!!
    tout y est.

  • Le 5 décembre 2014 à 09:24, par varan En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    on y veillera, mon frère

  • Le 5 décembre 2014 à 15:15, par Achille En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    Excellent ! Et belle maîtrise du monde rural

  • Le 5 décembre 2014 à 17:53, par jacob En réponse à : Situation nationale : Mon rêve du Burkina nouveau

    en tout cas notre génération est obliger de s’endetté jusqu’à 80 MIL pendant près de 20 ans pour avoir une chambre salon. BAGORO a du travail, Dieu merci il est de notre génération.

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