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Affaire Norbert ZONGO

Publié le jeudi 10 mars 2005 à 10h45min

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On ne peut pas saisir réellement toute l’importance de la tentative de meurtre de Norbert ZONGO le 8 novembre 1998, une semaine avant la présidentielle sans faire un coup d’œil sur la trame de la douloureuse Affaire Norbert ZONGO.

Les quelques articles que nous avons retenus pour plonger dans cette affaire l’ont été avec le souci de présenter l’homme, le choc que son assassinat a provoqué, l’enquête « indépendante » qui en a résultée et les réactions que cette enquête ont suscité et enfin la lecture critique que nous en avons fait.
Les mots sont souvent durs et dénotent avec le climat social actuel, mais leur pertinence est incontestable. Comme nous aimions à le dire et à l’écrire : sans acrimonie, mais sans faiblesse parce que sans aucun état d’âme nous avons mené nos investigations et nos analyses malgré une atmosphère lourde de menaces diverses. La petite rétrospective que nous vous proposons l’atteste. Lisez plutôt.

Du procès du régime à celui de l’opposition

Lorsque le 13 décembre dernier, sur la route de Sapouy, périrent Norbert ZONGO et ses trois compagnons, on senti tout de suite qu’il venait de se produire un événement grave dont les répercussions sur les plans politique et social à la fois pouvaient être lourdes de conséquences fortement désastreuses.
Effectivement depuis ce jour le pays tout entier ne vit plus qu’au rythme de ce qui est devenu l’affaire Norbert ZONGO car très vite l’opposition a rué dans les brancards et désigné un coupable sans autre forme de procès. Il est vrai que Norbert ZONGO, durant les semaines qui avaient précédé sa mort, s’en était donné à cœur joie dans une autre affaire, pointant un doigt accusateur sur François, le frère de Blaise COMPAORE. Dans L’indépendant (n° 271 du 10 novembre 1998, p 3), feu Norbert ZONGO écrivait ceci : « il doit répondre de l’affaire devant le juge d’instruction, sa culpabilité n’est pas encore établie mais il est présumé responsable, plus exactement coupable jusqu’à ce qu’il apporte la preuve de son innocence ».
On pouvait pardonner à notre regretté confrère une relative ignorance de la procédure judiciaire. Mais lorsqu’il s’agit du Collectif qui s’est saisi de sa mort comme le rapace de sa proie, lorsque dans ce collectif siègent des magistrats et des avocats, on ne peut manquer d’être circonspect. Ce ne sont pas à ces gens là qu’on apprendra que contrairement à ce qui est prétendu plus haut, c’est la présomption d’innocence qui constitue le chapitre un de la procédure judiciaire et que par ailleurs, il appartient à l’accusation d’apporter les preuves de la culpabilité.
Et pourtant dès l’annonce de la mort du regretté Norbert ZONGO, beaucoup de membres du Collectif, parmi les plus influents se sont fendus en déclarations incendiaires mettant directement en cause le pouvoir ou ses proches. Que de telles attitudes soient le fait du commun des citoyens, plus aptes à écouter son cœur que sa raison peut se justifier.
Qu’elles aient eu pour origine d’anciens hauts responsables de la République, anciens ministres, anciens conseillers, donc des personnes rompues aux arcanes du pouvoir laissent à penser que sous le faux prétexte d’une légitime et noble défense des droits humains et le non moins fallacieux prétexte d’une croisade contre l’impunité, il s’agissait plutôt de l’exaltation indécente de desseins inavouables. Les appels à la vindicte populaire, à la sédition, à la casse et aux règlements de comptes étaient tout simplement en déphasage complet avec les urgences de l’heure. Ils cachaient très mal un besoin pressant pour certains de se refaire, qui une virginité, qui un statut susceptible de prendre en charge des ambitions qui étaient à mille lieues de celles consistant à faire la lumière sur une mort que bon nombre de gens trouvaient suspecte. Et c’est là que le bât blesse. On reconnaît tout de suite les errements qui caractérisent nos oppositions même celles qui se drapent du politiquement (in) correct pour se livrer à des besognes d’un autre âge.
N’est-ce pas Norbert ZONGO lui-même, dont aujourd’hui certains travestissent les faits et les dires pour des causes sournoises, qui disait (L’Indépendant du 19 mai 1998, p 5) : « l’opposition actuelle n’est pas attrayante. Ce n’est pas un hasard si les uns et les autres se soupçonnent mutuellement. C’est tout simplement parce qu’ils ne posent pas d’actes qui puissent les fixer dans leur statut d’opposants ».
Il devait sûrement savoir de quoi il parlait, lui qui a dû se multiplier pour donner une âme à des « fantômes » qui n’arrivaient plus à hanter que les couloirs de leurs propres palais. Eh oui ! Même les illusions ne sont plus ce qu’elles étaient. Nous ne sommes plus au début des années 90 mais à l’aube de l’an 2000. En 1990 encore, la rue, forte d’une espérance nouvelle et d’espaces nouveaux longtemps confisqués, avait vibré au diapason d’hommes nouveaux qui les symbolisaient à leurs yeux. Aujourd’hui il suffit de regarder autour de nous pour constater qu’il ne s’agissait que de feu de paille et beaucoup d’échecs sont venus clore ce chapitre des coups de force politique.
Quel attrait trouve-t-on dans ces pays devenus des champs de ruine et de désolation pour souhaiter leur ressembler un jour ?
On en apprécie davantage la situation de paix sociale qui prévaut ici et qui, quoi qu’on en dise ici et là, reste à mettre à l’actif d’un régime dont la préoccupation première fut de multiplier les cadres d’expression, de libérer les initiatives et de mettre en place les institutions indispensables à l’éclosion d’une République véritable.
Dans un tel contexte, la « rue publique » frondeuse et putschiste n’a plus de place. Notre opposition doit aussi savoir se remettre en question et opérer les mutations indispensables pour se forger une identité puis un destin au sein d’une République. Cela ne saurait se faire encore mieux que dans le respect d’institutions autour desquelles se retrouvent une majorité de citoyens et qui constituent le ciment d’une nation construite dans la fusion des différences : ethniques, linguistiques, politiques, sociales etc.
Il serait illusoire de croire que son salut résiderait uniquement dans l’apologie de la stratégie de la « terre brûlée ». Car en définitive, cette terre-ci, n’est la chasse gardée ni du pouvoir, ni de l’opposition, mais le patrimoine commun de tous les Burkinabè.
Par Cheick Ahmed
In L’Opinion N° 70 du 27/01 au 02/02/1999

Disparition tragique de H.S.
Les pistes

La surprise et l’émotion étaient au comble ce lundi 14 décembre 98 dans notre rédaction lorsque nous apprîmes le décès tragique de notre confrère de L’Indépendant Norbert ZONGO, alias Henri SEBGO. Quelle histoire ! Dans nos esprits s’installera rapidement la stupeur et le trouble lorsque le recul nous donna de comprendre que notre journal se trouve, par la force des évènements, propulsé au cœur de la tragédie en raison de la polémique qui nous opposait à L’Indépendant au sujet de l’affaire David OUEDRAOGO. Nous avions même, en cours de montage comme menu principal de notre édition, un dossier consistant accréditant notre version des faits sur la nature de la procédure judiciaire engagée contre François COMPAORE. Mais il fallait, hélas, y renoncer. Notre attente fut des plus anxieuses quand nous entendîmes la clameur publique indexer à tort ou à raison le président COMPAORE ou son frère comme probables commanditaires de l’assassinat, et que des menaces de plus en plus précises étaient proférées contre nous et notre journal. C’est alors que nous comprîmes toute la mesure du danger et de l’interpellation historique qui nous est faite quant à l’éclairage objectif de l’opinion publique sur ce drame.

A dire vrai, lorsque de la mort tragique nous a été confirmée, nous avons tout de suite fortement douté sur la thèse de l’accident. Et par la suite, la narration des circonstances du drame telle qu’il nous a été donné de la lire dans Sidwaya et surtout dans l’écrit de monsieur Germain NAMA du MBDHP paru dans L’Indépendant du 22 décembre, sous réserve qu’elle soit vérifiée, a établi en nous une quasi-certitude : Norbert ZONGO a été assassiné !
Nous serions d’ailleurs malhonnêtes de ne pas reconnaître ici les suspicions que nous-mêmes avions eues de prime abord vis-à-vis de Blaise COMPAORE et son frère François. Nous le disons avec franchise parce que nous savons que plusieurs autres personnes sont traversées par ce même sentiment de façon tout à fait sincère. Le pire dans notre situation est que ces interrogations suspicieuses nous tenaillaient alors même que nous étions aussi la cible d’une vindicte orientée ! Mais quel aurait bien pu être le mobile de Blaise COMPAORE et de son frère pour se livrer à un tel acte suicidaire ? Si l’affaire David OUEDRAOGO devait y être pour quelque chose, nous disions-nous, alors notre journal L’Opinion aurait été, en toute innocence, placé au cœur du complot.
Pourtant sur ce point nous savions avec certitude que le dossier était pratiquement vidé de son contenu sensationnel et que l’épilogue judiciaire qui se dessinait n’avait aucune raison d’inquiéter ni François ni le président. Non, ce mobile n’est pas convaincant ! Serait-ce alors que le ton général de contestation de notre confrère a été jugé si embarrassant au point qu’on ait voulu l’éliminer ? Cette hypothèse non plus ne résiste pas à l’analyse car pendant plus d’un septennat M. Norbert ZONGO a pu, sans entraves, accompagner le régime COMPAORE de toutes sortes de diatribes dont les plus virulentes ne sont pas les plus récentes.
Enfin, un certain nombre d’autres indices sont venus progressivement faire évoluer notre réflexion vers une troisième piste.

La manière du crime

Trop parfait dans le sens d’indexer pouvoir ! Tout est fait comme s’il faillait réunir le maximum d’indices et de preuves pour accabler le président COMPAORE ou son frère. Si l’on s’en tient à la narration des faits ci-dessus référencée dans L’Indépendant du 22 décembre dernier, on est comme interpellé par une seule conclusion : le pouvoir est coupable. Cependant, à la réflexion, cette trop grande précision des indices contre le pouvoir pose un problème de crédibilité.
Quel avantage aurait eu Blaise COMPAORE ou son frère à faire commettre un crime si imparfaitement dissimulé ?
Pourquoi les criminels auraient-ils pris le risque, en plein jour et à proximité d’une grande agglomération, d’opérer leur forfait avec un véhicule sans immatriculation qui a l’inconvénient d’attirer toutes les suspicions, alors même qu’on pouvait tout simplement y accoler une vrai-fausse plaque d’immatriculation plus anonyme ? Le sentiment de suspicion des Bukinabè vis-à-vis des véhicules non immatriculés ne peut pas être ignoré des commanditaires du crime, et il serait fou qu’après leur forfait les criminels aient continué d’utiliser un tel véhicule suspect dans le même rayon et sur une distance d’environ 100 km, s’ils avaient eu un quelconque souci de dissimulation.
Tout paraît être minutieusement mis en œuvre pour canaliser systématiquement les accusations vers une seule et même direction : le pouvoir ou son « frère ». Et ça, c’est très suspect.

L’inopportunité du moment

Le moment choisi pour le crime prédisposait systématiquement à désigner au moins François COMPAORE comme coupable, pour la simple raison qu’il était la cible de propos virulents et répétés de la part de Norbert ZONGO dans l’affaire de David OUEDRAOGO. Cette prédisposition d’esprit a d’ailleurs été confirmée du vivant de Norbert ZONGO lorsqu’il fut récemment atteint d’une intoxication alimentaire après un repas pris avec des amis. La rumeur publique l’avait déjà désigné comme une victime du pouvoir, et il a fallu que l’intéressé lui-même démente dans son journal cette clameur tendancieuse aux allures prétendûment spontanées. François COMPAORE était donc averti qu’il serait nommé responsable de tout incident malheureux qui surviendrait contre Norbert.
Mais cela révélait également que n’importe qui, pour quelque motif que ce soit, pouvait désormais attenter allègrement à sa vie en faisant porter le chapeau au pouvoir. Frapper ainsi Norbert en ce moment fatidique relèverait ni plus ni moins d’une stupidité incongrue si cela venait du pouvoir central. C’est invraisemblable et rocambolesque, ce d’autant plus que l’heure était à la fête après la large victoire électorale remportée par le président COMPAORE et sa mouvance. Les préparatifs de la cérémonie d’investiture étaient en cours avec, au menu, des invités de marque qu’il ne viendrait à l’esprit de personne de vouloir rendre témoins d’un pareil acte d’impopularité ! Et même que les faits se sont déroulés à la veille d’un mini sommet de l’OUA qui devait réunir dans notre capitale une vingtaine de chefs d’Etat africains ! Non nul ne peut vraiment, en toute lucidité, décider de s’autoflageller de la sorte

La surprise générale

Le moins qu’on puisse dire est qu’un tel forfait, s’il était commandité par le pouvoir central, devait être précédé et accompagné d’un minimum de dispositions sécuritaires au niveau de l’appareil d’Etat. Or il est manifeste, et les faits l’ont largement démontré, que ce fut partout la surprise générale. Cette surprise a même été cause que les forces de sécurité n’ont pas pu maîtriser à temps les manifestations violentes d’indignation qui ont suivi l’annonce de la mort du confrère. Que ce soit à Ouagadougou, Koudougou, ou ailleurs, le tâtonnement sécuritaire a été des plus notoires à telle enseigne que le pire était à craindre. A Koudougou, selon nos renseignements, la surprise et l’impréparation des forces de sécurité étaient telles que les manifestations d’indignation ont pu être récupérées pendant près d’une journée par des pyromanes et des pillards face à des hommes de tenue insuffisamment équipés et réclamant vainement des renforts de Ouagadougou. L’un d’eux a d’ailleurs été grièvement blessé. Certes, pareil débordement des forces de l’ordre est intolérable et condamnable, mais il peut être ici la preuve que le pouvoir central est étranger au meurtre de notre confrère.
Il faut avoir le courage de pousser à fond la réflexion, et chacun devrait s’imposer cet exercice sans se cristalliser sur une version clés-en-main.

Mais qui donc

Nous l’évoquions tantôt, notre première suspicion-réflexe a été dirigée contre Blaise COMPOAORE et son frère. Mais par la suite, à la faveur des éléments de réflexion ci-dessus développés, et nous appuyant sur un certain nombre d’autres contacts et notamment d’indices psychologiques, nous avons actuellement, pour notre part, la certitude que ni Blaise COMPOAORE ni François ne sauraient être à l’origine de cet acte crapuleux dont ils sont aussi de grandes victimes.
Mais alors, qui donc a bien pu commettre ce forfait et pourquoi ?
Avant tout il paraît indiqué de rappeler que toutes nos hypothèses sont fortement influencées sur les faits tels que présentés par monsieur Germain NAMA du MBDHP, et qu’elles sont par conséquent susceptibles d’évolution en cas de survenue d’éléments nouveaux ou contraires, au cours des enquêtes. Mais sur la foi des informations reçues, nous réfutons d’emblée la solution facile d’éventuels « coupeurs de route » à cause des risques et de l’acharnement inhabituels, à ces bandits.
Quant à l’hypothèse attribuant le forfait à un règlement de compte dont Norbert ZONGO aurait été l’objet de la part des éleveurs de sa zone de chasse où il se rendait, elle présente certes un intérêt en raison des relations fort tumultueuses et même quelquefois violentes qu’ils entretenaient, mais elle nous paraît pour l’instant peu vraisemblable jusqu’à preuve du contraire.

Prendre le recul nécessaire
Au point où nous en sommes, notre prédilection va à l’hypothèse d’un complot autrement plus sérieux, que les forces républicaines loyalistes, toutes catégories confondues, gagneraient bien à surveiller de près. Dans cette hypothèse, les alliances complices pourraient ne pas être contenues dans les clivages habituels pouvoir et opposition, et en la considérant de près tout redevient logique, que ce soit la manière du meurtre qui incrimine la famille COMPOARE, ou l’inopportunité du crime qui jette un discrédit sur le régime et les récentes élections. Il y a comme l’impression que quelqu’un attendait (ou attendrait toujours) un mouvement de protestation populaire dont la violence puisse amener des bavures ou incidents irréparables de la part des forces de sécurité, afin d’espérer créer l’occasion de mettre en œuvre un scénario à la malienne dans le voisinage de la période historique du 3 janvier ! Nous avons une grande sympathie pour l’histoire de la démocratie malienne où le commandant ATT et ses troupes s’étaient rangés du côté de manifestations démocratiques pour ensuite instaurer un pouvoir civil. Mais cette expérience n’a d’attrait et de valeur que dans la mesure où elle n’a pas été basée sur des préméditations putschistes mais sur des repères et aspirations républicaines, démocratiques.
C’est vrai que l’étendue de la victoire électorale de Blaise COMPAORE ainsi que son rayonnement continu sur la scène internationale peuvent inquiéter les partisans de tout bord d’une alternance plus rapide. Mais enfin, la démocratie a ses règles auxquelles toute ambition devrait désormais se soumettre.
Le regretté Henri SEBGO aimait à écrire que l’un des rôles de la presse est d’aider à la formation d’une opinion publique responsable. Nous nous inscrivons dans cette ligne pour appeler tous ceux qui, légitimement, ont été comme nous indignés par l’assassinat crapuleux de notre confrère, à ne pas se laisser canaliser dans un scénario putschiste auquel ils sont étrangers. Que chacun prenne le recul nécessaire pour réfléchir sur les mobiles profonds de ceux qui, sans compter, dépensent et se dépensent pour tenter de les rallier à un mouvement de confrontation avec les forces de l’ordre. Pour autant nous ne voulons pas ignorer qu’il était de bon aloi que toutes les forces politiques aspirant à un changement veuillent saisir au vol l’opportunité de l’indignation populaire suscitée, pour acculer le pouvoir.
Mais il y a lieu d’appeler toutes les organisations démocratiques ainsi que l’ensemble des citoyens qui manifestent tout à fait légitimement et sans calcul putschiste, à être extrêmement vigilants pour ne pas se faire utiliser.
Par Joël SOUMARE
In L’Opinion N° 66 du 30/12/1998 au 05/01 1999

Reporters sans frontières
Une enquête orientée et biaisée

Après sa mission d’enquête dans notre pays sur la mort du confrère Norbert ZONGO, le reporter de l’association européenne Reporters sans frontières a donc abouti à la conclusion, aux allures de sentence, que la piste privilégiée est « la thèse du meurtre lié au journalisme d’investigation pratiqué par Norbert ZONGO, et plus particulièrement à ses enquêtes sur la mort du chauffeur de François COMPAORE, et les passe-droits dont bénéficiait le frère du chef de l’Etat dans cette affaire ».
Le moins qu’on puisse dire est que cette conclusion de l’association Reporters sans frontières vient ainsi accréditer la thèse et tenter de donner une légitimité à tous ceux qui, sans désemparer, cherchent un point d’ancrage pour attenter à la paix sociale dans notre pays. Point n’est besoin de démontrer que ce rapport porte ainsi un sérieux coup à la crédibilité de toute autre commission d’enquête dont les efforts de recherche de la vérité pourraient l’amener à approfondir d’autres pistes, d’autres indices. Mais n’était pas, dans le fond, l’objectif visé par ceux qui ont encadré l’équipe dans ses enquêtes ?

Il est très malaisé, en matière de presse comme dans les milieux de la Société Civile d’apparaître, sur un sujet quelconque, comme un défenseur de l’Etat et de ce qui lui est apparenté. Cette réalité se manifeste davantage dans notre contexte actuel de troubles où l’Etat semble être, sans défense, au banc des accusés ; Et pourtant, dans le domaine de la recherche de la vérité, tous les a priori, toutes les pudeurs, tous les préjugés devraient pouvoir être rangés dans les placards, au nom de l’impartialité, au nom du droit et de la justice.
L’Etat africain en particulier, jouit d’un préjugé systématiquement défavorable dans la mentalité et l’approche d’un certain nombre d’associations européennes disant agir au nom du droit, et cette suspicion de principe apparaît manifestement dans la manière dont Reporters sans frontières a mené ses premières enquêtes de façon tout à fait orientée et biaisée. L’on se rappelle le ton condescendant par lequel le porte-parole de cette association, comme en terrain conquis, toisait l’Etat au lendemain de son arrivée dans notre pays, pour n’avoir pas ordonné une enquête immédiate des structures de police.
L’absence d’une réaction prompte de ces structures était d’ailleurs implicitement interprétée comme un signe de culpabilité de l’Etat. Mais comment diantre ! L’Etat, qui était déjà indexé comme le coupable du meurtre, et dont certaines associations et partis politiques burkinabè contestaient même jusqu’à la représentativité dans une commission indépendante, pouvait-il prendre sur lui d’ouvrir une enquête par ses seules structures ? Et même s’il s’agissait des travaux de la commission d’enquête indépendants officielle, de quel droit l’association Reporters sans frontières pouvait-elle tout en travaillant en marge de ladite commission, prétendre avoir accès aux rapports d’étapes de celle-ci ? Peut-on seulement imaginer un seul instant qu’en retour, une association africaine quelconque puisse ainsi et allègrement, fouiner dans les dossiers d’enquêtes en cours d’un Etat européen avec, de surcroît, une telle condescendance sur ses structures policières ? Chercher à y répondre serait déjà faire preuve de naïveté en croyant que la question se pose.
Nous pensons savoir que la commission d’enquête indépendante est ouverte aux associations internationales de journalistes, en l’occurrence à Reporters sans frontières.
Pourquoi donc a-t-elle anticipé la désignation de coupables de façon tout à fait légère et au mépris des conséquences dramatiques que cela pourrait avoir sur l’atmosphère sociale burkinabè déjà grosse de tension ?

Parti pris et défaillances grossières
D’abord il sied de révéler un fait apparemment anodin contenu dans le rapport afin de permettre à tous les crédules qui auraient la faiblesse de le prendre comme vérité incontestable, de se ressaisire pour faire œuvre de réflexion personnelle.
Il est affirmé dans le rapport que les étudiants ont enflammé un car du CDP lors d’une manifestation devant le siège de ce parti au pouvoir. Or tous ceux qui suivent ces évènements sont témoins, et la quasi-totalité des journaux l’ont écrit, que ce sont deux cars qui ont été incendiés et 2 autres véhicules gravement endommagés sans compter les autres préjudices en casse subis par le siège du CDP. Qui donc a informé de la sorte l’équipe de Reporters sans frontières et pour quel but ? Pourquoi Reporters sans frontières, dont l’équipe est venue moins de deux semaines après la commission des faits, n’a pas daigné se renseigner sur les lieux de cette casse et, le cas échéant, pourquoi n’a-t-elle pas pris la peine d’expliquer sur ce point aussi les journaux pour affiner sa version ? Nous n’aurions pas considéré outre mesure ce fait anodin si ce n’est qu’il vient prouver que cette équipe de Reporters sans frontières a été orientée par quelqu’un ou par un groupe, ves la conclusion à laquelle elle a abouti.
Le parti pris est manifeste concernant la mise en accusation de François COMPAORE, sur la base essentielle du dossier juridique de l’affaire David OUEDRAOGO à propos duquel Reporter sans frontières a tout simplement avalisé les thèses de L’Indépendant. Comment comprendre que l’association en soit arrivée à cette conclusion sans avoir éprouvé le besoin d’entendre la personne indexée alors que par contre il ressort de son rapport qu’elle a eu un entretien avec l’avocat mis en cause dans le dossier ? Ce n’est alors pas étonnant qu’au mépris des principes élémentaires d’enquête, le rapport en arrive à des affirmations aussi gratuites disant que François COMPAORE lui-même remis son chauffeur David OUEDRAOGO à des éléments du Conseil de l’Entente.
Reporters sans frontières en a-t-elle seulement la preuve, pour oser porter l’accusation d’une telle façon nominative ? Si oui, il était indiqué d’en faire cas dans le rapport, car ses enquêteurs ne peuvent pas ignorer qu’on ne peut ainsi mettre quelqu’un nominativement en cause sans preuve établies.
En tout état de cause, au point où nous en sommes, l’administration d’Etat, pour des raisons évidentes de sécurité, est maintenant mise en demeure par les évènements, de traiter en priorité et publiquement ce fameux dossier de mise en accusation et même « d’inculpation » de François COMPAORE dans cette affaire David OUEDRAOGO. Et sur ce point, il y a lieu que, exceptionnellement, l’appareil judiciaire puisse lever le voile du secret qui doit entourer les dossiers d’information, afin d’en permettre une large saine appréhension par l’opinion publique.

Témoignages légers
et faux témoins à charge
Le reportage de presse ayant servi de base aux toutes premières supputations publiques sur la mort tragique de Norbert ZONGO est celui du quotidien d’Etat Sidwaya en date du 15 décembre. Or il est de notoriété que ce récit de Sidwaya a été immédiatement démenti par les faits en son point relatif à l’implication du haut-commissaire de la Sissili, ce qui jette du même coup un discrédit sérieux sur l’ensemble du reporter.
La même source qui a pu convaincre le reporter de Sidwaya que le voyage de Norbert ZONGO était dû à une convocation du haut-commissaire (ce qui est admis aujourd’hui comme un mensonge évident) dans l’objectif certain de mieux acculer le pouvoir, n’aurait-elle pas aussi influencé « les » Reporters sans frontières ?
Du reste, les indices majeurs qui ont forgé la conviction de l’équipe de Reporters sans frontières sont troublants de légèreté.
Leur rapport affirme que l’enquête menée par Norbert ZONGO lui aurait valu de sérieuses menaces de mort. Un certain nombre de témoignages sont cités dans les points 7 et 8 du rapport pour étayer cette version, témoignages qui ont en commun de provenir tous de confidents auxquels Norbert ZONGO aurait préalablement fait des révélations sur les projets d’assassinat qui visaient sa personne. Et ces confidents se sont tus, et ils ont laissé faire sans crier, jusqu’à ce qu’on l’assassine effectivement pour aujourd’hui en rendre témoignage !!
Parmi ces confidents, un cas mérite une attention particulière. C’est celui de monsieur Germain NAMA, membre de la commission arbitrale du MBDHP, dont on connaît par ailleurs la position récriminatoire contre le pouvoir dans cette affaire selon son article paru dans L’Indépendant du 29 septembre dernier. Le rapport attribue à monsieur NAMA ces propos : « je savais qu’il était très menacé. Mais il a pris ces menaces au sérieux bien trop tard.
Ils sont venus le voir en lui disant qu’ils étaient envoyés pour le buter. Pour preuve, ils lui ont tracé son emploi du temps avec une précision qui a fait peur à Norbert ZONGO. Le scénario était de le faire disparaître et de retrouver son corps dans la brousse quelques jours plus tard. Ils affirmaient venir de la part de François COMPAORE... ». Ces allégations auraient été, selon le même rapport, confirmées par une proche amie de Norbert ZONGO.
Alors questions ! Même si Norbert ZONGO n’a pas vite pris ces menaces au sérieux ainsi que l’indique monsieur NAMA, qu’a-t-il fait, lui qui est un membre influent du MBDHP, un mouvement de défense des droits de l’homme ? On sait comment, à plusieurs reprises, le MBDHP s’est fait prompt pour dénoncer ce qu’il a qualifié de projets d’assassinat soit contre son président Halidou OUEDRAOGO, soit contre Tolé SAGNON de la CGTB.
Norbert ZONGO n’aurait-il pas mérité la même attention de la part du MBDHP ? Et cependant, si l’on en croit toujours monsieur NAMA, il y avait des pistes précises et crédibles données par un certain D... recruté pour le meurtre mais qui serait venu vendre la mèche en en donnant les détails du projet qu’il situait sur la route du ranch ! et personne n’en a soufflé mot ! Et les structures sécuritaires de l’Etat n’ont pas été saisies, ne serait-ce que pour les prendre à témoins de cas où... !
Non, il est évident que ce témoignage, s’il n’est pas étayé par d’autres preuves, est purement et simplement affabulateur dans le but d’exciter les foules pour accabler le pouvoir ; A moins que cela n’ait constitué une pièce du scénario par lequel un groupe qui projetait l’assassinat, aurait ainsi préparé l’entourage de Norbert à croire à un meurtre commis par le pouvoir. Rien n’est exclu, et sur ce plan monsieur NAMA peut être une piste précieuse pour aider à dénouer cette énigme. Son silence puis son empressement à désigner des coupables ne sont pas anodins. Qu’on ne tente pas non plus de nous convaincre que la multiplication des sources du même témoignage peut donner du crédit à la version, car n’importe qui aujourd’hui peut se targuer d’avoir été informé de n’importe quoi par le regretté Norbert ZONGO.
Un autre confident de Norbert, en l’occurrence Maître SANKARA Bénéwendé, présenté dans le rapport comme étant l’avocat des ayants droit de David OEUDRAOGO, c’est-à-dire un avocat à charge de la famille COMPAORE, affirme lui aussi savoir que notre confrère se sentait traqué et menacé de mort ! Et qu’avez-vous fait, Maître, pour tenter de prévenir ce meurtre dont vous aviez le privilège d’être informé du projet ?
La perfidie de certains confidents saute même à l’œil dans ce rapport d’enquête de l’équipe de Reporters sans frontières
Dans l’affaire de l’intoxication alimentaire de Norbert ZONGO à Kaya après un repas pris avec des amis, le regretté lui-même avait écrit qu’il ne pouvait s’agir d’une tentative d’empoissonnement dans un tel cercle fermé d’amis. Mais tenez-vous bien ! Il s’en est trouvé, parmi les témoins-confidents, pour déclarer à l’équipe de Reporters sans frontières que Norbert était convaincu de la thèse d’une tentative d’empoissonnement, bien qu’il ait écrit le contraire ! Leurs arguments : « Nous avons pu examiner la boîte de tomate dont on disait qu’elle était la cause du mal, mais la date de péremption n’était pas dépassée » ! Si ce n’est pas ahurissant ! Nous laissons à chacun de se faire une idée de la qualité de ces témoignages qui semblent avoir fortement influencé les enquêteurs de Reporters sans frontières au point qu’ils aient désigné un coupable sans l’avoir entendu et mis en cause un dossier judiciaire dont ils n’ont entendu que la partie accusatrice. Curieux tout de même de la part de Reporters sans frontières qui s’offusquaient, à son arrivé dans notre pays, que des témoins privilégiés du drame de Sapouy n’aient pas encore été entendus par les autorités policières.

La date butoir du 16 décembre au « Safari Sissili »
Il est connu, et ceux qui le désirent peuvent aisément le vérifier, que le ranch de Norbert ZONGO, le « Safari Sissili », est une zone de très haute tension entre d’une part, les éleveurs du Projet d’aménagement pastoral installés sur les lieux par les services étatiques de l’élevage, et d’autre part les pisteurs de la zone de chasse qui a été concédée à Norbert ZONGO par les services étatiques de l’environnement.
L’incongruité c’est que deux départements ministériels du même Etat parrainent dans la même zone deux projets juxtaposés et à caractère très conflictuel.
Au-delà de cet imbroglio administratif qu’il est urgent pour l’Etat de solutionner, les faits sont établis et confirmés par des dossiers judiciaires, que les pisteurs de Norbert ZONGO, agissant sur son ordre, ont plusieurs fois fusillé des bêtes du cheptel et fait ligoter puis enfermer dans une cabane du ranch les éleveurs qui sont venus à la recherche des animaux disparus. Il est même arrivé que des éleveurs capturés par les pisteurs aient été retenus une journée durant pour des travaux forcés (creusage de puits). Norbert ZONGO avait d’ailleurs reconnu, par écrit de sa propre main avoir commandé ou conduit lui-même des expéditions de ses pisteurs dans ce sens, en se justifiant d’avoir accompli la loi qui protège ses installations et sa zone de chasse.
La tension dans cette zone a été quelque peu évoquée dans le rapport d’enquête de Reporters sans frontières, et le Ministre de l’Environnement qui y est cité affirme même qu’un consensus a été trouvé entre les deux parties pour un déménagement incessant des éleveurs, assorti d’un budget accompagnateur. Or dans le même rapport le jeune frère de Norbert ZONGO, Robert, affirme lui, qu’un ultimatum était fixé pour le déguerpissement des « peuls » au 16 décembre 1998. Et il ajoute : « Maintenant que ZONGO est mort, tout est à l’eau. L’on remarquera que la tragédie de Norbert a eu lieu le 13 décembre, alors que l’ultimatum était, lui, fixé au 16 décembre !
Bien que notre journal ne privilégie pas la piste d’un règlement de compte avec les éleveurs, il est ahurissant de constater la banalité avec laquelle les enquêteurs de Reporters sans frontières ont tout simplement minimisé cette hypothèse qui a l’inconvénient pour ses encadreurs, on le comprend, d’éloigner les soupçons du pouvoir. Une enquête impartiale ne saurait négliger de la sorte des coïncidences aussi troublantes et ne devait a priori minimisé aucune piste.
Si nous ne croyons pas, nous, à la piste des pauvres éleveurs, il n’est pas par contre exclu qu’un mobile sérieux puisse être trouvé au sein du conglomérat économique apparent ou souterrain dont les intérêts se croisent dans la même zone de chasse ou ailleurs. Norbert n’aurait-il pas été menaçant d’indiscrétion dans cette alliance d’intérêts. Avis aux enquêteurs ?o

Par Joël SOUMARE
In L’Opinion N° 67 du 06/01
au 12/01 1999

Insolite
A propos du véhicule non immatriculé

Dans le rapport d’enquête de Reporters sans frontières, une précision apportée par un témoin est venue renforcer notre hypothèse de prédilection qui est que Norbert ZONGO aurait été trucidé par un groupe putschiste ou maffieux ayant choisi son moment et tout mis en œuvre en sorte que tous les indices incriminent le pouvoir. Tenez ! Il est précisé par un témoin à Sapouy que le véhicule 4x4 suspect qui avait suivi celui de Norbert ZONGO et s’en est retourné quelque temps après à très vive allure, était sans plaque d’immatriculation mais gardait sur ses flancs les insignes du Parc automobile de l’Etat ; Si les faits s’avéraient ainsi, et que l’implication effective de ce véhicule était prouvée dans le drame, alors des questions pertinentes restent posées. Pourquoi les occupants dudit véhicule ont éprouvé un besoin de discrétion en ce qui concerne l’identification du numéro d’immatriculation, sans éprouver le même besoin en ce qui concerne les insignes du Parc automobile de l’Etat ? N’est-ce pas comme pour dire : ne cherchez pas à remonter jusqu’à nous, mais sachez que c’est l’Etat ?
Du reste notre hypothèse su ce point prend désormais en compte, à la fois, la possibilité déjà exprimée d’une préparation putschiste, et celle additionnelle d’un crime à dessein de dissimulation à l’intérieur du conglomérat économique de gestion du ranch de la Sissili comme d’autres zones de chasse.

N’abusez pas de L’Indépendant
Les lecteurs de L’Indépendant ont certainement accueilli avec joie que leur hebdomadaire continue de paraître après le décès de son Directeur de publication H.S. Il est en effet souhaitable que la place occupée par ce journal dans notre paysage médiatique ne soit pas laissée à vide. Cependant il y a lieu que pour ce faire, tout le monde respect la légalité qui semble être l’un des credo du MBDHP dont relève pourtant monsieur Germain NAMA, l’un des actuels rédacteurs influents du journal, Est-il normal que ledit hebdomadaire continue de paraître sous la responsabilité juridique de Norbert ZONGO ?
On a comme l’impression que la situation fait l’affaire de certains qui se découvrent brutalement une âme de journaliste. On se demande d’ailleurs pourquoi ils étaient restés si indifférents et silencieux du vivant du disparu -, alors même que celui-ci « implorait » leur soutien. A preuve, lorsque Norbert était absent du pays pour une longue durée, le journal ne paraissait pas. Par ailleurs combien d’entre eux se présentant aujourd’hui, comme son confident et qui affirment avoir été informés par lui qu’il était menacé ont levé le plus petit doigt pour lui venir en aide ? Aucun !
Quelqu’un voudrait-il abuser de L’Indépendant de Norbert ZONGO sans en assumer les responsabilités conformément à l’article 8 du code de l’information qui stipule que « tout journal ou écrit périodique, doit avoir un directeur de publication... » ?
Il est opportun qu’un nouveau Directeur de publication soit nommé afin d’en assumer toute la responsabilité devant la loi. Messieurs du MBDHP, respectons tous la loi.
J.S

Commission d’enquête indépendante
Que d’interrogations encore !

Comme il est apparu dans nos deux dernières éditions et dans plusieurs autres journaux de la place, le rapport de la CEI n’est pas exempt de critiques. Loin s’en faut. Il est même au centre de tirs croisés nourris dans l’opinion publique qui se découvre brusquement des talents d’analystes si ce n’est d’enquêteurs.
Devant les interrogations et pour satisfaire les attentes du plus grand nombre, nous avons décidé de synthétiser la plupart des critiques entendues ici et là en les organisant en deux grands chapitres : les remarques de forme et les remarques de fond.
Notre liste ne se prétend pas exhaustive mais se veut juste une contribution pour une meilleure appréciation de ce rapport.

Pour le moins que l’on puisse dire, le rapport de la CEI du juge Kassoum KAMBOU restera longtemps gravé dans les mémoires pour avoir été un concentré d’énigmes qui a laissé sur la faim une opinion publique qui en attendait beaucoup plus et une population qui, lui donnant toute sa confiance, se sent comme trahie. A l’image du vin qui se bonifie en vieillissant, ce rapport dévoile au fur et à mesure qu’on le relie des aspects qui donnent le haut-le-cœur au point qu’on s’étonne devant des anachronismes évidents sur lesquels on était passé avant sans les découvrir. C’est pourquoi, l’exercice auquel nous nous livrons est loin de recenser toutes les découvertes tant sur les aspects de pure forme que sur les problèmes de fond. On remarquera surtout que dans ce pays, on ne peut plus tromper les gens facilement.

Sur la forme
Des observations classées dans cette rubrique, peuvent se retrouver dans la seconde portant sur le fond.

1) La composition de la CEI
Le commun des mortels se demande si les structures qui ont envoyé des représentants dans la CEI ont tenu compte des qualités (morales, techniques, etc) de ceux-ci dans leur choix. En effet, le résultat attendu était fortement tributaire de la capacité des membres à conduire et à exécuter une enquête à caractère judiciaire ou policière. Y a-t-on sérieusement pensé ? Tel ne semble pas être le cas au regard des dispositions de certains membres et surtout de l’idée qu’ils avaient de leur rôle.

2) Des rapports des commissaires avec leurs structures
Selon son président, le juge Kassoum KAMBOU, au cours de la conférence de presse donnée après le dépôt du rapport (14 mai 1999), les membres de la CEI faisaient des comptes-rendus à leurs structures d’origine, lesquelles leur donnaient des directives à observer. C’est dire que la CEI n’était pas indépendante en réalité, puisque ses membres ne l’étaient pas soumis qu’ils étaient aux diktats de leurs mandataires. Est-ce cela qui explique que son rapport ressemble à une synthèse des rapports de RSF et du Collectif ? Robert MENARD défendait son rapport qui privilégiait la piste du pouvoir. Le juge Kassoum KAMBOU du MBDHP, Shérif Moumina SY de la SEP, Tiergou Pierre DABIRE de l’AJB, Victor KAFANDO de la LDLP, tous membres du Collectif faisaient valoir celui de leur organisation qui désignaient des membres de la garde présidentielle comme les coupables. Pour être indépendant, les commissaires auraient dû être des personnalités de haute stature à même de s’élever au-dessus des « intérêts » de leurs organisations pour être indépendants et trancher sur les faits.

3) De certains couacs
La CEI a été secouée par deux faits majeurs : les comportements excessifs de Robert MENARD et les tortures subies par des témoins. Sur le premier, on avait espéré une mise au point claire car l’intéressé non seulement violait le droit de réserve auquel il était soumis et le secret des travaux de la Commission, mais en plus dénigrait proprement les autorités du pays et le pays tout entier par des propos d’une impolitesse caractérisée. Il n’en fut rien.
Sur le deuxième point, on avait pensé à une condamnation ferme de ces tortures et à une excuse publique. Là aussi, aucun geste. Est-ce parce que Halidou OUEDRAOGO, président du MBDHP, président du Collectif avait cautionné ces tortures ? On est en droit de le penser. Même de M. MENARD, rien ; si ce n’est semble-t-il une protestation de principe à l’intérieur de la CEI qu’il aurait monnayé contre ses incartades répréhensibles.

4) Des pressions du Collectif
La CEI a semblé travailler en parfaite coordination avec le Collectif qui exerçait sur elle une pression réelle. Jamais elle n’a déploré ce fait alors qu’elle s’empressa de se plaindre contre l’Etat quand elle a eu quelques difficultés sur des garde-à-vue qu’elle avait ordonné. Dans son rapport, rien n’est dit sur l’impact des marches et autres activités de pression du Collectif.

5) Des confrontations
Sur de nombreux points, la CEI a laissé planer le doute sur le sérieux de son travail, en ne procédant pas aux confrontations et autres contre-expertises lorsque cela s’imposait. C’est le cas avec les divergences des témoignages sur le nombre des assaillants et sur leur habillement ; c’est le cas sur le combustible utilisé pour perpétrer l’incendie, sur les véhicules utilisés, la description des faits, etc.

6) Silences sur certains faits
- Pourquoi le rapport ne dit mot sur la vérification qu’elle a bel et
bien opéré des alibis de ces six « sérieux suspects » ?
- Que deviennent les informations de Germain NAMA, président de
la commission arbitrale du MBDHP qui, dans de nombreux articles de L’Indépendant, déclarait savoir tout sur le véhicule 4X4 qui a servi au meurtre et le surveillait, qu’il avait des informations sur un des meurtriers dont le nom commençait par D, sur la K 47 qu’il nous a présenté comme l’arme du crime, etc. Qu’a-t-on fait des « confidences que Norbert Zongo lui auraient fait sur les projets d’assassinat le concernant ?
- Comment explique-t-on le fait que les cinq portières du véhicule de feu Norbert ZONGO aient été présentées condamnées alors que par ailleurs un témoin a déclaré avoir vu le chauffeur sortir ?

7) Des autres pistes
La CEI évacue toutes les autres pistes sans démontrer de quelque manière que se soit la pertinence de sa décision. En effet, aucun fait ne vient étayer sa position. Tout au contraire sur les pistes extérieures, elle semble vouloir qu’on la croie sur parole et fonde sa décision sur le manque d’informations, alors que cette insuffisance devrait conduire logiquement à ne pas exclure d’office leur probabilité.

8) Des « sérieux suspects »
La CEI conclut qu’elle n’a pas des preuves formelles pour désigner les coupables mais peut indexer de « sérieux suspects ». C’est son droit. Là où on comprend moins, c’est qu’elle a fermé les autres pistes. Une attitude bien curieuse qui fait dire que c’est uniquement par pudeur ou par peur de ne pas pouvoir faire avaler l’os qu’elle a parlé de « sérieux suspects » au lieu de coupables.

SUR LE FOND
Sur le fond, la CEI a surpris par la faiblesse de son argumentaire et par certaines orientations qui semblent être dictées non par des faits mais par des préjugés. Ses enquêtes ont semblé non pas dirigées vers la recherche des coupables, mais vers la recherche d’informations pour confondre des personnes. A ce jeu, on a vite trouvé des mobiles, des faits, voire des « preuves » pour faire de quiconque un coupable. L’essentiel est de savoir chercher ; C’est ce qu’elle a fait mais heureusement pour la vérité son montage souffre de beaucoup d’insuffisances.

1) De l’arrêt des travaux
Sans preuves, sans coupables avec des indices qu’elle estime « sérieux » pour désigner de « sérieux suspects », la CEI décide d’elle-même de mettre fin à ses travaux. Devant l’importance de la question, avec tous les moyens à sa disposition : moyens financiers 122 millions de FCFA ; immunité totale ; aucun secret militaire ou professionnel ; possibilité de recourir à toute personne ou à toute expertise nationale ou internationale, etc. elle se satisfait d’indices qu’elle ne vérifie pas et surtout passe des nuits blanches pour « pondre »... 37 pages dans lesquelles mêmes les expertises scientifiques ne sont pas fiables (les experts l’affirment eux-mêmes. Aucune explication n’est donnée sur les impératifs qui ont poussé la CEI à conclure ainsi plutôt que d’approfondir les recherches ne serait-ce que pour solidifier les accusations qu’elle porte.

2) Des emplois de temps
La CEI se contente en toute vraisemblance des emplois de temps du 13 décembre 1998 des six personnes choisies comme « sérieux suspects ». Les propos de ces personnes sont retenus contre elles au détail près, bien que la CEI reconnaît elle même que « ... à l’épreuve du temps. La mémoire s’est souvent étiolée, enlevant au souvenir la précision que l’on aurait souhaitée ».
Toutes les 204 personnes entendues ont-elles passé par ce même tamis ou n’a t-il servi que dans ces cas ? La CEI ne nous dit rien.
La CEI ne nous dit pas non plus si elle a vérifié les positions de ces personnes comme elle l’a fait pour leurs communications téléphoniques.
Si les personnes incriminées étaient les coupables, n’auraient-elles pas concocté des alibis béton, tout au moins, n’auraient-elles pas harmonisé leurs dépositions ?

3) Des liaisons avec l’affaire David OUEDRAOGO
La CEI ne montre aucun élément qui permet de faire la liaison entre l’affaire David OUEDRAOGO et le meurtre de Norbert ZONGO. Pourtant, elle affirme le fait et cela lui permet de désigner de « sérieux suspects ». C’est commode sans nul doute.
Corrolairment, sans enquête sur la préparation d’un coup d’Etat évoqué par David OUEDRAOGO pour convaincre ses complices dans le vol, la Commission assure qu’il n’en est rien.

4) Des autres pistes
La CEI balaie du revers de la main toutes les autres pistes de manière plus ou moins cavalière.
Pour les bandits de grand chemin, l’argumentaire lui est fournie par un éleveur de la zone pastorale Yallé (PV n°99-154 du 16/04/99. Nos commissaires ne pouvaient pas eux-mêmes affirmer que ces bandits agissent pour « ... la recherche de l’argent ».
Pour les braconniers l’avis d’un notable de Biéha, Souleymane NACRO emporte l’adhésion de la CEI « (...) ils sont généralement armés d’arcs et de flèches et de quelques fusils de traite. Dans la zone, personne n’en voulait à Norbert ZONGO ». (PV n° 99-152 du 16/04/99).
Curieusement, le frère de Norbert ZONGO assure qu’un conflit violent opposait le ranch aux braconniers. A preuve, après l’assassinat de Norbert ZONGO, un échange de coups de feu se termine par la mort d’un braconnier. Pourtant les commissaires sont convaincus qu’il y avait une entente parfaite entre le ranch et les braconniers !
En ce qui concerne les éleveurs, les commissaires se satisfont des déclarations selon lesquelles c’était le parfait amour, alors même qu’un ultimatum était donné aux éleveurs pour qu’ils quittent la zone du ranch qu’ils occupaient illégalement.
C’est ultimatum expirait le 16 soit 3 jours après l’assassinat du maître des lieux. On sait aussi que les rapports entre Norbert ZONGO et ces éleveurs étaient ponctués de courses poursuites, d’abattages de bœufs, de séquestrations, de travaux forcés, etc. La main étrangère ne retient pas davantage l’attention de la CEI qui affirme sans aucune preuve que Norbert ZONGO n’avait pas de « problèmes particuliers avec les autorités de Lomé » (pour le Togo). Si cela est avéré tant mieux ; mais la CEI qui s’appuie sur des organes de presse aurait mieux fait de lire ce que ces organes ont écrit puisque ceux-ci disaient plutôt que si le Togo s’en prend à Norbert ZONGO ce serait pour nuire au pouvoir et non pour Norbert ZONGO lui-même. Donc que va chercher la CEI en affirmant de façon gratuite ce qu’elle dit ?
En ce qui concerne les pistes de la « CIA et de la France dans l’assassinat de Norbert ZONGO, la Commission d’enquête n’a pu recueillir le moindre indice qui accréditerait ces thèses ». On croit rêver. Pour nos éminents commissaires l’absence d’indice est une preuve d’innocence ! La méthode la plus simple pour qu’il n’y ait pas d’indice c’est de faire comme elle l’a fait : ne rien chercher.

5) De la piste de l’opposition
Sur la piste de l’opposition la CEI est formelle « au vu de la logistique et des moyens utilisés, on se rend compte que l’opposition ne dispose pas de tels moyens pur réussir une telle opération ».
La même CEI oublie malheureusement (pour elle) qu’elle a donné la liste de ces moyens : trois véhicules, 3 ou 4 fusils de chasse calibre 12, un revolver magnum 357, de l’essence ou de l’alcool ; pas plus.
Voilà les moyens que l’opposition ne peut pas avoir ! Si ce n’est pas ridicule !

6) A propos de la 4X4 bleu
Germain NAMA du MBDHP a annoncé à plusieurs reprises dans L’Indépendant qu’il savait où se trouvait ce véhicule 4X4 bleu qui a servi aux assassins de Norbert ZONGO. Il le surveillait même avait-il dit.
Curieusement, la Commission semble ne pas avoir retrouvé le même véhicule et ne nous dit rien du témoignage de M. NAMA.

7) A propos du professionnalisme
Selon la CEI, l’assassinat a été commis par des professionnels. Pour étayer sa vision des choses, elle cite un ballet de trois véhicules un jour de marché, sur une route très passante ; des assassins qui viennent relever le numéro d’immatriculation du véhicule après le forfait...
Il faut vraiment le vouloir pour voir là des professionnels qui, de surcroît, connaissent leur victime et sentent le besoin de venir relever le numéro d’immatriculation du véhicule. A quoi rime ce dernier geste ? Nous demandons à nos « professionnels » de la CEI de nous dire pourquoi les assassins ont relevé le numéro du véhicule.

8) De la douille retrouvée par la CEI
Si on doit féliciter la CEI, c’est d’avoir retrouvé sur les lieux du drame le 5 février 1999, soit pratiquement deux mois après les faits et après que la route ait été « entièrement refaite », après le passage des enquêteurs de RSF, celui du Commissariat de police de Sapouy et enfin après le ratissage des limiers de la Commission internationale du Collectif, une « douille de calibre 12 percutée de marque Diva et une bourre plastique ». Une vraie trouvaille qui vaut bien 122 millions (en réalité c’est la seule chose qu’elle ait découverte d’elle-même). Mais le fait est trop extraordinaire pour ne pas être suspect. La CEI n’a-t-elle pas craint d’avoir été « aidée » par des gens plutôt que par sa perspicacité ?

9) De la marque du fusil
La « douille du 5 février » sera vraiment providentielle pour la CEI. Analysée par l’expert en balistique, il ressort qu’elle aurait été tirée soit par « un fusil de chasse à 3 ou 5 coups... fusil de type « riot gun »... fusil de type police ou militaire.
Nos commissaires dans ces trois probabilités choisissent le fusil de type militaire bien que celui-ci ait les mêmes descriptions que le « riot gun ». Cela fait leur affaire.

10) Du fusil de marque « Valtro »
Selon la CEI un fusil de marque « Valtro » a servi dans l’assassinat. Ce type de fusil ne serait pas très répandu sous nos latitudes selon nos sources. Puisque l’importation d’armes à feu est réglementée dans notre pays, il devrait normalement être aisé de savoir qui en possède et au besoin procéder à des analyses sur les Valtro suspects. La CEI semble n’avoir pas essayé cette piste (en tout cas elle n’en dit rien), elle qui pourtant a pu fouiller le magasin de la garde présidentielle et n’y a pas trouvé une seule arme similaire aux armes utilisées.

11) La piste de Kaya
Il semble de plus en plus établi que Norbert ZONGO a échappé à une tentative de meurtre par empoisonnement à Kaya au d’une conférence de la CGT-B.
L’enquête sur ce point nous paraît un peu trop sommaire voir même lapidaire pour être sérieuse.

12) De l’usage des témoignages des politiques
La CEI dans la recherche des auteurs du crime notamment en s’interrogeant sur la responsabilité de l’opposition ou du pouvoir d’Etat a entendu les tenants des deux bords.
Devant les dénégations du pouvoir, elle semble être restée de marbre alors que des arguments avancés pourraient le disculper et par contre met en exergue les accusations de l’opposition. Elle signe d’ailleurs un chèque en blanc à celle-ci en décidant qu’elle ne peut pas avoir 3 véhicules, 4 fusils de chasse, de l’essence ou de l’alcool, un revolver magnum 357 pour perpétrer le crime !
Dans cette logique, dans l’analyse des mobiles du crime elle ne souffle mot sur aucun fait pouvant incriminer cette opposition ! La moindre des choses aurait été de répertorier tous les mobiles possibles.

13) Des menaces
La CEI nous apprend que depuis le 27 mai 1994, Norbert ZONGO rendait « les autorités seules responsables de tout ce qui pourrait (lui) arriver ». Or il aurait affirmé à une connaissance le 11 décembre que « les menaces se précisent... » avant d’aller à un rendez-vous, certainement relatif à ces menaces, dans un hôtel de la ville et de revenir dire « On va m’assassiner » sans plus. Ce fait nous semble curieux pour la simple raison qu’il est invraisemblable que Norbert ZONGO qui de toute évidence a une totale confiance en cette connaissance ne lui dise pas ne serait-ce qu’un peu plus sur l’origine des menaces ou de ses probables assassins.
Ce témoignage, s’il est avéré, ferait plutôt penser que l’assassin n’est pas celui qu’il a indexé depuis 1994 sinon cela ne lui coûtait rien de le dire.

14) De l’hôtel et de la personne rencontrée
Selon un témoignage que la CEI veut crédible, Norbert ZONGO a rencontré le vendredi 11 décembre dans un hôtel de la ville une personne qui lui a permi de dire, après le rendez-vous, « On va m’assassiner ». Quel est cet hôtel ? La CEI ne dit rien. A quelle heure était le rendez-vous ; a-t-on enquêté sur les lieux pour identifier la personne rencontrée par Norbert ZONGO ; cette personne s’est-elle manifestée plus tard ... ; sinon, pourquoi a-t-elle participé à l’assassinat ?
Mystère et boule de gomme !
Par ailleurs certains témoignages assurent que Norbert ZONGO avait un informateur. Celui-ci s’est-il manifesté de quelque manière que ce soit ? Aucune réponse de la CEI et pourtant elle table sur ces témoignages.

15) Norbert ZONGO a rencontré son meurtrier
Selon Germain NAMA et un autre des confidents de Norbert ZONGO cité par la CEI, « un informateur l’avait conduit chez un tueur qui était chargé de l’exécuter » (PV n°99-005 du 10/02/1999. La CEI ne dit pas ce qu’elle a fait de ces informations : a-t-elle pu les vérifier ; a-t-elle découvert l’informateur ou le tueur s’est-il manifesté depuis ?

16) De l’incendie
Sans entrer dans les contradictions entre experts sur le produit utilisé pour provoquer l’incendie interrogeons-nous sur le sens de cet incendie. Pourquoi les assassins ont-ils senti la nécessité de le provoquer ? Pour simuler un accident ? Dans ce cas, on pourrait douter qu’il s’agisse de professionnels parce que même si le véhicule avait entièrement calciné les impacts de balles (entrant ou sortant) ne trompent pas et les professionnels le savent Pour tuer ? On ne trimbale pas une artillerie telle que les assassins en possédaient et surtout on n’en n’use pas comme ils l’ont fait pour douter du résultat au point de vouloir parachever l’œuvre par le feu. Alors pourquoi ? Peut être pour choquer ! Si c’est le cas alors on tient là un mobile auquel nos commissaires n’ont pas pensé ! Si c’est le cas tout l’enquête est à revoir !
IAu total, telles sont les remarques que suscite l’enquête de la CEI au stade actuel des faits. Beaucoup d’interrogations, peu de réponses ; beaucoup de légèreté, parce que peu de faits ; beaucoup d’anachronismes pare qu’une enquête commencée par la queue ; beaucoup de suspicions parce que analyses faites sur des bases de parti-pris et au bout de « sérieux suspects » pour servir une fronde sociale comme si tout cela n’était qu’une pièce d’un puzzle. Tout porte à croire qu’on est loin d’avoir tout découvert ! Bien au contraire, l’essentiel est à venir !

Par Cheick Ahmed
In L’Opinion n° 87
du 26/05 au 02/06 1999

Lettre ouverte
des “sérieux suspects” de la CEI

- Adjudant KAFANDO Marcel
- Sergent KOAMA Edmond
- Sergent YARO Banagoulo
- Caporal NACOULMA Wampasba
- Soldat YARO Ousseini
- Soldat KOMBASSERE Christophe

A

Monsieur le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux.
Objet : Observations relatives au rapport de la Commission d’Enquête Indépendante
Monsieur le Ministre,

Lorsqu’en Janvier 1999, la Commission d’Enquête Indépendante (C.E.I.) fut créée, le peuple Burkinabè lui avait légitimement confié ses espoirs et ses attentes pour avoir toute la lumière sur les événements tragiques survenus à Sapouy le 13 Décembre 1998.
Cette volonté commune de rétablir la vérité a été le leitmotiv qui a suscité notre disponibilité et celle de tous les citoyens à répondre aux interpellations de la C.E.I.
Après quatre (04) mois, la C.E.I. a remis son rapport au Gouvernement qui l’a aussitôt rendu public.
Suite à la lecture de ce rapport et surtout après une analyse de l’exploitation faite par la C.E.I. de certaines auditions dont les nôtres, nous nous sentons obligés à nous exprimer à nouveau pour aider le peuple Burkinabè épris de paix et de justice, au rétablissement de la vérité.

II - DU CONTEXTE DES AUDITIONS :
Les éléments de la Sécurité Présidentielle ont été auditionnés trois (03) ou quatre (04) mois après le drame de Sapouy.
- Chacun de nous a été soumis aux questions d’un collège de onze (11) membres.
- La durée moyenne d’une audition était de quatre (04) à cinq (05) heures.
- L’adjudant Marcel KAFANDO a été entendu de 8 heures à 17 heures.
Dans le contexte décrit, comment peut-on exiger de nous, des précisions d’horloge sur notre programme du 13 Décembre et surtout sur les multiples appels téléphoniques que nous recevons par jour ?
Nous l’aurions peut-être réussi, sans imprécision mineure, si le 13 Décembre 1998 avait été pour nous un jour extraordinaire assorti d’un programme spécial de travail ou encore si, nous reprochant quelque chose, nous avions harmonisé nos points de vue avant les auditions.
Tel n’était pas le cas. Malheureusement, la C.E.I. relevant quelques imprécisions dans nos propos, de manière arbitraire souvent comme nous allons le démontrer, a fait de nous de soi-disant "suspects sérieux" dans cette affaire. Cependant, et dans le même temps elle relevait dans son rapport "qu’à l’épreuve du temps, la mémoire s’est souvent étiolée, enlevant aux souvenirs la précision que l’on aurait souhaitée".
Ainsi les imprécisions, les incohérences et les contradictions relevées par elle dans les autres centaines d’auditions faites sont excusées pour les autres et non pour nous. Deux poids, deux mesures et ce n’est pas tout.

III - DES "SUSPECTS SERIEUX" ?
La C.E.I s’est focalisée sur le plan de travail pour conclure que la non disponibilité de ce document ne lui a pas permis de savoir où étaient les uns et les autres ce jour, 13 Décembre 1999. Il convient tout de suite de préciser, et cela a été porté à la connaissance de la C.E.I., que le plan de travail est tout simplement un aide-mémoire pour le chef de section ou le chef de groupe. Il est individuel et sa tenue n’est pas obligatoire parce que n’étant pas un document officiel militaire. Par conséquent, il peut ne pas exister d’une part et sa conservation n’est pas non plus une exigence.
Mais en tout état de cause, la C.E.I. peut-elle affirmer sincèrement qu’elle n’avait pas ou n’a pu avoir les moyens de vérifier nos positions ce jour 13 Décembre 1998 ? Les témoignages qui suivent, sur interpellations de la C.E.I. elle même, sont édifiants, et pourront situer tout un chacun.
L’assassinat est considéré comme un meurtre aggravé commis avec préméditation ou guet-apens et le suspect est celui qui éveille, les soupçons sans vouloir faire une analyse de tous les éléments constitutifs de cette infraction, nous pouvons néanmoins retenir que dans le cas d’espèce, le ou les auteurs ou présumés auteurs doivent avoir :
a) - Eté aperçus sur le lieu du crime à l’heure du crime ;
b) - Utilisé les armes décrites dans le rapport ou simplement s’être déplacés hors de Ouagadougou ce jour avec les dites armes ;
c) - Eté reconnus, ne serait-ce qu’approximativement par la description faite des assaillants, par les témoins qui se trouvaient aux environs du lieu du crime.
d) - Disposé des véhicules suspectés
Ces quelques éléments sont tout de même indispensables pour réunir des indices graves et concordants de culpabilité ou même de suspicions "sérieuses" à l’encontre d’une ou des personnes dans le cadre de cette affaire.
Par conséquent, une analyse de chacun des éléments cités en rapport avec notre situation dans le cadre de ce dossier s’impose.

A - DE NOTRE PRESENCE SUR LE LIEU DU CRIME, A L’HEURE DU CRIME :
- Le Soldat Christophe KOMBASSERE :
Il a déclaré à la C.E.I. n’avoir pas quitté l’enceinte du Conseil de l’Entente le 13 Décembre 1998. Dans ses investigations, la C.E.l. relève que l’intéressé était plutôt à "l’intervention " ce jour.
"L’intervention" étant un poste situé à l’intérieur du Conseil, où est donc la contradiction ? En tout état de cause il est au moins clair qu’il était à Ouagadougou le 13 Décembre 1998, toute la journée durant.
- Le Soldat Ousseini YARO :
La C.E.I. relève que le 13 Décembre 1998, il a demandé une permission pour aller voir sa sœur malade et il n’est revenu au service qu’à 18 heures. Ainsi à priori, un doute subsiste sur la position de l’intéressé à l’heure du crime de Sapouy. Le plus curieux dans le cas-ci c’est la rétention faite par la C.E.I des précisions données par l’intéressé, des détails de son programme de la soirée du 13 Décembre. En effet, il a porté à la connaissance de la C.E.I. que vers 14 heures il s’est rendu dans un bar situé à proximité de son domicile et y est resté jusqu’à 15 heures 30 minutes. Ensuite il est retourné à la maison après avoir remis sa mobylette au lavage. C’est aux environs de 17 heures que la mobylette lui fut remise à son domicile et il a rejoint son service à 18 heures.
Peut-on faire dans le rapport une rétention d’une information capitale, qui offre de multiples possibilités de vérifier la position réelle de l’intéressé dans la soirée du 13 décembre au lieu de laisser planer le doute sur lui ?
La C.E.I. a-t-elle vérifié et établi la fausseté du programme de l’intéressé ? Si tel était le cas, elle l’aurait mentionné dans son rapport, elle qui visiblement cherche à nous acculer n’aurait pas raté une telle occasion. Si elle ne l’a pas fait, c’est parce qu’il reste vérifié que l’intéressé a passé toute la journée du 13 Décembre 1998 à Ouagadougou.
- Le Caporal Wampasba NACOULMA :
La C.E.I. relève qu’il déclare avoir été à son poste à Ouaga-2000 à 08 heures alors qu’il a été pourtant aperçu aux environs de 08 heures à la zone administrative.
L’importance de ce document (le rapport) n’autorise pas des affirmations approximatives. Aux environs de 08 heures, signifie quelle heure ?
Si c’est pour relever une contradiction, pourquoi la C.E.I. n’a pas démontré qu’à l’heure où l’intéressé a été aperçu à la zone administrative, il ne pouvait plus se retrouver à 08 heures à son poste à Ouaga-2000 ?
Dans tous les cas, l’intéressé est resté à son poste (depuis son retour à 08 heures) toute la journée du 13 Décembre, et le rapport de la C.E.I. ne dit pas le contraire.
- Le Sergent Banagoulo YARO
L’intéressé était lui-même à son poste de travail le 13 Décembre 1998. La C.E.I., suite à ses investigations, n’a aucunement soutenu le contraire dans son rapport.
- Le Sergent Edmond KOAMA
Il a été mis en cause par le chef de terre de Kindi, le féticheur Leegba et Christian SOMPOUGDOU. Aussi est-il nécessaire de relever les faits suivants pour mieux éclairer l’opinion :
KOAMA Edmond, le chef de terre et le féticheur Leegba sont tous originaires du village de Kindi. Entre la famille de KOAMA Edmond et celle du chef de terre à laquelle est alliée le féticheur Leegda, il existe un contentieux vieux de sept (07) ans. Le chef de terre de Kindi n’a jamais pardonné à KOAMA Edmond le fait qu’il ait osé recevoir chez lui un frère, une tante et ses cinq (05) enfants tous renvoyés du domicile du chef de terre. Les deux familles ne se fréquentent pas et ne se disent même pas bonjour. Plus d’une fois, le chef de terre a programmé la mort de KOAMA Edmond. A cause de ce contentieux, le chef de terre a même interdit à la famille de KOAMA Edmond le ravitaillement en eau à la fontaine publique. Le Préfet, le Commissaire de Police et les responsables administratifs de Kindi sont au courant de ce contentieux qui a même fait l’objet de saisine de la Justice de Koudougou. C’est le chef de terre qui a amené à Kindi les tracts mettant en cause Edmond KOAMA et, devant témoins, il s’est engagé à faire égorger des poulets pour que Edmond ne s’en sorte pas dans le dossier Norbert ZONGO.
Au regard donc de tout ce qui précède, comment KOAMA Edmond peut-il recourir au chef de terre ou au féticheur Leegba pour leur confier son sort ? Au-delà de cette interrogation, d’autres questions méritent d’être posées.
La C.E.I. est arrivée à Kindi. Le jour même où les deux familles avaient été convoquées par le Préfet pour la résolution du problème de la fontaine publique. Cette coïncidence est-elle le fait du hasard ?
Pourquoi jusqu’à la publication du rapport, la C.E.I. n’a jamais interpellé ni Edmond KOAMA ni son frère KOAMA Cyril sur les propos tenus par le chef de terre et le féticheur ? Cette attitude de la C.E.I. ne dénote-t-elle pas d’une certaine complicité dans le seul but de nuire ?
Quant à Christian SOMPOUGDOU, cet ami de KOAMA Edmond qui soutient l’avoir reçu à Kombissiri le 12 Décembre 1998 il fut harcelé par la C.E.I. pour obtenir de lui cet aveu. Excédé par les nombreux déplacements (Kombissiri - Ouagadougou) il a fini par satisfaire la volonté de la C.E.I. Même si cet aveu n’a aucune incidence ou influence sur le programme du 13 Décembre de KOAMA Edmond, il reste tout de même important que passés les moments d’inquisition et en toute âme et conscience, Christian rétablisse la vérité pour l’opinion nationale.
En tout état de cause, il reste constant que l’intéressé n’a pas bougé de Ouagadougou le 13 Décembre 1998. Cela est d’autant vrai que de toutes les investigations faites, la C.E.I. n’a trouvé aucun indice pour soutenir le contraire.
- L’adjudant KAFANDO Marcel
L’intéressé a donné son programme à la CEI en ces termes : le 13 Décembre 1998, je suis resté au bureau jusqu’à 11 heures avant de rejoindre mon domicile. Ensuite, je me suis rendu au restaurant "La Source" où j’ai rencontré un ami, le Sergent-Chef YAMEOGO Racine de la Base Aérienne.
Nous nous sommes quittés aux environs de 14 heures. Je suis retourné à mon domicile pour me reposer. Vers 16 heures je me suis rendu à la cité AN II au restaurant "La Québécoise" où avec le Sergent-Chef Ki Ernest nous sommes restés ensemble jusqu’à 19 heures. Ensuite j’ai rejoint le service.
De ce programme, il ressort que, hormis même les personnes qu’il a rencontrées, il y a surtout celles qui travaillent en ces lieux (gérant du restaurant, personnels du restaurant...) qui peuvent témoigner de sa présence au jour et heures indiqués. Les "professionnels" de la C.E.I. ont-ils emprunté cette piste ?
Certainement, même s’ils n’en parlent pas dans leur rapport.
Dans ce dernier cas, comme ceux qui précèdent notre présence à Ouagadougou dans la journée du 13 Décembre 1998 est effective et rien ne permet d’affirmer le contraire.

B/- DES TEMOIGNAGES RELATIFS A LA DESCRIPTION DES ASSAILLANTS
Les témoignages recueillis par la C.E.I. à ce sujet sont souvent contradictoires, malgré la bonne visibilité à l’heure indiquée dans le rapport pour la Commission du crime (aux environs de 16 heures).
Ainsi certains soutiennent que les assaillants étaient au nombre de trois (03), alors que d’autres avancent le nombre de quatre (04). La description de la tenue des assaillants n’a pas échappé aussi à cette contradiction. Quand un témoin déclare avoir vu quatre (04) hommes, fusils en main et habillés chacun en tenue sombre avec épaulettes et portant chacun une coiffure qui descendait jusqu’au visage, un autre soutient que les assaillants étaient au nombre de trois (03) dont un vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise blanche et un second vêtu d’une chemise carrelée,
Enfin un troisième témoin affirme que les assaillants étaient au nombre de trois (03) mais il ne se rappelle pas de leur habillement.
Dans tous les cas de figure pour être identifié comme un des assaillants décrits par les témoins, il fallait au préalable être sur les lieux du drame. En ce qui nous concerne, et comme il l’a été précédemment démontré, nous n’y étions pas.

C/- LES ARMES UTILISEES POUR LA COMMISSION DU DRAME
Il ressort du rapport de la C.E.I. que deux (02) types d’armes ont été utilisées par les assaillants :
- Un revolver de calibre 38 spécial ou 357 magnum
- Un fusil de chasse semi-automatique en calibre 12 qui peut être équipé d’une crosse ou d’une poignée pistolet.
Au regard de leur nature, pour commettre ce crime avec les armes décrites, il faut avoir été sur le lieu du crime. Une fois encore nous répétons que nous n’y étions pas.
Par ailleurs, au cours de ses investigations, la C.E.I. a reçu les informations nécessaires sur la situation des armes disponibles au niveau du Conseil par le magasinier du Groupement des Unités Spéciales et par le Commandant de la 2ème Compagnie au sein du Régiment de Sécurité Présidentielle.
C’est ainsi qu’il est clairement ressorti d’une part que le fusil de chasse semi-automatique calibre 12 n’existe pas dans nos stocks d’armes et d’autre part que la situation de sortie des armes du 10 au 20 Décembre 1998 a été ainsi présentée :
- 12 Décembre 1998 : sortie d’armes collectives (fusils mitrailleurs et RPG 7, DCA) au profit des militaires en services à l’Aéroport à l’occasion du voyage du Chef de l’Etat à Khartoum.
- 14 Décembre 1998 : même type d’armes à l’occasion du retour du Chef de l’Etat de son voyage.
- Une troisième sortie d’armes (même type) a eu lieu à l’occasion du mini-Sommet de l’O.U.A.
Un registre tenu par le magasinier confirme la nature des armes citées et les sorties sus-mentionnées.
D/ - LES VEHICULES SUSPECTS
Concernant enfin les véhicules suspects, le rapport en cite trois (03) dont un 4 X 4 de couleur bleue non immatriculé, un petit véhicule (Peugeot 405 break) de couleur vert-clair , un autre véhicule de couleur blanc-sale (sans autre précision).
Il convient de noter à ce sujet qu’au cours de ses investigations, le Parc Auto de la sécurité a été ouvert à la C.E.I. Les deux derniers véhicules cités sont inexistants au parc et même aussi à titre privé par quelqu’un d’entre nous.
Quant au 4 X 4 de couleur bleue, il en existe au parc, mais, celui-ci était en stationnement le 13 Décembre 1998, dans l’enceinte de l’ex-Ministère de la Promotion Economique.
Comme il est aisé de le constater, pour n’avoir pas quitté Ouagadougou le 13 Décembre 1998, pour n’avoir pas détenu les armes citées dans le rapport, le 13 Décembre 1998 pour une mission quelconque à Ouagadougou ou hors de Ouagadougou et enfin n’ayant pas quitté Ouagadougou ce 13 Décembre 1998, pour être éventuellement aperçu sur le lieu du crime ou même aux environs de
celui-ci, comment peut-on, de bonne foi, nous tenir pour des "suspects sérieux" dans cette affaire ? Sur quelle base réelle la C.E.I. fonde-t-elle cette suspicion dite sérieuse ?
Il est vrai que le Peuple Burkinabè attendait de la C.E.I, les éléments de renseignements nécessaires pour être légitimement situé sur le drame de Sapouy. C’est aussi notre aspiration profonde.
Mais pour cela, fallait-il, à défaut de pouvoir identifier les auteurs du crime, passer par une exploitation tendancieuse de nos propos, une rétention volontaire de certaines informations livrées, le tout dans un élan de partialité affirmée pour fabriquer à travers nous des coupables ou des suspects dits sérieux ?
Monsieur le Ministre, nous sommes partie intégrante de ce peuple et nous avons aussi une aspiration profonde pour la justice.
C’est pourquoi nous nous sommes vu obligés de réagir contre les machinations de la C.E.I. en mettant à votre disposition pour toute fin utile, les informations nécessaires au rétablissement de la vérité et à la certitude de notre innocence dans le cadre de ce dossier.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre profonde et déférente considération.o

Ont signé :
Adjudant KAFANDO Marcel
Sergent KOAMA Edmond
Sergent Banagoulo YARO
Caporal Wampasba NACOULMA
Soldat de 1re Classe YARO Ousseini
Soldat de 1re Classe
KOMBASSERE Christophe

Sur les pistes
des commanditaires

A qui profite le crime ? Sur la base des rapports de la CEI, de RSF, de l’UIDH/ Nord-Sud XXI et autres sources, l’OPINION fait un travail de fourmi qui démontre que les pistes des commanditaires ne conduisent pas uniquement et exclusivement aux conclusions tirées par la CEI de Kassoum KAMBOU. Tout simplement parce que la CEI n’a pas su ou n’a pas voulu répondre à cette question fondamentale : pourquoi Norbert ZONGO ? J’accuse acte IV à travers investigations et recherches donne à relire et à apprécier les pistes des commanditaires.

Pius Njawé journaliste camerounais emprisonné puis libéré qui interpellait Blaise COMPAORE sur RFI, d’œuvrer à faire la lumière sur l’assassinat crapuleux de Norbert ZONGO ne croyait pas si bien dire. En des termes lourds le journaliste camerounais exprimait son inquiétude face à la répression contre les journalistes en Afrique. Car pour lui dans certains pays on ne manquerait pas d’avancer des propos malheureux du genre :
« ...Ici on les emprisonne, au Burkina on les tue... » Oui cher confrère. Vous avez raison. Car du Burkina, il n’y a pas longtemps on disait : « ... ailleurs on les emprisonne, ici on les laisse libres et même on les soutint financièrement... »

Tolé Sagnon de la CGTB : Il porte la responsabilité de la tentative d’empoisonnement
Pourquoi un Etat qui s’est distingué par la liberté de la presse. Qui n’ a jamais esté en justice contre un journaliste ? Peut-il brutalement en assassiner un ? De surcroît celui-là même qui représentait devant l’opinion nationale et internationale le symbole de la liberté de la presse et d’expression ?
Pourquoi Norbert ZONGO ? Tel est le préalable indispensable pour organiser sérieusement des investigations sur l’assassinat de Norbert ZONGO. Notre confrère, dans ses écrits donne des réponses voilées qu’il convient de décotiquer comme des gousses d’arachides. Cette supposition de Norbert ZONGO dans L’Indépendant est révélatrice : « (...) Supposons aujourd’hui que l’indépendant arrête définitivement de paraître pour une raison ou une autre (la mort de son directeur, son emprisonnement, l’interdiction définitive de paraître, etc.) nous demeurons convaincus que le problème David restera posé et que tôt tard, il faudra le résoudre.. » (in l’indépendant n° 274 du 8 décembre 1998. P 8, extrait rapport CEI p 24.).
Ainsi Norbert ZONGO avertissait le pouvoir. Sa mort n’étoufferait pas l’affaire David OUEDRAOGO. Cette réflexion prémonitoire est devenue vérité. Norbert ZONGO a été lâchement assassiné le 13 décembre 1998 à Sapouy, mais l’affaire David OUEDRAOGO demeure et comme il l’avait prédit « Tôt ou tard, il faudra la résoudre... » Si effectivement l’emprisonnement ou la mort de Norbert ou l’interdiction définitive de paraître de l’indépendant ne pouvait faire enterrer le dossier David OUEDRAOGO, pourquoi alors attenter à sa vie ? A qui profite ce crime ? Au pouvoir ? A quelle force politique ou sociale ? A qui d’autres ? Quelle cause pouvait servir la mort de Norbert ? Pourquoi donc Norbert ZONGO ? Autant d’interrogations qui nous engagent sur les pistes des commanditaires voire des auteurs du crime du directeur de L’Indépendant. Ces pistes ne sont pas nouvelles. Car une fois de plus L’OPINION s’acharne à passer à la critique rigoureuse les diverses pistes retenues par la CEI et d’investiguer sur d’autres pistes.

Sur les pistes des assassins

Prenons donc la CEI au mot : « (...) il a été plus difficile en revanche, de trouver les auteurs du crime. D’autant que les témoins occulaires n’ont pu identifier formellement les hommes et les véhicules utilisés par les auteurs du crime n’ont pas été découverts à ce jour. Mais d’autres éléments ont permis d’avancer dans l’identification des meurtriers... » (rapport CEI, p 17).

Quels éléments monsieur le président Kassoum KAMBOU ? Le peuple veut savoir. Car il est maintenant convaincu que la vérification des emplois du temps, les « lacunes » et « contradictions » que la CEI y a découvertes ne sauraient constituer des preuves à charge. Plusieurs hypothèses ont été avancées dans la recherche des auteurs du crime. La CEI confirme : « Il a été évoqué la thèse des bandits de grand chemin, des problèmes avec les autres chasseurs et braconniers, de ses démêlés avec les éleveurs, d’un meurtre commandité de l’étranger ou signé par l’opposition et enfin d’un assassinat commis par le pouvoir... » (rapport CEI.p17).
Le silence de la CEI sur la piste des « amis sûrs » et sa négligence coupable d’approfondir les hypothèses de la « main étrangère » et celle de l’opposition a été un indicateur. Pourquoi ? Simplement à cause des relations ou de l’appartenance de certains commissaires et pas des moindres au cercle de ceux qui pourraient être suspects. Comme le dirait Norbert ZONGO à « Ouaga on se sait ». C’est justement parce que tout le monde « se sait » que ce silence a paru suspect. Alors la question est venue : et si des commissaires de la CEI avaient pour mission de tordent le cou à la vérité ? L’opinion a donc porté principalement ses investigations sur les hypothèses délaissées sans pour autant négliger les autres comme l’a fait la CEI. Il les a largement abordées dans de précédents numéros. A tout seigneur, tout honneur ! Commençons par la piste du pouvoir.

Le pouvoir

Halidou OUEDRAOGO président du MBDHP : Sans aucune enquête et aucune preuve, il a déclaré le crime politique

Halidou OUEDRAOGO n’a pas hésité à pointer du doigt le pouvoir en soulignant dans le rapport de la CEI non gouvernementale que « le crime est politique il arrange la IVe République ». ( rapport UIDH. Nord/ Sud XXI. P.7) Est-ce parce que le crime est politique qu’il arrange le pouvoir ? Est-ce le pouvoir seul qui fait la politique au Burkina ? La légèreté dans l’appréciation du « Manitou » a contaminé la CEI. Quel avantage le pouvoir tire-il de l’assassinat de Norbert ZONGO ?
L’Affaire David OUEDRAOGO n’est pas éteinte. Elle est pendante devant la justice. Elle l’était déjà du vivant de Norbert ZONGO. L’indépendant continue de paraître et n’a pas changé de ligne éditoriale. Alors la logique « Norbert ZONGO était gênant voilà pourquoi il a été éliminé » est purement erronée. Le pouvoir n’avait aucun intérêt à assassiner Norbert ZONGO. Et ce serait faire preuve de mauvaise foi en son endroit que de penser ou de dire qu’il ne le savait pas. Mais, par contre il n’est pas exclu que des personnes proches du pouvoir ou même en son sein aient voulu pour des motifs autres que la protection du régime faire taire Norbert ZONGO.
A l’étape actuelle de nos investigations, rien ne nous permet d’affirmer ni d’infirmer cette thèse sur laquelle nous avons notre idée.
On ne saurait pour cela nous faire grief puisque la CEI elle-même n’arrive pas à identifier des coupables et se contente de « suspects sérieux » avec des arguments pour les moins tirés par les cheveux. Rien d’irréfutable ne démontre que le pouvoir avait un quelconque avantage dans l’assassinat de Norbert ZONGO. Bien au contraire, presque tout va dans le sens contraire. Cela n’exclut pas que des connivences individuelles de certains calculateurs et intrigants de l’appareil d’Etat ou du pouvoir politique se soient laissés entraîner dans des hypothèses selon lesquelles l’assassinat de notre confrère ouvrirait des perspectives d’une redistribution des cartes qui leur serait bénéfique en donnant à leurs carrières de nouvelles dimensions. Dans ce cas de figure, on ne saurait imputer l’assassinat au pouvoir puisqu’il vise à le déstabiliser.

La mafia politico-subversive

Hermann YAMEOGO : Ces meilleurs amis à l’ectérieur étaient ceux qui en voulait à Blaise COMPAORE

Si une « main étrangère » devait intervenir au Burkina c’est qu’elle aurait bénéficié de complicités nationales. Lorsque cette intervention vise à déstabiliser le pouvoir, les complices sont à chercher au sein de ceux qui ont intérêt à renverser le pouvoir ou à le faire changer. Dans ce cas, les seules forces susceptibles d’apporter leur caution sont les partis politiques dans l’opposition et certains milieux de la société civile qui sacrifieraient volontiers bien des choses pour renverser le régime. Norbert ZONGO ces derniers temps avaient des réunions et concertations avec le G14 comme la révélé Hermann YAMEOGO un de ses proches.
Des amis, Henry SEBGO en compte au sein des forces sociales tels que Halidou OUEDRAOGO du MBDHP, Germain Bitiou NAMA du MBDHP et Tolé SAGNON de la CGT-B Avec les différents recoupements, on se rend compte que toutes ces pistes s’entrecoupent et visent les mêmes intérêts : renverser le pouvoir par la violence. Comment ?
A tous les points de vue au Burkina du moment, un attentat ajouté à l’affaire David OUEDRAOGO pouvait être la goutte de « sang » qui mettrait assurément le feu aux poudres. Il faut aussi que la victime ait une certaine notoriété. Dans la recherche de victime cette éventuelle. Norbert ZONGO apparaît comme la cible idéale et indiquée : journaliste critique vis-à vis du pouvoir, et consacrant des articles à l’affaire David OUEDRAOGO. L’homme d’ailleurs se disait menacé. A partir de là tout s’enchaîne logiquement.

La main étrangère

L’implication directe du Togo n’est pas encore prouvée, mais tout laisse croire que le régime de ce pays verrait d’un bon œil la déstabilisation de celui-ci de Blaise COMPAORE ( cf écrit de N. Ernest OUEDRAOGO dans « une lettre pour Laye » in l’Observateur Paalga du vendredi 20/06/99 ). Dans ce cas defigure le Togo prêterait avec joie main forte aux commanditaires nationaux. Aujourd’hui citoyen lamda reconnaît que la main étrangère en complicité avec des nationaux politiques et autres leaders est très plausible. A preuve certains de l’opposition font des pieds et des mains ce qui a pour effet de montrer ce soutien. Les médias internationaux aussi s’y mettent. Jeune Afrique n° 2006 du 22 au 28 juin 1999 en est une illustration. Francis Kpatindé envoyé spécial de ce canard, journaliste au fait de ce qui se passe dans les arrières cours des chefs d’Etats, à propos des relations entre Blaise COMPAORE et certains de ses pairs et sous le titre : « COMPAORE face à ses pairs » n’y va pas par quatre chemins.
Lisez tout simplement : c’est édifiant : « Eyadéma ne supporte ni les ambitions régionales, ni l’opportunisme politique de son voisin qui volait jusqu’à une date récente, de réussite en réussite. Explique un diplomate occidental à Ouaga ». (J.A n° 2006 du 22 au 28 juin 1999.p.7). Il n’est donc pas étonnant que le Togo soit cité dans l’affaire Norbert ZONGO. Mieux, lorsque Francis Kpatindé rapporte les propos d’un officiel togolais, tout s’éclairait : « Blaise COMPAORE est un véritable fouteur de m... » J-A n° 2006 du 22 juin au 28 juin 1999. p 27).
Avec une telle disposition d’esprit la probabilité d’une (complicité avec main étrangère par la piste togolaise ne tient-elle pas ? Pour sa part, le juge KAMBOU est catégorique : cette piste n’est pas plausible. A écouter cet officiel togolais il faut mettre fin à cet état de faits et occuper le « fouteur de m... ». Dans un tel cas Norbert ZONGO pouvait donc être la cible idéale et indiquée pour semer la « m... » au Burkina et occuper Blaise COMPAORE à sa cuisine intérieure. Depuis sept mois, le Burkina vit une situation préoccupante. Ce qui accrédite la thèse de l’implication du Togo, c’est ce ballet entrepris par les responsables et « amis sûrs » de Norbert ZONGO vers Lomé ( Hermann YAMEOGO. Norbert Michel TIENDREBEOGO, Ernest N. OUEDRAOGO, Halidou OUEDRAOGO et bien d’autres hommes de main).

L’opposition

La CEI s’est attardée sur les témoignages de proches du pouvoir et surtout des opposants politiques pour tirer sa conclusion sur l’hypothèse de l’implication de l’opposition. Celle-ci ne diffère pas des propos de Hermann YAMEOGO : « Si l’on va sur le lieu des faits et l’on voit comment les choses se sont passées et au vu de la logistique et des moyens utilisés on se rend compte que l’opposition ne dispose pas de tels moyens pour réussir une telle opération » ( P.V n° 99-158 du 20/04/99, rapport CEI p 20). Halidou OUEDRAOGO ne dit pas moins : « pour ce qui est de l’implication de « l’opposition » dans l’assassinat de Norbert ZONGO, je ne peux pas répondre à sa place. Seulement, je me demande avec quels moyens elle pourrait faire cela ( P.V n° 99-156 du 20/04/1999 p 21).
Or en ce qui concerne les moyens utilisés, le rapport de la CEI démontre que l’opposition pouvait valablement les rassembler des fusils de chasse et un, deux ou trois véhicules ; de l’essence ou de l’alcool. Cet argument des moyens et de la logistique ne tient donc pas. L’opposition est indexée parce qu’elle tire avantage de la mort tragique de Norbert ZONGO. Elle a bien pu s’acoquiner avec ceux qui à l’extérieur en veulent au Président COMPAORE pour réunir les moyens et adopter une stratégie de mise en œuvre du complot. Qui tire profit de la mort tragique de Norbert ZONGO ? Certainement l’opposition officielle et clandestine. Après avoir épuisé les hypothèses de la CEI, passées au crible de la critique ses arguments, faisons un tour sur les résultats de nos propres investigations.

Les « amis sûrs »

La tentative d’empoisonnement de Norbert ZONGO à Kaya le 8 novembre 1998 est plus qu’une hypothèse. Les investigations et divers témoignages le confirment. L’opinion considère que cette piste doit être approfondie. Tous les « amis sûrs » de Norbert ZONGO qui étaient au « festin de la mort » doivent répondre devant le juge. Ils doivent retrouver “la personne de sexe féminin » qui est entrée et est sortie rapidement de la cuisine. De même, on gagnerait à connaître les emplois du temps de certains ce jour du 8 novembre et ceux qui l’ont précédés.
Ce « certain D » du commando doit être dénoncé. L’amie dont le nom ou le prénom commence par “S” doit être retrouvée. Cette piste des « amis sûrs » est à exploiter, car les renseignements en notre possession indiquent que certains en savent long sur le quadruple assassinat de Sapouy et que ce qu’il en ont dit ou fait dire est loin de la vérité. Déjà dans le rapport de la CEI non gouvernementale Halidou OUEDRAOGO souligne et c’est le 23 février 1999 que : « (...) Cette affaire de par sa nature et son caractère odieux est susceptible de changer le comportement profond de l’ Etat, la vision des Burkinabè, leur démocratie et la conception de notre justice ». (rapport UIDH Nord/Sud XXI p 3). Qui donc a intérêt à assassiner Norbert ZONGO. M. Halidou OUEDRAOGO ? Certainement ceux qui souhaitent tous ces changements dans la violence : les marches, les insurrections et les coups d’Etat.
Autre élément fiable qui culpabilise ses « amis sûrs » la présence d’une troisième arme calcinée entre les jambes de Norbert ZONGO : un fusil à pompe de calibre 12 magnum de marque MOSSEBERG COMBO modèle 500 avec canon scié. M. Julot à ce sujet fait des révélations. Il a pu identifier la carabine de calibre 55 (22 CR) et le fusil SIMPLEX de chasse de calibre 12 trouvés dans le véhicule entre les jambes de Norbert ZONGO et qui lui appartiennent. L’orsqu’il se déplace pour la chasse, il positionne entre ses jambes, ces deux armes habitudes.
Mais à propos du fusil de chasse de calibre 12 de type MOSSEBERG semi-automatique trouvé dans le véhicule entre les jambes de Norbert ZONGO. M. Gilbert soutient ne pas le connaître. La CEI a-t-elle cherché à savoir à qui il appartenait ? Si ce fusil n’appartient pas à Norbert ZONGO qui en est le propriétaire ? Certainement l’un de ces « amis sûrs » qui sait comment l’intéressé positionne ses armes et qui l’a laissé dans les flammes pour se débarrasser ainsi d’une arme gênante. Si l’arme ne lui appartient pas c’est qu’elle lui a été prêtée par quelqu’un qui ne peut être qu’un ami.
Ce parcours critique des pistes des commanditaires a permis de cibler deux principales hypothèses. Celle du pouvoir étant boiteuse, celle de l’opposition est devenue la principale, car elle permet de répondre pleinement à cette question : Pourquoi Norbert ZONGO ? Les éléments matériels et autres preuves à notre connaissance sont formels. Les « amis sûrs » de Norbert ZONGO qui se comptent tant au sein de l’opposition radicale ( groupe du 14 février) qu’au sein des forces sociales et pour certains du pouvoir, sont des auteurs potentiels du quadruple assassinat de Sapouy. L’intelligence avec la main étrangère n’est pas non plus à écarter. En assassinant Norbert ZONGO, on visait à déstabiliser le régime de Blaise Comparé.
Voilà pourquoi, c’était trop demander à la CEI dont plusieurs membres sont des « amis sûrs » de Norbert ZONGO de retrouver les véritables commanditaires. Avec des « suspects sérieux » du pouvoir tout était cuit. Fort heureusement, la CEI a oublié de compter avec la PROVIDENCE. Les « amis sûrs » de Norbert ZONGO l’ont choisi comme le « mouton du sacrifié » de la solution finale pour aller à l’assaut final L’OPINION et sa rubrique j’ACCUSE... à force d’investigations démontre qu’un rapport pouvait cacher de « véritables coupables » et produire de « suspects sérieux ». Pour le reste, la lumière est toute proche et l’histoire et le peuple jugeront.o
Par Par Sam SAMI
In L’Opinion N° 93 du 07/07 au 13/07 1999

Des témoignages de Norbert ZONGO lui-même aux analyses qu’on peut en faire de nos jours en passant par les faits nouveaux intervenus depuis peu, tout se tient : Norbert ZONGO a échappé à une tentative d’assassinat le 8 novembre 1998 à Kaya par empoissonnement au cours d’un repas pris avec des « amis sûrs ». Ce que la CEI a qualifié de simple « incident » est donc un fait majeur dans l’affaire Norbert ZONGO. Quand nous l’avons évoqué en 1999, on nous a traité de tous noms d’oiseaux.
La raison était qu’admettre cela c’était réorienter l’enquête sur le drame de Sapouy dans son ensemble. Les faits aujourd’hui nous donnent raison et les quelques articles que nous avons sélectionnés pour en rendre compte s’appuient sur des faits intangibles et interpellent froidement tous les acteurs de cette affaire. Loin des spéculations et des « rumeurs » qui servent de matériaux de base à certains, nous sommes allés au fond des choses, en tablant sur les faits, rien que les faits...

Raison d’une absence

A propos de la tentative d’empoisonnement dont Norbert ZONGO a été l’objet le 8 novembre 1998 au cours d’un repas dans une famille des « amis sûrs », après une conférence qu’il a donnée à Kaya à la demande de la CGTB, l’intéressé lui-même a témoigné à deux reprises. La première fois, c’était dans son journal sous le titre « Raison d’une absence ». (L’Indépendant n°272 du 24 novembre 1998) et la seconde fois le 05 décembre 1998 au cours d’une autre conférence de la CGTB. A toutes ces occasions il a laissé entrevoir qu’il était conscient d’avoir échappé à une tentative d’assassinat et que ses soupçons ne portaient pas particulièrement sur le pouvoir. Bien au contraire ! L’Opinion vous donne l’occasion, de prendre connaissance de ses deux documents (en exclusivité pour le second). Après seulement nous analyserons. Faites-le aussi, en toute liberté... et vous comprendrez que Norbert ZONGO a sérieusement vécu des moments particulièrement difficiles. Parce qu’il ne savait plus qui faisait quoi et pourquoi !
L’Indépendant n’a pas paru le mardi 17 novembre 1998. Des raisons indépendantes de notre volonté n’ont pas permis à votre hebdomadaire de paraître au moment où le feu brûlant de l’actualité le commandait. Nous nous en excusons très profondément.
Nous réaffirmons notre attachement à ce sacerdoce pour lequel nous sommes engagé depuis le premier numéro de l’Indépendant : vous donner des informations saines, des analyses qui reflètent honnêtement notre vision des choses, le tout dans un langage débarrassé des tournures hypocrites et des formules laudatives pour plaire surtout à une certaine classe politique.
L’Indépendant sera indépendant ou ne sera pas. C’est la seule chose que nous pouvons garantir à nos lecteurs.
Notre absence dans les kiosques la semaine dernière n’a été due ni aux menaces ni à aucune interdiction administrative. Nous vous l’aurions fait savoir par devoir.
Le manque d’information créant la rumeur, nous donnons la raison exacte de notre non parution : nous n’avons pas pu paraître parce que le dimanche 8 novembre après deux conférences que nous avons tenues successivement le même jour (une en langue mooré et l’autre en français), nous avons pris ensemble, avec un cercle d’amis un repas familial.
Aucun aliment n’a été amené de l’extérieur (de quelque nature que ce soit) ; tout a été préparé dans la famille.
Les seuls éléments suspects sont les ingrédients qui peuvent être utilisés dans la préparation des aliments.
Là aussi le soupçon est dû au fait que trop de produits avariés circulent sur nos marchés au su et au vu de tous, à Ouagadougou et en province surtout.
Nous avons eu des malaises gastriques après avoir consommé ce repas familial avec des mais. Nous n’avons pas été seul à avoir eu des malaises, beaucoup de ceux qui ont mangé le même repas, y compris les membres de la famille, auraient senti des maux de ventre.
Nous avons été très sérieusement le plus affecté du groupe.
Peut-être à cause de notre organisme. La nourriture a été la cause de nos souffrances, mais nous recherchons toujours les raisons de sa toxicité.
Après des soins très intensifs et avec la sollicitude du médecin traitant, nous avons été remis sur pied, très rapidement. C’est pourquoi vous avez votre journal.
Nous remercions tout les amis de Kaya et d’ailleurs qui ont fait le déplacement pour nous supporter.
Pour tout ceux que le manque d’information, c’est-à-dire la très forte rumeur de Ouagadougou à « intoxiqué » plus que moi, nous présentons nos excuses. A tous ceux qui ont accouru à l’hôtel (y compris à la morgue) nous présentons nos remerciements.
Le constat est que nous sommes encore vivant et que la vie continue. Nous l’avons toujours résumé ainsi : la vie est un métier plus une passion.
Et nous avons choisi d’être journaliste.
H.S.
(In L’Indépendant N° 272 du 24 novembre 1998)

Extrait de la conférence donnée
par Norbert ZONGO à Koudougou
(Conférence organisée le 05 décembre 1998 par la CGT-B)

« Pour parler de l’intoxication ; bon jusqu’à présent... (silence) Heu... il n’y a pas d’information claire ; je lisais encore le rapport des camarades de la CGT-B ; parce que c’est une conférence comme ici... (silence) j’avais animé deux conférences dans la journée. J’avais animé une conférence avec les femmes. Et là avec madame OUEDRAOGO parce qu’elle n’avait pas participé à la cuisine, ai refusé de manger, et je lui disais que moi aussi j’avais des informations comme quoi effectivement il peut y avoir des intoxications alimentaires dans mes plats (rires).
Donc j’ai refusé était des camarades de la CGT-B et ils avaient fait préparer dans une famille... j’ai voulu partager le repas avec eux. Mais vraiment jusqu’à présent... heu... eux-mêmes ils s’interrogent réellement sur ce qui s’est passé pare qu c’était des spaghettis et des poulets. Et comme ils le disaient, ils ont pris le soin d’égorger eux-mêmes... (rire). Ils disent dans leur rapport que c’était des “poulets vivants que nous avons égorgé - nous-mêmes” (rire). Donc, pour dire que du côté de la viande, il n’y avait pas intoxication ; bon les pâtes alimentaires, non plus on s’est dit peut-être que c’était la boîte de tomate et quand on a regardé la date de péremption c’était en avril An 2000 ; c’était dans un frigo, bon... j’avoue que ça n’a pas été facile ; vous avez même entendu que j’étais déjà mort.
Bon il y en a qui étaient venus effectivement ; en effet beaucoup qui sont venus chez moi à la maison... heu... et qui ont eu le courage, ont dit qu’ils étaient venus pour l’enterrement. Je leur ai dit que c’était reporté (rires) et que... heu (rire dans le public)... et que, heu (rires) à un autre jour on communiquera pour tout le monde.
Donc... c’est à peu près ça. Jusqu’à présent les camarades s’interrogent, mais heu, des nouvelles qui nous parviennent de Kaya, de source sûre, avant même que je ne quitte Kaya, avant même que je ne sente le mal ; heu il y avait la rumeur qui était répandue dans Kaya que j’avais été empoisonné (silence). Et... heu, ceux qui sont venus m’ont dit « nous ne pensions même pas que tu allais atteindre Ouagadougou (silence) voilà.
Mais, heu quand la rumeur a commencé à ... ça fait une semaine de retard quand la rumeur a commencé à circuler, moi j’étais déjà guéri. Mais, bon, moi aussi j’ai laissé faire, c’est très intéressant de voir comment les gens réagissent quand vous êtes mort pendant que vous êtes vivant (rires), bon ça m’a permis de voir, heu, comment ça se passe. Donc, bon, ce n’était pas trop mal quand même. Je me suis beaucoup amusé voilà... ».

J’accuse (Acte II)
Qui a assassiné Norbert ZONGO ?

L’Opinion a fait sien le DEVOIR de contribuer à la manifestation de la VERITE sur l’assassinat de Norbert ZONGO. Pour ce faire, il a entrepris une série d’enquêtes qui commence à porter ses fruits. Les lettres ouvertes de M. Richard BELEMKOABGA au président de la CEI, Kassoum KAMBOU et au juge Wenceslas ILBOUDO (in L’OPINION n°9 du 16 au 22 juin 1999) constituent une première victoire sur la machination et la lâchété.
Toutes choses qui viennent renforcer une feuille critique de la lecture du rapport de la CEI et conclut à l’assassinat de Norbert ZONGO par une « mafia » politique. Sous l’éclairage des faux témoignages, fausses vérités et silences coupables, J’ACCUSE la CGT-B, le MBDHP et la CEI. Pourquoi ?
Révélations ; acte II.

Depuis un certain temps, le standard ne cesse de crépiter. Les écrits anonymes et autres interpellations en ville sont un ensemble de témoignages qui invitent à se mettre au service de la vérité sur la disparition tragique de Norbert ZONGO. Notre site Web : www. Zedcom.bf, connaît une exploitation massive (surtout en Europe) qui se confirme par la densité du courrier électronique. Et pour cette majorité silencieuse, qui veut et croit en la manifestation de la Justice, nous faisons le serment de ne pas faiblir, ni faillir. La quête de la vérité sur le drame de Sapuoy ne s’estompera qu’avec l’arrestation des vrais coupables et des véritables commanditaires.
« Qui a tué Henri SEBGO ? » Telle est l’interrogation qui faisait la Une de L’Indépendant n° 276 du 22 décembre 1998. « Henri SEBGO connaissait ses assassins », telle est l’affirmation qui barrait une autre Une de L’Indépendant, le n° 277 du 29 décembre 1998. Par cette affirmation, on a fait tenir à Norbert ZONGO des propos pas convaincants inspirés d’une fiction savamment entretenue par de prétendus confidents. Des révélations ont été concoctées pour servir une cause par des témoignages manipulés. Sur cette préoccupation : qui a tué H.S ?, tout a été avancé sauf la vérité. Le rapport de la CEI, n’excelle pas non plus. Pourquoi ?
La machination est évidente. Les preuves.

Kassoum KAMBOU, président du CEI

Une légèreté suspecte dans l’analyse "l’incident" de Kaya

De la tentative d’emprisonnement à Kaya...
Henri SEBGO dans un article publié dans la rubrique « Point de mire », sous le titre : RAISON D’UNE ABSENCE (in L’Indépendant n° 272 du 24 novembre 1998 P 12) tentait de donner une explication sur la non-parution de son journal le mardi 17 novembre 1998. Face à la rumeur qui parlait d’empoisonnement, il a réagi.
Laissons le parler : « L’Indépendant n’a pas paru le mardi 17 novembre 1998 (...). Le manque d’information créant la rumeur, nous donnons la raison exacte de notre non-parution : nous n’avons pas pu paraître parce que le dimanche 8 nombre après deux conférences que nous avons tenues successivement le même jour (une en langue mooré et l’autre en français) nous avons pris ensemble avec un cercle d’amis un repas familial.
Aucun aliment n’a été amené de l’extérieur (de quelque nature que ce soit) ; tout a été préparé dans la famille (...)
Nous avons eu des malaises gastriques après avoir consommé ce repas familial avec des amis. Nous n’avons pas été le seul à voir eu des malaises. Beaucoup de ceux qui ont mangé le même repas y compris les membres de la famille auraient senti les maux de ventre. Nous avons été très sérieusement le plus affecté du groupe. Peut-être à cause de notre organisme. La nourriture a été la cause de nos souffrances, mais nous recherchons les raisons de sa toxicité.
Après des soins très intensifs et avec la sollicitude du médecin traitant, nous avons été remis sur pied, très rapidement. C’est pourquoi vous avez votre journal... »
Dans sa justification, Norbert ZONGO a fait preuve d’une prudence calculée. L’homme se sentant traqué, était devenu prudent. Car il ne savait plus qui était qui ? Qui a fait quoi ?
Contre qui ? Pour qui ? Pourquoi ? L’a-t-on conseillé dans ce démenti pour ne pas mettre à mal les amis en le convainquant que le pouvoir était responsable et qu’il fallait faire semblant de n’avoir rien remarqué ? Avait-il compris qu’il venait d’échapper à un empoisonnement et qu’il fallait faire l’ignorant, afin de ne pas éveiller des soupçons ? Norbert ZONGO avait-il peur de ses propres amis ?
Le rapport de la CEI le confirme en évoquant ce qu’il qualifie « d’incident » qui s’est déroulé le 8 novembre 1998 dans la ville de Kaya. Le témoignage de son cousin Victor ZONGO est révélateur : « ... après la conférence donnée par Norbert ZONGO à l’initiative de la CGT-B, il a été invité à prendre un repas. Sur son hésitation, il a été rassuré que le repas a été préparé par des amis sûrs. Après le repas, il a rejoint Ouagadougou le même soir. Lundi matin, il a eu des douleurs abdominales aiguës accompagnées de diarrhées et de baisse de tension. Après un traitement sans succès à la maison, il a été conduit en clinique (Polyclinique du Contre) où il a été pris en charge pour un meilleur traitement.
Norbert nous a affirmé que dans la famille où le repas a été préparé, il a aperçu une autre personne qui sortait de la cuisine » (PV n° 99.003 du 06/02/99 rapport/CEI P 26).
Sur ce que la CEI considère comme « l’incident de Kaya », la conclusion qu’elle titre est ahurissante : « S’il est impossible de dire aujourd’hui faute d’analyses médicales poussées à ce moment, qu’il s’est agi ou non d’un empoisonnement, cet épisode a contribué à alourdir l’atmosphère autour du directeur de L’Indépendant » (P 26 rapport/CEI).
L’analyse des propos de Norbert ZONGO et le témoignage de son cousin Victor suscite bien des questions. Pourquoi seul Norbert ZONGO a été hospitalisé, si la toxicité du repas était de la même pour tous ? Norbert ZONGO a-t-il eu droit à un mets spécial ? A-t-il eu l’honneur de savourer tout seul une spécialisé de la famille ? Comment Norbert ZONGO aurait-il pu reconnaître et affirmer plus tard qu’il a aperçu une « autre personne qui sortait de la cuisine”, alors que lui-même ne connaissait ni la famille où le repas a été préparé, ni tous les « amis sûrs » de Kaya ? Pourquoi Norbert ZONGO si vigilant, si méfiant, qui a hésité à réponde à l’invitation et sachant qu’une « autre personne » sortait de la cuisine à-t-il accepté de manger ?
Si une « personne » sortait de la cuisine c’est qu’elle faisait partie des invités. Auquel cas, cette « personne » devait être interpellé par les « amis sûrs ». Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ?
Cette série de questions aboutie à une conclusion plausible : Norbert ZONGO a été empoisonné à Kaya, par ses « amis sûrs ».
Aujourd’hui, l’on sait que c’est un ami de Tolé SAGNON de la CGT-B qui a invité Norbert ZONGO. Celui-ci se savait-en danger, et comme il aimait à dire, ses « vrais ennemis » sont proches de lui. Ils dormaient ensemble dans le même lit, mais ils n’avaient pas les mêmes rêves. Eux rêvaient de le tuer !...

Blaise COMPAORE, président du Faso : Il n’avait aucun intérêt à la disparution de HS

Des mobiles du crime
Les mobiles sont politique, mais de nature différentes de ceux présentés par la CEI qui (...) pense qu’il faut chercher du côté des enquêtes menées depuis des années par le journaliste et notamment sur ses récentes investigations concernant la mort de David OUEDRAOGO, le chauffeur de François COMPAORE, conseiller à la Présidence (...) Norbert ZONGO a été assassiné pour des motifs permanents politiques (...) (in rapport de la CEI P 33 et 34).
C’est justement cette conclusion qui démontre que cette piste est erronée. Dans les crimes d’Etats, à ce que nous a donné de savoir la littérature sur ces faits, l’objectif est de faire taire ou de saboter une action ou une information avant sa diffusion ou sa réalisation. Lorsque l’action est réalisée ou l’information traitée et publiée dans les médias comme l’affaire David OUEDRAOGO, l’Etats gère au mieux la situation pour se trouver une sortie de crise honorable. C’est ce qu’a fait l’Etat burkinabè. Jamais, un pouvoir ne se risque à un assassinat sur la personne d’un journaliste qui a déjà parlé et de surcroît qui est sur une affaire qui le concerne directement, car la piste est facile à trouver et à remonter. C’est ce qui nous renforce dans notre conviction que le pouvoir n’a pas commis ce crime. L’assassinat de Norbert ZONGO ne lui profite pas.
La CEI qui est tombée dans la facilité en liant la mort de David OUEDRAOGO à celle de Norbert ZONGO l’a-t-elle fait de bonne foi ou à dessein ? Cette affaire David OUEDRAOGO portée au grand jour ne pouvait plus être étouffée. Un avocat Me Bénéwendé SANKARA était en charge du dossier, une instruction avait déjà été ouverte, des témoins entendus et diverses procédures engagées. Norbert ZONGO avait déjà atteint professionnellement parlant son objectif. Dans ce cas de figure, à quoi aurait-il servi de l’assassiner ? L’assassiner ou non ne changeait rien à l’affaire. Bien plus l’assassinat ne pouvait que l’aggraver et le pouvoir n’y avait pas intérêt. Au stade atteint par l’affaire D. OUEDRAOGO, le pouvoir avait intérêt à faire lumière. Dans ce cas de figure, à quoi aurait servi l’assassinat de Norbert ZONGO.
De toute évidence, les motifs politiques de l’assassinat de Norbert ZONGO sont à chercher ailleurs. A qui profite le crime ? Une question d’or qui n’a pas intéressé la CEI.
Tout montre aujourd’hui que ce n’est pas au pouvoir que le crime profite. Le choc ressenti, les manifestations, casses et autres exactions attestent qu’aucun pouvoir ne planifierait un crime à même de le déstabiliser voire de le renverser. On ne fera pas l’injure au pouvoir de penser qu’il ne savait pas que la mort de Norbert ZONGO même naturelle, surtout après « l’incident » de Kaya lui aurait coûté bien de nuits blanches.
Donc le crime profite à tous ceux qui ont juré la perte du régime de Blaise COMPAORE.
Les preuves pour le moment sont difficiles à trouver, mais nos investigations ont permis de dégager avec des confidences et autres confessions, des pistes qui confirment que les mobiles de l’assassinat de Norbert ZONGO sont politiques et visaient la déstabilisation du pouvoir.

Empêcher l’édition
présidentielle
Premier scénario : La tentative d’empoisonnement de Norbert ZONGO à Kaya que la CEI qualifie « d’incident » a eu lieu le 8 novembre 1998. A une semaine de l’élection présidentielle programmée pour le 15 novembre 1998. Or, tout le monde sait que l’opposition radicale, le MBDHP et la CGT-B avaient milité pour son boycott.
L’Indépendant s’est mis à leur service. Or ce que Norbert ZONGO ignorait, c’est que ces hommes politiques voulaient faire de lui le « mouton du sacrifice ».
Quel événement gravissime pouvait empêcher l’élection présidentielle ?
Tout naturellement l’assassinat de Norbert ZONGO. En effet, si Norbert ZONGO était décédé des suites de ses « malaises », il y a fort à parier que le pays se serait embrasé, peut-être plus qu’il ne l’a été en décembre.
Dans ces conditions les élections n’auraient pas eu lieu, ouvrant ainsi une période de vide constitutionnel que l’opposition radicale et compagnie appelait d’ailleurs de tous leurs vœux.
Ces politiciens ont failli réussir leur sale besogne. L’émoi enregistré dès l’annonce du dans « malaise » et de l’hospitalisation de Norbert ZONGO a démontré que la disparition brutale de notre confrère pouvait susciter un électrochoc à même de déstabiliser le pouvoir.
Déjà, les rumeurs rendaient le pouvoir responsable de « l’indigestion » de Norbert ZONGO. Voilà pourquoi H.S a tenu à démentir ces fausses informations dans son article « Raison d’une absence » (in L’Indépendant n° 272 du 24 novembre 1998 P 12). Il y a fort à parier qu’il savait que le pouvoir serait rendu responsable de sa mort et que ses assassins courraient tranquillement jusqu’à mourir tranquillement dans leur lit ; ce qu’il ne pouvait supporter...

Faire sauter le pouvoir
Deuxième scénario : Norbert ZONGO ayant survécu à l’empoisonnement du 8 novembre 1998, la « mafia » politique ayant perdu sur toute la ligne après l’élection plébiscite, ne savait plus où donner de la tête.
Si Norbert ZONGO avait succombé suite à l’empoisonnement de Kaya, on est bien situé aujourd’hui pour savoir qu’il n’y aurait jamais eu d’élection présidentielle le 15 novembre. La crise aurait certainement été entretenue jusqu’à l’épuisement du mandat du Président du Faso ouvrant ainsi la voie à une période qui pourrait justifier toutes sortes de revendication.
Cette première tentative ayant échoué que faire ? La « mafia » qui a opté depuis, comme l’écrivait Norbert ZONGO pour « la solution par le mortel » va mettre en branle son second scénario. Ainsi, le 13 décembre 1998, sur la route de Sapouy, Norbert ZONGO est à nouveau piégé et exécuté sauvagement à quelques 7 km du village d’un de ses « amis sûrs ». La suite, vous la connaissez. Halidou OUEDRAOGO dans ses envolées suite au drame de Sapouy n’a-t-il pas affirmé que « le pouvoir a réduit Norbert ZONGO en cinq kilos de TNT qui va l’emporter » ? Avec de tels propos, quelle preuve faut-il encore brandir pour démontrer que Norbert ZONGO a été la victime d’un vaste complot dirigé contre la IVe République ?
Aujourd’hui, la conclusion est précise, Norbert ZONGO a été assassiné par la « mafia » politique burkinabè dans l’objectif de déstabiliser le régime de Blaise COMPAORE. Les commanditaires, assassins et coupables sont à rechercher au sein de cette « mafia »
Norbert ZONGO, ton assassinat ne restera pas impuni. Les « vrais » assassins seront retrouvés. De très loin, là-haut, tu es avec nous, car tu sais que nous sommes sur la voie de la VERITE et de la JUSTICE.
J’accuse la CEI d’avoir sciemment et en toute connaissance de cause choisi d’assurer à tes assassins impunité et sécurité.
(A suivre)
In L’Opinion n° 93
du 07 au 13/07 1999
Par Sam SAMI)

Retour à Kaya

L’Opinion passe à la phase II de son enquête sur la recherche de la VERITE sur l’assassinat de Norbert ZONGO, après avoir déblayé le terrain sur la piste des assassins. Sans retenue et sans état d’âme nous poursuivrons notre quête sans désemparer, malgré les cris de goret entendus ici et là et qui se veulent des menaces. Au peuple d’en juger.
Avec la présente édition nous revenons sur ce qui s’est passé à Kaya ce 8 novembre 1998 où Norbert ZONGO a pris un repas qui a failli l’envoyer ad patres. Empoisonnent d’origine criminelle ou simple intoxication alimentaire ? Norbert ZONGO lui-même témoigne.

Dans cette affaire douloureuse de l’assassinat de Norbert ZONGO, tout Burkinabè soucieux de justice doit intervenir s’il le peut, par un témoignage quelconque pouvant éclairer l’opinion nationale et le juge d’instruction et contribuer à la manifestation de la VERITE.
Que vous soyez dans l’opposition, du pouvoir ou simples observateurs « neutres » de la vie politique nationale, vous devez agir en patriote. Le quadruple carnage de Sapouy est une insulte à la conscience humaine. Se taire, en sachant que son témoignage peut être déterminant ou même anodin mais utile, est un comportement inhumain. La vie d’un homme n’a pas de prix et la recherche des coupables n’en a pas non plus. Toute personne qui fait de la rétention d’information pose un acte gravissisme. Tôt ou tard, la VERITE se fera. C’est pourquoi, il est préférable de s’engager soi-même dans la dynamique nationale pour la justice et la vérité.
L’OPINION sans réserve a emprunté cette voie ; face à la machination pour couvrir les vrais « coupables », il est monté au créneau. Des confidences et autres témoignages ont permis de mener des investigations et recherches qui se concrétisent de jour en jour. Les coupables ne perdent pas de temps pour attendre. Bientôt, ils seront confondus.
Dans ce sens, Madame OUEDRAOGO... doit parler.

Pourquoi elle doit parler ?

Deux principales raisons indiquent que cette dame doit parler :
Premièrement : Mme OUEDRAOGO doit parler, parce qu’à Kaya ce 8 novembre 1998, elle a participé à l’animation de la conférence des femmes donnée par Norbert ZONGO.
Deuxièmement : Norbert Zongo a d’abord refusé de manger. Pourquoi ? Mme OUEDRAOGO le sait.
Le 5 décembre 1998 à Koudougou, Norbert ZONGO, sur invitation des travailleurs de Faso Fani, animait une énième conférence organisée par la CGTB. A l’occasion, une question précise sur l’empoisonnement de Kaya le 8 novembre 1998 lui a été posée. Après moult hésitations, des « heu » et des silences à n’en pas finir, il a fini par répondre en choisissant soigneusement ses mots et a donné une réponse qui confirme bien qu’il a été empoisonné.
Pour la vérité et le respect de la mémoire de Norbert ZONGO, nous nous avons retranscrit intégralement, mot à mot, ce qu’il a dit (lire : extrait de la conférence de presse donnée par Norbert ZONGO à Koudougou page ...)

Comme il apparaît à travers ces propos de notre confrère, plus d’un mois après les faits lui-même n’avait pas encore conclu sur la nature de ce qui est arrivé à Kaya. Mieux il éprouve des difficultés à expliquer les faits.
Pour quelqu’un qui a le verbe tranché et la diction claire, ces hésitions cachent bien de choses. Nous y reviendrons. Intéressons-nous à certaines informations qu’il donne. D’abord il avait refusé de manger, parce que Mme OUEDRAOGO n’avait pas participé à la cuisine. Ensuite il a dit à Mme OUEDRAOGO (forcément au cours d’une conversation qu’ils ont eu ensemble : « Je lui disais que moi aussi j’avais des informations comme quoi effectivement il peut y avoir des intoxications alimentaires dans mes plats... ». Intéressons-nous pour le moment à ces deux faits dont vous aurez perçu l’importance, nous en sommes certains.
Suite au refus de Norbert ZONGO de manger, Mme OUEDRAOGO a approuvé la décision prise. Cela semble évident, tout comme elle lui a donné des informations qu’il a corroboré lui-même en disant : « (...) Je lui disais que moi aussi (souligné par nous) j’avais des informations comme quoi effectivement il peut y avoir des intoxications alimentaires dans ses plats. Donc, j’ai refusé (...) ».
Norbert ZONGO dit « moi aussi ». De toute évidence, Mme OUERDAOGO a dû lui souffler des informations sur un empoisonnement. Il n’a fait que confirmer les confidences de la bonne dame.
Ce bout de réponse de Norbert ZONGO démontre bien qu’il était prudent et se méfiait de tout. Pourquoi après avoir refusé, Norbert ZONGO a tout de même accepté de manger. Il donne la raison : « C’était des camarades de la CGT-B et ils avaient fait préparer dans une famille... bon ... heu j’ai voulu partager le repas avec eux. Mais vraiment jusqu’à présent ... heu ... eux-mêmes ils s’interrogent réellement sur ce qui s’est passé ».
Madame OUEDRAOGO doit révéler ce qu’elle adit à Norbert ZONGO, peut-être son témoignage permettra-t-il de comprendre et surtout de retrouver les assassins de Norbert ZONGO, car nous sommes convaincus que ceux qui l’ont empoisonné à Kaya le 8 novembre 1998 sont les coupables et commanditaires du drame de Sapouy.

Norbert connaissait ses assassins

Robert Ménar, SG de RSF membre de la CEI

Après une enquête de salon bouclée en une semaine, RSF a balayé d’un revers de la main l’empoisonnement de Norbert ZONGO

L’étau se resserre. Les faits concordants s’accumulent. Mme OUEDRAOGO, pour rien au monde vous ne devez garder le silence, car ce serait couvrir les assassins de Norbert ZONGO qui vous faisait entièrement confiance. Put-être ne savez-vous pas l’importance de certains détails.
En les liant à d’autres le juge d’instruction peut arriver à quelque chose. Rien ne coûte de tenter et Norbert ZONGO mérite bien qu’on fouille partout ... partout sans exception.
Toujours en réponse à la question sur son empoisonnement, Norbert ZONGO libère des informations forts utiles qu’il faut traiter avec attention. Il soutient : « Bon i y en a qui étaient venus effectivement, j’ai beaucoup qui sont venus chez moi à la maison ... heu ... ceux qui ont eu le courage ont dit qu’ils étaient venus pour l’enterrement ; je leur ai dit que c’était reporté ».
Aujourd’hui, la famille de Norbert ZONGO doit aider à identifier tous ceux qui sont venu présenter leurs condoléances. Les regroupements des informations qu’ils donneront pourraient aider à se faire une idée sur ce qui s’est réellement passé. Ils doivent contribuer à la recherche des coupables afin que des innocents ne paient pas pour un forfait qu’ils n’ont pas commis.
Quels sont ceux qui sont venus présenter leurs condoléances ? Certainement des « amis sûrs » de Norbert ZONGO. Il n’y a pas de doute. Tout laisse croire que Norbert ZONGO a été victime d’un complot dans lequel ont trempé certains éléments de son propre milieu. Il donne lui-même des indications : « C’est, jusqu’à présent les camarades s’interrogent, mais heu, des nouvelles qui nous parviennent de Kaya, de source sûre, avant même que je ne quitte Kaya, avant même que je ne sente le mal, heu il avait la rumeur qui était répandue dans Kaya que j’avais été empoisonné ».
Qui donc a répandu la rumeur ? Forcément des personnes au courant de la tentative d’assassinat. Des personnes qui savaient qu’il avait mangé. Si effectivement bien avant que l’intéressé ne sente le mal, la rumeur de son empoisonnement était répandue, c’est que parmi les « amis sûrs » qui l’ont invité il y a une ou plusieurs personnes qui savaient que le repas était empoisonné.
A défaut d’avoir des preuves formelles pour dire qui a fait quoi, Norbert ZONGO n’a pas pour autant négligé la possibilité qu’on ait voulu le tuer, puisqu’il laisse courir la rumeur. Par la suite, il dément la tentative d’empoisonnement. Pourquoi ? La question est intéressante, puisqu’à l’époque était dans une série de conférences au cours desquelles il fustigeait le pouvoir. Certains est même vu dans ces conférences une forme de lutte pour le « boycott actif » lancé par l’opposition.
Assurément, la tentative d’assassinat sur lui aurait apporté un plus à cette campagne. Elle ne devait donc pas être démentie et nous savons Norbert ZONGO suffisamment perspicace pour ne pas le comprendre. Mieux, pour un homme qui se sent menacé par le pouvoir et qui a l’occasion de mettre en garde ce pouvoir, surtout d’attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur les menaces qui pesaient sur lui, et qui dément une tentative d’assassinat contre sa personne nous paraît curieux. Ce qui est certain, c’est que Norbert ZONGO était convaincu que le pouvoir n’était pas en cause dans cette affaire. C’est cette conviction qu’il a voulu communiquer à l’opinion publique. S’il avait eu le moindre doute sur sa culpabilité, il aurait laissé faire et même aurait parlé ouvertement de tentative d’assassinat : même sans preuve. Cela est facilement compréhensible pour quelqu’un qui se sent menacé. Pour le reste, il nous laisse ans l’expectative. Mais s’il est convaincu que le pouvoir était innocent c’est qu’il avait une idée d’où allait venir le danger.
Mieux, Norbert ZONGO indexe ses assassins : ceux qui sont venus m’ont dit « nous ne pensions même pas que tu allais atteindre Ouagadougou ».
Mme OUEDRAOGO, vous qui étiez à Kaya et étiez dans les confidences de Norbert ZONGO, seule vous pouvez nous dire qui étaient à Kaya avec Norbert ZONGO, car leurs propos traduisent bien qu’ils peuvent conduire aux empoisonneurs.
Dommage que les travailleurs de Faso Fani n’aient pas cherché à mieux comprendre. Mais à leur place, nous nous devons d’aller en profondeur. Qui étaient ses camarades venus après Kaya ?
Mme OUEDRAOGO, vous devez rencontrer le juge d’instruction, déposer auprès du Collège des sages et vous confier au ministre délégué chargé de la Sécurité.
Vous ne devez laissez aucun détail de côté, car dans ce genre d’affaires la vérité découle généralement des détails anodins. Ce sont eux qui permettent d’élucider les « crimes parfaits ».
Si d’aventure, vous voulez partager avec tout le peuple burkinabè ce que vous savez. L’OPINION vous ouvre ses colonnes. Votre conscience ne sera que libérée.
Mme OUEDRAOGO, que Dieu guide votre témoignage pour la manifestation de la vérité. Amen !
Par Sam SAMI
In L’Opinion N 94 du 14/07 au
20/07 1999

La CGT-B interpellée

A la CGT-B, tout doit être sens dessus-dessous.
La Centrale syndicale doit répondre à un « assassiné ». De son vivant, Norbert ZONGO n’a pas eu de clarification sur la tentative d’empoisonnement à laquelle il a survécu à Kaya. Et pourtant, la CGT-B avait produit un rapport « secret”.
Aujourd’hui, que d’interrogations ! Pourquoi la CGT-B n’a-t-elle jamais évoqué publiquement l’existence de ce rapport ? Pourquoi ne l’a-t-elle pas transmis à la CEI ? Pourquoi ce lourd silence ? La CGT-B est-elle complice ou coupable ? A vous d’en juger ?

Tôt ou tard, ces caciques du Collectif, du MBDHP, du G14, de la CGT-B et de la CEI, à propos du dossier brûlant de l’assassinat de Norbert ZONGO parleront. Sans exception, tous ces « mogos puissants » qui refusent maintenant de parler et font la sourde oreille seront rattrapés par le devoir de vérité. Leur silence ne les disculpera pas. Bien au contraire. Ceux qui sont mouillés dans la tentative d’empoisonnement à Kaya ou/et dans le quadruple carnage de Sapouy finiront à la barre un jour pas lointain. Prompt à exiger que X ou Y soit arrêté et écroué, ils se font très petits, rasent les murs, lorsqu’ils sont à leur tour poliment invités à parler. Simplement parler. Et pourtant, il n’y a pas longtemps, ils n’avaient pas leur langue dans la poche. De quoi ont-ils subitement peur ?
Tolé Sagnon : Pourquoi n’avoir pas alerté les services compétents sur les suspiçions relatives à un empoisonnement. négligeance ou omission délibérée ?

Aujourd’hui, les bonzes de la CGT-B sont interpellés par l’opinion nationale. Ils sont nombreux, les militants de la CGT-B qui ont frémi à la lecture des révélations de Norbert ZONGO sur la tentative d’empoisonnement de sa personne à Kaya : « pour parler de l’intoxication ; bon jusqu’à présent (silence). Heu... il n’y a pas d’information claire. Je lisais encore le rapport des camarades de la CGT-B... » (in L’Opinion n°94 du 14 au 20 juillet 1999, p8). De quel rapport parle-t-il ont dû s’exclamer les militants de la CGT-B ?
Aujourd’hui, le peuple burkinabè sait que la Centrale syndicale a produit un rapport sur la tentative d’empoisonnement de Norbert ZONGO à Kaya.

Un rapport intimiste et clandestin de la CGTB
L’existence du rapport de la CGT-B est un fait majeur qui vient renforcer la certitude sur l’empoisonnement de Norbert ZONGO à Kaya. Si la CGT-B a jugé opportun de rédiger un rapport, c’est qu’effectivement la situation était préoccupante. Dommage que la Centrale syndicale n’ait pas jugé utile de créer une Commission indépendante pour mener l’enquête sur le fait. La CGT-B qui a exigé avec le Collectif une Commission d’enquête indépendante (CEI) sur le drame de Sapouy, dirige elle même et en toute intimité pour ne pas dire clandestinité sa propre enquête sur une première tentative d’assassinat. Allez-y comprendre !
Et pourtant, dans les deux cas : empoisonnement à Kaya et assassinat à Sapouy, il s’agit bien de crime car l’intention de tuer, d’éliminer Norbert ZONGO était réelle.
Aujourd’hui, le peuple est en droit de revendiquer une Commission d’enquête internationale sur la tentative d’empoisonnement de Norbert ZONGO à Kaya car la CEI de M. Kassoum KAMBOU a failli à sa mission en considérant ce crime comme « ...un incident qui s’est déroulé le 8 novembre 1998, dans la ville de Kaya... ». (Rapport de la CEI, p26). La conclusion de la CEI sur cet homicide prémédité et organisé à Kaya exige qu’une véritable enquête soit menée : « s’il est impossible de dire aujourd’hui, faute d’analyses médicales poussées à ce moment qu’il s’est agi ou non d’un empoisonnement, cet épisode a contribué à alourdir l’atmosphère autour du directeur de l’Indépendant... » (Rapport de la CEI, p26). Nous savons que M. Kassoum KAMBOU, le président de la CEI, est bien placé pour avoir plus d’informations sur « l’incident » de Kaya.
Pourquoi ne l’a t-il pas fait ? Son comportement est plus que suspect. Alors M. Le juge d’instruction Wensceslas ILBOUDO, vous êtes interpellé ! La nécessité d’ouvrir une enquête sur la tentative d’empoisonnement de Norbert ZONGO à Kaya s’impose. Le peuple vous regarde.

Responsabilité entière dela CGT-B
En invitant Norbert ZONGO a Kaya, à l’effet d’animer des conférences publiques destinées aux militants de la CGT-B, la Centrale syndicale est responsable de tout ce qui pouvait advenir à son invité. Elles est donc garante de sa santé et de sa sécurité. Tout ce qui a pu attenter à la vie de Norbert ZONGO à Kaya est de la responsabilité de la CGT-B. Les camarades de la CGT-B l’ont si bien compris qu’ils ont produit un rapport pour tenter d’élucider la tentative d’empoisonnement. Un rapport sur lequel le jugement de Norbert ZONGO laisse entrevoir un manque de clarté : « Pour parler de l’intoxication ; bon jusqu’à présent... (silence). Heu... il n’y a pas d’information claire » (in L’Opinion N°94 du 14 au 2O juillet 1999 p8).
Aujourd’hui, les quelques passages du rapport de la CGT-B que livre Norbert ZONGO ne laissent pas de doute sur l’empoisonnement. Lisez : « Et comme ils le disaient, ils ont pris le soin d’égorger eux-mêmes... (rires) hein ; ce qu’ils disent dans leur rapport que : c’étaient des poulets vivants que nous avons égorgés nous mêmes (rires). Donc pour dire que si le côté de la viande il n’y avait pas intoxication ; bon, les pates alimentaires, on s’est dit peut-être que c’était la boîte de tomate et quand on a regardé la date de péremption, c’était en avril 2000 ; bon c’était dans un frigo, bon mais heu... » (in L’Opinion du 14 au 20 juillet 1999, p8). conclusion : il y a trop d’éléments constitutifs d’un repas pouvant amener intoxication. Ce constat exigeait donc de la CGT-B de pousser ses investigations en faisant appel à des services compétents, en exigeant l’ouverture d’une véritable enquête et pourquoi pas en déposant une plainte contre X pour tentative d’empoisonnement. Pourquoi les camarades de la CGT-B ne l’on pas fait ?

Elle devait déposer une plainte officielle
Après la mort tragique de Norbert ZONGO, la CGT-B s’est engagée dans le vaste mouvement populaire pour la vérité et la justice. Or, il semble de plus en plus et même il est établi que la vérité et la justice passent aussi par la clarification de la tentative d’empoisonnement à Kaya. Pourquoi la CGT-B responsable de la venue de Norbert ZONGO à Kaya n’a t-elle pas réagi ? Pourquoi, la CGT-B lorsque la rumeur se répandait sur la mort de Norbert ZONGO suite à la tentative d’empoisonnement à Kaya n’a t-elle pas publié une déclaration ? Les camarades de la CGT-B avaient-ils intérêt à ce que cette triste nouvelle soit répandue ? Et pourquoi ? La CGT-B est une Centrale prompte à publier des déclarations sur tout et rien. Son silence devant un cas aussi grave d’atteinte à la vie humaine est très suspect. Par leur comportement, les camarades de la CGT-B deviennent eux aussi des « suspects très sérieux » dans la tentative d’assassinat de Norbert ZONGO à Kaya, Depuis la mort de Norbert ZONGO, nous décelons une volonté de faire couler du béton armé sur cette tentative d’empoisonnement de Kaya, cela se vérifie par la conclusion de la CEI et même du Collectif qui n’a jamais demandé et exigé la lumière sur cet assassinat manqué.

Le Collectif truffé de “très sérieux susoects”

Dès l’annonce du drame de Sapouy, un Collectif des associations de masses et des partis politiques s’est immédiatement constitué. Pour notre part et selon les informations en notre possession un « noyau » de ce Collectif existait déjà avant le 13 décembre. Il y a trop de coïncidences pas claires. Ce « noyau » n’a fait que coopter d’autres membres pour ne pas rester sectaire et donner à sa lutte une certaine dimension. Cela est même perceptible dans la composition du « directoire » du Collectif qui semble verrouillé. Halidou OUEDRAOGO est président et Tolé SAGNON son vice-président. Nous nous demandons encore comment Joseph Ki-ZERBO (PDP) et Hermann YAMEOGO (ADF/RDA) ont pu accepter une telle situation ?
Tout cela s’explique. Entre Halidou OUEDRAOGO du MBDHP et Tolé SAGNON de la CGT-B. C’est tout comme l’arbre et l’écorce. Il y a une complicité qui a su résister à toutes les intempéries.
Ainsi, il nous revient l’interrogation suivante : Que veut cacher Halidou OUEDRAOGO du MBDHP et Tolé SAGNON de la CGT-B en occupant les premiers postes du Collectif ? S’agissant de l’assassinat odieux de Norbert ZONGO, la recherche de la vérité est une quête nationale.
Cible idéale dans le cadre d’un complot pour la déstabilisation de la IVe République, Norbert ZONGO a certainement été la victime de tous ceux qui espéraient un changement violent au Burkina. Dans ce cas de figure et sachant que le pouvoir serait indexé immédiatement, il y a tout comme un dessein de tout orienter et tout manipuler pour le culpabiliser. Ainsi, la direction des structures créées pour la recherche de la vérité et de la justice sur le drame de Sapouy devient un enjeu primordial.
Aujourd’hui, comment avancer dans l’identification des assassins de Norbert ZONGO sans évoquer l’empoisonnement de Kaya ? Dans ce cas, la CGT-B et Tolé SAGNON seront appelés à témoigner. Si le secrétaire général de la CGT-B est interpellé dans le cadre de cette affaire, immédiatement le président du MBDHP va s’inquiéter. Chose curieuse, ni la CGT-B, ni le MBDHP n’ont évoqué publiquement la tentative d’empoisonnement de Norbert ZONGO au moment où le peuple burkinabè s’indignait en novembre 1998. La CGT-B parce que ce sont les militants de la Centrale syndicale qui ont invité Norbert ZONGO à manger. Le MBDHP en sa qualité de défenseur des droits humains. De tout ça, rien.
Si le Collectif veut mériter du peuple burkinabè sa confiance, il doit exiger une Commission d’enquête indépendante sur « l’incident » de Kaya. Tolé SAGNON doit démissionner de la tête du Collectif, car des militants de la CGT-B sont suspectés dans la tentative d’empoisonnement de Norbert ZONGO à Kaya.
Halidou OUEDRAOGO pour le silence observé sur cette affaire est disqualifié et doit aussi rendre le tablier. Avant Sapouy, un 13 décembre 1998, il y a eu Kaya, un 8 novembre 1998. A moins que la monopolisation de la direction du Collectif et de la CEI par le MBDHP et la CGT-B ne relève de cette volonté de tordre le cou à la vérité et de protéger les véritables coupables de l’assassinat de Norbert ZONGO.

De la présidence de la CEI

Le MBDHP avec Halidou OUEDRAOGO est président du Collectif. M. Kassoum KAMBOU est président de la CEI au nom du MBDHP. La monopolisation est évidente. Pourquoi le MBDHP s’est cru obligé de monopoliser les présidences du Collectif et de la CEI ? cette démarche est-elle innocente ? Ne cache-t-elle pas des non-dits évidents. Sur ce que la CEI considère comme un « un incident » et dont elle n’est pas capable de dire « s’il s’est agi ou non d’un empoisonnement », il y a comme une similitude avec la conclusion du rapport de l’UIDH/Nord/Sud XXI présidé par Haidou OUEDRAOGO. Lisez : « En novembre 1998, Norbert ZONGO est à Kaya pour une conférence. A l’heure du repas avec d’autres personnes, il mange, sur la route du retour, de violents maux de ventre le secoue. Il est admis en clinique à Ouagadougou, il se rétablit, puis rechute. Il finit par s’en sortir. Plus tard, dans son journal il écrit : « j’étais chez des amis, ce n’est pas un empoisonnement... » (rapport UIDH/Nord/Sud XXI. P6). Quelques constats s’imposent.
Premièrement : Norbert ZONGO n’a jamais eu de maux de ventre sur la route du retour. Il le confirme : « ...Jusqu’à présent, les camarades s’interrogent, mais heu, des nouvelles qui nous parviennent de Kaya, avant même que je ne sente le mal, heu il y avait la rumeur qui était répandue dans Kaya que j’avais été empoisonné (silence). Et, heu, ceux qui sont venus m’ont dit : « nous ne pensions même pas que tu allais atteindre Ouagadougou (silence)... » (in L’Opinion n°94 du 14 au 20 juillet, p8). Par ailleurs les propos de son cousin Victor ZONGO sur le sujet sont sans équivoque. ... Il a réjoint Ouagadougou le même jour. Lundi matin il a eu des douleurs abdominales aiguës...” (Rapport CEI p 26). De qui Halidou OUEDRAOGO détient-il ce témoignage qui affirme que Norbert ZONGO aurait eu de violents maux de ventre sur la route du retour ?
Deuxièmement : Halidou OUEDRAOGO écrit dans son rapport : « ...à l’heure du repas avec d’autres personnes ».
Pourquoi cette imprécision ? Alors que Norbert ZONGO affirme qu’il a pris le repas avec des « camarades de la CGT-B » que son cousin Victor ZONGO considère comme des « amis sûrs ».
Troisièmement : le rapport de la CEI illégale de Halidou OUEDRAOGO prête des propos inexacts à Norbert ZONGO : « plus tard, dans son journal il écrit : « j’étais chez des amis, ce n’est pas un empoisonnement » (rapport UIDH/Nord/Sud,p6).
Nous avons repris l’article de Norbert ZONGO « Raison d’une absence » publié dans L’Indépendant N°272 du 24 novembre 1998, page 12 ; nulle part, il n’a fait une telle affirmation. Vous pouvez vérifier en relisant cet article révélateur (cf page..).
Cette manière de négliger la tentative d’empoisonnement à Kaya par Halidou OUEDRAOGO est partagée par le président de la CEI Kassoum KAMBOU, qui conclut dans son rapport à un « incident ». Voilà qui est bien suspect...
Par Sam SAMI
In L’Opinion N 95 du 21/07 au 27/07 1999

Halidou, NAMA, KAMBOU, parlez donc !

On les avait vus tous, ces derniers temps, monopolisant les médias pour un oui et pour non, vociférant et gesticulant à tort et à travers. Et puis, subitement, plus rien !
Après la publication des deux lettres ouvertes de M. Richard BELEMKOABGA qui accuse Halidou OUEDRAOGO, président du MBDHP et du Collectif, Germain NAMA, président de la Commission arbitrale du MBDHP et grand pourvoyeur de la CEI, de RSF et de la CEI en « témoins » de l’avoir amené à faire de faux témoignages devant la CEI et le juge d’instruction, on attendait une réaction, sous la forme d’un démenti cinglant. Mais depuis deux semaines, rien ! On joue au mort !
Du coup, l’opinion publique qui avait été généralement sceptique vire de bord et donne du crédit aux déclarations de M. BELEMKOABGA. Parce que le silence des mis en cause tranche totalement avec leurs habitudes de « djafoul ». C’est dire qu’il y a du vrai dans les propos de M. BELEMKOABGA, si ce n’est tout. Le silence est par conséquent coupable. Parlez donc messieurs et éclairez notre lanterne : voilà ce que réclament vos militants et sympathisants et le peuple avec. Parlez messieurs ; il s’agit de l’assassinat barbare et sauvage de votre « ami ».
Selon certains de nos sources, ce qui est sorti n’est que la partie visible de l’iceberg. D’autres « témoins », de NAMA seraient en plein examen de conscience ; certainement qu’ils parleront eux aussi un jour. Le temps joue dans le camp de la vérité. Norbert ZONGO, tes assassins seront en tous les cas retrouvés d’autant plus que ce sont des lâches de la pire engeance !

In L’Opinion n° 92 du 30/06 au 06/07/1999

Pour une fois qu’on a une réaction de François COMPAORE dans cette douloureuse Affaire Norbert ZONGO, nous ne pouvions pas nous permettre de ne pas vous proposer sa lecture des faits. Surtout que l’interview à été menée de main de maître par un trio de journalistes parmi les plus connus du pays.
Sur le plan professionnel : rien à redire !
Sur le plan des arguments et des analyses de l’interviewé : rien à redire non plus !
Du coup ceux qui devaient forcément avoir à redire ont été obligés de faire dans la mauvaise foi avec une intolérance qui n’a trompé personne. Désemparés ils le sont tant et si bien qu’ils n’ont pas peur du ridicule. Faites-vous plutôt votre propre opinion.

François Compaoré
"La piste de l’Indépendant me semble intéressante"

Sauf erreur ou omission, c’est la première fois, depuis l’autodafé de Sapouy un certain 13 décembre 1998, que celui à qui on donnerait le bon Dieu sans confession... se confie à un organe de la presse nationale. La première et seule fois qu’il était sorti de son silence au sujet de l’assassinat du directeur de publication de l’Indépendant, c’était dans l’Autre Afrique de notre confrère Jean-Baptiste Placca. Rien que pour cela, cet " entretien d’Etat" comme l’un d’entre nous l’a appelé vaut son pesant de mots...

Comment d’habitude François Compaoré passe-t-il ses fêtes de fin d’année ? En famille ou avec des amis ?
• Les deux à la fois ! La famille et l’amitié représentent pour moi des valeurs fondamentales.

Ce 31 décembre 2004, qu’avez-vous fait exactement ?
• Je suis resté d’abord en famille avant de faire un tour chez des amis.

Vous êtes plutôt discret, presque effacé. Peut-on pour autant vous donner le bon Dieu sans confession ?
• Je suis un homme de foi et j’ai toujours senti la main de Dieu avec moi. Vous savez, j’ai toujours été discret et c’est tant mieux ainsi, au regard de ma position particulière et des missions qui me sont assignées. Ceux qui me connaissent depuis l’enfance pourront témoigner que je n’ai jamais été ni excessif ni exubérant.

On imagine que ça ne doit pas être facile d’être le frère du président.
• Oh que non ! En tout cas pour ce qui me concerne cela requiert beaucoup de responsabilités et de sacrifices. Je suis souvent la cible d’attaques violentes et injustes dans le but recherché d’atteindre mon frère et de déstabiliser le régime.

Au fait, quels genres de missions vous confie-t-il ? Celles sociales ou celles plutôt occultes à l’intérieur comme à l’extérieur ?
• Je ne suis pas adepte de l’occultisme et je n’ai pas non plus de missions jugées inavouables. Je suis agroéconomiste de formation et Conseiller économique du Président du Faso ; à ce titre j’ai des responsabilités officielles que j’assume. Mais il est vrai que j’exerce parfois aussi des missions sociales et de relations publiques.

Comme quoi ?
• Comme recevoir des amis de mon frère suivant ses instructions ou entretenir certaines de ses relations que son temps ne lui permet pas de faire.

S’il est une affaire qui a fait trembler la République, c’est bien celle dite Norbert Zongo. Six ans après le drame de Sapouy, les commanditaires et les exécutants de cette affaire courent toujours.

C’est un peu long non ?
• La justice en est saisie et l’espoir demeure donc que la vérité éclate. Je suis de ceux qui ont le plus intérêt à la manifestation rapide de la vérité des faits.

Est-ce une affaire qui vous a coupé ou qui vous coupe toujours le sommeil ?
• J’ai été bouleversé et choqué car il s’agit de la mort d’un homme, un crime odieux que des personnes, à travers une certaine presse, s’évertuent avec un acharnement très calculé à me coller sur le dos ! N’importe quel être humain à ma place serait offusqué surtout s’il sait qu’il est parfaitement innocent.

Après avoir auditionné 204 personnes, selon son rapport rendu public, les conclusions de la CEI ne mettent nulle part en cause ma personne !

Il faut reconnaître que toutes les apparences vous accusent.
• Ah oui ! Pouvez-vous me citer ces apparences qui m’accusent selon vous ?
Celles dont tout le monde parle et que la CEI a relevées, à savoir qu’il y a une relation de cause à effet entre l’affaire David Ouédraogo et l’assassinat de Norbert.
• C’est çà vos apparences qui m’accusent ? La CEI ne m’a pourtant pas mis en cause en dehors des extrapolations que vous faites ! Vos apparences devraient être mieux fondées que sur des supputations et des extrapolations qui n’ont rien d’apparent, mais qui sont subjectivement puisées dans des rumeurs calculées.

Quel était votre programme le 13 décembre 1998 puisqu’on dit que vous vouliez vous assurer que le boulot serait fait avant de voyager ?

• Tiens, tiens ! En tout cas je n’avais confié aucun "boulot" de ce genre à qui que ce soit ce jour là ! Quant à mon programme, la CEI m’avait largement interpellé sur cette question avec toutes les vérifications nécessaires.

Le 13 décembre 1998 dans la matinée, si j’ai bonne mémoire, j’ai participé à un meeting de remerciements des électeurs au Centre populaire des loisirs de Ziniaré, auquel a pris part le secrétaire général du CDP à l’époque, monsieur Simon Compaoré. L’après-midi j’ai dû quitter Ziniaré pour rejoindre Ouagadougou afin de participer à un autre meeting au secteur 8 où je me souviens même avoir pris la parole.
Après ce meeting, j’étais contraint de rentrer chez moi puisque je prenais l’avion ce même soir pour participer à la journée du Burkina organisée à Paris le 15 décembre 1998 et qui était programmée depuis fort longtemps.

Je n’ai été informé de la mort de Norbert Zongo que le 15 décembre 1998 ! Tous ces faits ont été minutieusement vérifiés par la Commission d’Enquête Indépendante et vous constaterez que j’avais ce jour-là le programme d’un citoyen et d’un militant préoccupé avant tout de remercier les populations suite au bon déroulement de l’élection présidentielle qui venait d’avoir lieu à la mi-novembre.

Au plus fort de la crise, n’avez -vous pas eu peur pour la survie du régime ?

• Au regard des manifestations qui s’en sont suivies on peut dire que le régime a été ébranlé, il faut le reconnaître ! Certains ont voulu récupérer et instrumentaliser l’opinion publique mais heureusement ils se sont heurtés à la clairvoyance de notre peuple et à la lucidité des sages du pays.

Aviez-vous des raisons d’avoir peur pour votre vie ?
• Non, puisque j’étais convaincu de mon innocence ! Peut-être que certains en voulaient à ma vie au point de me diaboliser dans les médias, mais personnellement, je n’avais aucune raison d’avoir peur. La preuve, c’est que je suis resté au pays.

Si l’empoisonnement avait abouti à la mort de Norbert Zongo, comme l’espéraient ses fameux « amis sûrs », des troubles consécutifs auraient peut-être conduit au report de l’élection !

Connaissiez-vous personnellement Norbert ?

• Je ne le connaissais pas personnellement et je n’entretenais aucune relation avec lui.

A l’occasion du 6ème anniversaire de l’affaire Norbert Zongo, Reporters sans Frontières a décrit votre frère comme le protecteur et vous le protégé. Qu’en dites-vous ?
• Le caractère subjectif de l’affiche publiée par Reporters sans frontières est patent, au regard des faits. Vous savez bien que Robert Ménard, le secrétaire général de cette organisation, a pris une part active aux travaux de la Commission d’Enquête Indépendante où il ne s’est pas privé de me questionner sur tout.

Je rappelle pour vos lecteurs que suite à cet horrible assassinat, une Commission d’Enquête Indépendante avait été mise en place, présidée par un éminent représentant de la société civile, le Magistrat Kassoum Kambou alors Secrétaire aux relations extérieures du MBDHP, commission dont faisait partie entre autres vos confrères Sy Chérif et Pierre Dabiré.

Cette Commission a bénéficié de moyens conséquents sans qu’on ne puisse la suspecter d’allégeance au pouvoir ; son autorité et son crédit n’ont jamais été remis en cause.
Après avoir auditionné 204 personnes, selon son rapport rendu public, les conclusions de la CEI ne mettent nulle part en cause ma personne ! L’attitude de Robert Ménard ne relève donc, ni plus ni moins, que d’une animosité personnelle à mon égard qui a pour but de salir les plus hautes autorités du pays et sa justice. C’est dommage pour l’image de RSF.

Tout de même, la CEI, en plus d’établir le lien entre les dossiers David et Norbert, a désigné 6 suspects sérieux, tous du RSP dont certains étaient déjà impliqués dans l’affaire David.

• Si l’on vous suit, il n’y aurait plus qu’à inculper sans autre forme de procès dans l’affaire Norbert, ceux qui ont été déclarés suspects ou coupables dans l’affaire David Ouédraogo ! Un suspect, fût-il sérieux, n’est pas encore un coupable ; il jouit de la présomption d’innocence et peut être innocent. Pour preuve certains des suspects désignés par la CEI dans l’affaire David Ouédraogo ont été blanchis lors du procès par la vérité des faits. C’est la preuve qu’ils avaient été injustement qualifiés de suspects.

Pouvez-vous nous rappeler votre rôle dans la triste affaire David Ouédraogo ?

• Le procès de cette affaire a été largement public et tous les détails sont connus de l’opinion publique. Je suis un citoyen épris de paix et de justice et je ne souhaiterais pas donner des justificatifs à même d’éveiller des rancoeurs ou faire des commentaires sur des décisions de justices devenues définitives ; vous savez vous-même que ce n’est pas normal.

Alors comment voulez-vous que les apparences qui lient les deux évènements puissent être clarifiées ?

• (Silence)... Bon, c’est vous qui insistez ! Je pense que ce sera pour moi la dernière fois de revenir sur cette affaire. David Ouédraogo était mon chauffeur et j’avais beaucoup d’estime pour lui, au point de le traiter comme un membre de ma famille.

Suite à un vol commis à notre domicile, lui et d’autres membres du personnel domestique ont été interpellés et interrogés par la sécurité. Il faut aussi rappeler qu’à l’époque des faits, des questions relatives à la sécurité de l’Etat se sont superposées au problème de vol.
Malheureusement, David Ouédraogo est mort en détention. Mon épouse avait simplement porté plainte du fait de vol commis à notre domicile, et le cas malheureux du décès de David s’est produit suite aux investigations consécutives. D’ailleurs on avait tellement confiance en David que la plainte contre le vol ne le visait pas au départ ; ce sont ses collègues domestiques qui l’ont dénoncé au cours de la procédure.

Le tort a quand même consisté à le confier aux éléments du RSP plutôt qu’à la gendarmerie ou à la police ?

• Vous savez, on ne va pas refaire ce procès qui contient tous ces détails. Lorsqu’on habite un endroit sécurisé comme c’est mon cas, le premier réflexe en cas d’incident, est d’en informer les responsables de cette sécurité, ce que j’ai fait ! Retenez néanmoins, comme je vous l’avais déjà déclaré dans une autre interview en 1998 (1), que la gendarmerie a été saisie de la plainte pour fait de vol à mon domicile.

Norbert Zongo qui était, semble-t-il, prudent et méfiant n’aurait accepté ce repas entre amis que sur insistance de certaines personnes en qui il faisait certainement confiance.

N’avez -vous pas été quelque peu ébranlé par cette affaire ?

• Beaucoup ! Car non seulement j’avais perdu un être pour qui j’avais beaucoup d’estime et d’affection, mais en plus on m’accusait de l’avoir livré intentionnellement à la mort alors que, comme je vous l’ai déjà dis, la plainte ne l’avait pas personnellement visée au départ et sa mise en cause a résulté de l’enquête diligentée à cet effet.
Les ponts sont-ils définitivement coupés entre vous et sa famille ou gardez-vous toujours les mêmes relations ?

• Je continue d’entretenir de bons rapports sa famille.
Le procès de l’affaire David Ouédraogo a été un moment fort dans notre pays. Comment l’avez-vous vécu ?

• Avec la sérénité de l’innocent, mais aussi de la tristesse. La sérénité parce qu’il m’était enfin donné l’occasion de manifester mon innocence. La tristesse, d’abord à cause de la mort d’un de mes employés, et ensuite pour toutes les accusations gratuites et calomnieuses dont ma famille et moi faisions injustement l’objet.

Avez-vous pu vous expliquer comme vous le souhaitiez ?

• Oui. Le procès était public et malgré le conditionnement d’une partie de l’opinion par les adversaires politiques du régime, les débats sont restés sereins et le procès équitable. D’ailleurs à l’issue du procès, certaines personnes qui étaient auparavant manipulées, et après avoir été bien éclairées, m’ont témoigné leur amitié et soutien.

Aviez-vous des raisons de craindre l’issue du procès ?
• Très honnêtement je n’avais aucune crainte puisque j’étais persuadé de mon innocence.

Quelle a été votre impression d’ensemble sur ce procès ?

• La vérité a triomphé ! Certains ont voulu manipuler la justice et les juges en me présentant comme le coupable désigné, mais la manoeuvre n’a pas marché et j’en suis très heureux. Souvenez-vous de l’entretien que j’avais accordé en 1998 à votre journal, bien avant la mort de Norbert Zongo, et dont je parlais tantôt.

J’avais clairement affirmé que je m’en remettais à la justice de mon pays. C’est dire que j’attendais ce procès avec sérénité.
J’avais également clairement affirmé que j’acceptais l’expression de la différence d’autrui et que j’adhérais fermement à la liberté de la presse et fustigeais par conséquent toutes les pratiques néfastes à la démocratie. Ce procès me donnait parfaitement raison et comme tout bon citoyen, je me suis soumis comme il se devait à toutes les contraintes de la procédure.

Revenons au dossier Norbert Zongo.

Le journal l’Indépendant, dans son édition spéciale du 13 décembre dernier, vous a présenté comme l’instigateur d’une tentative d’empoisonnement dont Norbert Zongo aurait été victime à Kaya ; citant au passage l’apport de feu Edmond Koama et certains spécialistes en sciences occultes dans le Boulkiemdé.

Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?

• On m’a parlé de cet article. A l’époque des faits je n’avais pas de rapports particuliers avec Koama Edmond.
Par ailleurs n’étant pas versé dans les sciences occultes, je ne saurais en faire une source d’inspiration ou de preuve pour la justice moderne ! Mais la piste invoquée par l’Indépendant me semble intéressante.

D’ailleurs je me rappelle qu’après ce drame de Sapouy l’un de vos confrères, l’Opinion, avait évoqué cette tentative d’empoisonnement comme une des pistes possibles pouvant conduire à la manifestation de la vérité.
Ce journal précisait même, citant Norbert Zongo, que le repas incriminé était pris dans un cercle "d’amis sûrs" de celui-ci. Mais à ma connaissance le journal l’Opinion n’avait pas été suivi dans ce sens ni par la CEI, ni par une quelconque structure de la société civile.

Certains avaient même considéré qu’il s’agissait d’un simple incident que le pouvoir invoque pour brouiller les pistes. En réalité cette piste ne les arrangeait pas, car les auteurs de la tentative d’empoisonnement, si elle est vérifiée, seraient à rechercher ailleurs que dans mon milieu, car Norbert Zongo qui était, semble-t-il, prudent et méfiant n’aurait accepté ce repas entre amis que sur insistance de certaines personnes en qui il faisait certainement confiance.

Toujours selon notre confrère, c’est l’échec de l’empoisonnement qui a commandé la méthode utilisée le 13 décembre 1998 à Sapouy.

• Si c’est cela, le dossier Norbert Zongo peut avancer rapidement et je pense que c’est effectivement une hypothèse qui pourrait être explorée comme le suggère l’Indépendant. Sur ce point je suis d’accord avec ce journal ! Mais il faut se situer dans le contexte de l’époque.

En effet, le problème de la tentative d’empoisonnement est intervenu juste avant l’élection présidentielle qui était boycottée par une partie de l’opposition. Si l’empoisonnement avait abouti à la mort de Norbert Zongo, comme l’espéraient ses fameux « amis sûrs », des troubles consécutifs auraient peut-être conduit au report de l’élection !

Dieu merci l’élection a pu se dérouler sans incident majeur ! Mais pour salir le mandat du Président du Faso, il n’est pas exclu que les mêmes auteurs de l’empoisonnement aient remis en œuvre, avec succès cette fois, leurs sombres desseins sur la route de Sapouy ! Vous savez, en matière criminelle, il y a une question qui doit être toujours posée : à qui profite le crime ?

Il est évident que ce crime abominable est devenu une mine d’or politique, voire financière, pour bien de gens par l’instrumentalisation de la soif légitime de vérité de notre peuple. Et souvenez-vous que les écrits de l’Indépendant à l’époque n’épargnaient personne ; les pistes peuvent donc être nombreuses.

Vous êtes en train de dire que le coup du 13 décembre a pu être fait par les propres amis de Norbert ?

• Vous savez, je m’interroge sur toutes les pistes ainsi que votre question m’en donne l’occasion. C’est Norbert qui, a semble-t-il, dit avoir pris le repas incriminé en compagnie d’amis sûrs pour lui. Alors s’il y a eu tentative d’empoisonnement au cours du même repas, vous voyez bien qu’il serait illogique d’exempter ce cercle de toute vérification. Je n’affirme rien, je m’interroge.

Plus loin dans la même livraison, l’Indépendant dit qu’en récompense pour service rendu, vous avez offert une voiture neuve à l’adjudant Marcel Kafando, le seul inculpé à ce jour dans cette affaire. Vrai ou faux ?

• Faux ! Je ne lui ai jamais acheté même une mobylette à plus forte raison une voiture neuve.
Vous arrive-t-il de lui rendre visite ou l’avez-vous complètement abandonné à son triste sort ?

• Humainement, je ne peux l’abandonner ! S’il n’y avait pas eu ce problème de vol à mon domicile, peut-être qu’il n’en serait pas là. Je suis allé lui rendre une visite lorsqu’il était à la MACO puis lorsque j’ai appris qu’il était gravement malade, mais toujours après avoir accompli toutes les formalités légales et sur autorisation du juge.

Depuis l’affaire Norbert Zongo, vous et le sergent Babou Naon vous regardez en chien de faïence. Quelle serait la pomme de discorde ?

• Même quand il était en activité au conseil, je n’avais pas de rapport particulier avec lui. Il n’a jamais été un problème pour moi.

Lors du procès de la tentative de putsch courant avril, il a pourtant déclaré que vous n’étiez pas étranger à l’assassinat de Norbert. Vous allez nous dire comme certains que c’est une ligne de défense pour quelqu’un qui était dans le pétrin ?

• Dans cette douloureuse affaire j’accueille personnellement avec enthousiasme tout ce qui peut éclairer l’opinion nationale et le juge d’instruction, et contribuer à la manifestation de la vérité.

Mais je suis surpris que ce monsieur laisse passer tout ce temps alors qu’il aurait pu témoigner utilement devant la CEI qui, à l’époque, avait mis en œuvre des mécanismes permettant de sauvegarder l’anonymat des témoins. Par ailleurs cela fait longtemps que le juge d’instruction est à la recherche d’informations pertinentes lui permettant de boucler son dossier.

Pourquoi attend-il d’être impliqué dans une tentative de putsch et en passe d’être jugé pour prétendre faire des révélations ? Ces interrogations font douter de l’objectivité de ses propos qui s’inscrivent tout simplement dans une stratégie de défense. Vraiment pour moi, Naon n’est pas un problème. Il peut aller voir le juge d’instruction s’il a des révélations à faire.

Il est quand même venu s’ouvrir à vous après le 13 décembre et vous l’avez houspillé.

• Je vous dis que toutes ses déclarations sont liées à sa stratégie de défense ! Je ne me rappelle pas avoir eu un quelconque entretien avec lui, ni avant ni après le 13 décembre 1998.

On dit aussi que de retour du Soudan, votre frère s’est emmuré à Ziniaré, refusant obstinément de vous recevoir plusieurs jours durant. Il ne vous a jamais soupçonné ?

• Jamais ! Vous savez, c’est lui qui me connaît le plus. Il sait que je ne suis pas capable d’un tel acte et sans son soutien et son affection je n’aurais jamais pu tenir face à un tel déchaînement de haine. Rappelez-vous qu’à l’époque des faits, nous étions en pleine préparation d’une réunion de l’OUA et le Président du Faso devait accueillir, les 17 et 18 décembre 1998 des hôtes de marque dont certains ont même participé à la cérémonie d’investiture le 21 décembre.
Et souvenez-vous que moi j’ai quitté Ouaga pour Paris le 13 décembre alors que le Président du Faso revenait du Soudan le 14 décembre. Je suis revenu quant à moi le 18 décembre en plein mini sommet extraordinaire de l’OUA.
Pensez-vous sincèrement qu’il pouvait s’emmurer à Ziniaré pendant cette période-là comme vous le dites ?

Il semble qu’un ami de la famille Compaoré, en l’occurrence le lieutenant Casimir Kaboré, est mort à cause de cette affaire. Qu’en savez-vous ?

• Je suis vraiment peiné par ces allégations qui vont jusqu’au bout de l’horreur. Il faut savoir que les deux familles se connaissent et se fréquentent depuis 1964 donc bien longtemps avant qu’on sache que mon frère occuperait ses responsabilités actuelles.
Pourquoi s’acharner sur nous au point de fouler aux pieds des valeurs sacrées comme le respect dû aux morts et à la douleur de leurs familles et amis ? D’ailleurs la famille de Casimir a produit une mise au point à laquelle je voudrais m’en tenir.
Dans cette affaire Norbert, je suis innocent et je reste serein.

Votre belle-mère, Alizèt Gando, est aussi souvent épinglée dans cette triste affaire ; c’est à croire que c’est un complot familial.

• En réalité, on a tenté à tort de salir de nombreux autres opérateurs économiques présentés comme des proches du régime. Entendue à l’époque par la CEI, ma belle-mère n’a pas été mise en cause, ni aucun autre membre de ma famille d’ailleurs !

Elle n’aurait pas pu faire cela sans que vous ne fussiez au courant ?

• Elle est incapable d’un tel acte !

Au fait, comment votre épouse vit-elle ces accusations itératives ?

• Elle a été très affectée au début, mais maintenant elle supporte mieux la tension liée à ce tissu de mensonges savamment distillés pour des besoins de luttes politiciennes.

Vos enfants savent-ils qu’on vous accuse de choses très graves ? Si oui, comment réagissent-ils ?

• Vous savez, les enfants jugent leurs parents par rapport à leur comportement réel et non par rapport aux ragots colportés sur leur compte. Mes enfants, quoique mineurs, connaissent la situation, parce que nous en avons parlé en famille.

A l’école ne sont-ils pas quelquefois pris à partie par leurs camarades comme cela peut arriver chez les enfants ?
• Dieu merci, non !

Malgré tout ce qu’on dit de votre implication dans l’affaire Norbert Zongo, vous restez muet comme une...tombe.

Pourquoi ne jugez-vous pas nécessaire de répondre si vous n’avez vraiment rien à vous reprocher ?

• Je ne peux pas passer mon temps à répondre à toutes ces attaques grossières et politiciennes ! Le but du jeu est aussi de me divertir et d’installer une polémique stérile afin de me détourner de mes missions essentielles et il ne faut pas tomber dans le piège.
En outre des animateurs d’une certaine presse, ainsi que certains milieux politiques, font de cette affaire un fonds de commerce en associant outrageusement mon nom à la mort de Norbert Zongo comme argument de vente ou de marketing politique !

C’est tant mieux pour eux, mais malheureux pour la mémoire de Norbert Zongo. Vous remarquerez aussi que ces attaques ont repris de plus belle parce que nous sommes de nouveau en année électorale et je m’attends à ce qu’elles soient encore plus virulentes. Je déplore simplement que l’opinion publique soit continuellement grugée par ces pêcheurs en eaux troubles.

Le juge d’instruction vous a-t-il entendu après la livraison spéciale de l’Indépendant vous mettant fortement en cause ?

• Non ! Le devrait-il systématiquement pour toutes les allégations de la presse ? De mon point de vue, cette fameuse livraison n’apporte aucune information nouvelle ; il s’agit des mêmes attaques et accusations gratuites, des allégations mensongères et des extrapolations faciles concoctées pour lancer une vaste campagne de dénigrement dans la perspective de l’élection présidentielle.
Mais une fois de plus, cette campagne politicienne est vouée à l’échec. Si l’Indépendant veut vraiment faire avancer la justice, qu’il demande à ses sources de bien vouloir se présenter dans le bureau du juge d’instruction pour faire leur déposition conformément aux règles de procédure en vigueur.

Pensez-vous qu’un jour on saura de façon indubitable qui a dit à qui de boucaner Norbert ?

• J’ai le plus grand intérêt au triomphe de la vérité !
A l’issue des législatives 2002, le CDP a obtenu 54 élus/111. Pensez-vous que cela ait influencé positivement les débats à l’Assemblée ?

• Oui je crois. De ma position de citoyen je constate qu’il y a plus de pluralisme, donc plus de débats et d’idées. Tout ceci contribue à la consolidation de la démocratie. D’ailleurs, lors de la clôture de la dernière session parlementaire, nous avons pu avoir une illustration éloquente de ce nouveau climat qui règne à l’Assemblée nationale.

A quoi faites-vous allusion ?

• Au débat républicain qui est riche, vivace et librement contradictoire avec un sens élevé des responsabilités.

Une trop grande longévité au pouvoir est souvent source de tous les dangers, surtout sous nos tropiques. C’est également votre avis ?

• De mon point de vue l’essentiel n’est pas dans la longévité mais dans le respect des choix du peuple,les réalisations faitespourson épanouissement, la paix sociale bien entretenue, l’espoir d’une vie meilleure, bref, le travail qui est fait sur le terrain par les dirigeants. Il y a des pouvoirs qui ont été relativement brefs mais particulièrement désastreux pour leurs peuples, tout comme il y a des dirigeants qui, après leur mandat ou leur disparition, sont aujourd’hui regrettés par leurs peuples malgré une certaine durée au pouvoir ! Sur cette question évitons donc la langue de bois.

Comment entrevoyez-vous l’après Blaise aussi bien pour lui que pour vous et votre famille ? Pensez-vous pouvoir vivre une vie paisible au Faso après avoir quitté les affaires ?
• Bien sûr ! J’espère que la construction de l’Etat de droit que le Président du Faso a courageusement engagée sera irréversible afin de toujours assurer à tous les citoyens une vie paisible au Faso. La consolidation de l’Etat de droit ou simplement son maintien ne pourra aboutir qu’à garantir à tous les citoyens burkinabé sans distinction, de vivre en paix chez eux quel que soit celui qui dirige le pays. Je n’ai aucune raison de penser qu’il en sera autrement.

J’ai le plus grand intérêt au triomphe de la vérité !

Certaines langues disent que vous êtes le parrain d’un nouveau parti de la mouvance présidentielle (le RDM) avec monsieur Eugène Diendéré. Qu’en est-il exactement ?

• J’ai aussi entendu cette rumeur de plusieurs sources, et il semble même qu’une radio locale en a fait échos. Je démens catégoriquement cette information, pour n’avoir jamais été associé à une pareille initiative. D’ailleurs, la liberté de création de parti au Burkina est bien instaurée au point qu’on a pas besoin d’une tierce personne pour en créer. En plus, en tant que militant actif et membre du bureau politique du CDP, je ne vois pas quel intérêt aurais-je à susciter la création d’autres partis. C’est complètement absurde et faux !

Pour beaucoup de gens, c’était une provocation d’ériger votre bunker en face de l’U.O. au moment où les étudiants tirent le diable par la queue. Y avez-vous pensé ?

• Voyez-vous, c’est ce genre d’amalgame qui entretient quelquefois des confusions dommageables auprès de la jeunesse. La situation sociale difficile des étudiants est une question récurrente posée et à résoudre à travers un programme national, et j’y ai moi même aussi été confronté à une certaine époque en tant qu’étudiant non boursier.
Et puis en quoi est-ce qu’en construisant une maison, en face de l’U.O ou ailleurs, un individu pourrait y être pour quelque chose ?

L’érection de cette résidence est quand même l’une des preuves matérielles qui montrent qu’il y a l’argent dans le pays alors que les conditions de vie et d’études des étudiants se détériorent chaque jour.

• Je ne comprends vraiment pas votre logique ! Si vous vous promenez dans certains quartiers de Ouaga, vous vous rendrez vite compte que cette maison est bien dépassée ! Et puis ne faites pas croire qu’une seule maison constitue une preuve que la richesse du pays est telle que tous les problèmes sociaux peuvent être désormais solutionnés ! Je répète que le problème social auquel sont confrontés les étudiants ne date pas de la construction de ma maison. Ce problème social est posé de longue date et c’est un constat qu’on peut faire dans plusieurs autres pays.

Est-ce normal qu’il y ait pratiquement un détachement militaire devant chez vous simplement parce que vous être le frère du Président ?

• Les questions de sécurité ne sont pas de mon ressort et je fais confiance aux responsables qui prennent les mesures appropriées. Je suis sûr que l’opinion publique peut comprendre que dans un certain contexte et à certains moments, on ait des besoins de sécurité particuliers. Au début il n’y avait pas ce détachement comme vous dites.

Quel est votre passe-temps favori ?

• En tant qu’ingénieur agroéconomiste, je regrette énormément de ne pas avoir beaucoup de temps pour m’occuper de ma ferme, surtout les week-ends.

Pouvez-vous justement nous parler de cette ferme (localisation, superficie, conditions d’acquisition, prix, ce qu’on y trouve, le nombre de personnes qui y travaillent, etc.).

• Pour la localisation permettez-moi d’être discret. Il s’agit tout simplement d’une petite ferme d’élevage d’une vingtaine de vaches laitières que j’anime avec quelques six villageois dans le cadre d’une coopérative de producteurs de lait. Pour les conditions d’acquisition j’en ai fait la demande auprès des propriétaires ; et après qu’ils eurent accepté de me céder le terrain j’en ai effectué le bornage suivant les procédures domaniales qui en déterminent le coût. Je crois que c’est la procédure pour tous les citoyens qui désirent ce genre de terrain. Je compte à l’avenir y associer d’autres activités.

François Compaoré a-t-il une vie d’homme normal, de simple citoyen ?

• J’essaie d’avoir une vie normale à l’instar de tous les citoyens, une vie que je partage entre ma famille, mes amis et mon boulot. Il est vrai que par moment j’ai l’impression d’être traité comme un citoyen que l’on voudrait priver de certains droits, y compris les plus fondamentaux comme la présomption d’innocence, le respect de la vie privée, le droit à un procès équitable, etc.

Y a-t-il, pour conclure cet entretien, quelque chose qui vous soit resté sur le cœur et que vous souhaiteriez ajouter ?

• Je voudrais rassurer vos lecteurs et toutes les personnes de bonne foi, soucieuses de vérité et de justice. Dans cette affaire Norbert, je suis innocent et je reste serein.
Ma position particulière ne m’autorise pas à engager des polémiques stériles et sans issue avec des individus dont la seule préoccupation est de salir le régime et même le pays. Ces attaques qui reprennent de plus belle à la veille des élections présidentielles sont appelées à s’intensifier.
J’invite donc vos lecteurs au discernement, afin de permettre à la justice de retrouver et punir les vrais coupables que l’on tente de camoufler sous un rideau de mensonges et de diffamation. Je pense particulièrement à la jeunesse intellectuelle de la tranche d’âge de moins de 20 à 22 ans qui, à l’époque des faits en1998, avait moins de 14 et 16 ans.

D’aucuns voudraient aujourd’hui servir à cette jeunesse des versions tendancieuses à des fins de manipulation. J’invite donc ces jeunes à se référer au contexte sociopolitique préélectoral et à conserver leur indépendance de jugement pour pouvoir éclairer leur soif de vérité. Je profite de l’occasion qui m’est offerte en ce début d’année pour présenter mes meilleurs vœux à toute l’équipe de l’Observateur Paalga, de même qu’à vos confrères des autres organes de presse, sans oublier vos fidèles lecteurs. o
Je vous remercie
Entretien réalisé par Edmond Nana Boureima Diallo, Ousséni Ilboudo
L’Observateur Paalga n° 6322 du 1er/02/05
(1) Cf. L’Observateur Dimanche n°120 du 3 au 9 avril 1998

Intolérance suspecte !

Tout simplement minable ; pour ne pas dire plus ; confraternité oblige. Pourquoi dans sa diatribe contre François COMPAORE, publiée dans son édition n°596 du 08 février 2005, L’Indépendant n’a pas pu résister à la tentation de nous tomber dessus à bras-raccourcis en nous traitant de « chantre d’un pouvoir en place »... en comparaison avec ce que serait son rédacteur Michel ZOUNGRANA, « un journaliste qui recherche dans son travail l’objectivité des faits.. ».

Pourquoi ne décolère-t-il pas devant notre confrère L’Observateur Paalga coupable du « crime monstrueux » d’avoir, par l’interview réalisée avec François COMPAORE offert à celui-ci « une occasion en or... de balayer d’un revers de la main, toutes les révélations faites par notre journal... » ? Ou encore pourquoi veut-il railler ce confrère avec des tournures d’une méchanceté primaire voulues savantes du genre « L’Observateur Paalga le seul journal qui décroche les interviews du siècle avec François COMPAORE... » ?

La réponse à toutes ces questions est tout simplement : l’intolérance ! Quand on sait les malheurs que cette tare ont occasionné de par le monde, on ne peut manquer de frémir, d’autant qu’elle est porteuse de refus de la différence donc du principe fondateur de la démocratie ; de mauvaise foi qui pousse à froidement travestir les faits et les propos ; d’indigence dans l’argumentaire ; et de mépris de l’autre. Si à travers les âges, l’intolérance a été à la base de tous les drames humains que ne peut-elle pas faire au Burkina Faso même si ceux qui en sont malades sont une petite minorité dont le seul avenir est de chercher à s’occuper de celui des autres en leur prédisant les pires malheurs.

Si nous refusons, à L’Opinion, de céder à la provocation et de laisser courir, il est toutefois impératif que l’on sache, comme nous le soutenons toujours, que personne au BURKINA FASO ici, personne individuelle ou groupe d’individus, ne détient aucun monopole en quoi que ce soit. C’est dire qu’en toute chose il faut savoir raison garder pour éviter d’ouvrir des boîtes de pandores qu’on aura toutes les peines du monde à refermer plus tard.

La raison en est, que pour ce qui est de l’affaire Norbert ZONGO on ne peut pas exiger de tout le monde d’avoir le stoïcisme de François COMPAORE et de laisser dire afin que certains puissent se permettre des déclarations aussi péremptoires que fantaisistes du genre. « Malheureusement pour lui (François COMPAORE), aussi bien au plan national qu’international, l’opinion est déjà faite sur ce drame qu’une interview, même dans le plus grand journal du monde ne peut modifier... ». Il ne lui resterait plus donc qu’à mettre la tête sur le billot et supplier le bourreau d’y aller vite fait et qu’on en finisse une fois pour toute et sans autre forme de procès. Tant pis pour la Justice et la Vérité.

Pour ce qui nous concerne, nous aimons à dire dans le ton qui nous plait et quand nous le voulons nos opinions. N’en déplaise à ceux qui souhaitent nous voir entonner et après eux, le cœur qu’on leur a inculqué.
Cela dit, personne ne peut contester à L’Indépendant, d’ailleurs personne ne le fait, le droit de « répondre » à François COMPAORE, même si manifestement celui-ci ne lui a pas adressé la parole et préfère le laisser à ses tribulations. De même personne ne lui conteste le droit de faire les analyses qu’il veut.

Alors, d’où vient-il que lui veuille dénier aux autres celui de faire les leurs ou s’en prenne aux autres parce que leurs opinions prennent le contre-pied de ses assertions ? D’où vient-il qu’il se pique à en vouloir à un confrère parce qu’il a permis à un citoyen de s’exprimer dans ses colonnes ? Dans cette affaire Norbert ZONGO et surtout à la lecture des dernières « analyses » qu’il fait, on ne peut pas ne pas se poser des questions devant ses déductions, ses sources, ses analyses, ses affirmations, etc.

Nous reviendrons largement sur le sujet dans nos prochaines éditions, car plus que jamais nous sommes convaincus que l’assassinat de notre confrère n’est pas le simple fait de quelques individus qui cherchaient à régler des comptes. L’acharnement de certains à tirer des conclusions de faits non établis est plus que suspect. Voilà d’ailleurs pourquoi nous avons décidé d’une édition spéciale sur la tentative de meurtre dont il a été l’objet le 8 novembre 1998 à Kaya soit une semaine avant l’élection présidentielle du 15 novembre que Blaise COMPAORE devait gagner sans coup férir puisque « l’Opposition vraie » l’avait boycottée.

A-t-elle eu l’idée malicieuse et machiavélique de gagner ces élections sans y prendre part ? Une question que certains devraient « peut-être » explorer si tant est-il qu’ils ont à cœur de lire la vérité sur l’assassinat de Norbert ZONGO au lieu de se contenter uniquement des informations publiées dans les « tracts des moments chauds de la crise », d’autant que rien ne permettait par recoupements de les confirmer. Surtout que Norbert ZONGO avait lui-même écrit noir sur blanc et dans son journal qu’il avait frôlé la mort, que c’était bel et bien une tentative d’empoisonnement dans un milieu où il devait pourtant être en sécurité et que « L’Indépendant sera indépendant ou ne sera pas » (in L’Indépendant n°272 du 24 novembre 1998 sous le titre : « Raison d’une absence »).

D’ailleurs dans l’article que reprend L’Indépendant et dont le titre est « le mort du conseil : la solution par le mortel », Norbert ZONGO fait encore allusion à cette affaire en écrivant relativement au sacrifice suprême qu’il serait prêt à consentir pour sa liberté : « Pour la petite histoire, nous nous sommes aperçus que ce n’est pas si difficile de partir ».

Ne l’a-t-on pas piégé en l’intoxiquant d’informations fausses afin de lui faire écrire qu’il était menacé pour ensuite l’assassiner et faire porter le chapeau à ce lui qui « le menaçait ». Certains acteurs politiques nous ont tout montré ces derniers mois qu’ils ne reculaient devant aucune énormité, l’essentiel pour eux étant d’affaiblir le pouvoir pour leur permettre de lui porter l’estocade, qu’on ne peut jurer de rien. Des interrogations donc qui méritent d’être approfondies à moins d’être payé pour refuser de réfléchir ! Comme si cela ne suffisait pas voilà que notre confrère adopte lui-même des attitudes pour le moins équivoques.

Comment ne pas se poser en effet de questions quant L’Indépendant devient subitement le protecteur du Colonel DIENDERE et surtout de l’Adjudant Marcel KAFANDO, suspect parmi les suspects, qu’il refuse de questionner parce que le premier « court inutilement le risque de trouver du sable dans son couscous très bientôt »... tandis que le second court « le grand risque de voir disparaître tous ces avantages en plus d’autres dont François le couvrirait... ». C’est à ne rien comprendre ! Nous n’osons même pas penser à de l’humour noir sur le dos de Norbert ZONGO, car le sujet ne permet pas un tel écart. Alors qu’est-ce à dire ? Le « Wens » devrait chercher à comprendre et être beaucoup plus pressant en refusant les arguments du genre : « c’est la rumeur »... « nous ne pouvons pas dévoiler nos sources... » et autres.

Comment ne pas se poser des questions quand notre confrère écrit que « François est peut-être innocent » et n’hésite pourtant pas à le charger sans discernement ? Quelque part, quelque chose ne va pas. C’est tout cela que nous tenterons d’éclaircir dans nos prochaines éditions. Dans cette affaire Norbert ZONGO tout finira par se savoir !
D’ailleurs plus de choses se savent que certains n’imaginent pas connus même s’ils ont l’impression que n’est plus aussi opaque qu’avant.

Cheick AHMED (In L’opinion n° 384 du 09 au 15 février 2005)

Les vraies rélélations de L’Indépendant

Pour un pavé dans la mare, le n° spécial de L’Indépendant sur l’Affaire Norbert ZONGO en est vraiment un ! Il l’est tant et si bien qu’il semble avoir largement débordé des espérances de ses acteurs et puisqu’en toute chose l’excès nuit, ceux-ci se mordent actuellement les doigts jusqu’au sang pour avoir comme ouvert une boîte de pandore dont ils ne peuvent plus maîtriser les conséquences. En effet, plus de deux mois après être tombé, il continue de faire des vagues qui ne sont pas prêtes de s’estomper. Bien au contraire !

Si pour de nombreux observateurs, l’intérêt que ce numéro porte à la tentative d’empoisonnement à laquelle Norbert ZONGO a échappé le 8 novembre 1998 est digne de retenir l’attention, ses « révélations » et les conclusions qu’il en tire sont par trop tirées par les cheveux et soulèvent bien d’interrogations. Pour autant il ne vient à l’esprit de personne de jeter le bébé avec l’eau du bain mais plutôt d’approfondir l’enquête avec l’espoir de découvrir des faits susceptibles de faire avancer le dossier. C’est certainement cette logique qui a motivé le juge d’instruction à entendre notre collègue de L’Indépendant, car même si sans aucun doute il avait déjà fait le tour sur le sujet, il est si complexe que rien ne peut être considéré de trop pour aider à l’élucider. De cet interrogatoire a-t-il tiré quelque chose de bon ?

Rien n’est moins sûr ; car à suivre le compte-rendu fait de cette audition dans les colonnes du journal et les arguments utilisés jusque-là pour soutenir les accusations, on ne devrait pas être très loin de la chansonnette entendue de confrères du même pool qui font rimer rumeurs, protection des sources d’information, tracts et excuses aussi plates qu’hypocrites puisque dès le seuil franchi ils retombent dans les mêmes ritournelles.

S’il est un fait que dans cette affaire l’opinion de L’Indépendant et celles de ces journaux ne font pas autorité, on ne peut pas manquer de noter qu’ils se font depuis peu plus perspicaces que la Commission d’Enquête Indépendante (CEI) du juge Kassoum KAMBOU, qui avait balayé cette piste d’un revers de la main l’assimilant à un simple « incident ». C’est dire aujourd’hui que le mythe de la CEI omnipotente et omnisciente est tombé et qu’il n’est plus une hérésie de discuter ses décisions voire même de prendre leur contre-pied.

C’est déjà cela de gagné et personne ne devrait plus raisonnablement s’en prendre à qui que ce soit parce qu’il aurait un avis différent de celui de la CEI sur l’un quelconque des aspects de cette affaire. Que ceux qui récitent avec ferveur des passages entiers du rapport de la CEI comme des cantiques se réveillent donc et se donnent dorénavant la peine de réfléchir par eux-mêmes. C’est vrai que son président avait déjà laissé entendre qu’elle n’était pas infaillible, mais certains ne voulaient rien entendre à rien d’autant qu’elle pointait ostensiblement le doigt dans la direction qu’ils voulaient.

Jugement prémonitoire ou aveu avant l’heure de ce qu’il savait que le travail accompli était tout sauf une investigation criminelle sérieuse ? Toujours est-il que les faits aujourd’hui lui donnent raison. En réalité, avec la composition qui était la sienne et l’atmosphère du moment on ne pouvait pas raisonnablement en attendre plus.
Continuant sur sa lancée et dans la foulée, le n° spécial a définitivement tiré un trait sur une quelconque implication du Président du Faso dans cette douloureuse affaire. En effet, il le dit en termes ouverts, Blaise COMPAORE n’est en aucune façon mêlé dans cette histoire, puisque si ce sont des membres de sa garde rapprochée qui en sont les auteurs ils le lui ont bien caché.

Même que malgré les « évidences », ses « interrogatoires » et ses « menaces » ceux-ci ont formellement refusé d’endosser le crime. Son frère cadet que l’on dit commanditaire aurait lui aussi tout nié et n’aurait pu avoir de nouveau des relations quelque peu normales avec lui qu’à la faveur d’un match de football (! ?!). Donc Blaise COMPAORE est étranger au meurtre de notre confrère et aurait même tout mis en œuvre pour démasquer les auteurs et commanditaires qu’on lui assurait être dans son entourage. Mais peine perdue. Ce sont-là des faits particulièrement importants qui marquent une rupture nette avec le discours des « moments chauds » où on décrivait avec minutie la « réunion » tenue dans une arrière cour, au fond d’une cuisine pour « décider » du sort de notre confrère.

Plus qu’une évolution c’est bien-là un point d’inflexion qui a toute son importance. Tous ceux-là donc qui prennent prétexte de cette affaire pour le vilipender et s’attaquer au pouvoir sont par conséquent ni plus, ni moins que de vulgaires imposteurs. Le collectif de Halidou OUEDRAOGO, le G14 et autres sont bien servis et devraient se le tenir pour dit. Même si L’Indépendant est toujours de la partie, on peut espérer qu’il finira par avoir le courage de ses opinions et à s’assumer pleinement.

Un autre élément de l’onde de choc de ce spécial est sans nul doute l’interview que François COMPAORE a accordée à L’Observateur Paalga, principalement sur l’affaire Norbert ZONGO, après 6 années de silence. Point par point et en se fondant sur les faits, il a réfuté toutes les accusations portées contre lui avec une franchise et une évidence dans les propos qui ont convaincu plus d’un observateur. Du coup tous les pêcheurs en eaux troubles sont montés au créneau comme saisis de frayeur avec la perspective d’un retour de pédale qui va certainement être très douloureux pour eux.

Ceux qui doutaient encore de leur mauvaise foi en auront pour leurs frais, car, incapables, de maîtriser leurs pulsions « animales », ils se lanceront tous, sans exception, avec la subtilité que permet à chacun d’eux son intelligence, dans des attaques en règle contre le journal pour avoir permis à François COMPAORE de donner sa version des faits mettant ainsi à nue les manipulations dont l’affaire est sujette.

N’est-ce pas que ces messieurs se reprochent quelque chose et qu’ils savent que leurs accusations ne reposent sur rien de solide ? Pour eux le simple fait que François COMPAORE parle est comme un crime ! Il devrait se taire, ne rien dire si ce n’est d’accepter ce qui se dit contre lui ! Par ailleurs toute personne qui ne pense pas comme cela est forcément en sa faveur et fait son jeu. Drôles de démocrates que ces oiseaux ! Derrière cette intolérance crasse il se cache sans nul doute quelque chose de particulièrement ignoble.

En vérité, tout ce beau monde et leurs « amis sûrs » ont peur de cette question qui inévitablement se pose maintenant : « A qui profite le crime ? » Posez-vous cette question et faites en toute bonne logique la liste des bénéficiaires du crime monstrueux de Sapouy et vous verrez !

Cheick AHME(In L’opinion n° 386 du 23 février au 1er mars 2005)

Panique à bord chez les accusateurs !

Comme il fallait s’y attendre l’interview que François COMPAORE a accordée à notre confrère L’Observateur Paalga (édition N°6322 du 1er février 2005) a fait l’effet d’une bombe dans le landerneau socio-politique. Partisans, adversaires et observateurs se sont arrachés le n°, les uns pour y découvrir la confirmation de son innocence, leurs « voisins d’en face », pour l’y voir bafouiller et s’embourber davantage, les autres pour pouvoir enfin se faire une véritable opinion sur l’affaire Norbert ZONGO. Sur 5 pages et en quelques.... questions François COMPAORE a répondu aux questions des journalistes sans faux-fuyants ni langue de bois. Une véritable mine d’informations qui marquera un tournant décisif dans cette affaire.

à force de vouloir le charger on a tant usé de la rumeur, des tracts des témoins qui ont peur de se présenter au juge d’instruction et pourtant se confient volontiers à des journalistes (sic !) qu’on a fini par dire des choses et leurs contraires donnant ainsi raison au proverbe chinois selon lequel « pour pouvoir cacher un mensonge, il faut 1000 mensonges »

En tout cas l’interviewé et les intervieweurs ont amplement rempli leur part du « contrat » puisque sans complexe ni complaisance, allant parfois jusqu’à se muer en inquisiteurs, les seconds n’ont laissé « aucune place où la main ne passe et repasse » pour « labourer » le sujet et y sont allés souvent au chalumeau pour découper la cuirasse de leur interlocuteur, tandis que, lui, est resté droit dans ses bottes malgré la charge avec des répliques et un argumentaire plein de conviction et d’appropos. Tous les deux se savaient attendus parce que dans cette affaire d’interview, il est clairement et très vite apparu que la bonne foi ne suffisait pas et que la moindre erreur serait amplifiée et tournée dans tous les sens pour leur prêter des intentions et leur faire dire ou faire ce qui ne leur a jamais effleuré l’esprit. Le décor connu ils y sont allés sans rien laisser au hasard.

A chacun donc de se faire sa propre opinion avec ceci en plus que pour la première fois on a la version en « live » d’un des principaux mis en cause. A écouter et à lire les réactions des uns et des autres tout indique que les accusateurs sont désemparés. Ils le sont si bien qu’ils ont été obligés de sonner dans un désordre indescriptible la grande mobilisation en rappelant tous les plumitifs et en faisant donner la grosse artillerie depuis les bords de La Seine. Tout naturellement ça va dans tous les sens, ça se marche sur la langue, ça vous sort des inepties incroyables et ça bave de rage. Il faut dire qu’il y a de quoi dans la mesure où c’est toute la trame de l’affaire Norbert ZONGO qui a été mise à nue en même temps que s’écroule tout l’échafaudage de leurs manœuvres. Comme quoi le mensonge a beau courir, la vérité finit par le rattraper.

Si on aime à dire du Président du Faso, M. Blaise COMPAORE, qu’il s’exprime très peu, que dire alors de son frère cadet François COMPAORE qui, six (06) années durant, malgré les accusations formulées contre lui, les injures grossières, les provocations et autres, n’a jamais répondu en dépit des sollicitations diverses et des supplications de certains de ses amis le conjurant de dire au moins sa version des faits pour desserrer quelque peu l’étau autour de lui. Que n’a-t-on pas dit ou fait contre cet homme pour l’accuser dans cette affaire.

Et pourtant il ne s’est jamais départi de son calme, ce qui a été loin d’être le cas pour ses contempteurs qui en sont comme tombés malades au point de s’autoriser des excès qui les surprendront eux-mêmes et finiront de convaincre nombre d’observateurs qu’il y a certainement anguille sous roche car une telle frénésie ne peut être gratuite.

En effet, à force de vouloir le charger on a tant usé de la rumeur, des tracts, des témoins qui ont peur de se présenter au juge d’instruction et pourtant se confient volontiers à des journalistes (sic !) qu’on a fini par dire des choses et leurs contraires donnant ainsi raison au proverbe chinois selon lequel « pour pouvoir cacher un mensonge, il faut 1000 mensonges ».

Ainsi ils vogueront de « révélations » en « révélations » jusqu’à oublier leurs sources, « les tracts » qu’on les a fait distribuer, avant de s’en apercevoir et de tenter dans un désordre indescriptible de rectifier la bêtise. Mais bien trop tard ; comme dans des sables mouvants, plus ils s’agitent plus ils s’enfoncent.

A lors qu’on s’attendait à ce qu’il apporte la contradiction à François COMPAORE point par point et sur les faits, on a eu droit, comme à l’accoutumée, à des lieux communs, à l’évocation de rumeurs, à des témoignages virtuels, et en dernier ressort à un aveu d’impuissance à apporter le moindre fait pour soutenir ses accusations.

Vulgaire provocation

Notre confrère L’Indépendant dans ses éditions n°596 et 597 des 08 et 15 février en fournit une parfaite illustration. Alors qu’on s’attendait à ce qu’il apporte la contradiction à François COMPAORE point par point et sur les faits, on a eu droit, comme à l’accoutumée, à des lieux communs, à l’évocation de rumeurs, à des témoignages virtuels, et en dernier ressort à un aveu d’impuissance à apporter le moindre fait pour soutenir ses accusations. Traqués de toutes parts par la vérité des faits et le ridicule de ses montages grossiers, il n’a pas trouvé de meilleure parade que de jouer à la provocation avec l’espoir de susciter l’incident qui pourrait détourner l’attention de la misère de ses propos.

Sinon comment comprendre les graves accusations de violations du secret de l’instruction qu’il porte contre le juge d’instruction sans le moindre début de preuve. Il pousse le ridicule et la malhonnêteté jusqu’à parler de « passages de notre déposition faite chez le juge d’instruction le mercredi 05 janvier » sans jamais citer ces fameux passages et affirmer qu’ils « se retrouvent actuellement dans une certaine presse » sans non plus dire exactement dans quel organe ! Si ce n’est pas misérable !

Pour notre part, nous mettons au défi Michel ZOUNGRANA, Liermé SOME et toute autre personne de l’équipe de L’Indépendant de montrer dans l’une quelconque de nos éditions, « des passages » de l’audition du 05/01/05 de Michel ZOUNGRANA, de Liermé SOME ou de qui que ce soit d’autre. On pourra nous rétorquer que nous ne sommes pas les seuls visés dans le vocable « une certaine presse », mais vérifications faites aucun des journaux susceptibles d’en faire partie ne s’est rendu coupable du forfait dont L’Indépendant fait cas.

Par contre c’est dans les colonnes de L’Indépendant qu’on a eu droit à un compte rendu de cette audition. Cela contre toutes les règles de déontologie ! Comme si cela ne suffisait pas il récidive en publiant un papier de Robert MENARD dans lequel celui-ci viole sans vergogne ledit secret. Il se croit tout permis celui-là ?

Pour notre part, nous mettons au défi Michel ZOUNGRANA, Liermé SOME et toute l’équipe de L’Indépendant de montrer dans l’une quelconque de nos éditions, « des passages » de l’audition du 05/01/05 de Michel ZOUNGRANA, de Liermé SOME ou de toute autre personne.
Tout cela au nez et à la barbe des institutions.

Dans la même veine, en violation flagrante de toute règle d’éthique et déontologie en matière de journalisme d’investigation il cite une personne nommément lui attribuant des propos qu’il n’a pas entendus lui-même en disant les tenir de « gens » dont il ne cite pas les noms ? On ne nous fera pas croire que c’est de l’ignorance ! C’est de la provocation pure et simple a moins que ce ne soit les deux à la fois. La preuve de la provocation, cette invite faite à François COMPAORE d’attraire le journal en justice s’il estime subir un préjudice moral du fait de ses articles.

Une vantardise qui cache mal la lâcheté de son l’auteur car il est persuadé que ni François COMPAORE, ni l’Adjudant BADIEL, ni le haut gradé de la présidence du Faso dont il ne dit d’ailleurs le nom, ne lui répondront parce que d’une part ils ne le peuvent pas et d’autre part parce qu’il s’agit d’une vulgaire provocation. Il nous étonnerait que les personnes visées tombent dans le piège. Ce serait trop facile ! A la vérité le ridicule fait partie du quotidien chez les accusateurs.

L’Indépendant affirme que ce sont « des militaires du Conseil » qui ont assassiné notre confrère. Pourtant dans le même temps il prête crédit à des propos attribués à Marcel KAFANDO dans lesquels celui-ci affirmerait que « ...J’ai besoin d’une autorisation militaire, sinon ce sont des civils qui ont fait ça ». Ou bien ce sont des « civils qui ont fait ça » (l’assassinat de Norbert ZONGO) ou bien ce sont des « militaires du Conseil ». On ne peut pas croire à la fois l’une et l’autre hypothèse !

Bagarre entre « amis sûrs » et héritiers

Ainsi, à propos de la tentative d’empoisonnement dont Norbert ZONGO a été l’objet à Kaya et qui a justifié de la part de L’Indépendant un numéro spécial à l’occasion du 6e anniversaire de l’assassinat, on est proprement surpris d’apprendre dans ce numéro que les fameuses « révélations » dont il a été question n’en étaient pas du tout, puisque « ... des tracts aux moments chauds de la crise avaient déjà fait cas des contacts de feu Edmond KOAMA avec des féticheurs de la zone de Koudougou. Donc, nous n’avons inventé aucune piste... ». En toute logique il y a donc eu anarque puisque « les révélations » vendues ne sont que de vulgaires plagiats « des tracts » des moments chauds comme d’ailleurs nous l’avions déjà écrit.

Ce qui par contre est nouveau, c’est que L’Indépendant est d’avis que la tentative d’empoisonnement a eu lieu. C’était le 8 novembre, à une semaine de l’élection présidentielle. Alors n’est-il pas curieux qu’il écrive que « si l’assassinat était intervenu avant l’élection du président COMPAORE on pouvait peut-être suivre François COMPAORE dans son raisonnement... ». La tentative d’empoisonnement ne visait-elle pas à assassiner Norbert ZONGO et n’a-t-elle pas eu lieu avant l’élection présidentielle ? Assurément on s’en mêle les pinceaux quelque part. On a comme l’impression qu’on veut revenir sur les certitudes avancées dans le numéro spécial.

C’est ce que laisse croire des sources concordantes qui affirment que ce numéro a fait l’effet d’une bombe dans le cercle des « amis sûrs » qui y ont vu un coup de Jarnac. En effet, après avoir intimé l’ordre à la CEI de ne pas investiguer dans ce sens (ils la pilotaient en réalité) lesdits « amis sûrs » ne peuvent considérer l’attitude de la direction actuelle de L’Indépendant que comme une attaque en règle. Du coup on comprend que pour se dédouaner celle-ci botte en touche et affirme « Donc, nous n’avons inventé aucune piste... ». Elle aurait pu simplement citer Norbert ZONGO lui-même qui jusqu’à son assassinat se posait toujours des questions sur cette tentative d’empoisonnement.

Ou ce sont des militaires ou ce sont des civils !

Autre incongruité, L’Indépendant affirme que ce sont « des militaires du Conseil » qui ont assassiné notre confrère. Pourtant dans le même temps il prête crédit à des propos attribués à Marcel KAFANDO dans lesquels celui-ci affirmerait que « ...J’ai besoin d’une autorisation militaire, sinon ce sont des civils qui ont fait ça ». Ou bien ce sont des « civils qui ont fait ça » (l’assassinat de Norbert ZONGO) ou bien ce sont des « militaires du Conseil ». On ne peut pas croire à la fois l’une et l’autre hypothèse ! Or c’est ce que fait notre confrère qui va jusqu’à affirmer à la suite d’une déduction tirée par les cheveux, que « Marcel KAFANDO peut donc parler actuellement. Il peut demander et peut-être obtenir cette fameuse autorisation militaire pour aider à boucler le dossier ».

Ce diagnostic sur l’état de santé de Marcel KAFANDO est fait à l’issue de la conversation suivante avec l’épouse du malade :
- question (Q) : Mais comment il se porte maintenant ?
- Madame KAFANDO (Mme K) : ça va nettement mieux
- Q : A-t-il retrouvé l’usage de tous ces membres ?
- Mme K : Non il est toujours sur la chaise roulante
- Q : Que dit son médecin traitant ?
- Mme K : Il dit que ça va aller mais vous savez les médecins disent toujours cela...

Vous l’aurez constaté, pas une seule question sur les capacités de parler du malade. Et pourtant on en conclue de manière catégorique qu’il « peut donc parler actuellement ». Or, à écouter Mme KAFANDO on devrait plutôt conclure que son mari est mal en point, car si « ça va nettement mieux », elle se dit plutôt sceptique sur les assurances du médecin qui lui a dit que « ça va aller » Pour marquer ce scepticisme elle ajoute que « ... vous savez les médecins disent toujours cela... ». Dans un pays où le « Yelkayé » (il n’y a pas de problème) et le « ça va aller » sont d’or on doit convenir que Mme KAFANDO était vraiment sceptique. Souhaitons que les propos du docteur ne fussent pas que de pure convenance et que son mari va nettement mieux encore.

Selon certaines informations cette nouvelle position à L’Indépendant ferait aussi désordre, car si ce « sont des civils qui ont fait çà » c’est dire que la piste de Kaya prend plus de relief. Ce dont certains ne veulent pas du tout entendre parler.
Par ailleurs il est fort étonnant que L’Indépendant soit toujours, six ans après les faits, à reprendre des bêtises publiées dans les « tracts des moments chauds » comme ces mensonges sur ces incidents qui auraient eu lieu le jour du voyage de François COMPAORE. C’est d’autant plus surprenant que la CEI a minutieusement vérifié son programme et ses faits et ses gestes de ce jour-là.

Ainsi on sait que François COMPAORE a été déposé à l’aéroport par son chauffeur ; qu’il y a rencontré un ami, qui est effectivement « quelqu’un de bien connu à Ouagadougou » ; que ce quelqu’un avait oublié son portable à son domicile et avait envoyé son chauffeur le chercher ; que malheureusement celui-ci a fait un accident à quelques centaines de mètres de l’aéroport et est revenu en informer son patron ; que François COMPAORE a offert que son chauffeur accompagne celui de son ami pour chercher la Police pour le constat afin que le corps de l’accidenté (il est mort sur le coup) ne traîne pas sur les lieux de l’accident ; que le constat a eu lieu avant même le décollage du vol... Voilà les faits. Ils n’ont rien à voir avec les tracts des moments chauds dans lesquels s’abreuve notre confrère et qui lui font écrire que c’est le « quelqu’un de bien connu à Ouagadougou qui l’a déposé et au retour a fait un accident ».

Du coup son extrapolation « Avait-il déjà appris la nouvelle (assassinat de Norbert ZONGO) par le « fuyard » au point qu’il n’a pas pu maîtriser son volant... » tombe d’elle-même. Par ailleurs il faut être particulièrement de mauvaise foi, pour ne pas dire plus, pour penser que quelqu’un peut avoir commandité le meurtre de Sapouy et s’en ouvrir ainsi à un ami rencontré au hasard. Assurément on nous prend pour pires que des imbéciles puisqu’on veut nous faire avaler que François COMPAORE a commandité le meurtre, s’en est ouvert à un ami rencontré au hasard et a caché le fait à son frère aîné ! C’est vraiment le monde en l’envers.

On pourrait ainsi multiplier les exemples d’incohérences, mais arrêtons-là la litanie. On ne peut toutefois pas omettre de leur faire observer, ne leur en déplaise (à L’Indépendant et à Robert MENARD) que autant il n’a pas été inculpé ni incriminé par la justice dans l’affaire David OUEDRAOGO, autant François COMPAORE n’a pas été incriminé dans celle de Norbert ZONGO par la CEI. Et ce n’est pas pour ne l’avoir pas voulu.

On se rappelle encore que mis sous pression par la rue instrumentalisée par Halidou OUEDRAOGO et son collectif, le tribunal dans l’affaire David OUEDRAOGO avait plutôt tout fait pour éviter les critiques et avait systématiquement avalisé leurs versions des faits. Dans cette affaire on n’a pas été loin du ridicule puisque à en croire le collectif et L’Indépendant, il n’y a pas eu de vol et il n’y a pas eu d’évocation de coup d’Etat...

ne leur en déplaise (à L’Indépendant et à Robert MENARD) que autant il n’a pas été inculpé ni incriminé par la justice dans l’affaire David OUEDRAOGO, autant François COMPAORE n’a pas été incriminé dans celle de Norbert ZONGO par la CEI. Et ce n’est pas pour ne l’avoir pas voulu...
En définitive pourquoi donc David OUEDRAOGO et ses camarades se sont-ils retrouvés entre les mains de Marcel KAFANDO et de ses hommes ? Une question qu’on a évacuée pour pouvoir croquer du RSP en toute bonne conscience. Maintenant que la pression est tombée, revenir la-dessus et soutenir de nouveau ce scénario comme l’a fait notre confrère, c’est nous rappeler combien la République a frôlé la catastrophe du fait « d’un acharnement très calculé ». Et que l’assassinat de Norbert ZONDO était l’élément central de la stratégie.

par Cheick AHMED


A propos de violation du secret de l’instruction

Parlant de violation du secret de l’instruction, que fait Robert MENARD dans les colonnes de L’Indépendant n° 596 lorsqu’il déclare à propos de l’implication de François COMPAORE par la CEI que « ... peut-être ignore-t-il que son nom figurait dans la première version rédigée par les membres de cette commission. Et qu’il a été supprimé, dans le document final, car les représentants de l’Etat qui siégeaient dans la commission, s’y étaient catégoriquement opposés... ». N’est-ce pas là une violation flagrante du sacro-saint secret de l’instruction. Dans cette affaire, s’il y a des fautifs ce ne sont ni le juge Wenceslas ILBOUDO, ni « une certaine presse » mais bien la CEI par l’intermédiaire d’un de ses éminents membres et L’indépendant qui a servi de support à la publication du secret ! N’est-ce pas là aussi une preuve manifeste « d’un acharnement très calculé... ? » Quand au contenu de cette « révélation » il laisse pantois car comme l’écrit notre confrère L’Hebdo du Burkina dans son édition n°304 du 11 au 17 février 2005 elle appelle les quatre observations suivantes :

- Sur 11 commissaires de la CEI, l’Etat n’avait que 3 représentants : M. Jean Emile SOMDA (ministère de la Justice), M. Hermann TRAORE (gendarmerie nationale) et M. Zila Joseph GUE (police nationale). Alors comment ces trois commissaires ont-ils pu convaincre les huit autres de supprimer le nom du “commanditaire” des meurtres du rapport initial de la CEI. Par un vote ? Ils sont très minoritaires 03/11. Par des arguments convaincants ? Certainement. S’ils ont donc été convaincants pour la majorité des commissaires, alors M. MENARD en bon démocrate (on suppose qu’il l’est), devrait se plier à la loi de la majorité et apprendre à garder le secret de la délibération d’une structure d’enquête de police judiciaire.
2- Pourquoi M. MENARD et les 7 autres commissaires, convaincus de la culpabilité de M. François COMPAORE ont-ils accepté de signer un document où le nom de ce dernier avait été retranché ? En fait, nos commissaires n’étaient sûrs de rien parce qu’ils n’avaient aucune preuve, aucun témoignage décisif. Dans le doute, ils se seraient donc abstenus de le retenir comme “suspect sérieux” voire commanditaire des assassinats. Ils ont eu raison.

- Sur les 11 commissaires, deux des trois représentants de l’Etat n’ont pas signé le rapport de la CEI. On nous dira qu’"ils avaient reçu des instructions". C’est possible. Ils ont aussi certainement fait appel à leur "intime conviction". C’est probable. Quoiqu’il en soit leur refus de parapher ce rapport signifie que leur mandataire n’est pas engagé par son contenu. Indirectement, le juge d’instruction est donc appelé à faire mieux que ce rapport querellé et qui se révèle de plus en plus être non professionnel.
4- Les signataires du rapport, MBDHP, RSF, SEP, Barreau des avocats, etc. ont engagé leur structure en toute connaissance de cause.
Pourquoi aujourd’hui vouloir ré-écrire l’histoire ... ?

L’Opinion (N°387 du 02 au 08 mars 2005)

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