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Transition politique au Burkina Faso : Réussir ou périr ?

Publié le jeudi 27 novembre 2014 à 10h10min

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Transition politique au Burkina Faso : Réussir ou périr ?

Un jour nouveau s’est levé sur le Burkina Faso le 31 octobre 2014, un vent nouveau a soufflé sur le pays des hommes intègres et du firmament le ciel acquiesce en déversant quelques goûtes d’eau sur Ouagadougou. On est en droit donc d’espérer que ce pays écrirait son histoire en lettres d’or et partant celle de toute l’Afrique. Mais ne voilà-t-il pas qu’à peine trois semaines après la fuite de Blaise Compaoré et ses proches, à l’épreuve de la désignation des personnalités à conduire la transition politique qui doit durer juste un an, tous trébuchent. La présente réflexion voudrait poser une analyse sur les chances et les « non-chances » de réussir cette transition.

I- Un lourd passé dont on a de la peine à se passer

L’insurrection populaire aura été une chance pour le Burkina Faso de réussir une transition politique qui ferrait incontestablement mouche sur la terre des hommes que la classe de la société civile qui a mené les réflexions sur les reformes et conduit les manifestations se serait transformé immédiatement et ce, sans complexe en parti politique pour renouveler la classe politique. Dans une pareille hypothèse, le pays aurait eu la chance de renouveler son personnel politique qui a de la peine à quitter le vieux moule qui est sien. Ce fut l’occasion pour cette jeunesse de prendre ses responsabilités devant ces hommes politiques qui ont fait de la politique au Burkina l’autre nom de la corruption, la fourberie, la gabegie, la magouille, …

II- Des étapes qui inquiètent

1- De la désignation du Président

Voici une insurrection menée par la jeunesse et pour conduire la transition qui est le fruit de cette insurrection, c’est un septuagénaire, à la retraite qui est appelée à la rescousse. Il nous a été donné d’entendre le discours d’investiture de ce dernier. Sans vouloir faire une analyse de tout le discours, nous voudrons ici souligner le caractère populiste et déplacé du discours. Les urgences de ce pays sont connues de tous, et s’il y a à rendre justice, les institutions pour le faire existent ; et si pour un président de transition, le respect de la séparation des pouvoirs est un impératif, le populisme interroge à plus d’un titre.

2- Du gouvernement

a- Description physique du gouvernement

Quelque critères saillants nous paraissent importants à souligner : Quatre (04) femmes sur 25 ministres au total, 5 militaires dans le gouvernement avec des portefeuilles très stratégiques, deux professeurs titulaires au sein du gouvernement et la présence d’anciens secrétaires généraux de ministère et proches du régime Compaoré. Aussi, tous ont plus de 35 ans alors que les jeunes (moins de 25 ans) représentent 60% de la population.

b- De la composition du gouvernement

Qu’un peuple entier conduise son insurrection qui mènera au renversement d’un régime de tous les maux et qu’il manque de forces vives pour constituer un gouvernement, cela passe difficilement pour un esprit avisé. Pis, cela donne un goût de frustration imposé à une nation qui se résigne d’autant que du haut de ses 72 ans, le président n’a trouvé personne qui soit capable ou digne d’assurer à bon port le ministère des affaires étrangères. Il est alors décidé de faire du ministère des affaires étrangères un ministère facultatif, sans importance que le président peut enfourcher en sus de ses charges de président et du poids de son âge. Ce ministère n’est-il pas celui qui assure tout le marketing politique du pays envers l’extérieur ? La transition ne signifie-t-elle pas aussi le changement de posture à l’étranger ? Que cache-t-on dans cette affaire ?

Que dire de cette autre affaire qui consiste pour le premier ministre à prendre sur lui le ministère de la défense et des anciens combattants ?

En tout état de cause, un regard panoramique sur cette composition donne l’impression qu’il s’agit d’une composition tous azimuts plus pour contenter certaines parties que pour attaquer le vaste chantier des reformes implacables auxquelles notre pays doit faire face.

Pour notre part, nous n’avons eu de cesse à dire et redire notre attachement au principe de la subsidiarité dans la conduite des affaires publiques. Ce principe veut que chacun exerce dans le domaine où il a un avantage comparatif. Au regard de cela, et tout en souhaitant bon vent au gouvernement, nous disons que les chances de réussir cette transition dont la vocation était d’entendre les aspirations profondes des populations, s’amenuisent.

Célestin Badolo
Analyste politique, activiste de la société civile

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Vos commentaires

  • Le 27 novembre 2014 à 10:30, par Bama En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Réussir ou périr ?

    c’est vrai que ça fait un peu bizarre de constater qu’il n’ya pas de trentenaires dans ce gouvernement de transition. On a peut être manqué une chance de tester les jeunes. Pour le ministère des affaires étrangères, on a plus ou moins la certitude que ce poste est un lourd fardeau que n’importe qui ne peut porter. En référence au gouvernement de Blaise qui a fait revenir Djibril Bassolet derechef pour ledit poste. Courage à Michel. Nous sommes sûrs qu’il réussira.

  • Le 27 novembre 2014 à 10:51 En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Réussir ou périr ?

    Encore et toujours des lamentations ! La transition ne dure que 10 mois maintenant, vous faites comme si l’avenir du Burkina Faso consistait entièrement dans cette transition. Il n’y a pas assez de tel ou tel, il y a trop de tel ou tel, alors que tout ça a fait l’objet de compromis et consensus

  • Le 27 novembre 2014 à 12:23, par good biiga En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Réussir ou périr ?

    Mon cher je ne dis pas que vous avez tort mais la transition ce n’est pas pour resoudre les problèmes en un seul instant. Le vrai changement viendra après les élections. Pour les jeunes la priorité serait de leur donner un emploi digne la gestion du pouvoir vient avec le temps. restons patients et conscients

  • Le 27 novembre 2014 à 13:43, par Rachidsidpayété En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Réussir ou périr ?

    SALUT CHER COMPATRIOTE ! on n’ analyse pas la vie d’une nation comme celle d’un INDIVIDU SVP ! si tu veux périr vas y !!! mais laisse le BURKINA construire l’ETAT NATION avec toutes les difficultés que cela comporte ; DIEU ne laissera pas ce vaillant PEUPLE périr !

  • Le 27 novembre 2014 à 14:03, par jonassan En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Réussir ou périr ?

    Je ne sais pas s’il est stratégique que le chef, le président soit forcément en rapport avec le pourcentage (60%) d’âge.
    Votre raisonnement n’est ni sage ni démocratique.
    LA SOCIETE PEUT BIEN :
    - Former sa jeunesse : de 0 à 60 ans : la durée de cette formation peut soutenir la qualité du produit à proposer. Pendant ces 60 ans, non seulement les leaders doivent s’instruire avec assiduité et rigueur dans les sciences politiques, littéraires et exactes. CELUI QUI A 70 ANS AUJOURD’HUI A AUSSI APPARTENU A CES 60% A UN MOMENT DONNE DE SON EXISTENCE.
    - Leader : de 60 à 80 ans : la mise en pratique de la longue et rigoureuse apprentissage.
    UNE SOCIETE SERIEUSE PREND LE TEMPS DE FABRIQUER LES LEADERS QUI LE GERERONT AVEC EFFICACITE. Prendre le temps de former quelqu’un 60 ans et ne l’utiliser que 10 ans est des plus stratégique quand on raisonne en terme de société et non en terme d’individu. La gestion de la société n’est pas un gâteau à partager. ESSAYONS DE BEAUCOUP REFLECHIR SANS PASSION ET SANS GOURMANDISE ; NOUS VERRONS ET NOUS COMPRENDRONS.

  • Le 27 novembre 2014 à 15:59, par lachouette En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Réussir ou périr ?

    Grand frère Célestin, je t’appelle ainsi car tu étais mon ainé à l’UCAO, à mon humble avis nous sommes actuellement dans une situation ou chacun doit œuvrer pour la bonne marche de la transition, en étant un analyste politique, tu sais très bien que la politique est une somme de compromissions. Je crois que nous jeunes, société civile, partis politiques vu la cacophonie qu’on a créée lors de la désignation des membres qui devaient siéger au CNT ; on doit se remettre en cause, corriger nos erreurs et surtout se préparer à assurer l’après transition. Une chose est sure le gouvernement qui sera démocratiquement installé s’il aspire véritablement au changement se fera obligatoirement avec l’implication des jeunes dans les sphères de décision sinon les mêmes causes produiront les mêmes effets.

  • Le 27 novembre 2014 à 17:51 En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Réussir ou périr ?

    C’est pourquoi j’aime les gourounsi dans notre pays. Ils n’ont jamais leur langue dans la poche. Quel courage ! Tout ce que vous avez dit, M. BADOLO est juste et parfait. Rien à ajouter.
    Mais comme un internaute l’a dit, ces "auto-choisis" d’autorités ou personnalités de la transition n’ont que 12 mois pour débarrasser le plancher et quelle que soient leurs qualités intrinsèques, ils ne pourront être ni député, ni président, ouf !. Le Professeur Luc Marius IBRIGA qui est malin comme une taupe a pris un poste immuable de l’ASCE. Il ne bougera pas en 2015 pour une quelconque alternance conformément à la philosophie du FOCAL. Ôtes-toi que je m’y mettes afin de régler tes comptes... On verra donc si l’histoire donnera raison à Blaise Compaoré ou pas qui disait que son opposition politique est incapable de diriger le pays....
    Ce qui est sûr, petit gourounga, le peuple burkinabè a fait un bond qualitatif en dégageant proprement le CDP. C’est maintenant Alain YODA qui doit chercher à l’heure actuelle à se cramponner à la "queue du serpent" vénimeux qu’il a élevé au zoo de Ziniaré. (aaaaaadja !). Comme quoi il faut vraiment faire attention dans la vie. Quel était ce pays où si tu n’étais pas coopté par la caste d’un certain François Compaoré, tu n’étais rien malgré tes compétences et tes idées ? Rien ne sera plus comme avant et attendons de voir. Merci, M. BADOLO d’avoir sonné quand même le klaxon d’avertissement. triiii. Carton jaune aux autorités de la transition.

  • Le 27 novembre 2014 à 21:13 En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Réussir ou périr ?

    Docteur, je te dire mon chapeau. Ton analyse est si pertinente que nous devons prier pour que toutes les chances soient du côté des nouveaux décideurs. Puisse Dieu continuer de nous accompagner.

  • Le 28 novembre 2014 à 09:20, par Bayaa-byi En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Réussir ou périr ?

    Paroi, je t’ai lu attentivement et je comprends bien tes préoccupations que je partage d’ailleurs. Mais je pense qu’il faut faire confiance aux nouvelles autorités et surtout les encourager dans leurs nouvelles responsabilités. Là où il y a des hommes, il y a des hommeries, disait quelqu’un. La perfection n’est pas de ce monde. Moi je pense que nous avons fait un très grand pas en avant. Je pense que l’âge de ceux qui assurent la transition ne cause pas problèmes ; et même peut-être que c’est un atout. Nous les jeunes, nous devons cultiver la patience. Ne dit-onpas qu’un vieillard assis voit plus loin que le jeune debout ?

  • Le 28 novembre 2014 à 12:33, par N’dabi En réponse à : Transition politique au Burkina Faso : Réussir ou périr ?

    Il est bien vrai que l’on pourrait se poser des questions sur ces points non négligeables. Toutefois, ne devrions-nous pas faire confiance à cet organe de transition, tout en restant vigilant sur les actes que pourraient poser cet organe pendant les douze mois à venir ? Je pense que le message que le peule a voulu faire passer, a été bel et bien reçu, la preuve, la pression exercée après la nomination de Mr Sagon et sa démission par la suite nous laisse le droit d’espérer en ce transition. Monsieur puis vous dire que le même peuple qui a fait chuter l’ancien régime veille aux grains.

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