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Santé : après Ebola, la Fièvre de Lassa fait des victimes en Afrique de l’Ouest

Publié le lundi 24 novembre 2014 à 22h16min

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La fièvre de Lassa est une fièvre hémorragique causée par un Arénavirus, le virus Lassa. Celui-ci est endémique dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, où il infecte de 100 à 300 000 personnes par an dont 5 à 6 000 succombent. Il n’existe à ce jour aucun vaccin contre ce virus qui représente non seulement un problème de santé publique, mais qui de plus fait partie des agents potentiellement utilisables pour le bioterrorisme.

Symptômes

Un tableau clinique variable

Le tableau clinique de la fièvre de Lassa est variable, depuis l’infection asymptomatique, très fréquente (80% des cas) à une fièvre hémorragique foudroyante. La maladie débute 6 à 21 jours après l’infection par des signes cliniques peu spécifiques : fièvre, vomissements, nausées, douleurs abdominales, céphalées, myalgies, arthralgies, asthénie. Dans les cas sévères, les symptômes s’aggravent ensuite, avec l’apparition d’oedèmes, de signes hémorragiques, d’épanchements péricardiques et pleuraux, et plus rarement d’encéphalites.

Le patient décède dans un contexte de choc hypotensif et hypovolémique et de défaillances rénale et hépatique.
La fièvre de Lassa est d’une extrême gravité pour la femme enceinte, conduisant fréquemment au décès de la mère et systématiquement à celui du fœtus.
Des séquelles possibles chez les survivants
Chez les patients qui survivent à l’infection, la fièvre disparait environ 10 jours après le début des symptômes, mais grande fatigue, malaise et vertiges peuvent persister plusieurs semaines. Un tiers de ces patients présentent de graves séquelles : surdité uni ou bilatérale, temporaire ou définitive, et myocardite.

Epidémiologie
Un virus endémique en Afrique de l’Ouest

Le virus Lassa doit son nom à la ville du Nigeria où il a été isolé pour la première fois en 1969 chez une infirmière tombée malade après avoir prodigué des soins, et qui en mourut, après avoir contaminé deux autres personnels soignants.

La fièvre de Lassa est endémique au Nigeria, en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, où des flambées épidémiques surviennent régulièrement. L’incidence de la maladie a augmenté ces dernières années, du fait des troubles politiques ayant entraîné un afflux de réfugiés dans les zones touchées. Bien qu’aucun cas n’ait été décrit en Côte d’Ivoire et au Ghana, ces pays pourraient potentiellement être également touchés par le virus. Enfin, la fièvre de Lassa est la fièvre hémorragique la plus fréquemment importée dans les pays du Nord, avec plus de vingt cas recensés depuis 1969.

Un petit rongeur domestique, réservoir du virus

Le principal réservoir du virus Lassa est un petit rongeur péri-domestique appelé Mastomys natalensis. Le virus se transmet à l’homme par contact avec les excréments de l’animal (urines, fécès). Un grand nombre de ces rongeurs vivent à proximité, voire à l’intérieur des habitations, et leur taux d’infection peut aller jusqu’à 80%. Les contacts entre l’homme et le réservoir infecté sont donc très fréquents dans les villages, et le nombre de personnes infectées chez les individus vivant en zone d’endémie peut ainsi atteindre 50%. Le virus peut également se transmettre d’homme à homme, principalement dans un contexte hospitalier, par contacts cutané-muqueux avec les fluides biologiques d’un patient.

Traitement et vaccin
Un antiviral disponible mais inadapté au terrain

Il n’existe à ce jour qu’une seule molécule ayant montré une efficacité contre le virus Lassa. Il s’agit de laribavirine, un antiviral à large spectre contre les virus à ARN utilisé en particulier pour le traitement de l’hépatite C. Malheureusement, ce traitement ne représente pas une solution satisfaisante au problème que pose la fièvre de Lassa dans les pays endémiques : pour être efficace, la ribavirine doit être administrée très précocement après l’infection. Or les signes cliniques du début de la maladie sont similaires à ceux observés pour d’autres pathologies, comme le paludisme ou la dysenterie, très fréquentes dans ces zones du globe. L’implication du virus Lassa n’est donc souvent envisagée que plusieurs jours après l’apparition des symptômes, et la ribavirine, dans les rares cas où elle est disponible sur le terrain, est le plus souvent administrée trop tardivement pour être efficace.

Des candidats vaccins prometteurs à l’étude

Des recherches sont actuellement menées afin de mettre au point un vaccin contre la fièvre de Lassa. Quelques candidats vaccins ayant montré une efficacité chez le primate sont à l’étude. Ils ont été pour la plupart élaborés à partir de vecteurs viraux atténués exprimant les glycoprotéines de surface et/ou la nucléoprotéine du virus Lassa. La protection induite par ces vaccins chez le singe semble dépendre de l’induction de réponses lymphocytaires cytotoxiques. Les mécanismes immunitaires mis en jeu chez l’homme survivant à la fièvre de Lassa étant probablement similaires, ces stratégies vaccinales sont prometteuses.

A l’Institut Pasteur

Le virus Lassa ne peut être manipulé que dans un laboratoire de haute sécurité de classe 4 ou laboratoire P4. Le seul laboratoire actuel de ce genre en France est le laboratoire P4 Jean-Mérieux localisé à Lyon-Gerland. Depuis les années 2000, l’Institut Pasteur maintient à Lyon une équipe résidente ayant accès à ce laboratoire, l’unité de Biologie des infections virales émergentes (dirigée par Sylvain Baize) qui s’intéresse au virus Lassa et héberge aussi le Centre National de Référence des Fièvres Hémorragiques virales.

Le Centre Collaborateur de Recherche et de Référence de l’OMS pour les Arbovirus et les Fièvres Hémorragiques Virales (dirigé par Sylvain Baize) s’intéresse aussi aux arénavirus et aux autres virus des fièvres hémorragiques transmis par les rongeurs, les arthropodes ou les chauves-souris. Les thématiques développées visent à mieux comprendre les interactions entre le virus et les cellules cibles de l’hôte à l’aide de modèles animaux ou in vitro chez l’homme. Un autre axe de recherche porte sur les mécanismes de franchissement de la barrière d’espèce entre l’animal et l’homme en cherchant en particulier à comprendre pourquoi le virus n’est pas pathogène pour le réservoir animal et le devient chez l’homme. D’autres études encore s’attachent à connaître les mécanismes immunitaires cellulaires conduisant au contrôle de l’infection ou, au contraire, à l’issue fatale chez l’homme. Ces travaux devraient aboutir à une meilleure compréhension de la physiopathologie de cette fièvre hémorragique et pourraient être utile à l’élaboration d’une thérapie ou d’un vaccin.
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