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Dons de matériel médical à l’hôpital Yalgado Ouédraogo : Le directeur général a refusé de réceptionner de la vieillerie

Publié le samedi 22 novembre 2014 à 03h52min

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Dons de matériel médical  à l’hôpital Yalgado Ouédraogo : Le directeur général a refusé de réceptionner de la  vieillerie

Le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo devait recevoir du matériel dans la soirée du 20 novembre 2014. Mais répondant à son principe de ne plus être « un dépotoir de vieillerie », le directeur général a décliné l’offre de la communauté libanaise au Burkina. Le domaine de la santé est très délicat nous a dit Robert Sangaré et Yalgado ne peut accepter « n’importe quoi ». Il a regretté que bien que les donateurs aient été conseillés et orientés sur les besoins du centre, ce soit du vieux matériel usé qu’ils aient voulu offrir.

Le 10 janvier 2013, le directeur général du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) rappelait lors d’une conférence de presse, que désormais son établissement n’acceptera plus du vieux matériel. « Ce n’est pas parce qu’on est dans le besoin qu’on doit se contenter d’accepter tout ce qu’on nous donne » avait dit à l’époque Robert Sangaré. C’est dans cette logique que le directeur général a refusé de réceptionner un lot matériel de la communauté libanaise dans la soirée du 20 novembre. Ladite communauté avait approché les responsables du CHU pour s’associer à l’élan de solidarité nationale né des évènements des 30 et 31 octobre.

L’hôpital a alors expliqué les formes d’aides. Certains préfèrent payer directement des produits pharmaceutiques pour venir remettre, d’autres par contre choisissent de venir donner des chèques ou de la liquidité, c’est ce qui est courant ces derniers temps. A côté de ces deux options, il y a des bienfaiteurs qui préfèrent acquérir de l’équipement pour l’hôpital en fonction des besoins exprimés par les services pour assurer une prise en charge plus appropriée des patients. Dans ce dernier cas, il y a des exigences.

C’est ce que la communauté libanaise aura choisi comme option, offrir du matériel médical. « Là, nous vous donnons une liste et en fonction de vos moyens, vous faites ce que vous pouvez faire. Vous pouvez discuter directement avec le fournisseur, mais il faut quand même, que ce soit des professionnels de la vente du matériel médical. On leur avait dit de choisir ce qu’ils veulent, mais vraiment si c’est du matériel technique, il faut que nous sachions ce qu’ils vont nous amener ».

Et la direction de l’hôpital dit avoir mis en contact les donateurs avec un fournisseur de l’hôpital qui connaît ses exigences en matière de table d’examen et autre équipements et qui avait déjà fait la même chose pour une société publique de la place qui voulait faire don d’équipements au CHU. Apparemment cette piste a été abandonnée entre temps.

« Ils ont amené le matériel ce matin (Ndlr. Le 20 novembre 2014), quand nous sommes descendus, nous avons constaté que c’était du vieux matériel. Des tissus déchirés, les pneus totalement usagés. Les tables d’examen ne peuvent même pas tenir une semaine ». En plus, toujours selon Robert Sangaré, les tables d’examen ont des dimensions et des critères de solidité, mais celles qui ont été amenées ne répondent pas à ces critères et c’est juste de la peinture qui a été passé dessus.

« Ils ont eu toutes les informations. Ce matériel-là, franchement, nous ne pouvons pas l’utiliser. Nous les avons appelés gentiment pour leur dire de venir enlever le matériel, parce que nous ne pouvons pas l’utiliser. Ils ont dit qu’ils ne peuvent pas annuler parce qu’il y a la presse qui devrait venir couvrir la remise. Il y a un de leur responsable qui m’a appelé et qui voulait que j’accepte et qu’il s’engageait à réparer. Moi je lui ai dit que je ne pouvais pas jouer à ce jeu. Prendre toute la nation burkinabè à témoin en disant que nous avons reçu du matériel neuf alors que ce n’est pas le cas. On n’a même pas besoin d’être un spécialiste pour savoir que c’est du vieux matériel. Que la communauté libanaise m’excuse, j’ai beaucoup de respect pour elle, mais ma conscience ne me permet pas de jouer ce jeu. Je ne peux pas réceptionner du matériel inutilisable. Le faire, c’est triché et avec l’ensemble du peuple burkinabè et avec tout l’hôpital Yalgado. » Tranche le directeur général du CHU Yalgado Ouédraogo.

Pour lui, Yalgado en tant que centre universitaire, est un hôpital de référence du Burkina et celui qui veut l’aider doit le faire sur la base des besoins exprimés, surtout quand il s’agit des équipements médicaux. « Le temps où on ramassait du matériel pour venir jeter à Yalgado est terminé ».

« Même quand vous voulez aider quelqu’un, il faut l’aider bien »

Le directeur a rassuré que ce n’est pas une question d’argent. Et sa structure n’insiste pas sur la quantité. Il en veut pour preuve des personnes anonymes qui viennent poser des petits gestes symboliques mais forts pour l’hôpital.

L’hôpital Yalgado entend ainsi mettre fin aux coups médiatiques qui ne lui profitent pas. Et ce refus d’être un dépotoir n’a pas commencé le 20 novembre. Bien avant et souvent de l’extérieur, Yalgado a refusé des dons. Un compatriote vivant en Allemagne a même proposé d’envoyer un hélicoptère au plus grand hôpital du Burkina. « J’ai refusé(…) J’ai dit que je n’en vais pas besoin, qu’est-ce que je vais faire avec un hélicoptère pour Yalgado ? Je n’ai pas de pilotes, en plus qui va louer cela pour transporter son malade ? Le salaire même du pilote, je fais comment ? »

Tout en remerciant toutes les bonnes volontés qui de par leurs actions aident l’hôpital à une prise en charge adéquate des patients, Robert Sangaré estime que quand on veut aider quelqu’un, il faut l’aider bien. Il recommande aux éventuels bienfaiteurs, à approcher les responsables pour savoir ce dont ils ont besoin. « Il y a des gens qui nous amènent des équipements dont le coût de réparation est plus élevé que le coût d’achat », a-t-il conclu.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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