Prise en charges des blessés de l’insurrection populaire : L’Hôpital national Blaise Compaoré s’est démystifié en soignant gratuitement
C’est un hôpital dont le standing fait souvent oublier son caractère public. Avec une bâtisse qui se démarque, un peu excentré de la ville, l’hôpital national Blaise Compaoré. Souvent considéré comme un centre hospitalier pour riche, le caractère public de l’institution s’est vérifié lors des évènements des 30 et 31 octobre. Tous les blessés qui y ont été envoyés ont été pris en charge gratuitement. Tout le circuit de soin était gratuit. Découverte d’un centre hospitalier universitaire qui ambitionne réduire les évacuations sanitaires à l’extérieur.
Jeune étudiant en médecine, Cheick Abdoul Aziz Yonaba, avait déserté les amphis du campus pour prendre part au soulèvement populaire. Les choses ont mal tourné pour lui. Il a reçu une balle le 31 octobre sur le boulevard Muhammad Kadhafi. Fracture du péroné. Il est conduit à l’Hôpital national Blaise Compaoré(HNBC). « Quand je suis arrivé j’ai eu une bonne prise en charge. L’intervention s’est faite le même jour. La prise en charge est totalement gratuite. Jusqu’à présent, on ne dépense rien. Je me demande comment on se serait pris, si c’est nous qui devrions prendre en charge les frais. Le personnel est très attentif à nos moindres besoins, depuis les urgences jusqu’à l’hospitalisation(…) simplement merci ». Le jeune étudiant qui pour la première fois se soigne dans cet hôpital, a un sourire non dissimilé qui contraste avec sa jambe dans un plâtre.
Comme Cheick Abdoul Aziz Yonaba, Lonco Olivier Kini est pensionnaire de l’HNBC suite au soulèvement populaire. 71 ans, il a eu plus de chance. Un de ses compagnons a perdu la vie par étouffement alors qu’ils s’étaient enfermés dans les toilettes au siège du Congrès pour la démocratie et le progrès(CDP). Ce sont les secouristes militaires qui l’ont conduit au centre hospitalier universitaire. « Les soins étaient immédiats et adéquats. Il y a seulement quelques remèdes qui ne sont pas disponibles à la pharmacie ici, donc je les fais acheter de l’extérieur. Tous les médicaments disponibles sont mis à notre disposition. C’est très bien. Le service est fait par bonne volonté. ». Une gratuité des soins qui a sonné comme une bouffée d’oxygène pour le septuagénaire. « J’ai des enfants, je suis à la retraite. Il y a des choses que je ne pouvais pas honorer, c’est une très bonne idée » renchérit l’ancien ambassadeur.
Des blessés de toute sorte ont afflué
De l’avis du Dr. Cheick Bougma, chef de service des urgences à l’HNBC, ce sont 23 blessés qui ont été reçus du 30 jusqu’au 31 octobre. « Il y avait des blessés par balles, des traumatisés au niveau du thorax, certains ont été transpercés par des balles, il y avait un épanchement de sang dans leur thorax, ils ont été drainé. D’autres ont reçu des balles au niveau des membres, ou ont été victimes de traumatisme sur les lieux de pillages. Ils ont reçu des sacs de riz sur leurs membres, ils s’en sont tirés avec des fractures. Il y avait donc plusieurs types de lésions, des moins graves jusqu’aux plus sévères », précise-t-il.
Deux décès ont malheureusement été enregistrés. C’est au regard du contexte, que l’hôpital avait décidé de la gratuité de ses prestations, « tous ceux qui sont arrivés, qui ont bénéficié des soins, aucune facture ne leur a été adressée. On a utilisé tous les moyens qui sont à notre disposition pour les traiter, sans qu’on leur demande de contribuer financièrement », précise Dr Bougma qui ajoute par ailleurs que la rapidité et l’efficacité dans la prise en charge des malades qui arrivaient en nombre ont permis au personnel de sauver de nombreuses vies.
Débordé, le personnel de l’hôpital se prête main forte
Fanta Coulibaly est la Coordonnatrice des soins des unités d’urgence. Elle reconnait que face à l’affluence des malades en un laps de temps, l’hôpital qui n’avait jamais vécu une situation pareille a dû s’organiser à l’interne pour faire face. « On a dû faire appel à nos collègues qui étaient dans les autres services pour nous aider », note celle qui a été très touchée par le cas de ce malade qui n’a pas pu être sauvé.
Ainsi, certains agents qui sont dans d’autres unités ont été invités à venir en renfort au personnel qui est aux urgences. D’autres agents sont aussi venus promptement d’eux-mêmes. A cette mobilisation, les pratiques quotidiennes de l’hôpital ont été pour beaucoup dans la prise efficiente des patients. « Nous pratiquons ici ce qu’on appelle, la pharmacie hospitalière, c’est-à-dire que nous avons ceux dont nous avons besoin pour la prise en charge des malades. On a tout sur place. Cela nous a permis de prendre en charge convenablement les patients. On n’a pas eu de difficultés particulières », se félicite le chef de service des urgences.
« L’hôpital est ouvert à tout le monde, riche comme pauvre »
Pour le directeur général de l’hôpital national Blaise Compaoré, la gratuité des soins pendant le soulèvement populaire était la contribution de son établissement pour minimiser les dégâts de l’insurrection populaire. L’hôpital est public et conçu avant tout pour soigner l’ensemble des Burkinabè. Par cet acte, le centre se rapproche des populations, se démystifie, en mettant en avant son caractère public et populaire.
Inauguré le 25 Octobre 2010, l’hôpital national Blaise Compaoré a souvent été considéré comme un hôpital luxueux, où seuls les plus nantis peuvent s’y faire soigner. Une vue de l’esprit selon son premier responsable, Alexandre Sanfo, qui reconnait cependant que l’hôpital a un mode de fonctionnement différent des autres centres hospitaliers. « Généralement quand vous arrivez dans un hôpital, après la consultation, on vous tend une ordonnance et vous allez acheter les produits, tant que vous n’avez pas acheté votre ordonnance, on ne peut pas soigner votre patient. Dans notre organisation, nous avons mis en place une pharmacie hospitalière, ce qui veut dire que les médicaments, les consommables sont disponibles sur place. Lorsque le malade arrive, il est immédiatement pris en charge parce que tout est disponible. Maintenant nous tendons une facture qui est globale, c’est elle qui fait peur. Elle semble être salée et cela rebute un peu, sinon en réalité, si on compare nos coûts et la prise en charge qui est donnée, on se rend compte que souvent même, on est en deçà des autres structures ».
Mieux, l’hôpital disposerait d’un service social qui est, selon son directeur, « chargé de faire en sorte que les indigents, les cas sociaux puissent être pris en charge sous certaines conditions. Nous avons pris en charge beaucoup de personnes indigentes qui pensaient qu’elles n’auraient pas pu se soigner ici ».
L’hôpital qui porte le nom de l’ancien président Blaise Compaoré, avec les évènements du 30 et 31 Octobre a soigné tout le monde, sans distinction de classes sociales ni d’apparence politiques. « L’hôpital est ouvert à tout le monde, riche comme pauvre », s’évertue à rappeler le directeur général Alexandre Sanfo. Un hôpital public qui avec son personnel dont la moyenne d’âge est de 35 ans, veut innover dans les pratiques, réinventer l’hôpital moderne au Burkina.
Tiga Cheick Sawadogo
Photos : Bonaventure Lawasselea Paré
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 13 novembre 2014 à 00:41, par Boukary En réponse à : Prise en charges des blessés de l’insurrection populaire : L’Hôpital national Blaise Compaoré s’est démystifié en soignant gratuitement
Il faut être quand même prudent ! être au siège du CDP ce jour-là pour quoi faire ? Défendre les intérêts de quelqu’un qui voilà a fui vous laisser à votre sort.
2. Le 13 novembre 2014 à 02:41, par Lelibre En réponse à : Prise en charges des blessés de l’insurrection populaire : L’Hôpital national Blaise Compaoré s’est démystifié en soignant gratuitement
A quand le nouveau nom de cet hôpital ?
3. Le 13 novembre 2014 à 06:53, par SOS En réponse à : Prise en charges des blessés de l’insurrection populaire : L’Hôpital national Blaise Compaoré s’est démystifié en soignant gratuitement
Du courage au personnel de l’hôpital. En réalité l’hôpital n’avait pas le choix que d’accueillir ces blessés. imaginé un instant Mr sanfo que vous refusiez de prendre en charge ces patients vous courrez le même risque que le Mr qui a donné son nom à l’hôpital dont vous êtes le DG. un hôpital publique est un hôpital publique et il n’a pas à mon avis de faire la publicité de quelque chose ou quelqu’un qui fait ce qu’il doit faire. Il ne pouvait même pas venir ne serait qu’une seconde de temps l’idée de ne pas prendre en charge ces patients blessés par balles surtout tiré par des hommes qui cherchaient à défendre blaise. vite que cet hôpital trouve un autre nom car ce nom ne méritait pas d’être donné à cet hôpital fut il blaise qui a négocié les fonds pour sa construction. Du courage au personnel de l’hôpital national de Ouagadougou en attendant un autre nom surtout d’un homme de la santé.
4. Le 13 novembre 2014 à 08:29, par nabayouga En réponse à : Prise en charges des blessés de l’insurrection populaire : L’Hôpital national Blaise Compaoré s’est démystifié en soignant gratuitement
Au-delà tout cela , j’attends impatiemment qu’on débaptise cet hôpital et la rue qui porte le nom du dictateur monarchisant en fuite . Qu’on l’arrête et qu’on le traduise devant les tribunaux . C’est le seul moyen qu’on a pour que le peuple burkinabè se trouve . Il faut que Blaise Compaoré paye pour que le BF vive .
5. Le 13 novembre 2014 à 08:35, par Steliste En réponse à : Prise en charges des blessés de l’insurrection populaire : L’Hôpital national Blaise Compaoré s’est démystifié en soignant gratuitement
Bonjour,
Mes vives encouragement a tout ces blessés suite à l insurrection populaire du 30 au 31 octobre, a tout ceux qui ont perdu la vie que leurs âmes reposent en paix.
Au personnel de l hôpital blaise Blaise Compaoré soyez honnête avec vous même, un hôpital public et il faut une caution avant d avoir des soins , demander a tout ceux qui ont eu affaire à cet hôpital de riche et ils vous diront les vrais réalités de ce qui se passe dans cet hopital , vous avez eu les soins gratuitement et rapidement , dites vous que c est parce que c était dans un contexte bien précis sinon......
6. Le 13 novembre 2014 à 09:50, par L’Etalon Enragé En réponse à : Prise en charges des blessés de l’insurrection populaire : L’Hôpital national Blaise Compaoré s’est démystifié en soignant gratuitement
A partir de maintenant jusqu’à ce qu’on trouve le nom d’une personnalité burkinabé oeuvrant dans l’humanitaire, dans le social comme l’Abbé Pierre ou Soeur Theresa, l’Hôpital National Blaise Compaoré devient l’Hôpital National de l’Amitié de Ouagadougou ou bien l’Hôpital National de la Coopération.
Camp militaire Blaise Compaoré, peut-être.
7. Le 13 novembre 2014 à 13:31, par Alexio En réponse à : Prise en charges des blessés de l’insurrection populaire : L’Hôpital national Blaise Compaoré s’est démystifié en soignant gratuitement
L hopital du Peuple devrait etre le nom de ce hopital pour nous oter tous les macabres souvenirs que nous a creer un Tyran en fuite.