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Prenons garde, un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

Publié le mercredi 5 novembre 2014 à 15h52min

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Prenons garde, un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

Pendant que l’armée, les acteurs politiques, les organisations de la société civile, bref toutes les forces vives de la Nation sont occupés à trouver une solution consensuelle au pataquès qui a succédé à la démission contrainte et forcée de Blaise COMPAORE, il ne serait pas précipité de commencer un travail de mémoire sur ces 27 dernières années afin que plus jamais n’advienne dans notre pays un pouvoir aussi peu soucieux de l’intérêt général.

En attendant un travail plus approfondi sur le sujet, ce billet se veut une contribution citoyenne à l’immense travail de reconstruction qui est en train d’être entrepris par toute la Nation. Ce travail devrait à mon avis avoir un seul but, celui de donner sens au terme « intégrité » pour qu’enfin se réalise la promesse que l’on s’est faite à nous- même et au monde entier de nous appeler Burkina Faso, le pays des hommes intègres.

On l’a tous vu, vécu et dans certains cas subit, ces 27 dernières années de la vie de notre pays ont été marquées par le mépris du peuple, la patrimonialisation du pouvoir, la corruption érigée en mode de gouvernance, le pillage de nos ressources par des individus sans aucun scrupule, le creusement des inégalités, le développement de l’incivisme, la banalisation de la vie humaine à travers des crimes odieux non encore élucidés et j’en passe des pires. Il n’y a pas eu que de choses négatives c’est vrai, mais tout compte fait le bilan de du régime COMPAORE est très cinglant et notre pays n’en est pas sorti grandi ni sur le plan de l’éthique politique ni sur celui de la gouvernance démocratique. Il convient donc de s’en souvenir, d’en tirer les leçons afin de ne pas avoir à revivre ce qui nous a causé tant de malheurs.

L’insurrection populaire des 30-31 octobre 2014 qui a précipité la chute de Blaise COMPAORE est historique et restera gravée pour toujours dans nos mémoires. Après avoir honorés ceux d’entre nous qui y ont laissé leur vie, nous devons fêter cette Victoire du peuple comme il se doit. Mais attention !

Pour éviter des lendemains difficiles, il incombe à tout un chacun de canaliser, mieux de convertir cette extraordinaire énergie insurrectionnelle en engagement citoyen afin que nous ne retombions plus dans les mêmes travers. Chaque Burkinabè peut et doit contribuer en fonction de ses capacités à la construction d’un Burkina nouveau. Cet engagement citoyen au sens large demande qu’on donne sens à la valeur intégrité qui a tant souffert durant ces 27 dernières années. Cela signifie concrètement que nous devons aussi bien individuellement que collectivement cultiver et développer les valeurs de respect, d’exemplarité et de civisme afin de faire germer les graines que nous avons semées en ce difficile mois d’octobre 2014.

Cet engagement doit aussi et surtout se manifester au niveau politique afin que chacun fasse entendre sa voix dans les prises de décisions. Nelson MANDELA ne disait-il pas que « ce qui est fait pour nous, que d’autres ont décidé sans nous, est en réalité contre nous » ? Soyons donc actifs et ne laissons pas aux autres le soin de décider pour nous.

Chaque Burkinabè doit en outre comprendre que la politique n’est pas qu’une affaire de gens instruits ou de gens désœuvrés mais celle de tout le monde sans aucune considération de sexe, de niveau d’instruction ou d’origine sociale ou professionnelle.

PERICLES, philosophe grec affirmait déjà en 430 avant notre ère que : « Ceux qui participent au gouvernement de la cité peuvent s’occuper aussi de leurs affaires privées et ceux que leurs occupations professionnelles absorbent peuvent se tenir fort bien au courant des affaires publiques. Nous sommes en effet les seuls à penser qu’un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile ». A l’évidence, le seul fait même de se tenir informer sur la façon dont notre pays est gouverné est un acte politique. Prenons en donc de la graine !

Qu’on se le dise, c’est notre passivité, notre complaisance, notre résignation et même notre silence complice qui ont rendu possible ces 27 longues années de pouvoir personnel de Blaise COMPAORE. Ce brusque éveil citoyen d’octobre 2014 doit à tout prix demeurer et se consolider, faute quoi nous n’échapperons pas à la terrible vérité de cette maxime qui veut qu’un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. Prenons donc garde !

David OUEDRAOGO, Juriste
daou-ouedraogo@outlook.com

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Vos commentaires

  • Le 5 novembre 2014 à 16:04, par LE VIEUX En réponse à : Prenons garde, un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

    Merci Monsieur OUEDRAOGO, Tout est dit et bien dit. Vous êtes un vrait patriote

  • Le 5 novembre 2014 à 16:35, par olsos En réponse à : Prenons garde, un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

    Il faut un Burkina nouveau avec des jeunes qui savent définir la prospérité personnelle comme la résultante d’un effort personnel qui emploie un savoir appris, non d’une affinité à une personne ou à une entité.

  • Le 5 novembre 2014 à 17:33, par JUSTE En réponse à : Prenons garde, un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

    M. OUEDRAOGO la bonne qualité de votre analyse force le respect de ce fait je vous demande de daigner dire un mot à tous ceux qui veulent ethniciser notre pouvoir. Tout comme e peuple doit s’ériger contre toute atteinte à la bonne santé de notre démocratie, il doit aussi s’ériger contre les pratiques discriminatoires qui visent à mettre certaines en marge au risque de tomber dans un chaos profond sans precedent. a tous les burkinabè soyons serieux dans notre manière d’agir sinon le tout puissant DIEU par nous lacher.

  • Le 5 novembre 2014 à 18:38, par Au nom du peuple En réponse à : Prenons garde, un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

    Je crois que la jeunesse du Burkina Faso est à jamais débout et veillera sur la gouvernance du développement de ce pays qui a trop souffert d’un pilotage aux couleurs et goûts d’une famille, d’un clan (27 ans /54 ans d’indépendance, ce n’est pas petit). Moi, je crois que j’avais abordé dans le même sens à un moment donné pour dire qu’il est dangereux si nous nous amusons à avoir la mémoire courte.
    Que Dieu éveille les bons esprits et les bons génies pour que le Burkina Faso se mette à jamais débout.

  • Le 5 novembre 2014 à 22:59, par Manu En réponse à : Prenons garde, un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

    Non M. David OUEDRAOGO, je ne partage pas votre point de vue. La conclusion que vous avez tirée laisse penser que c’est seulement en Octobre 2014 que tout a commencé. Vous oubliez qu’avant d’arriver là, des gens se sont battus et certains ont même perdu leur vie. Je pense à l’étudiant en 7è année de médecine DABO Boukari assassiné en 1990, je pense au journaliste Norbert ZONGO assassiné en 1998 avec trois de ses compagnons, je pense aux élèves de Garango assassinés en 1999 alors qu’ils manifestaient avec leurs camarades contre l’impunité au Burkina, je m’arrête là pour les exemples.
    Non, durant les 27 ans de règne de Blaise COMPAORE, le peuple burkinabé n’est jamais resté passif.
    Merci à vous !

    Manu

  • Le 6 novembre 2014 à 00:36 En réponse à : Prenons garde, un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

    Triste réalité ! Je fais partie des nombreuses victimes de ce pouvoir personnel comme vous l’avez nommé. Martyrisée, dépouillée, torturée, agressée, humiliée pendant plus d’une décennie, malgré une union sous un régime de monogamie et de communauté de biens puis ensuite contrainte à accepter divorcer pour avoir un semblant de fausse paix. Malgré la décision du Tribunal, Mr le Notaire et l’ex époux m’ont fait tourner en bourrique depuis 2011 jusqu’à ce jour, pas une seule décision n’a été prise en compte, pourtant nous avons des enfants qui ne travaillent pas pour le moment. Ainsi, souvent, ce genre d’enfants sont exposés à des pratiques malsaines pendant que ce qui leur revient de droit est utilisé pour offrir le luxe à tiers personnes... .
    Vivement que nous ayons enfin une réelle justice chez nous au Faso pour calmer ce démon qui a tant divisé mères et enfants en donnant pouvoir aux non ayant-droits. Amen.
    Nhb Zjbnljm une maman burkinabe en vacances au Canada

  • Le 6 novembre 2014 à 07:14 En réponse à : Prenons garde, un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

    Comment rendre justice à tous les spoliés, ces victimes du régime Compaoré ? Il y a ceux qui ont perdu la vie, ceux qui ont perdu leur emploi, et toute la grande partie des humiliés. Le silence n’est pas la solution.
    Les assassins sont connus et nous les croisons toujours dans leur 4x4, les voleurs aussi ; La liste de villas distribués par Blaise Compaoré et sa belle mère aussi est disponible sur tout le territoire national.
    Que de compte à solder, mon colonel !!!

  • Le 6 novembre 2014 à 15:52 En réponse à : Prenons garde, un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

    Maman Burkinabe au Canada, peut- etre que votre cas est moindre, Ce que les indignitaires de ce regime ont cause aux burkinabe, c’est Dieu seulement qui peut evaluer. Ya un parmi eux meme qui est aller ce marier sans divorcer alors que c’etait sous monogamie. Ils etaient les premiers a ne plus respecter les lois jusqu ;a marcher sur la loi- mere, la constiotution et c’est la que Dieu leur a fait lache- guidon. Essuie tes larmes. C’est Dieu qui essuie le derriere du chien. Ces mecreants buveurs de sang. Ils vont tous payer

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