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Togo : La quadrature du cercle

Publié le jeudi 24 février 2005 à 06h16min

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Après l’adresse à la Nation togolaise du président auto-investi, Faure EYADEMA, et les réactions qui l’ont suivie, force est de reconnaître que l’équation togolaise demeure plus complexe que jamais.

Ainsi donc, la CEDEAO a décidé de mettre le Togo au ban de la communauté après le discours de Faure EYADEMA, et l’U.A. qui a déjà rué dans les brancards par l’intermédiaire d’Alpha O. KONARE et Olusegun OBASANJO, s’apprête à le faire demain. Quant à la France, après, ses multiples atermoiements, elle a décidé de suivre la voie des légalistes en demandant à l’enfant de son « ami personnel » (CHIRAC c’est la France) de retourner à l’ordre constitutionnel, entendez de se démettre purement et simplement. Isolé au plan régional et sous-régional, vilipendé par ses alliés extérieurs, (l’Oncle SAM commence à donner de la voix) Faure GNASSINGBE apparaît tel un poisson, pris dans la nasse.

Ce d’autant que la contestation sociale est de plus en plus grandissante dans le pays, l’Opposition ayant promis un « bal » de manifestations tant que « l’usurpateur » demeurera au pouvoir.

Dans cette occurrence, Faure ne peut que se démettre, sauf qu’il ne le peut pas (à moins d’un compromis acceptable) et que son clan tout entier avec lui ne le veut pas. Ce n’est pas que Faure et ses gars soient des anti-démocrates primaires (quoique) mais bien parce qu’ils sont obligés de défendre tout simplement leur peau. Légataire du régime sanguinaire d’EYADEMA -père qu’ils ont contribué à asseoir et à pérenniser, ils ne peuvent en cas de départ qu’être comptables de ses errements.

Faure joue la montre

Une loi d’amnistie serait-elle votée au Togo que cela ne les rassureraient pas, les inimitiés à l’encontre du clan EYADEMA, frisant tout simplement la haine. Il faut avoir vu la rage et la colère dans les gestes et les yeux des manifestants pour comprendre qu’en sus de la « peau » du régime, certains veulent la peau de ses dirigeants tout court. On pourrait arguer qu’une immixtion de la communauté internationale dans le jeu politique togolais permettrait d’éviter les dérapages post-électoraux.

Mais, la défaite programmée du clan EYADEMA en cas d’élections transparentes, ouvrirait la voie à des règlements de comptes aussi minimes soient-ils. Faure est un dictateur en herbe, mais il n’est pas bête, pas plus que les généraux et les civils qui l’entourent et le conseillent.

Alors, comme leur mentor de l’ombre, Laurent GBAGBO devenu une voix autorisée de la CEDEAO après avoir subi les foudres de la communauté, il joue avec le temps et l’amnésie qu’il pourrait entraîner. Bien sûr, le clan a tancé ceux de ses sympathisants qui voulaient marcher sur Bê, le fief de l’Opposition, mais GBAGBO lui aussi, a toujours joué au modéré chaque fois que les feux des projecteurs, avant de lâcher ses « chiens méchants » sur ses ennemis quand les censeurs regardaient ailleurs.

Entre le charnier de Yopougon en octobre 2000 et les massacres des 24 et 25 mars 2004, combien de sommets (sans résultats) y a-t-il eu sur la Côte d’Ivoire ? Aujourd’hui malgré ses mains sales, GBAGBO est redevenu une voix qui compte au sein de la CEDEAO Pendant ce temps, la crise est rampante en Côte d’Ivoire et des « purges » sporadiques sont opérées dans certains quartiers et dans l’armée. A ce propos, on ne sait toujours pas ce qu’est devenu l’ancien chef d’Etat-major des FANCI, le général Mathias DOUE « décagnoté » en novembre 2004 et porté disparu depuis.

A moins donc d’un compromis ( ?) acceptable pour lui, Faure usera de la même tactique, pour peut-être dans deux ans un « sage » africain comme BOZIZE ou GBAGBO. Celui qui a dit que la démocratie était un luxe pour l’Afrique, ne se trompait pas, car la liberté ne fleurit pas sur la misère. Le Togo est donc plus que jamais en zone trouble.

Alpha YAYA

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 24 février 2005 à 20:59, par Zarata (Ouaga) En réponse à : > Togo : La quadrature du cercle

    Cher Alfa , treve d’amalgammes inutiles car les deux hommes que tu mets cote a cote par meprise ou par ignorance ne jouent pas du tout dans la meme categorie. Faure fait plutot partie des hommes qui ont opere un coup d’etat pour arriver au pouvoir et qui s’y accroche vaille que vaille comme le sieur Compaore l’assassin de Thomas Sankara.
    Vous oubliez souvent que Mr Gbagbo a eu un parcourt de combattant avant d’arriver au pouvoir (Prison,exil ,tentative d’assassinat etc...).
    Pour Faure et Compaore il a suffit de tuer le president pour s’autoploclamer president.
    Voila les faits.

    • Le 28 février 2005 à 15:35, par Alex En réponse à : > Togo : La quadrature du cercle

      Félicitation cher Alpha pour votre article et pour l’analyse pertinente que vous y faîtes. La comparaison avec Larent Gbagbo, le "boulanger de Cocodi", n’est pas du tout fortuite. Il faut absolument que la communauté internationale s’investisse davantage afin qu’une démocratie véritable s’installe en Afrique et non une "démocatie de la roublardise".

  • Le 25 février 2005 à 20:04, par Kossi, USA En réponse à : > Togo : La quadrature du cercle

    Comparer Gbagbo à Faure Gnassingbé relève tout simplement d’un mépris pour le peuple ivoirien. Bien entendu, par peuple ivoirien, je désigne les hommes et les femmes qui dans ce pays comprennent que leur pays est victime de la France qui veut leur imposer le silence et l’inaction par tous les moyens y compris par une rébellion afin de continuer par voler et piller la Côte d’Ivoire.
    On ne le dira jammais assez : Gbagbo est sorti d’un suffrage universel qu’il n’a pas organisé. Quant à la constitution ivoirienne tant décriée après l’arrivée du Président Gbagbo, je rappelle que même Alassane Wattara l’avait votée et que personne n’avait levé le petit doigt pour la contester avant que les ivoiriens ne l’approuvent du sud au nord.
    Mes frères, il faut refuser le jeu de la France qui tente de manipuler les Africains comme des enfants en exploitant habillement des problèmes qui n’ont rien à voir leurs réelles préoccupations. C’est vrai que les étrangers africains rencontrent des problèmes en Côte d’Ivoire comme d’ailleurs partout dans le monde. Je propose que les pays Africains abordent la crise ivoirienne dans ce sens c’est-à-dire que les Africains avec en tête les pays voisins de la Côte d’Ivoire engagent des discussions afin d’obtenir plus de droit, de sécurité, etc...pour les ressortissants de la communauté Africaine vivant dans ce pays.
    Rejetons donc la médiation Française partout en Afrique pour donner plus de poids aux actions Africaines.
    Aujourd’hui, avec la crise au Togo, l’Afrique noire est à la croisée du chemin. Les journalistes et tous ceux qui écrivent doivent mettre leur plume à contribution pour montrer uniquement le bon chemin à mes frères Togolais égarés.
    Disons non à la France qui divise pour piller et lavons nos linges sales en famille.

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