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Dictatures en Afrique : Le PSP accuse la France

Publié le jeudi 24 février 2005 à 06h10min

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Dans cette déclaration, le Parti socialiste paysan (PSP) s’en prend à la France. Il l’accuse de favoriser le maintien ou l’ accession au pouvoir de nombreux dictateurs.

Le cas du Togo vient de révéler, si besoin en était, et illustrer le cynisme français dans la gestion des pseudo-Etats africains indépendants. Hier, c’étaient les coups d’Etat militaires classiques organisés par la France. Ces coups étaient exécutés soit par la France elle-même, cas de l’ex-Zaïre, de la République centrafricaine, du Tchad, à travers les opérations " baracuda, épervier, etc." ; soit par ses valets locaux, comme ce fut le cas au Togo avec Eyadéma, au Burkina Faso avec Blaise Compaoré, au Congo Brazzaville avec Denis Sassou N’Guesso, etc.

Aujourd’hui, le contexte international a beaucoup évolué sous la pression des mouvements citoyens et des démocrates occidentaux surtout, révoltés par le comportement de leurs dirigeants qui, tout en prônant la démocratie, soutiennent des dictateurs garants, pensent-ils, de leurs intérêts économiques et géopolitiques.

" Des dirigeants capables de tout"

Aujourd’hui encore, la France ne renonce toujours pas à sa volonté affichée de n’avoir dans ses anciennes-nouvelles colonies que des dirigeants dociles et très, très obéissants.

Des dirigeants qui se refusent à réfléchir sur les graves problèmes de développement de leurs pays et empêchent leurs cadres de le faire afin d’éviter le courroux de leurs maîtres à penser. En effet, il y a les conseillers techniques français dans les Directions des études et de la planification (DEP) et les présidences des institutions internationales qui sont là pour réfléchir à notre place. Des dirigeants capables de tout, du refus du développement en passant par la culture de la misère aux crimes politiques et économiques les plus répugnants pour être ou rester les amis de la France et de son monarque.

Chirac n’est pas différent de nos monarques constitutionnels. Il aurait voulu mourir au pouvoir comme Houphouët et Eyadéma en tripatouillant la Constitution française à sa guise. Mais la France n’est pas le Burkina Faso ni le Togo. Ce sont des milliers de Français qui se sont sacrifiés pour voir naître la République Française. Et des millions sont encore prêts à mourir pour défendre les valeurs républicaines.

" Ce sont les sans-culottes qui sont au pouvoir"

C’est ce que doivent faire les intellectuels africains pour sortir nos Etats de l’oligarchie ou gouvernement du président et de l’armée vers la démocratie. Ainsi, après la mort du président Houphouët et sentant venir la Révolution prédite par la Fédération des Etudiants Noirs en France (FEANF) dans les années 1970-1975 en Côte d’Ivoire, la France a pris les devants en organisant le coup d’Etat de Noël 1999 pour installer un homme fort à la tête de l’Etat ivoirien.

Celui-ci, le Général Robert Gueï, devait garantir les intérêts économiques français combien énormes dans ce pays et ruser pour s’installer durablement au pouvoir. Malheureusement les choses ne se sont pas passées comme prévu et c’est ce que l’on a voulu éviter, la Révolution avec à sa tête Laurent Koudou Gbagbo arriva. Eh oui, c’est la Révolution qui est en train de s’installer en Côte d’Ivoire, comme ce fut le cas en Afrique du Sud.

C’est la classe bourgeoise avec à sa tête Konan Bédié, Feu Robert Gueï et Alassane Dramane Ouattara qui a dirigé la Côte d’ivoire pendant 40 ans qui comptait pérenniser son pouvoir à vie qui se trouve aujourd’hui de l’autre coté dans l’opposition. Et ce sont les sans-culottes avec à la tête le même Gbagbo, ceux que l’on déshabillait dans les commissariats et gendarmeries, que l’on frappait et que l’on jetait en prison comme de vulgaires délinquants qui sont au pouvoir. Gbagbo ne doit son pouvoir qu’au Front populaire ivoirien ( FPI) son parti qui est un parti de masse et non un parti de cadres. C’est la jeunesse FPI qui l’ a installé et qui le maintient au pouvoir.

On l’a encore constaté lors des événements des 5, 6 et 7 novembre 2004. Alors que les forces françaises tiraient à balles réelles, les jeunes FPI, au lieu de fuir comme des lapins à l’image des Burkinabè face au CRS, ont continué à avancer. Si les partis socialistes burkinabè étaient des partis de masse, bien structurés avec des militants bien formés, ce qui se passe au Burkina Faso ne se serait jamais passé. Les autorités municipales n’auraient jamais provoqué l’opposition en traçant des zones rouges, vertes et jaunes.

Et n’ayant pas pu empêcher la Révolution ou alternance alternative de se produire , la droite française avec à sa tête Chirac a décidé de la liquider par un coup d’Etat qui a lamentablement échoué. La France ne peut donc pas condamner ce coup de force. Mieux, elle va persister en décidant de légitimer cette forfaiture à travers ce que l’on a pompeusement appelé les "accords de Linas Marcoussis" en impliquant des gens honnêtes. Quel cynisme ! Mais le FPI est resté et reste vigilant. Ces accords constituent simplement une autre forme de coup d’Etat. La France et ses larbins voulaient avoir par
l’écriture ce qu’ils n’ont pas obtenu par les armes.

"Dictature héréditaire"

Le cas togolais traduit aussi une autre forme de coup d’état orchestré par ce grand ami de la famille Eyadéma. Mais là aussi le peuple togolais s’ est montré vigilant et intraitable. Et toute l’Afrique progressiste avec. C’est le lieu de rendre hommage à de grands hommes africains comme Alpha Omar Konaré, Olusegun Obasandjo, Thabo Mbeki, Abdoulaye Wade et tous les démocrates à travers le monde qui ont condamné ce tour de passe-passe tendant à instaurer une dictature héréditaire.

Le parti socialiste paysan (P.S.P) félicite le peuple togolais pour sa résistance héroïque et l’invite à plus de détermination pour une démocratie véritable au Togo. Le PSP condamne et rejette avec force tout tripatouillage des Constitutions qui est une autre forme de coup d’Etat. Il invite l’UA, la CEDEAO et l’ONU à imposer dans les institutions africaines l’adoption de mandats présidentiels de cinq ans renouvelables une et une seule fois. Le PSP sollicite également leur implication dans les processus électoraux pour des élections libres, équitables et transparentes. C’est vraissemblement la voie pour une alternance alternative pacifique, efficace contre les présidences à vie, l’impunité, la corruption, la dictature et les guerres civiles.

Cela m’exempte pas bien sûr les responsables politiques, les défenseurs des droits humains, les intellectuels et tous les démocrates de leur devoir de luttes pour des avancées démocratiques. Ainsi, l’Afrique connaîtra la démocratie et un début de développement. L’instauration d’un Etat de droit démocratique est non seulement une urgence mais aussi un devoir pour tout Africain.

Et la France a intérêt à s’y associer, si elle ne veut pas se retrouver sur le ban des accusés promoteurs de dictatures. Elle qui a fermé les yeux sur les tripatouillages des Constitutions au Gabon, Tchad, Burkina Faso et au Togo dans le seul but de favoriser une présidence à vie à ceux qui garantissent par tous les moyens ses intérêts. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. L’heure est venue pour le peuple africain de se mettre debout pour assumer ses responsabilités d’émancipation. Vive l’Afrique debout !

Liberté-Egalité-Justice

Le Bureau politique

Le président

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Vos commentaires

  • Le 24 février 2005 à 20:31, par Kambire Dramane(Washington DC USA) En réponse à : > Dictatures en Afrique : Le PSP accuse la France

    Merci President, il faut que toute l’Afrique se reveille enfin et resiste aux coups tordus de la France Chiraquienne. Le peuple africain en general et francophone en particulier est a bout de souffle a cause de la France qui "ne se sent grande que, quand elle monte sur la tete des africains". Allons chers freres, reveillons nous pour sauver notre continent des griffes de la France-Afrique. Je salue au passage le courage de la jeunesse ivoirienne et le sens de la lutte du president Gbagbo.
    Prions Dieu et luttons pour faire renaitre l’Afrique de ses cendres.

    • Le 25 février 2005 à 13:03 En réponse à : > Dictatures en Afrique : Le PSP accuse la France

      C’est très facile de trouver des coupables, mais que font les africains pour s’en sortir. Nos revendications restent au niveau ideologique. Ce qui se passe en Côte d’ Ivoire n’est pas non plus une fierté, la jeunesse ivoirienne devrait être aussi exigeante vis à vis de son président. L’état de l’Afrique actuelle se résume à " Pas de futur, une misère grandissante, pas d’éducation". Au lieu de blablater que proposez vous de concret ? des actions, temps que les frères africains ne feront que théoriser nous n’avancerons.
      Aujoud’hui ce que fait l’union africaine concernant le Togo est déjà un premier, pour une fois des africains osent dire assez à ce type de comportement.

      • Le 25 février 2005 à 22:16, par Kambire Dramane(Washington DC USA) En réponse à : > Dictatures en Afrique : Le PSP accuse la France

        Je pense qu’il faut au moins avoir le courage de ses opinions en les signant deja.
        C’est a cette condition que l’on peut animer un debat responsable sur l’avenir de notre Afrique .

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