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Albert Bouda, maire de Manga : "Les maires ne sont pas des spécialistes de la gestion"

Publié le jeudi 24 février 2005 à 06h06min

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Arrivé à la tête de la commune de Manga suite aux élections municipales de 2000, Albert Bouda est le 2e maire à diriger la commune depuis sa création en 1995. L’homme que nous avons rencontré en début de semaine à la mairie nous parle de sa commune, de son bilan, de ses ambitions, de son parti politique ...

La commune de Manga a vu le jour en 1995. Elle a une population de 16 000 âmes réparties entre 5 secteurs, avec 15 conseillers municipaux dont 5 femmes.

"Le Pays" : Cinq ans après votre arrivée à la tête de la commune, quel bilan pouvez-vous présenter ?

Le bilan est assez satisfaisant. Nous sommes en train de confectionner un document sur le bilan des cinq années d’exercice. Tout le monde pourra le consulter. En plus, ce bilan a été acquis grâce à la cohésion au sein du conseil municipal, à l’appui des partenaires au développement et à la participation de toute la population de Manga.

Peut-on savoir ce qui a été fait et ce qui reste à faire ?

Dans une commune comme celle de Manga tout est prioritaire. Nous avons axé nos efforts sur quelques domaines tels que l’enseignement secondaire avec la construction du Lycée communal. C’est un établissement qui fait la fierté de notre commune et qui est équipé d’un laboratoire moderne. Nous avons aussi mis l’accent sur le désenclavement, à savoir la réalisation de pistes urbaines. Nous avons réalisé les pistes Manga-Teoko, Manga-Senna, Manga-Kassouga en passant par Kalegtinga jusqu’à Basgana. A mon bilan il faut ajouter la réalisation d’une bibliothèque communale et un site de restauration. Nous avons en projet la construction d’un abattoir moderne dont le début des travaux ne saurait tarder. Nous avons réalisé 8 forages pour la commune, un marché à bétail et une fourrière municipale.

Ils sont nombreux les Mangalais qui pensent que, malgré ces efforts, la commune ne présente toujours pas une image reluisante : manque de caniveaux, manque d’eau, manque de logements, voirie mal entretenue ...

Les gens ont raison, mais ils doivent reconnaître que c’est une jeune commune et on ne peut pas tout faire à la fois. Nous travaillons selon des priorités. Nous avons un plan de développement que nous suivons et compte tenu de nos moyens limités, il faut choisir ce qui est urgent à réaliser. L’assainissement, c’est un volet qui coûte très cher et qui est improductif. Les bailleurs de fonds sont parfois un peu réticents quant au financement de ce volet. Mais petit à petit l’oiseau fera son nid et malgré nos maigres moyens, nous pourrons un jour arriver à donner satisfaction à la population. Actuellement, nous avons mis en place une brigade, à savoir l’association des veuves de Manga avec qui nous avons signé un contrat. Cette association fait du beau travail au marché central. Cette année, nous avons augmenté l’enveloppe financière pour que l’opération puisse toucher l’étendue de l’ancien lotissement.

A quand la création de la police municipale dont se sont doté la plupart des communes du Burkina ?

Les communes n’ont pas les mêmes forces. Manga est une nouvelle commune qui a des problèmes. Nous n’avons pas assez d’argent. La police municipale est nécessaire et nous sommes en train de voir comment la mettre sur pied. Elle pourra nous appuyer pour avoir un bon taux de recouvrement par exemple.

Quelle est la situation des rapatriés de Côte d’Ivoire dans votre commune ?

La situation des rapatriés est délicate. Au niveau de la commune, nous avons essayé, avec l’appui de la Croix Rouge et d’autres partenaires, de les organiser en association que nous avons formée et que nous avons insérée parmi les organisations paysannes. C’est ainsi que des rapatriés ont pu avoir des parcelles au niveau des sites maraîchers et de la plaine irriguée de Manga. Ils ont eu du matériel agricole pour mener leurs activités. En 2004, nous avons distribué gratuitement des vivres à ces rapatriés et aux personnes nécessiteuses.

Des communes de plein exercice ont connu des troubles qui ont eu pour résultat la mise à l’écart de leur maire. Nous avons en mémoire les cas de Réo, Zorgho, Ouahigouya, Ziniaré... Que vous inspirent ces situations ?

C’est malheureux et c’est vraiment décevant que ces situations arrivent à mes camarades maires. Ce sont des gens qui se sont engagés à faire avancer le processus de décentralisation. Mais parfois en politique ce n’est pas facile. Les maires ne sont pas des spécialistes de la gestion. La gestion d’une commune doit se faire avec la base. En matière de gestion, il faut être prudent. Ces situations ne font pas honneur à l’association des municipalités, aux maires que nous sommes. Ce sont des situations que nous regrettons tous.

2005 est une année électorale très importante au Burkina. Quelle est la santé de votre parti dans la région du Centre-Sud ?

Le CDP est très bien enraciné dans la région. Nous nous apprêtons à affronter les élections rurales, municipales et présidentielles avec sérénité et courage. Quant à ma candidature pour ces élections, je n’ai rien à dire. Je suis là pour servir ma commune et le dernier mot revient à mon parti.
Je tiens sincèrement à remercier votre journal et à demander à toutes les femmes, à tous les hommes de cette commune de se mobiliser pour la bâtir car personne ne viendra la construire à notre place. La commune de Manga sera ce que les gens voudraient qu’elle soit.

Interview réalisée par Steven BAYALA (Correspondant)
Le Pays

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