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Journée du 30 octobre 2014 à Ouagadougou : En mots et en sentiments de manifestants devant l’Assemblée nationale

Publié le vendredi 31 octobre 2014 à 01h42min

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Journée du 30 octobre 2014 à Ouagadougou : En mots et en sentiments de manifestants devant l’Assemblée nationale

Faisons l’économie de ce qui s’est passé jusqu’à ce jour, jeudi, 30 octobre 2014 à 9 h 22 mn. C’est à cette heure précise que la foule, composée de toutes les catégories, des jeunes notamment, ont fait leur apparition devant l’Assemblée nationale où certains députés avaient déjà pris place. Les mains levées, des cris de guerre scandés, la devise en « chœurs », les manifestants ne laissent de cette institution majeure de la République, qu’un simple souvenir. Pour cette journée, nous vous proposons de vivre plutôt les propos et les sentiments de manifestants, certains, des larmes aux yeux …

Paul Ali Ouédraogo : « C’est l’intégrité du peuple burkinabè qui vient de s’exprimer »
Nous avons décidé de mettre fin à l’oppression ce jour, 30 octobre 2014. Qu’on retienne cela. Que toute la classe politique burkinabè retienne ce message fort de la jeunesse burkinabè, de l’ensemble du peuple. Aucun homme politique ne peut encore abuser de ce peuple. Le peuple burkinabè est passif mais pas impuissant, il a une réaction lente. Mais s’il décide de mettre fin à la chienlit, il le fait sans recul. Toute cette mobilisation n’est pas le fait de l’opposition, c’est une mobilisation du peuple ; des militants de tous les partis politiques et de tous ceux qui n’ont rien à voir avec la politique. Que chaque politicien comprenne que c’est fini, c’est terminer. Rien ne peut encore arrêter le peuple burkinabè dans son contrôle du pouvoir qu’il a lui-même donné à travers des élections. C’est le peuple qui donne le pouvoir, c’est lui qui retire le pouvoir quand il estime qu’il n’est pas bien géré. Ce n’est pas par un fait du hasard que les Burkinabè sont appelés « hommes intègres » ; c’est l’intégrité du peuple burkinabè qui vient de s’exprimer et j’en suis très fier. Fier d’être burkinabè. La Patrie ou la mort, nous vaincrons !
Rasmané W. : « Je voudrais que cet exemple serve aux autres peuples africains … »
Honneur au peuple ! Victoire au peuple ! Vive la liberté ! Vive le Burkina Faso ! Vive les Burkinabè ! Vive l’Afrique ! Le peuple burkinabè est uni et est en marche, à jamais. Je voudrais que cet exemple serve aux autres peuples africains dans leur lutte. Depuis 2013 que les Burkinabè ont engagé la lutte par les grandes marches-meetings, il n’y a jamais eu débordement, encore moins des violences. Nous avons tout simplement toujours lancé un message au Président de ne pas violer les règles de la République. Regardez toute cette population, personne n’a été priée pour sortir ; c’est la dignité qui s’est exprimée. Le Burkina n’est pas n’importe quel pays où on peut faire du n’importe quoi. Nous, nous allons donner l’exemple à nos peuples frères africains.
Francis Bationo : « …j’ai compris que rien ne pouvait contre ce peuple »
Il n’y a rien à ajouter encore. Ce qui s’est passé est sans commentaire. C’est du patriotisme. Quand on a pu franchir les barrières de sécurité pour arriver à l’Assemblée nationale, j’ai compris que rien ne pouvait contre ce peuple. Les militaires et forces de l’ordre font partie aussi du peuple et ils ont en ce sens collaboré à leur manière, même si ce n’est pas officiel. Je suis très heureux et très fier d’être Burkinabè. Le sentiment qui m’anime en ce moment, c’est comme si je ressuscitais d’un cancer.
M. Ouattara : « C’est un message fort que nous lançons à l’ensemble de la classe politique »
J’ai pris la garde devant l’Assemblée nationale depuis 3 h du matin. Nous sommes fatigués de l’impunité, des crimes, de l’insécurité, des pillages du peuple. On a assez souffert et ça ne pouvait pas continuer encore. C’est un message fort que nous lançons à l’ensemble de la classe politique, à tous les hommes politique que rien ne sera comme avant.
Victor N. Zagré : « Ce n’est pas au Burkina Faso que le tripatouillage des Constitutions va commencer »
Nous disons au monde entier que ce n’est pas au Burkina Faso que le tripatouillage des Constitutions va commencer. Le Burkina a dit « Non » et le peuple est dehors pour prouver cela. Le courage que le peuple burkinabè a exprimé en 1966 est toujours-là, nous ne l’avons pas abandonné. Nous disons à ceux qui sont sortis le 3-janvier 1966 (soulèvement populaire qui a renversé le pouvoir de Maurice Yaméogo, ndlr) que l’exploit a été réédité aujourd’hui. J’ai quitté une province située à plus de 100 km de Ouagadougou depuis 4 h du matin, pour que l’histoire de ce pays se réécrive devant moi. Ce n’est pas Ouagadougou seulement qui est dans la rue ; dans toutes les provinces, les gens manifestent et certains ont rallié Ouagadougou.
Abdoulaye Diallo : « Nos parents nous ont laissés de nombreuses valeurs »
Notre combat est celui de la libération du peuple. Nous avons toujours eu du respect pour le Président Blaise Compaoré parce qu’il a beaucoup fait pour le pays. Vu tout cela, il ne devait pas s’entêter à aller contre la volonté du peuple. C’est comme si les gens étaient des animaux et ce n’est pas du tout bien. Il n’a qu’à partir en paix maintenant, ça suffit. Nos parents nous ont laissés de nombreuses valeurs, nous ne les avons pas perdues. Nous allons défendre les valeurs du Burkina Faso. La Patrie ou la mort, nous vaincrons !
Monsieur Somda : « Le peuple burkinabè est observateur, il n’est pas bête »
Nous venons de libérer notre peuple. C’est un sentiment de fierté qui m’anime aujourd’hui et je suis très fier d’être Burkinabè. Le peuple burkinabè est observateur, il n’est pas bête. Blaise Compaoré a déjà modifié la Constitution alors qu’on s’était déjà entendu là-dessus. Nous lui avons dit que cette fois-ci, ce n’est pas possible mais il n’a pas compris. Il connaît mal son peuple. C’est un peuple qui encaisse et quand il dit que ça suffit, c’est que ça suffit vraiment. Je ne sais pas pourquoi il a tenté de forcer les choses. Cela fait plus d’une année que nous sommes en train de l’avertir mais il n’a pas écouté son peuple. C’est vraiment dommage. Chacun va tirer leçon de la date d’aujourd’hui (30 octobre 2014, ndlr) et savoir que rien ne sera plus comme avant au Burkina Faso, c’est fini ça. Ici, c’est le pays des hommes intègres et nous allons défendre ces valeurs, même au prix de notre sang. Aujourd’hui, le peuple burkinabè a pris son destin en main. A l’endroit de l’ensemble des hommes politiques, je dis : celui qui va venir au pouvoir doit se battre pour l’intérieur supérieur de la nation, aucun ne doit venir à la magistrature suprême et s’occuper de ses affaires personnelles, ni l’intérêt de son clan. Chaque Président qui viendra sera surveillé maintenant.
Michel T. : « Nous allons défendre notre Patrie, la terre de nos ancêtres »
Nous ne sommes pas pour l’instauration d’une dynastie Compaoré au Burkina. Regardez son petit-frère, il est lui-même devenu le Président. L’économie est en coupe réglée. Il est dans tous les secteurs de l’économie burkinabè. Ce monsieur-là est partout : recrutement de vigile, dans les sites aurifères, les mines d’or etc. C’est trop exagéré et le peuple a décidé de dire : c’est bon maintenant. Nous allons défendre notre Patrie, la terre de nos ancêtres. On ne peut pas venir remettre en cause toutes les valeurs que nous avons construites depuis belle lurette. Ça suffit !
Monsieur Nacro : « Au moins, nos enfants seront fiers de nous, même si on tombait ici sous les balles »
Avec la modification de l’article 37, Blaise allait faire plus de 40 ans au pouvoir. Avec ça, combien de générations on aurait sacrifié ? Nous sommes contre cela et nous allons nous battre pour libérer notre pays. 2015, c’est le terminus. On l’a aimé, il a beaucoup fait pour le pays mais il faut qu’il parte à la fin du mandat. Au moins, nos enfants seront fiers de nous, même si on tombait ici sous les balles.
Yves M., diplômé université de Ouaga : « Le message avait été donné à Blaise Compaoré depuis longtemps »
Depuis qu’on a blanchi l’année universitaire (année 2000, ndlr), on n’arrive plus à se retrouver dans les études et même quand tu grouilles pour avoir tes diplômes, tu n’arrives pas à avoir un travail. Le Président n’a qu’à partir car son système est pourri. Pas de modification de l’article 37, parole du peuple. C’est dommage vraiment et il est clair maintenant qu’aucun leader politique n’ira contre la volonté de ses populations. Le message avait été donné à Blaise Compaoré depuis longtemps mais il n’a pas voulu nous écoutés.
M. Rouamba : « Le pouvoir de Blaise a assez abusé de la confiance du peuple »
Le pouvoir de Blaise a assez abusé de la confiance du peuple. Malgré cela, il tente de modifier l’article 37 ; ce qui met l’avenir de nos enfants entre parenthèses. Moi que vous voyez, j’ai 33 ans. Alors, c’est dire que si je reste assis, l’avenir de mes enfants sera compris parce que tout est confisqué au profit d’une petite minorité. Je suis sorti pour dire « Non », pour dire qu’il faut que les richesses de ce pays soient partagées entre les filles et fils de ce pays.

Recueillis par :
Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

 

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