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Perversion des consciences africaines, le ver est dans le fruit

Publié le lundi 27 octobre 2014 à 15h30min

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Dans l’Afrique profonde, jadis en harmonie avec son environnement, c’est-à-dire dans le milieu rural, les petits villages actuels où les effets des chocs de cultures avec la modernité sont moins visibles, il n’est pas rare de vivre, de constater encore la générosité africaine contrastant parfois avec la pauvreté matérielle et financière. Cette générosité spontanée faite de partage du peu de ressources dont on dispose avec les pairs voir l’inconnu témoigne de la conscience à compter sur soi même et de l’humanisme pur et altruiste à l’égard des autres.

Elle est le fruit d’une croyance qui est le fondement de la culture, d’un mode de vie depuis des millénaires en harmonie avec la nature contraire à un mode de vie orienté vers le bien matériel, l’aisance individuelle ou de sa famille au détriment de l’équilibre avec l’écosystème. En effet, bien que nous soyons devenus en majorité des chrétiens, des musulmans, la croyance aux esprits de la nature persiste en nous (tout en reconnaissant l’existence du Dieu céleste car son nom existe dans toutes les langues africaines). Heureusement, que l’on parle de plus en plus de développement humain durable qui restera des veux pieux si la générosité, la justice, l’équité, le respect de la nature ne sont pas placés au cœur de nos préoccupations quotidiennes.

Cette Afrique consciente de l’importance de la nature, de la solidarité est entrain de disparaître au fur et à mesure que la classe intellectuelle, politique, dirigeante plus ou moins confondue avec celle des opérateurs économiques du « monde moderne africain » grandissent. En effet, depuis les indépendances, la fracture entre la classe dirigeante et les populations se creuse à une grande vitesse inquiétante sur tous les plans.

Les intellectuels africains et les militaires de toute origine (des armées coloniales ou des armées nationales) qui ont présidé le plus souvent à la destinée des pays africains se caractérisent par :
-  La faible maîtrise de la culture africaine liée aux effets des chocs de culture qu’il ont très mal géré au cours de leur formation et de leur exercice professionnel ;
-  La Perte de l’esprit de partage au profit d’un égoïsme et d’un égocentrisme accrus, tous facteurs de leur gestion autocratique du pouvoir ;
-  Le manque de sacrifice face à la défense de l’intérêt supérieur du groupe ou de la nation (il est à noter que les peuples africains ont survécu depuis des millénaires grâce à ce sens du sacrifice ce qui expliquerait la diversité et la richesse des populations africaines actuelles) ;
-  Le manque de confiance en soi face à la puissance étrangère se manifestant sur tous les plans car, l’Afrique sert toujours d’une manière ou d’une autre de vache laitière pour nourrir le développement des anciennes métropoles occidentales. Tout laisse croire que nos leaders africains ont du mal à défendre les intérêts de leur pays qu’en bien même qu’ils savent que « les nations n’ont pas d’amis mais des intérêts à défendre » ;
-  Le manque de vision et de persévérance pour mener des actions de développement à long terme d’où la tendance à mener des actions d’éclats sporadiques, peu rentables et durables à long terme mais inaugurées à grande pompe afin de renforcer le culte de la personnalité ;
-  La perte progressive de l’humilité et de la redevabilité au profit d’un culte de la personnalité avec tendance à se comporter comme des messies dotés de tous les pouvoirs pour éclairer et conduire leur peuple ignorant et pauvre vers le développement. N’est-il pas une réplique, une copie certifiée conforme de l’attitude de leurs maîtres vis-à-vis de l’Afrique ? Cela met en exergue encore un des effets d’un choc de culture mal géré.
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La liste de ces attitudes et actions perverses est longue et ne sont pas une caractéristique des premiers responsables africains mais de toute l’élite africaine à tous les niveaux à quelques exceptions près. Bien que minoritaire, cette élite africaine se comporte comme un ver dans un fruit entrainant le pourrissement progressif et certain du fruit à bas bruit sans laisser de signes extérieurs permettant d’apprécier la gravité et l’ampleur de la situation.

En effet, l’intellectuel africain placé à un niveau de responsabilité ou l’opérateur économique moderne, embelli toujours son image à travers des petits cadeaux à sa famille, à son entourage tout en répugnant la misère de sa famille d’origine (du village) et de son milieu de vie immédiat en ville. Il fait semblant de s’occuper de sa famille, de sa communauté, de son peuple avec les deniers publics qu’il leur a détourné (volé). Alors que ces fonds publics, bien utilisés, devraient sortir le peuple de la misère chronique. Mais hélas, les fonds publics nationaux et l’aide publique au développement sont mal gérés voir détournés souvent à des fins personnelles. Le peuple est ainsi savamment pillé à travers des actions de façade telles que ces routes mal construites dont la durée de vie atteint rarement le dixième de la durée de vie prévue, ces écoles qui s’écroulent sur les enfants dès les premiers vents de pluies, des hôpitaux qui fonctionnent à peine dont le personnel arnaque les malades, etc.

Cela est tellement accentué qu’il n’est pas rare d’entendre ce type de propos en Afrique : « même si toi tu n’a pas besoin de cet argent (comprenez par là l’argent volé détourné), pense à ta famille… », « Tu es notre espoir, tu es bien placé, nous n’avons rien, donne nous un peu de temps en temps » le comble que j’ai entendu un jour dans cette logique de conseils pervers : « ne t’inquiètes pas, développe toi et la somme des individus développés permettra au Burkina de se développer… »
C’était au cours d’un débat très sérieux. Cela se justifierait si c’était dans le sens d’un engagement individuel accru, de plus de sacrifice et de détermination pour se développer mais malheureusement c’était dans le sens de s’enrichir de façon illicite comme l’on peu, chacun à son niveau dans l’objectif erroné de développer à terme le Burkina avec la somme des enrichissements illicites individuels.

Cette théorie qui est de plus en plus populaire dans l’administration africaine est édictée en mœurs et coutumes à ne pas s’en écarter au risque d’être soi même exclu. Ainsi, le ver, responsable du pourrissement du fruit que représente le potentiel du développement africain continue à grossir et à poursuivre son œuvre dévastateur à bas bruit. En effet, cette attitude perverse de plus en plus généralisée au Burkina Faso et dans bien d’autres pays africains à tous les niveaux, est devenue le mode de gouvernance, la norme de gestion du bien public, etc. Conséquence logique, un réseau d’opérateurs économiques s’est développé avec des liens très forts avec les dirigeants véreux au niveau national et international pour piller allègrement l’Afrique.

Le corollaire de cette tragédie, est qu’en Afrique, dans la conscience populaire, un leader politique est celui qui a l’argent. Comprenez par là celui qui est riche et capable de distribuer l’argent aux autres, etc. Un leader politique doit avoir suffisamment d’argent pour supporter le fonctionnement de son parti. La grandeur, l’importance du leader politique est proportionnelle à sa puissance financière dans le contexte de la démocratie en Afrique. « Tu es dans quel parti ? » « Ha celui de l’autre là, il a l’argent ? » ; « s’il n’a pas l’argent ce n’est pas la peine, maintenant on ne peut rien faire sans l’argent… ». Voila autant d’idées perverses et populaires dans les villes africaines et liées surtout aux attitudes et pratiques de l’élite africaine.

Curieusement, la population africaine se souci très peu d’où et comment ces nouveaux riches ont battu leur fortune. Même quand elle le sait, malheureusement elle a tendance à féliciter ces nouveaux riches issus de l’élite africaine d’avoir su tirer leur épingle du jeu. Parfois, j’ai l’impression que la population (le citoyen lambda) continue à croire que l’argent est fabriqué en occident et mis à la disposition des pays africains au bon gré de leurs leaders sans aucune relation avec les efforts individuels et collectifs des populations africaines. C’est également, comme le disait un jour un chroniqueur humoriste de la Radio France Internationale « le bien public en Afrique n’appartient à personne, il appartient à celui qui le ramasse le premier… ».

Dans le cas contraire, comment allez vous comprendre que des criminels économiques reconnus comme tel par la justice (même si celle-ci est souvent frileuse) et poursuit par elle, soient en liberté et réélus à des postes de responsabilité par les mêmes populations en Afrique et surtout au Burkina. Les leaders africains surtout les responsables politiques s’enrichissent rapidement sans que cela n’entraine des soulèvements populaires pour réclamer justice. Mieux, la population à tendance à leur faire la cour soit disant pour avoir sa part. Face à cette attitude népotiste de la population, ces nouveaux riches s’autoproclament ainsi en « leaders » de partis politique afin de poursuivre leur œuvre. La population se trouve ainsi pervertie, surtout la jeunesse et a tendance à croire que politique rime avec malversation, corruption, mensonge, alliance contre nature, violence afin de s’imposer par tous les moyens.

Tout laisse croire qu’en Afrique, dans l’arène politique, on a besoin que d’homme providentiel et riche à défaut fort militairement pour acheter les consciences ou s’imposer par la force. Cela est d’autant vrai que la masse capable de comprendre un projet de société, de faire un choix judicieux de ses leaders politiques en fonction de la qualité, de la pertinence, de l’efficience et de l’adaptation des projets de société qu’ils défendent est très faible. Ce peuple, analphabète et pauvre est maintenu en survie (à travers les petits cadeaux pour la famille d’origine au village et son entourage immédiat en ville grâce aux biens publics détournés…) par l’élite africaine afin de pouvoir continuer à le piller impunément.

C’est ainsi qu’il y a une multitude de partis politiques en Afrique, mais très peu dispose d’un projet de société digne de ce nom. Souvent elles n’ont même pas de document de projet de société écrit avec des objectifs, des stratégies, des actions à court, moyen et long terme assorties d’un budget. C’est souvent des discours, ponctués de fausses promesses non écrites nulle part qui constituent leur projet de société. Aussitôt élu, c’est la gestion de leur sécurité et leur enrichissement personnel qui les préoccupent le plus. Dès que la moisson est bonne au cours du premier mandat, ils font tout pour s’éterniser au pouvoir au détriment des lois.

Le comble vient d’être franchi au Burkina Faso avec ce passage en force du Président Blaise Compaoré qui se prépare pour réviser la constitution afin de se maintenir au pouvoir (après 28 ans de règne). Tout se passe comme si ce pays allait disparaître de la carte après sa mort. Rien de cela n’adviendra grâce à nos ancêtres et à Dieu, le Burkina continuera d’exister et risque d’être mieux gouverné par le ou les successeurs. En réalité, c’est pour des intérêts personnels et égoïstes du président, de sa famille et de sa classe politique. Parlant de cette dernière, elle a tellement détourné les biens publics grâce au leadership particulier de Blaise Compaoré caractérisé par un laisser aller extrême « tu peux tout faire mais ne touche pas à mon pouvoir », qu’elle ne s’imagine pas autrement sans ce dernier.

Monsieur Le Président Blaise Compaoré, ceux qui vous poussent à rester au pouvoir après 2015, ne vous aiment pas. En réalité, ils se servent de vous comme l’on se sert d’un instrument pour continuer à piller le peuple en toute impunité. Combien de dossiers de crimes économiques sont restés sans suite ? Mettez à nu une dizaine de gros dossiers, vous verrez leur réaction.

Dans un de mes articles antérieurs, je vous suggérais de créer une cour spéciale dotée de moyens et de l’autorité nécessaire pour juger les crimes économiques avant de prendre votre retraite, je réitère une fois de plus cette demande car s’est le seul chantier qui vous reste si vous aimez le peuple Burkinabè.

Je suis prêt à parier qu’après les premières actions visibles de condamnations pour crime économique, plus de 80% de vos sympathisants actuels vous supplieront de prendre votre retraite en 2015. Le choix vous revient, celui d’accepter d’être continuellement utilisé comme un instrument de pillage du peuple ou celui d’avoir le courage de mettre fin à ce pillage et d’assumer les conséquences de vos actes. Tous les bons leaders se sont sacrifiés d’une manière ou d’une autre à un moment donné pour sauver l’intérêt supérieur de leur peuple. C’est votre tour de rentrer positivement dans l’histoire, saisissez cette opportunité avant qu’il ne soit trop tard. En effet, il sera trop tard dès que vous aurez fixé la date du référendum.

Dr SOURA Yorba
Médecin, Economiste de la santé
Consultant indépendant
Actuellement en mission au Bénin
Mai : souraba@yahoo.fr
Téléphone : +229 67 48 43 81

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Vos commentaires

  • Le 27 octobre 2014 à 18:01, par CHEIKH En réponse à : Perversion des consciences africaines, le ver est dans le fruit

    Bravo Soura ! mais çà c’est trop long pour Blaise. Nous on te comprend bien, mais quant à lui, il ne te comprendra jamais, jusqu’à la fin des temps.
    A u contraire, avec tes histoires de crime économique, tu l’amèneras à se souvenir de ses propres crimes de sang, et il murmurera : "Voilà encore quelqu’un qui ne m’aime pas".
    Mais si tu ne le sais pas, moi je vais te le raconter : Dès que tu lui dis ta vérité, tu deviens son ennemi, car lui il est venu au pouvoir pour y rester à vie, quel qu’en soit le coût.
    Il préfère demeurer légaliste jusqu’au bout des ongles, tant que cela est à son avantage. C’est pourquoi notre aide publique à nous, s’expédie en France par des djembés, pour financer des campagnes électorales.
    Exactement, comme si on choisissait d’être légal selon le contexte, ou bien si le légal était plus juste que le légitime et l’humain.
    Même si pour cela, il doit continuer à se repaître de nos chairs et de notre sang.
    Rassure toi mec, on dit que "la nuit a beau être longue, le jour finira par se lever".
    Quant à lui, il sera même surpris par l’aube, car le cas du Burkina servira de jurisprudence à l’Afrique toute entière.

  • Le 27 octobre 2014 à 18:36, par OLIVIA En réponse à : Perversion des consciences africaines, le ver est dans le fruit

    Maintenant ce n’est plus la France c’est UE allez y appeler le gouvernement chinois le vote se passera belle et bien à l’AN. Tu a le droit d’être contre j’ai le droit d’être pour ! Le peuple là woo, le peuple n’a pas de nationalité ou quoi ?

  • Le 27 octobre 2014 à 19:31, par Le Camarade En réponse à : Perversion des consciences africaines, le ver est dans le fruit

    Ma voisine Awa m’a dit aujourd’hui qu’avec Blaise elle a connu mesures sociales sont maris statu particulier et j’en passe donc en 2015 et même au référendum c’est Oui a Blaise. C’est déjà suffisant elle sait ce qu’elle veut et comme elle fait parti du peuple alors le peuple veut que Blaise reste Vive le peuple !

  • Le 27 octobre 2014 à 21:01, par zarata En réponse à : Perversion des consciences africaines, le ver est dans le fruit

    Je me demande si ceux qui ont l’habitude de soutenir l’opposition sont animé par de l’inconscience oubien c’est de l’ignorance sinon il parrait tout à fait claire que l’opposition vous prend pour des idiots. Tout d’abord le Balai qui se prétendait être apolitique dit aujourd’hui qu’elle a vue le jour uniquement pour contrer la FEDABCMr Diabré si vous avez été passif en classe sachez que vous ne devez pas assimiler votre cas à celui de tout le monde.Une dernière chose sachez que vous animaux briguant et écervelé qui ne savent qu’il faut une autorisation pour manifester n’auront que vous pour amuse gueule

  • Le 27 octobre 2014 à 21:20, par koli En réponse à : Perversion des consciences africaines, le ver est dans le fruit

    Cela n’est plus n’est plus un secret de polichinelle avec l’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique de l’ouest et le réfute des grande compagnie aviation publique qui de desservir l’Afrique de l’Ouest, le virus Ebola est devenu plus que la super star des maladie en Afrique de l’ouest surpassant de très loin le SIDA. A l’ordre du jour les repas collectif, les lessives collectifs et les embrassades ont été proscrit. Par mesure de sécurité les jeux collectif, promenades et tout ce qui est attroupement ont été déconseille à toute la population. Que vous soyez dans une zone a risque ou non, Mes très cher amis pour notre sécurité minimisions le contacte humain Rester chez vous !

  • Le 27 octobre 2014 à 21:44, par koli En réponse à : Perversion des consciences africaines, le ver est dans le fruit

    Cela n’est plus n’est plus un secret de polichinelle avec l’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique de l’ouest et le réfute des grande compagnie aviation publique qui de desservir l’Afrique de l’Ouest, le virus Ebola est devenu plus que la super star des maladie en Afrique de l’ouest surpassant de très loin le SIDA. A l’ordre du jour les repas collectif, les lessives collectifs et les embrassades ont été proscrit. Par mesure de sécurité les jeux collectif, promenades et tout ce qui est attroupement ont été déconseille à toute la population. Que vous soyez dans une zone a risque ou non, Mes très cher amis pour notre sécurité minimisions le contacte humain Rester chez vous !

  • Le 27 octobre 2014 à 21:50, par kone issouf En réponse à : Perversion des consciences africaines, le ver est dans le fruit

    Cela n’est plus n’est plus un secret de polichinelle avec l’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique de l’ouest et le réfute des grande compagnie aviation publique qui de desservir l’Afrique de l’Ouest, le virus Ebola est devenu plus que la super star des maladie en Afrique de l’ouest surpassant de très loin le SIDA. A l’ordre du jour les repas collectif, les lessives collectifs et les embrassades ont été proscrit. Par mesure de sécurité les jeux collectif, promenades et tout ce qui est attroupement ont été déconseille à toute la population. Que vous soyez dans une zone a risque ou non, Mes très cher amis pour notre sécurité minimisions le contacte humain Rester chez vous !

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