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Etats-Unis -Europe : une détente qui profite aux deux camps

Publié le mercredi 23 février 2005 à 06h49min

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Les relations entre les Etats-Unis et l’Europe viennent de prendre une tout autre tournure, avec la récente volonté du président américain George W. Bush de travailler en étroite collaboration avec les dirigeants européens, en laissant de côté les divergences du passé.

A Bruxelles en Belgique où ils viennent de sceller leur réconciliation, les dirigeants américain et européens ont estimé qu’il y a de réelles opportunités de coopération dans plusieurs domaines. George Bush peut donc désormais compter sur les 25 pays de l’Union européenne, ainsi que sur l’Organisation de l’alliance atlantique (OTAN). Bien entendu, le dossier irakien divise toujours et les présidents français et américain ont soigneusement évité d’aborder ce sujet qui fâche.

Toutefois, pour le président Chirac, ces divergences de vue ne sauraient entamer les bonnes relations, "les valeurs et la vision communes" qui unissent les deux Etats. A Bruxelles, Jacques Chirac a dit avoir eu "du plaisir à retrouver son homologue américain". Tout le contraire des relations tendues d’hier, quand Jacques Chirac ne cachait pas son hostilité vis-à-vis de l’expédition punitive américaine en Irak.

Si, finalement, le président français semble s’être quelque peu ramolli, c’est qu’il n’avait pas le choix. Le réalisme politique s’imposait à lui. Il est en effet conscient que, tout seul, il ne pouvait peser longtemps sur les réalités géopolitiques du moment, c’est-à-dire l’omni-puissance américaine. En effet, en dépit des apparences, l’Europe ne parle pas d’une seule et même voix à propos de l’intervention en Irak.

Critiquer constamment Washington sur sa politique ne ferait que l’isoler davantage. Si Jacques Chirac n’ a pas hésité à renouer avec les Etats-Unis, c’est parce que le président Bush a rempilé pour un second mandat. Il faut composer avec ce qu’on a. Ce dégel est tout aussi profitable à la France qu’aux Etats-Unis. Car pour George Bush, il importe, après sa réélection, d’instaurer d’urgence un climat normal dans ses relations avec ce pays en particulier considéré avec l’Allemagne comme la locomotive de l’Union européenne.

Réélu pour quatre ans, il est conscient que sa politique est largement approuvée par ses concitoyens et que le monde doit faire avec. Mais il s’est aperçu des limites de l’unilatéralisme en Irak. Mener donc une politique extérieure par d’autres moyens, notamment par la concertation avec l’Union européenne, semble être pour lui la meilleure option.

Autrement dit, les Etats-Unis ont besoin d’alliés.
L’Union européenne s’attend à récolter les fruits de cette détente. Comme le relève Pierre Lelouche, député UMP et président de la délégation française à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, "c’est la première fois que l’on va assister à un vrai sommet entre le président des Etats-Unis et les plus hautes instances de l’Union européenne".

Et comme le souligne un diplomate français, "les circonstances ont changé" et les Etats-Unis espèrent partager le fardeau, notamment militaire, de la sécurité internationale. Les divergences de vue entre les Etats-Unis et "la Vieille Europe" ne se limitent pas seulement à l’Irak. Alors que les Européens tentent d’obtenir, par les voies diplomatiques, un renoncement de Téhéran à l’arme nucléaire, Washington se refuse à tout dialogue, et semble vouloir privilégier la manière forte.

Tant bien que mal, les Américains ont réussi à instaurer un semblant de démocratie en Irak, même si la victoire des chiites est apparue comme celle de l’Iran. Ils souhaitent que ce vent de démocratie soulevé en Irak déferle sur la région dans son ensemble. Si ce n’est pas encore le cas, ils peuvent se réjouir au moins du fait que ces élections aient entrouvert une porte de sortie. Un motif pour imposer leur vision dans les Etats arabes voisins. Les réels espoirs de paix en Israël peuvent les encourager dans cette démarche.

La Vieille Europe (qui doit sa libération et sa reconstruction à l’Amérique) profitera sans doute de cette nouvelle donne. Car, dans ce nouveau climat, les entreprises des pays qui n’avaient pas participé à la coalition auront des contrats pour la reconstruction de l’Irak.

Autres avantages : les gouvernements qui étaient opposés à la guerre en Irak pourront justifier leur participation à la reconstruction irakienne par le soutien à un gouvernement élu démocratiquement. Ce qui fait dire à Dominique Moïsi, conseiller spécial de l’Institut français des relations internationales, que "les conséquences indirectes, non planifiées, de la guerre semblent finalement bénéfiques ".

Le Pays

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