LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Rapprochement scène de théâtre-Ring de boxe : Etienne Minoungou révèle le Mohamed Ali, acteur de théâtre

Publié le jeudi 23 octobre 2014 à 00h03min

PARTAGER :                          
Rapprochement scène de théâtre-Ring de boxe : Etienne Minoungou révèle le Mohamed Ali, acteur de théâtre

On le connait homme de théâtre, et initiateur des Résidences panafricaines d’écriture, de création et de recherche théâtrale. Mais Etienne Minoungou est aussi un boxeur. Il était sur scène, le lundi 20 octobre dernier à Gounghin pour jouer « M’appelle Mohamed Ali ». Le comédien, boxeur d’un soir, tout comme le champion du monde en boxe, ont une chose en commun, l’espace et l’engagement (la scène de théâtre ou le ring de boxe) qu’ils utilisent pour défendre un idéal.

Entre le ring de boxe et la scène de théâtre, la distance n’est pas aussi éloignée qu’on pourrait le croire. Surtout quand le boxeur s’appelle Cassius Marcellus Clay alias Mohamed Ali. C’est ce rapprochement que Etienne Minoungou a brillamment mis en scène à travers la pièce « M’appelle Mohamed Ali ». Il n’était pas que ce boxeur qui mettait K.O ses adversaires, qui défendaient avec une grande gueule la cause de la race noire, qui refusait d’être le champion du peuple, mais celui du monde. Non Mohamed Ali, c’est aussi cet homme engagé. « Mon combat est un combat politique » aimait à dire le boxeur américain. Il se donnait en spectacle en cage. Volait comme un papillon et piquait comme une abeille. Et surtout profitait du ring et des avantages qu’il lui apporte pour faire passer son message. « La scène me permet de tout dire » lâche Etienne Minoungou, tout comme le ring permettait à Mohamed Ali d’assener ses coups de vérités.

Il était donc aussi un acteur sur le ring, comme Etienne Minoungou l’est sur la scène. Il a utilisé son sport pour défendre des causes, la cause de sa race. Quand il boxe, sur le ring, c’est contre l’esclavage, les viols collectifs, la prohibition de nos cultures, les pillages, les razzias, qu’il se bat.

Etienne Minoungou a donc été inspiré par le boxeur et a trouvé en lui les talents d’un acteur de scène. Ils se sont donc échangés les rôles mais pour la même finalité, défendre un idéal. Sur scène…pardon sur le ring, Etienne Minoungou enfile tantôt les gands de boxeurs, tantôt le costume de l’acteur de théâtre. Il balance entre ses combats et le récit de sa dure vie d’homme de théâtre. Ses victoires sur le ring et ses questionnements sur l’avenir de la jeunesse africaine. Les préjugés sur l’homme noir, son refus de céder à la facilité, à la fatalité. « Je vais changer le monde, je vais changer l’histoire », Mohamed Ali refuse d’être un de ces nègres qui violent les blanches, ces ivrognes à qui on a dit de se contenter de leur situation, de se résigner.
Les grands moments de la vie de Mohamed Ali sont visités par l’acteur. Notamment quand il refuse d’aller combattre au Vietnam, tuer des Viêt Cong en arguant que jamais un Viêt cong ne l’a traité de nègre. « Je ne serai pas la main sanglante pour aller apporter la mort », ce qui occasionna sa perte de ceinture mondiale qu’il récupéra 7 ans plus tard lors du combat du siècle à Kinshasa.

« M’apelle Mohamed Ali est une pièce de profonde réflexion sur plusieurs questions. Entre deux pans de la vie du boxeur et dans une complicité avec le public, Etienne Minoungou pose des questions profondes sur l’avenir des jeunes africains, de l’Afrique. La problématique du théâtre africain, la situation de l’homme noir, l’esclavage mental, l’aliénation culturelle, ce sont les Uppercuts que Etienne Minoungou a donnés à l’adversaire l’invisible. En vrai one man show, il a tenu en haleine le public pendant plus d’une heure.
La pièce, « M’appelle Mohamed Ali » est programmée pour les récréatrales qui débuteront le 25 octobre pour prendre fin le 2 novembre 2014.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique