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Lutte contre l’extrême pauvreté en Afrique : Et si les pays tenaient enfin leurs engagements

Publié le mercredi 8 octobre 2014 à 21h29min

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La majorité des gouvernements des pays donateurs ne tiennent pas leurs promesses d’aide au développement. C’est l’une des principales conclusions du rapport de l’organisation ONE rendu public ce lundi 6 octobre 2014 à Paris en France. Devant ce constat d’engagements non tenus, l’organisation souligne l’urgence pour les gouvernements des pays donateurs et ceux des pays en développement d’augmenter leur aide aux plus pauvres afin de lutter efficacement contre l’extrême pauvreté dans le monde.

“Lutter contre la pauvreté et financer l’avenir de l’Afrique’’. Ainsi s’intitule le dernier rapport de l’organisation ONE qui met en relief l’impact des promesses non tenues des pays donateurs sur la lutte contre l’extrême pauvreté sur le continent. Pour les responsables de l’organisation, le meilleur moyen pour les dirigeants politiques de parvenir à l’éradication de l’extrême pauvreté dans le monde d’ici à 2030, c’est de tenir simplement tous leurs engagements financiers. Selon le rapport ONE, depuis l’année 2000, 250 milliards de dollars, soit un sixième du total de l’aide déclarée par les gouvernements des pays donateurs, n’ont pas été réellement transférés dans les pays en développement. Aussi, les niveaux d’aide sont gonflés artificiellement en incluant les annulations de dettes et les dépenses domestiques dans les pays donateurs. ONE appelle ici à une révision stricte des règles permettant de comptabiliser des prêts comme de l’aide au développement. Si celles-ci avaient déjà été revues, 19 milliards de dollars de prêts ne seraient pas considérés comme de l’aide. Par ailleurs, les pays donateurs ne consacrent pas une part suffisante de cette aide aux pays les plus pauvres. Seul un tiers de l’aide est alloué aux pays les moins avancés. Accroître ce montant de 50% permettrait, selon ONE, de dégager 22 milliards de dollars supplémentaires pour les populations les plus vulnérables.

Part de responsabilité des gouvernements africains

Le présent rapport ne passe pas sous silence la responsabilité des Etats africains, concernés par la question de l’extrême pauvreté. Ainsi, il ressort que les gouvernements africains ont échoué dans leurs dépenses sur les besoins essentiels qui pourraient sauver des vies et faire reculer la pauvreté. Dans cette lutte contre l’extrême pauvreté sur le continent, seuls 6 pays sur 43 ont atteint leurs objectifs d’affecter une part significative de leur budget aux secteurs clés ; à savoir la santé, l’agriculture et l’éducation. Entre 2010 et 2012, 54,8 milliards de dollars supplémentaires auraient pu être investis dans la santé en Afrique subsaharienne si tous les gouvernements de ces pays avaient tenu leurs promesses. A ce niveau, Docteur Sipho Moyo, directrice Afrique de ONE, déclare, à juste titre : « Avant toutes choses, les dépenses publiques des gouvernements africains doivent contribuer à la lutte contre la pauvreté. L’agriculture, par exemple, est primordiale pour développer des chaînes de valeurs sur le continent, et ainsi créer des emplois et des opportunités économiques pour tous. La santé est un secteur tout aussi important afin d’instaurer des systèmes sanitaires fiables qui pourraient sauver de nombreuses vies et permettre de prévenir des crises aussi dévastatrices que l’épidémie d’Ebola qui frappe l’Afrique de l’Ouest aujourd’hui ». ONE recommande donc aux gouvernements africains de tenir aussi leurs propres engagements financiers envers ces secteurs clés afin de développer la structure qui leur permettra de faire face plus rapidement aux crises comme Ebola.

2015, un tournant décisif ?

En dépit des nombreuses difficultés, il ressort quelques avancées au cours des vingt dernières années sur cette question de la lutte contre l’extrême pauvreté dans le monde. Le nombre de personnes vivant avec moins d’1,25 dollars par jour a été divisé de moitié. Et dans une logique optimiste, l’on peut espérer encore plus de résultats avec les réflexions en cours sur les nouveaux objectifs de développement après 2015. Cette année 2015, à entendre certains acteurs de la lutte contre la pauvreté, est un tournant décisif. Friederike Röder, directrice de ONE France : « L’an prochain, nous voulons voir les dirigeants mondiaux s’accorder sur une série d’objectifs de développement ambitieux et stimulants qui feront la différence auprès des plus pauvres. Mais nous devons avoir un plan de financement à la hauteur de ces objectifs ». Mais, une fois encore, il ne saurait y avoir de résultats probants sans respect des engagements pris, notamment financiers. Cela est valable aussi bien pour les pays donateurs que pour les pays africains. L’intégralité du rapport ONE peut être téléchargée ici : https://s3.amazonaws.com/one.org/pdfs/Rapport_DATA_2014.pdf. Par ailleurs, pour plus d’informations, cliquez sur : www.one.org/fr.

Grégoire B. Bazié
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 8 octobre 2014 à 23:57 En réponse à : Lutte contre l’extrême pauvreté en Afrique : Et si les pays tenaient enfin leurs engagements

    Je vais vous contredire car il y a pratiquement un milliard de personnes qui vivent et dorment avec la faim. C’est le scandale de la fin du 20ème siècle et de celui en cours depuis 14 ans. Dans un an, quasi aucun des OBJECTIFS DU MILLENAIRE NE SERONT ATTEINTS ET LE BURKINA EST DANS LA LISTE DE CEUX QUI SONT EN QUEUE. Quand allons nous comprendre que les occidentaux s’en foutent de leurs engagements ? Il serait temps pour le Burkina Faso de comprendre qu’avec le peu de ressources disponibles mais avec un minimum d’intelligences, on peut faire des miracles. Est-ce la portée du pouvoir actuel qui n’a rien prouvé en 27 ans de povuoir ??????

  • Le 9 octobre 2014 à 15:42, par anta En réponse à : Lutte contre l’extrême pauvreté en Afrique : Et si les pays tenaient enfin leurs engagements

    Pourquoi s’asseoir et attendre toujours que les autres tiennent à leur promesse ?

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