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Analyse de l’entretien de Salif DIALLO lors de la rencontre avec les Burkinabè de France le 21 septembre à Paris : Approche par le nuage de mots

Publié le mercredi 8 octobre 2014 à 02h05min

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Analyse de l’entretien de  Salif DIALLO lors de la rencontre avec les Burkinabè de France le 21 septembre à Paris : Approche par le nuage de mots

Que l’on soit admirateur ou pourfendeur de Salif DIALLO, les échanges qu’il a eus à Paris avec les militants et/ou sympathisants de son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) mérite attention. C’est à ce titre, que nous essayons d’en analyser le contenu en utilisant l’approche par le nuage de mots, laquelle permet de faire ressortir les mots fréquemment utilisés.

L’analyse du mot introductif ainsi que des réponses apportées aux questions posées ont permis de dégager quatre (4) axes d’intérêts : La référence au peuple et au Burkina Faso, l’appartenance à un groupe, l’appel à l’action, la volonté de se justifier. La figure ci-après présente un échantillon de mots revenus fréquemment. Plus la taille d’un mot est grande, plus il a été prononcé.

De la référence au peuple et au Burkina Faso

La référence au peuple et au Burkina Faso est cernée par l’usage fréquent des mots « Peuple » et « Burkina ». En effet, le mot « Peuple » a été le plus utilisé et est revenu 33 fois, soit 21 fois dans le l’élément introductif et 12 fois dans les réponses aux questions à lui posées. Sur l’ensemble des 58 phrases du discours introductif, le mot « peuple » a été en moyenne prononcé 3 fois environ dans chaque phrase, soit 12 fois le mot « peuple » pour 1000 mots. Si l’on estime à dix minutes le temps qu’a duré le discours, le mot « peuple » est revenu une fois toute les 30 secondes.

Un regard rétrospectif des sorties médiatiques montre son attachement à ce mot. On pourrait hypothétiquement comprendre son refus contre ce qu’il appelle « patrimonialisation du pouvoir ». Pour exprimer son « combat » pour l’expression du pouvoir du peuple, il évoque les termes « clan », « un individu », « une personne », « un seul homme ». Il mentionne que tout pouvoir qui dessert le peuple ne mérite pas d’estime, et doit être dessaisi de la mission à lui confier. Dans ce sens, il oppose le président du Faso dont le nom est cité 8 fois au peuple en ces termes : « Aujourd’hui, la contradiction fondamentale de l’heure comme on le disait dans le mouvement étudiant, c’est entre Blaise Compaoré et le peuple ». Faisant allusion au pouvoir du peuple, Il évoque par 20 fois le mot « Démocratie » ou des mots de la même famille, et par 5 fois des mots de la même famille que « Tripatouillage ». Il en appelle au respect de la loi fondamentale, en prononçant par 10 fois le mot « Constitution ».

Quant au mot « Burkina », l’homme fort du Yatenga l’a prononcé 23 fois comme pour distinguer le pays à un « jardin privé ». En ajoutant, les 17 fois qu’il a prononcé le mot « pays », c’est peu de croire que le Burkina Faso n’est pas un bien commun.

De la récurrence du « Nous »

De manière récurrente, Salif DIALLO a utilisé le pronom « nous », soit pour exprimer l’appartenance à un groupe, en l’occurrence le MPP qui est cité 15 fois ; soit pour prendre en témoin d’autres personnes qui pourront confirmer son propos. Les 8 fois qu’il a fait usage du pronom « je » dans son adresse introductive, il exprimait avec force et conviction son idée.

L’usage du « nous » pour affirmer le sentiment d’appartenance à un groupe ne cache-t-il pas le narcissisme de Gorba ? Difficile de répondre par l’affirmative. Toutefois, certains de ces « nous » signifiaient son appartenance à la direction de la lutte contre l’ « imposture ». Ce qui permet d’affirmer qu’il entend revenir sur la scène politique. L’effectivité de ce come-back sera une réponse contrastante à un organe de presse qui titrait en janvier 2013 ce qui suit : « La lente « agonie » d’un dinosaure politique ».

De la récurrence du « Faut »

Il est facile de noter l’usage de verbes modaux : Falloir, devoir, vouloir, etc. Ainsi, il insiste sur des impératifs et par 20 fois il prononce le mot « Faut ». Ce qui indique que l’heure n’est plus à la théorie mais à l’action.

De la volonté de se justifier

Ayant été au cœur du système COMPAORÉ, Salif Diallo et son parti peine à se faire comprendre malgré leur autocritique. Cet héritage politique pèse sur leurs épaules, et confirmant par-dessus tout que la confiance reste une variable clé en politique. Toute personne qui aspire à jouer un rôle dans la vie publique se doit de travailler à soigner son image et ce, en ne se dédisant pas. Gorba l’a si bien compris et se veut affirmatif dans ces déclarations. Par 19 fois, il utilise le mot « disons » afin de rappeler à l’assistance leurs positions sur certains sujets. Aussi, utilise-t-il par 24 fois le mot « Parce que » pour étayer ses propos comme éviter de tomber dans la calomnie. Ce qui qui friserait la traîtrise, chose qu’il récuse en l’évoquant par 6 fois.

Au seuil de cet exercice, nous retenons que cet échange au relent d’autocritique se singularise par la conviction de son auteur, et la volonté de celui-ci de réhabiliter le peuple en lui rétrocédant la plénitude de son pouvoir qu’il a délégué. Ce discours plus qu’une anthologie de la gouvernance politique et économique du Burkina Faso de ces trente dernières années, rappelle ce que devrait être la Politique. Gorba enseigne que la politique n’est pas lieu de la roublardise, où les consensus et autres promesses d’hier ne sont pas respectés. Il réhabilite l’art de gérer la cité en lui conférant ses lettres de noblesses. L’homme politique s’assume et explique pourquoi il fait certains choix.

Quitte à se faire « détester » pour un bout de temps. Aussi longtemps que la politique sera le champ privilégié d’intrigues, sera considéré comme un gagne-pain, souffrons tous de vivre cette impasse politique. C’est notre conviction !

BEMAHOUN Honko Roger Judicaël
Statisticien-économiste

honkoroger@gmail.com

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