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Togo : Le médecin après la mort ?

Publié le jeudi 17 février 2005 à 07h46min

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La sous-région est actuellement le théâtre d’un intense ballet diplomatique avec au centre de ces va-et-vient la situation socio-politique togolaise.
Un ballet qu’on ne sera pas loin de qualifier d’inutile tant les positions des uns et des autres semblent inconciliables. A moins que...

Après avoir tordu le cou à la constitution et posé un lapin à la délégation de haut niveau de la CEDEAO qui devait le rencontrer à Lomé, Faure EYADEMA le fils de son père est en train de vouloir recoller les morceaux en sauvant ce qui peut encore l’être. C’est ainsi qu’il a envoyé son Premier ministre, Koffi SAMA, au Niger le week-end passé, en vue de recueillir de vive voix les desiderata de la CEDEAO et de se plier aux injonctions de celle-ci.

Lesdites injonctions n’ont pas manqué, le président TANDJA, président en exercice de la CEDEAO s’étant fait fort de rappeler aux émissaires de l’apprenti - dictateur de Lomé II, la position intransigeante de l’Organisation ouest-africaine. « Retournez à l’ordre constitutionnel avant d’espérer quoi que se soit », a en substance rappelé TANDJA à SAMA et à sa suite.

Suite à cette première mission officielle d’EYADEMA II, d’autres émissaires ont été délégués pour rencontrer les chefs d’Etat de la sous-région, dont Blaise COMPAORE, pour expliquer la position de Lomé II et recueillir leurs conseils pour une sortie rapide de crise au Togo. A entendre le colonel Leyi MEMENE, chef de la délégation venue à Ouagadougou, on donnerait le Bon Dieu sans confession aux autorités de Lomé, qui semblent animés d’une bonne foi certaine.

Et pourtant

Une analyse froide des évènements socio-politiques survenus au Togo au cours de la semaine écoulée, permet cependant de tempérer l’optimisme de tous les adeptes du retour à la légalité. Faure EYADEMA est, en effet, allé trop loin pour opérer un retour en arrière sans gages certains de conserver « son » fauteuil. En faisant donner du canon aux manifestants qui exigeaient le retour à l’ordre constitutionnel (avec trois morts à la clé), EYADEMA - fils indique son désir de rester le maître du jeu togolais.

Une réaction « humaine » si tant est que le passif de son père dont il est aussi comptable ne peut que lui valoir des « tuiles » s’il venait à quitter le pouvoir sans garanties. Les manifestants du dimanche l’ont clairement signifié : « Nous sommes fatigués des EYADEMA et nous voulons la liberté pour le peuple togolais ». Quant aux tenors de l’opposition, ils n’ont à la bouche que le jugement des « fossoyeurs » de la liberté, par ailleurs « prédateurs » de l’économie togolaise.

C’est dire que même s’il le voulait, Faure EYADEMA ne pourra pas quitter le pouvoir facilement, l’oligarchie politico-militaire que lui a léguée son père entendant jouir pendant longtemps des bienfaits du pouvoir. Ajoutée à son penchant naturel pour le pouvoir, cette donne complexifie davantage le problème togolais. La CEDEAO qui l’a compris, offre l’immunité à Faure et à son équipe, en cas d’élections libres et transparentes au Togo.

Sera-ce suffisant pour faire pencher la balance ? Nous ne le pensons pas, le fils EYADEMA étant persuadé que tout rentrera dans l’ordre après la contestation des premiers jours. Il ne cesse du reste de le clamer en direction de l’Union européenne qui devait reprendre bientôt ses relations avec le Togo.

Voilà comment la « bonne opportunité » pour la démocratie au Togo que constitue la mort d’EYADEMA est devenue de nos jours source d’un malaise politique et social profond. Le challenge que la CEDEAO doit relever est donc immense. Le relever raffermirait pourtant notre foi en la démocratie africaine.

Alpha YAYA
L’Opinion

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