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Doctorat en Science politique : Une étude de cas sur le lien entre le service public de l’action sociale et la construction de l’État

Publié le mercredi 10 septembre 2014 à 22h40min

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Doctorat en Science politique : Une étude de cas sur le lien entre le service public de l’action sociale et la construction de l’État

Le mercredi 3 septembre 2014, devant un jury présidé par M. Jean Pierre JACOB (Professeur titulaire en Anthropologie et sociologie du développement, Institut des Hautes Études Internationales et du Développement –IHEID- de Genève en Suisse), Kassem Salam SOURWÉMA, Chargé de programme au Laboratoire Citoyennetés a soutenu sa thèse à l’UFR/SJP de l’Université Ouaga II à Ouagadougou au Burkina Faso. Il a, à l’issue des délibérations, été reçu Docteur en science politique avec la mention « très honorable » à l’unanimité des cinq membres du jury qui n’ont pas manqué de saluer l’excellente qualité de la thèse présentée et soutenue brillamment par Kassem Salam SOURWÉMA. Cette thèse de 532 pages porte sur l’action publique dans le secteur de l’action sociale et s’attache à y décrire et analyser le processus d’ancrage et de légitimation de l’idée d’État et du pouvoir qui l’accompagne.

La recherche a été menée sous le prisme du service public et l’analyse des politiques publiques. Elle se focalise sur les relations entre agents publics et usagers, d’une part, et entre services de l’État et autres intervenants, d’autre part. La thèse met l’accent sur deux dimensions du service de l’action sociale : l’assistance matérielle aux populations défavorisées à travers le traitement de l’indigence, et la régulation des relations interpersonnelles à travers l’application du Code des personnes et de la famille (CPF). Dans ces domaines, les États africains demeurent de vastes « chantiers » où se rencontrent et interagissent très souvent plusieurs acteurs aux logiques et référentiels parfois contradictoires, aux moyens toujours disproportionnés. Les États y apparaissent dénués de leurs attributs de souveraineté et obligés, de ce fait, de collaborer avec d’autres acteurs (les PTF, les ONG et associations, les populations), devenant ainsi des acteurs comme tous les autres.

La conclusion principale sur laquelle débouche cette thèse est que le secteur de l’action sociale et de l’assistance en général est négligé par la recherche en Afrique, d’une part, et marginalisé (car considéré comme secondaire) dans l’architecture institutionnelle de l’État, d’autre part. Mais il est en réalité et malgré tout un lieu stratégique pour la construction de l’État. Le secteur étant construit pour des réformes douces mais profondes des mentalités, il permet une diffusion en douceur, voire inconsciente, de l’image de l’État. Ce secteur est, concrètement, un lieu d’observation et de régulation des « tensions entre la liberté individuelle et la dépendance de fait de l’ensemble des individus » (Bec, 1998 : 11).

Le secteur de l’action sociale regorge donc d’énormes possibilités pour la construction de l’État, non seulement en termes de renforcement de son rôle de « redistributeur », mais aussi de celui de régulateur des relations interpersonnelles. Ces potentialités sont néanmoins sous-exploitées du fait des faibles capacités de l’État lui-même, mais peut-être aussi par ignorance des opportunités qu’offre le secteur de l’assistance.

En rappel, cette thèse est l’un des produits du Programme « État local », un programme sous-régional de recherche et d’action sur l’Amélioration des services publics locaux dans quatre pays africains : Bénin, Burkina Faso, Mali et Niger. Ce programme a été conduit de 2007 à 2010 par le Laboratoire de recherche sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL) basé au Niger et au Bénin et le Laboratoire Citoyennetés basé au Burkina Faso, avec l’appui de la Direction du développement et de la Coopération suisse (DDC).

L’un des principaux objectifs du programme était de permettre à de jeunes doctorants de mener leurs recherches sur les thématiques du service public au niveau local et d’y consacrer leurs thèses de doctorat. Kassem Salam Sourwéma est l’un des bénéficiaires de ce programme et le premier à soutenir sa thèse qui, avec celles à venir, ouvre un renouvellement des questionnements sur la problématique de la construction de l’État dans les sociétés africaines.

Pour mémoire, le jury était ainsi composé :
1. M. Jean Pierre JACOB, Professeur titulaire en Anthropologie et sociologie du développement, Institut des Hautes Études Internationales et du Développement (IHEID) de Genève (Suisse), Président du jury ;
2. M. Augustin LOADA, Agrégé en droit public et science politique, Professeur titulaire, Université Ouaga II (Burkina), Directeur de thèse ;
3. M. Mahamane TIDJANI ALOU, Agrégé en science politique, Maître de conférences agrégé, Université Abdou Moumouni (Niger), Rapporteur ;
4. M. Alioune Badara DIOP, Agrégé en science politique, Maître de conférences agrégé, Université Cheick Anta Diop (Sénégal), Rapporteur ;
5. M. Ludovic O. KIBORA, Maître de recherche en anthropologie sociale, INSS, Ouagadougou (Burkina Faso), Membre.

Windpanga Noël Pierre SCIAN
www.labo-citoyennete.org

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