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Mission des Nations-Unies en Haïti : 42 burkinabè reçoivent la médaille des Nations Unies

Publié le mercredi 16 février 2005 à 07h58min

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La police civile internationale (CIVPOL), la deuxième composante des casques bleus des Nations Unies, joue un rôle primordiale, aux côtés des contingents militaires, dans les opérations de maintien de la paix.

Les policiers civils de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) ont aujourd’hui atteint un effectif de 1400 policiers sur les 1622 prévus par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, oeuvrant quotidiennement en vue de retour et de la consolidation de la paix en Haïti. Parmi eux, quarante-deux policiers et gendarmes burkinabè viennent de recevoir la médaille des Nations Unies pour leur professionnalisme.

Quarante-deux policiers civils (CIVPOL) burkinabè de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti(MINUSTAH) ont reçu, le 11 décembre date du 44e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso, à Port-au-Prince, des médaille des Nations Unies.

Sous le commandement du Commissaire de police Joseph Zabré, les CIVPOL burkinabè de la (MINUSTAH , avec en vedette Noélie Compaoré Kéré, la seule femme du contingent, ont été décorés par les plus hautes personnalités de la MINUSTAH.

Symbole de "professionnalisme, de dévouement, mais également de discipline", cette médaille -composé d’un médaillon de bronze portant en exergue l’emblème de l’ONU surmontée des lettres "UN" sur l’avers et l’inscription "IN THE SERVICE OF PEACE" au revers, et d’un ruban quadricolore : le bleu roi onusien, symbolisant l’océan entourant l’île d’Hispaniola, le vert, représentant l’environnement luxuriant et le potentiel économique d’Haïti, le blanc, synonyme de la promesse de paix et de prospérité du monde au peuple haïtien, et le bleu onusien, symbolisant l’espoir -vient récompenser les policiers de la paix du "Burkina Faso, dont le premier groupe a doublé le sol haïtien le 2 juillet 2004.

Intervenant lors de la cérémonie, le commissaire de la police civile de la (MINUSTAH), le Canadien David Beer, a précisé que "les forces de la paix ont pour vocation d’assurer la sécurité des populations en contribuant à l’instauration d’un environnement de paix".

La cérémonie de remise des médailles, qui s’est déroulée au siège de la (MINUSTAH, en présence de plusieurs CIVPOL et militaires de la (MINUSTAH), des agents de la police nationale d’Haïti (PNH), ainsi que de nombreux sympathisants, a vu l’exécution de l’hymne national du Burkina Faso, entonné et repris avec enthousiasme par les quarante-deux coreligionnaires, qui se distinguaient par la couleur de leur tenue de travail, le bleu pour les gendarmes et le kaki pour les policiers.

Ayant également pris part à ladite cérémonie, Julien Daboué, conseiller technique à l’UNESCO/Haïti, a exprimé, en son nom des autres Burkinabè civils de la MINUSTAH, toute sa "fierté envers ses compatriotes pour leur contribution à cette noble mission en Haïti".

Des policiers et gendarmes burkinabè au service de la paix en Haïti

De par le mandat assigné à la MINUSTAH,la CIVPOL est appelée à contribuer au "rétablissement et au maintien de l’Etat de droit, de la sécurité publique et de l’ordre public, en appui à la PNH et aux hardes-côtes haïtiens". Elle contribue, en outre, à créer un climat sûr et stable, "aider le Gouvernement de transition à surveiller, restructurer et réformer la Police nationale haïtienne, conformément aux normes d’une police démocratique, notamment en vérifiant les antécédents de ses membres en agréant son personnel, en donnant des conseils sur les questions de réorganisation et de formation, y compris la sensibilisation à la situation des femmes, et en pourvoyant à la surveillance et à l’encadrement des policiers (...)".

Comme leurs homologues des pays contributeurs de la MINUSTAH
, les CIVPOL burkinabè sont déployés surtout le territoire haïtien : dix huit (18) personnes sont au siège de la Mission à Port-au-Prince, la capitale, située, par ailleurs, dans le Département de l’Ouest, quatre (4) CIVPOL au Cap-Haïtien, dans le Nord du pays, quatre (4) aux Gonaïves dans le Département de l’Artibonite, au Centre d’Haïti, trois (3) à Hinche, également dans le Centre du pays, trois (3) à Jacmel (Sud-Est), deux (2) aux Cayes, dans Sud haïtien, trois (3) à Jérémie, également dans la région sud du pays, et cinq (5) à Fort Liberté, dans le Nord-Est, où le Commissaire Joseph Zabré, chef du contingent burkinabè, est également chargé du commandement régional des policiers civils internationaux de la MINUSTAH.

Le plus gros du contingent burkinabè intervient dans les opérations securitaires patrouilles régulières des points de contrôle, des postes fixes et patrouilles mobiles, de jour comme de nuit, dans les quartiers chauds de la capitale et des régions, en appui à la police nationale d’Haïti, en vue d’assurer la protection de la population et de venir à bout de l’insécurité.

Deux conseillers techniques burkinbè sont également à pied d’oeuvre. Doté de qualification spécifiques, notamment en enquêtes criminelles, principes de police communautaires, de gestion des commissariats, etc., ils apportent leurs expertisent et conseils à leurs homologues haïtiens.
Les CIVPOL burkinabè participent , en outre, à la formation (théorique et pratique) des futurs agents de la police Nationale d’Haïti, dont la plupart sont de nouvelles recrues et des militaires démobilisés (des éléments de l’ancienne armée dissoute).

Un autre volet de la formation offre la possibilité aux agents de la PNH de passer en grade supérieur, devenant notamment des inspecteurs ou des commissaires de police. De façon générale , les programmes de formation des policiers sont subdivisés en quatre modules principaux, recouvrant des aspects juridiques, professionnelles, tactiques et sportives.
Au nombre des trente-neuf formateurs de la MINUSTAH affectés à l’Académie de police et intervenant aux côtés d’autres éducateurs locaux et internationaux, six proviennent du contingent burkinabè.

Témoignant sur le rôle du volet formation, le lieutenant Patrice Kibora, un des formateurs du contingent burkinabè, précisera que "les policiers sur les terrains d’opération sont le reflet de la formation reçue". Le Burkina Faso "a des décennies de pratiques policières, une expérience confirmée à partager avec la Police nationale d’Haïti (PNH)".

en effet, la formation des agents de la PNH revêt un caractère primordial , en ce sens qu’elle permet leur professionnalisation à travers le renforcement de leurs capacités organisationnelle, administrative et opérationnelle.

Dans ces différents domaines d’intervention, les CivPol s’attellent à leur mission, aux cotés de leurs homologues de plusieurs nationalités parmi lesquels quatorze autres africains, qui oeuvrent , corps et âmes, pour la paix et la stabilité en Haïti.
Dans cet environnement "complexe et parfois hostile", les soldats de la paix, armés de volonté et de courage, inscrivent résolument leurs objectifs collectifs dans le rétablissement de la stabilité et de la paix, et luttent ardemment pour relever ce défi commun pour un environnement plus clément en Haïti.

"Les policiers burkinabè se distinguent par la discipline et le respect des autres", a fait conserver le commissaire de la police de la MINUSTAH. Le chef du contingent, joseph Zabré, dit également avoir eu "la tache facile à cause de l’esprit d’ouverture, de solidarité, de compréhension et de tolérance" ayant toujours prévalu au sein de son équipe.
en envoyant ses soldats en Haïti, le Burkina Faso a voulu une fois encore, aux côtés d’autres pays membres des Nations Unies, apporter sa contribution à la recherche des voies et moyens pour parvenir à la stabilité. Les quarante-deux nouveaux médaillés des Nations Unies ont fait montre , selon le chef du contingent, d’un esprit de cohésion et d’abstraction de soi, des qualités qui font d’eux des exemples en matière d’intégration.

Le Burkinabè dans un environnement multiculturel : un bel exemple d’intégration

Les missions des Nations Unies sont un lieu de convergence, par excellence, de toutes les cultures du monde, favorisant un extraordinaire brassage entre les peuples des cinq continents du monde. Les hommes et les femmes de cette institution deviennent, de gré ou de force, membre de cette grande famille mondiale, dont tous les enfants partagent les mêmes idéaux : "la paix pour tous".
"Etre au service de la paix en Haïti revêt une importante particulière pour les Africains, a indiqué le commissaire Beer, faisant remarquer que l’Afrique partage la même histoire avec Haïti.

Haïti est , en effet une autre terre africaine, et l’africain n’y est guerre dépaysé, bien au contraire, puisque qu’il se retrouve dans un environnement étonnement familier. Après huit mois de présence en Haïti, les montagnes ont fini de surprendre ; le climat , de son côté, n’a plus rien à démontrer... Sur le plan culinaire, les plats haïtiens se laissent bien savourer. Du "riz Djondjon" au "Riz pois" ou la soupe au "Giromont", en passant par le "bgriot de Porc", le Burkinabè n’a que l’embarras de choix. Et pour les plus nostalgiques, l" tô" national se fait également cuisiner et déguster... avec , certes, la saveur locale.

Le respect culture est important pour la réussite d’une mission, ce qu’incarne le burkinabè, cultivant la simplicité et la tolérance envers tous", comme en témoigne, volontiers, le plus africain des CivPol français, Philippe Espier.

Les interactions entre différents groupes sociaux qui se côtoient au sein de la Mission des nations unies créent un environnement hétérogène, un lieu d’affirmation, bien évidemment, de chaque identité, mais également et surtout de respect des autres entités.

Sur le plan communicationnel, les burkinabè n’ont as de problème majeur. Pays francophone et peuple ouvert par excellence, le Burkinabè n’éprouve aucune difficulté à s’intégrer dans la société haïtienne, partageant avec elle le français comme langue de communication.

Le Burkina Faso, pays ouest-africain d’une superficie de 274 200 km2 , est doté d’un riche patrimoine culturel. Et les femmes burkinabè de la Mission sont celles qui, le plus, s’affirment... de par leurs tenues vestimentaires. Arborant très souvent le très populaire Faso Dan Fani, taillé sous divers modèles, ces femmes font la fierté de leur pays, ressemblant à de vraies ambassadrices de la culture africaine, en général, et burkinabè en particulier.
C’est dans ce contexte international et de quête permanente d’un environnement plus clément que Mossi, Gouroussi et bobo se côtoient, faisons abstraction de religion et de race. ils sont tout simplement des citoyens du monde, réunis pour une cause commune : la paix en Haïti.

Noélie Compaoré Kéré, la seule femme burkinabè de son contingent à la MINUSTAH

Etre femme n’est nullement un handicap pour assumer pleinement ses responsabilités au sein d’une force de paix des Nations Unies. Noélie Compaoré Kéré, l’unique femme policière du contingent burkinabè de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), ne le sait que trop bien, elle qui fièrement arbore sa tenue kaki et son béret bleu parmi ses quarante et un coreligionnaires.
Commissaire de police et membre, depuis juillet 2004, de la police civile internationale (CivPol) de la Mission, Noélie Kéré a été décorée, le 11 décembre 2004 à Port-au-Prince, au même titre que ses homologues burkinabè, en recevant la médaille des Nations Unies, symbole de "professionnalisme, de dévouement, mais également de discipline", des valeurs intrinsèques des hommes en tenue.

Affectueusement considérée par ses compatriotes et collègues comme la soeur, ou plutôt la maman, pour les cadets, Mme Kéré est sans nul doute celle vers qui convergent toutes les attentions du groupe.

Alliant tendresse et sévérité, déformation professionnelle sans doute, la voix toujours douce quelqu’en soit le ton, cette femme flic de la cinquantaine a l’allure d’une éternelle jeune. Elle incarne, de par la maîtrise de son travail et le respect que lui témoignent ses collègues, la femme exception par excellence, maternelle par essence, dévouée et expérimentée professionnellement.

Ces qualités, Noélie Kéré affirme les devoir à son pays, le Burkina Faso, et à ses autorités avec à leur tête le président Blaise Compaoré, qui, le reconnaît-elle, fournit l’effort nécessaire pour donner plus de chance aux femmes. Elle en profite d’ailleurs pour lancer un appel à l’endroit de ses consoeurs burkinabè, les exhortant à entreprendre des études supérieures, seule garantie, dit-elle, pour s’assurer un meilleur avenir.

"Si j’ai pu être sélectionnée pour servir au sein de la force des Nations Unies, c’est tout simplement par mérite, le test n’étant guère facile", et la preuve en est le nombre très infime des femmes ayant pu passer ce cap, a fait remarquer Noélie, qui regrette, au passage, cette triste réalité.

A Port-au-Prince, Mme Kéré est affectée au service du personnel CivPol de la Mission, un travail qu’elle partage avec d’autres agents de la police civile et auquel elle s’adonne à coeur joie. "Travailler avec des hommes", fait-elle observer, "demande souvent une grande capacité d’adaptation et d’affirmation de soi pour arriver à se mettre au-dessus de certaines considérations". "Il faut avoir un moral de fer", a-t-elle également relevé.

Noélie, comme les trente-six autres femmes policières internationales de la Mission, s’attelle à assister, conseiller et accompagner (...) ses homologues haïtiens, avec pour objectif la création d’un climat stable en Haïti, ainsi que la professionnalisation de la PNH à travers le renforcement de ses capacités organisationnelle, administrative et opérationnelle, selon le mandat de la MINUSTAH.

"C’est très passionnant de travailler au service de la paix", fait-elle remarquer, précisant que ses "craintes de nouvelle recrue au sein des casques bleus des Nations Unies se sont très rapidement dissipées", s’étant au fur et à mesure rendu compte de son intérêt à militer en faveur de la paix en Haïti, cette autre Afrique, celle des Caraïbes.

Par Uwolowulakana IKAVI / MINUSTAH
(Transmis par CINU/Ouaga)

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