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De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

Publié le jeudi 4 septembre 2014 à 15h35min

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De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

Je suis sans voix. J’ai vécu la marche impressionnante du 23 août 2014 de l’opposition et de la société civile avec laquelle je suis en phase, comme dans un rêve. Grâce à la magie des nouvelles technologies de l’information. L’objectif ici n’était pas de remplir les rues puisque la qualité de l’engagement importe plus que la quantité. Mais aucun patriote ne sera fâché d’avoir la qualité plus la quantité. « Ça ne gâté pas », comme on le dit dans les rues de Ouagadougou. C’est un lenga, un bonus.

Oui aux Compromis Justes et Honorables

Le combat du peuple sera long, rude, s’il le faut, ¬¬¬¬¬mais il émergera encore plus trempé, comme l’acier. Gardons- nous des routes droites, sans rocailles ni ronces. Elles sont carrossables, certes, mais elles ne nous conduisent pas là où l’on voudrait être. Mieux vaut suivre le bon chemin tortueux, accidenté, même en boitant, que le mauvais d’un pas ferme, dit le sage. Or le peuple qui s’est retrouvé avec lui-même, qui a compris qu’il faut faire la part des choses entre nos contradictions primaires et nos contradictions secondaires, est loin de boiter. A peine a- t- il commencé à marcher il y a un an qu’il avale déjà des kilomètres, plus près de la victoire chaque jour, aujourd’hui plus qu’ hier et encore moins que demain. Il tient la route depuis bientôt un an, même si on lui a souhaité toutes les discordes en son sein. Tantôt on veut monter les nouveaux arrivants à l’opposition contre le chef de file de l’ opposition, Zéphirin Diabré qui fait un travail fédérateur remarquable malgré les difficultés de terrain, tantôt c’est le balai citoyen qu’ on veut diaboliser, tantôt c’est Salif contre Roch, et Simon contre Me Sankara, selon l’ inspiration de cette presse « acquise » aux ordres que personne ne lit vraiment mais qui ne se fatigue pas de s’ écouter, ou plutôt de se publier ; tantôt ce sont des démissions-retour-à -la case- départ ridicules mais impudiquement médiatisées et célébrées. Pourtant la réalité est là : les rues sont toujours plus noires de monde à chaque appel de l’opposition. Signe des temps dont je parlais tantôt, en tout cas, pour ceux qui savent lire sur les murs. L’opposition que l’on voulait, on l’a eue, à vouloir trop caresser trop ce peuple placide à rebrousse- poils. Ça ne valait pas vraiment la peine de chercher à en acheter une sur mesure à trente millions de nos francs. Historiquement et dialectiquement, le temps de l’opposition qui toise le pouvoir en place est arrivé.

La France est aujourd’hui une république respectable qui a laissé une culture à l’humanité, une culture des droits de l’homme à émuler plus ou moins. Pour qu’elle puisse entrer dans l’histoire avec un tel rayonnement, pour qu’elle puisse voir son jour de gloire, il a fallu d’ abord qu’elle se lève contre l’étendard sanglant de la tyrannie dont les français entendaient les murmures lointains mais qui se rapprochait lentement et sûrement et qui allait égorger leurs femmes et leurs enfants, à en croire la Marseillaise. Bonne raison pour se battre, n’est-ce pas ? Les français à l’époque ne se sont pas assis, ergotant et ratiocinant sur une nébuleuse nécessité de paix qui n’en est pas une, de compromis douteux qui ne satisfont ni le peuple qui est le perdant en dernier ressort, ni le vrai gagnant dans ces transactions inéquitables qui en redemande toujours et qui continue de nous imposer ses désidérata de plus en plus exigeants et inacceptables.

Ils se sont simplement levés, se sont organisés, et se sont battus. Ils ont eu le courage de résister. Ne nous flattons pas. Lorsque la démocratie est menacée dans ses fondements, il n’y a pas de paix qui tienne, car il n’y a jamais eu de paix sans liberté, à moins de vouloir se flatter pour ne pas déprimer face à la sordide réalité de l’asservissement dans lequel on s’est laissé prendre ! Et il n’y a jamais de liberté avec un homme fort auto- proclamé qui est là pour nous diriger ad vitam aeternam. Jean Paul Sartre disait que c’est par les choix conscients que l’on fait que l’on se définit dans la vie, que l’on devient libre, sinon que personne n’est né déjà fait. On se fait en agissant. De même, personne ne fait personne. Ce sont les choix que l’on fait ou que l’on ne fait pas, que ce soit sur le plan individuel ou collectif, qui déterminent ce que nous sommes ou ce que nous ne sommes pas.

Si Blaise Compaoré n’avait pas décidé de rester en retrait à Bobo le 14 mai 1983 et n’avait pas décidé de rejoindre Pô pour résister au régime légal de Ouagadougou à l’époque, il serait une autre personne, pas l’homme fort que certains croient qu’il est aujourd’hui (je ne sais même pas ce que ça veut dire dans le cas d’une nation comme le Burkina – Faso qui vit d’aide internationale). Il a fait des choix qui n’étaient pas sans risques, et ce faisant, il a donné un contenu à ce qu’il est aujourd’hui. Cynthia Benao, dans son article paru le 19 août 2014 dans Zoodomail intitulé « De Grands Hommes qui sécrètent des institutions fortes, l’Afrique en cherche ; des hommes forts qui ont une peur bleue des institutions fortes, l’Afrique en regorge » a vu juste quand elle nous rappelait que ce ne sera pas Obama, bien que contre les modifications des constitutions, qui viendra se battre pour nous les burkinabè.

C’est d’ abord notre tasse de thé à nous. Si nous voulons la boire à moitié pleine ou à moitié vide, c’est encore d’ abord notre affaire, notre choix. Blaise Compaoré n’est pas né avec le contenu, vrai ou supposé d’ homme fort qu’ on tente de nous imposer. Le peuple burkinabè, en se levant contre les modifications fantaisistes de notre constitution, est à la croisée des chemins : son action ou son inaction va le définir. Dans un sens comme dans un autre. Mais il a décidé, il a choisi l’action, sans attendre une quelconque rétribution honteuse comme les achats de conscience, et en ne comptant pas les étapes, mais en ayant le regard résolument rivé sur le but, l’abandon du dessein suranné du pouvoir à vie. Si nous n’avons pas accepté le pouvoir à vie dans les années 60, pourquoi allons-nous tomber si bas quand ce type de pouvoir est passé de mode ? Si ceux qui comptent sur la lassitude du peuple pour commettre ce coup d’état constitutionnel qui ne dit pas son nom pouvaient comprendre la détermination des burkinabè à défendre leur constitution !

Le courage des français dont je parlais plus haut n’était pas synonyme d’absence de peur au ventre, mais en croyant à quelque chose de supérieur, ils ont eu la capacité de vaincre cette peur paralysante qui est toute humaine. Il faut plutôt avoir peur de nos peurs que du danger qui est hors de nous mais qui, somme toute, est réel. Tous ceux qui luttent au Burkina pour l’avènement d’une démocratie qui aura un contenu et une substance pour remplacer l’imitation de démocratie que nous avons depuis 1991, ne sont pas des écervelés, des candidats au suicide. Ils valorisent leur vie plus que ceux qui se soumettent, car la vie n’est pas tant vivre cent ans que vivre utilement et dignement pour soi et pour sa communauté. Donc, ils ont aussi peur comme d’ ailleurs ceux d’en- face ont peur, même si c’est pour des raisons différentes. Le serpent fuit, et l’homme fuit, quand ces deux créatures se rencontrent. La peur du serpent fait écho à la peur de l’homme, mais très souvent, l’homme est obligé d’affronter le serpent, pour lui écraser la tête, non sans peur, parce que plus convaincu de la nécessité d’assainir son milieu de vie.

En termes prosaïques, tout dépend des enjeux en question quand vous êtes coincés par un malfrat dans un « Six Mètres » et dans le noir. N’allez pas croire que c’est partout et pour toutes les questions qu’on fait des compromis. Je ne fais pas de compromis avec quelqu’ un qui s’en prend à ma vie car s’il me tue, le compromis n’aura servi à rien. Mêmes les chats, nos douces créatures que nous avons à la maison, connaissent cela. (Notre système de pensée actuelle, héritée de la philosophie occidentale est boiteuse. La colonisation et son école nous amènent à réfléchir par opposition et de façon binaire. Quand on dit homme, on pense femme et quand on dit blanc, on pense noir. On pense facilement que le contraire d’une question profonde est une question superficielle. Et pourquoi ne peut- elle pas être aussi une autre question profonde ?) C’est pourquoi personne de sage n’enfermera un chat dans une chambre pour le tuer. Il va chercher à vous enlever les yeux parce qu’il a compris qu’attendre qu’un ami des animaux vienne le sortir de ce mauvais pas n’est pas la solution de sagesse en fait. A moins d’être un mille- pattes qui s’enroule autour de lui-même quand il pressent le danger, personne ne se dérobera à la lutte quand il a le dos au mur. Le peuple a le dos au mur aujourd’hui. La lutte s’est imposée à lui et est devenue un impératif absolu. On n’a plus le choix.

Zut ! Que Sartre pardonne cette hérésie. On n’a jamais autant eu le choix de lutter qu’aujourd’hui ; car nous sommes à un moment privilégié de redéfinition de ce que nous voulons être : Un peuple libre comme on l’a été jusqu’ à l’avènement du front dit populaire avec le même capitaine à la barre depuis 27 ans. Nous comptons beaucoup sur nos amis internationaux dont la contribution ne peut être que d’appoint, toutefois. Le gros du combat, c’est nous qui devrons le mener, ce que nous faisons déjà si bien. La modification de l’Article 37, c’est pour opprimer les burkinabè, une oppression qui peut nuire au- delà de la prison, car les dictatures ne peuvent tenir que quand le dictateur met le baîllon à ceux qui refusent ses dictées préparées, même truffées de fautes. Et pour cela, il a une tolérance zéro pour la contradiction qu’ il prend très personnellement. Pourtant, vivre n’est pas simplement respirer l’air et pouvoir assurer les fonctions biologiques vitales. Les animaux inférieurs le font déjà très bien. La vraie vie ne commence que quand on commence à vivre à hauteur d’homme, au- delà des besoins élémentaires, quand on tend à la réalisation de son être comme le concevait Maslow.

Malheureusement, il est difficile, voire impossible de se réaliser sous une dictature. En passant toute notre existence à « réaliser » le dictateur en vivant pour lui, en mentant pour lui, en haïssant pour lui, et en pensant ce qu’ on pense qu’ il pense, on s’aliène sa propre personne, on devient comme un étranger à soi- même, méconnaissable.

Le chef, quand il a fini de mettre sous éteignoir ceux qui lui résistent, les rescapés(en sursis) qui vivent encore sous son impirium, ils sont déshumanisés. Ils sont là mais ils ne sont pas là, pour parler terre à terre. Ils deviennent des humanoïdes, des zombies, comme déjà certains agités qui sont corsetés dans les liens du front dit républicain et dans le système où ils ont renoncé à leur liberté de penser et de penser par eux- mêmes. Le peuple burkinabè n’est pas un peuple extravagant. C’est un peuple travailleur, sérieux, et qui veut qu’on le prenne au sérieux. Et quand on s’ hasarde à ne pas le prendre au sérieux, il se fâche. Un homme qui ne sait pas dire non quand il le faut n’a pas de personnalité. Les burkinabè ont une personnalité. Ils disent non. Aujourd’ hui. Le non du peuple, c’est non ! Que ce peuple si affable ait la culture du Yelkayé (c’est- à- dire, ce n’est pas grave, il n’y a rien) chevillée au corps ne fait que montrer sa capacité à encaisser, à tolérer beaucoup, sans jamais être con, pour ainsi dire. Mais sa calebasse de tolérance commence à être pleine. Faisons attention à ce qu’elle ne déborde pas. Il ne s’agit pas de contenter la chèvre et le chou ici en appelant le pouvoir et l’opposition au dialogue. Il s’agit de dire à un camp qu’il doit respecter les règles du jeu. Et les bœufs seront bien tenus.

Nous avons montré, par le passé, que nous n’avons pas besoin qu’on nous fasse la leçon sur les compromis puisque nous sommes un peuple qui a toujours fait les compromis justes et honorables, bien sûr ces compromis qui ne doivent rien à la peur. Nuance de taille ! Ce que ceux d’en face veulent de nous maintenant- là, ce ne sont pas des éléments décoratifs de notre vie, cosmétiques, comme nos montres ou nos chaussures de luxe, mais des éléments de fond. Ils veulent s’attaquer à notre vie, à notre âme. Un bonjour qui dépasse le poignet, ce n’est plus un bonjour. C’est autre chose. Peut-être une prise de judo. Cette fois- ci, pour ceux qui insistent pour un compromis pipé, nous vous disons, en retour, que le vrai compromis doit changer de camp. Une relation dans laquelle c’est un seul camp, le même camp, qui consent des sacrifices (en 1991 avec le forum de réconciliation avorté à dessein, en 1995 avec la grève du SNESS- SYNTER, en 1997 avec la modification première de l’Article 37, en 1998 avec la grève du SYNTSHA, en 1999 avec le compromis managé par le Collège des Sages, et j’en oublie) n’est pas une relation juste. C’est une relation asymétrique, abusive ; elle est tyrannique, pour dire les choses simplement.

Pourquoi serait-ce un seul camp, surtout majoritaire, le peuple, qui se soucierait plus de paix au point qu’une minorité la lui dicte tout le temps ? Ce n’est pas juste. Ceux d’en face, leur définition de la paix que l’on appréhende par leur pratique, c’est une paix biaisée à leur avantage, la paix pour les hommes forts auto-proclamés, à l’instar des hommes forts qu’ on reconnaît mieux dans les coups d’état et autres pronunciamentos à mille lieues de la tradition démocratique ; et ils nous demandent, à nous la majorité, de faire semblant d’être en paix puisque, eux, ils sont en paix. C’est donc une tyrannie qui veut se masquer sous le vocable doucereux (dans ce cas de figure) de paix. Les burkinabè se battent pour une paix pour tous, pas pour la paix dont une poignée a joui jusque – là et qu’elle n’entend pas élargir à l’ensemble du corps social et politique. Cette paix égoïste et oligarchique, nous la refusons. Par notre lutte, nous allons leur imposer la paix démocratique tout simplement parce que nous ne ferions pas mieux qu’eux si nous leur rendions la monnaie de leur pièce. Ils n’ont donc pas de raison d’avoir à redouter de quelconques représailles. ¬¬¬¬¬ Mais nous restons intraitables quant au respect de notre loi fondamentale et de la question de l’alternance sans laquelle la démocratie n’est qu’un marché de dupes.

Le dialogue est l’arme des forts. Encore faut- il que ce soit vraiment un dialogue, pas une conversation seul à seul, sans interaction réelle, un monologue, et pire, un soliloque où l’un des interlocuteurs vient à la table que l’on veut souvent ronde mais, qui, en fait, est concave, avec ses réponses « pré-parées » par un président de séance autoproclamé, sur des questions pas à négocier (tenez- vous bien, et l’ on voudrait être toujours dans un régime ou une relation de dialogue). Comment peut- on même sérieusement dialoguer sans en même temps entrer en négociation ? Ça se voit que le pouvoir n’a rien à faire du dialogue puisque même quand il invoque le dialogue, il dit en même temps qu’il ne cède rien quand c’est le peuple qui est dans son droit de ne rien céder au nom du sacro- saint principe qu’ on ne marchande pas une constitution. Que le pouvoir ait attendu d’exprimer cette incongruité, pas n’ importe où, mais à Gaoua, montre à quel point beaucoup dans le camp des référendistes sont atteints d’autisme. Ils sont dans leur propre monde. Ils ont perdu pied avec la réalité et l’histoire et les pratiques républicaines acceptables.

Cependant, même si le dialogue dans la bonne foi est une vertu, on ne dialogue pas sur une loi fondamentale. On la suit, cette loi qui prescrit, ou alors on devient un proscrit, en français facile, un hors- la loi. Même sans être juriste, je sais intuitivement qu’on ne discute pas sur une loi ordinaire sauf à vouloir corrompre le juge ou l’agent de poursuite. Dure est la loi, mais c’est la loi. Que dire donc d’une loi fondamentale ? Ce qui se passe dans le cercle du pouvoir dépasse l’entendement. C’est surréaliste. Pour moins que cela, le capitaine Blaise a pris le maquis en 1983. Je ne souhaite pas qu’il fasse des émules car ça ne nous avance pas vraiment. Je souhaite seulement que la raison l’habite, Blaise, et ça ne sera pas difficile pour ses amis qui, sans vergogne, trouveront le mot « juste » pour justifier la nouvelle position du chef. Ils ne sont pas « compliqués », ils sont seulement des « dévoués », les âmes damnées du chef. Reconnaître qu’on était en train de faire fausse route sera d’ autant plus facile à rattraper.

La paix des braves ou la paix des lâches ?

Accordons- nous donc sur le sens que l’on donne au mot paix : Est-ce la paix des braves ou la paix des lâches ? d’où la nécessité d’une juste compréhension de la paix en cette période de fermentation sociale et d’ébullition politique citoyenne. Et n’invoquer que la paix sans parler de la résistance au mal qui est une entrave à la paix, c’est comme vouloir l’ordre sans insister sur la justice, c’est comme vouloir aller au paradis sans mourir, c’est vouloir une chose et son contraire ; c’est cautionner ce mal, c’est coopérer avec lui, c’ est le normaliser et même l’exalter. Tant qu’à faire, si c’est notre destin, et il est abrupt de le dire ainsi, il faudra l’affronter aujourd’hui car personne n’a jamais pu fuir son destin. La constitution nous donne les moyens de nous opposer à tout pouvoir qui ne tire pas sa légitimité du peuple. Je suis fier de mon peuple, qui est un peuple pacifique, mais qui a toujours su résister à toutes formes de mise sous les bottes, que ce soient les bottes d’un général comme en 1975 ou celles d’un capitaine à la retraite toujours au pouvoir et qui rechigne à jouer franchement le jeu démocratique. Le respect des règles ne devrait- il pas être l’un des traits dominants des hommes forts ou mieux, des grands hommes ?

Ce peuple chérit la vraie paix, pas la paix des cimetières qui sont plus calmes que tout autre endroit. C’est pourquoi il va contrer les velléités de pouvoir à mort ; c’est pourquoi il va contrer tous ceux qui jouent avec les règles élémentaires du jeu politique, et ce faisant, se jouent du peuple. Cette marche triomphale volontaire et sans « contrainte » logistique ou pécuniaire aucune en est un exemple de plus. Je ne m’attendais pas à moins. J’ai compris cette leçon simple : Le peuple debout fait peur aux hommes forts mais rassure les grands hommes qui n’ont rien à craindre du peuple en mouvement, puisqu’ ils acceptent de faire 100 pas avec le peuple que de croire en faire 1000 tous seuls.

Obama, l’un des présidents les plus intelligents de l’histoire, avait raison à Accra en 2009. L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, de big man qu’on ne retrouve que dans les régimes néo-patrimonialistes, pour ne pas dire plus. Elle a vachement besoin d’institutions fortes qui sécrèteront de façon automatique et durable des milliers et des milliers d’hommes forts et sages en même temps, l’autre nom des grands hommes, à chaque poste de combat. Car à quoi vous servirait toute la force du monde si elle n’avait pas un supplément d’âme comme la sagesse, la peur de Dieu pour l’humaniser ? Les grands hommes sont ceux qui font de la démocratie une tradition sécurisée, qui ont la sagesse de ne pas se prendre pour le dernier homme, signe évident de la fin de l’histoire selon Francis Fukuyama. Les grands hommes savent donc passer le flambeau sans que ce flambeau ne soit une flamme, surtout qu’ils ont réussi à mettre en place une horloge qui n’a plus besoin d’assistance, qui va s’autoréguler à la limite.

Ils peuvent donc se retirer, avec l’assurance d’avoir contribué à mettre en place un système qui fonctionne, indépendamment de l’homme qui est aux commandes. Devoir bien accompli. Et quand ils quittent ce bas- monde, ils dorment du sommeil du juste. Ils garantissent la paix quand ils sont au pouvoir et créent les conditions de la paix pérenne pour l’après eux. Ils ne préparent pas le déluge, à l’ instar des hommes dits forts, comme pour faire dire aux populations qu’ à leur temps, elles vivaient dans le meilleur des mondes possibles et que le paradis est perdu parce que, eux, ne sont plus aux commandes. Grâce à l’œuvre des grands hommes, l’alternance est apaisée et devient un pattern, le modèle, la Manière de faire la politique que personne ne s’avise de remettre en cause ; si fait que s’il se trouve quelqu’ aventurier qui veuille retourner le peuple en arrière, son jeu est vite décelé et combattu. Comment peut- on dire, la main sur la palpitante, qu’un homme qui veut réunir toutes les conditions de l’implosion et de l’¬explosion à la fin de son règne est un grand homme ? La notion d’homme fort sied mieux au champ sémantique des bas- fonds. Dans la pègre, seuls les gros bras et les dents longues fondent le pouvoir. Il doit être répudié de l’univers politique, fût- il africain. Le premier à avoir conceptualisé ce terme malheureux ne fut pas un génie. Loin s’en faut. Ce fut un sadique qui se moque de la douleur des peuples subalternes.

Pourquoi n’entend= on pas parler des grands hommes vénérés dans l’histoire en termes d’hommes forts ? Serait-ce parce qu’ils seraient forts mais pas assez forts, pas aussi forts que la plupart de nos hommes forts africains ? Mandela, Georges Washington, Thomas Jefferson, et dans une certaine mesure, Senghor et Abdou Diouf ne s’ étaient jamais crus obligés de jouer les gros bras avec leurs peuples. Le faire aurait seulement prouvé qu’ils avaient de gros bras et rien que ça. Mais ne l’ayant pas fait, ils se contenteront d’être des grands hommes (peut- être un lot de consolation ?), mais ils n’entreront jamais dans le panthéon (lugubre et sinistre) des hommes forts. Pour le moment, qui peut dire honnêtement qu’au Burkina=Faso, malgré le pouvoir trentenaire d’un homme qu’on veut fort, nous avons réussi à consolider l’idée démocratique ?

La preuve, on modifie et remodifie le même Article 37, l’article - martyr depuis 1997 qui est maintenant mal barré, raturé et surchargé comme le cahier d’un mauvais élève(de la démocratie) ; et pendant qu’ on pratique cette chirurgie inesthétique sur la même partie d’ un corps qui n’ était même pas malade pour commencer, on veut nous faire accroire que c’est la bonne pratique, que c’est le peuple qui doit décider ; on arbore la posture que c’est ainsi que procède la démocratie tout en cachant laborieusement l’imposture qu’ on cherche par tous les moyens à mettre en place un pouvoir à vie, pardon, à mort, pour emprunter un terme cher à Debrsoyir K. Christophe Dabiré dans son article « L’Arrière –Garde » paru dans lefaso.net du vendredi 30 août 2014. Même si l’ Article 37 est modifiable, l’esprit qui guide cette entreprise à ces instants précis est mauvais. Or, en toute chose, l’esprit prime l’acte. C’est une moquerie de démocratie.

Un vote mécanique est un vote mécanique. Il utilise la démocratie comme son cheval de Troie pour asseoir frauduleusement la dictature. Dans ce pays, pour des grandes questions d’intérêt vraiment national évident, on n’a même pas fait de référendum. On est allé au PAS sans référendum, on a dévalué le franc cfa sans référendum. On a même modifié l’Article 37 deux fois sans référendum. Vous pouvez modifier encore le même article mais vous n’ avez pas le droit d’ associer le peuple à cette forfaiture au moment où vous savez que Blaise Compaoré n’ a plus droit à aucun mandat présidentiel juste après 2015. Aller au référendum pour un oui ou pour un non, ce n’est pas la meilleure preuve qu’on est en démocratie. Bien au contraire. Quand on veut abuser de la consultation du peuple (et c’est en abuser que d’organiser cette foire d’empoigne juste pour un individu), c’est qu’on veut le tourner en bourrique en l’instrumentalisant si grossièrement. On a tout compris. Le peuple est debout et bien debout. N’ an laara, an saara !

Touorizou Hervé Somé, Ph.D.
Maître de Conférences (Associate Professor)
Sociologie de l’Éducation/ Éducation Internationale Comparée
Ripon College, Ripon Wisconsin 54971
Email : burkindi@gmail.com

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Vos commentaires

  • Le 4 septembre 2014 à 17:16, par k En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    Je suis mort de rire. Quel écrit. Après lecture de cet article, je pense que certains se décideront à franchir le pas, à voir les choses bien en face et à renoncer à ce fameux référendum. Vraiment tout est dit et bien dit.

  • Le 4 septembre 2014 à 17:30, par wiwi² En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    Vraiment je tiens a vous félicitez pour cet écrit, vous avez tout dit !!! sachez que le Burkinabè est devenu Mature, personne ne prendra son avenir en otage !!! personne !!! Blaise finira par plier il le sait.

  • Le 4 septembre 2014 à 17:46, par Alfred soma En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    Article trop long,vous ne dites rien en réalité,ce sont des coupés/coller
    de citations et de l’histoire de l’occident que vous relatez !!!
    Laissez chaque pays vivre son histoire et arrêtez les comparaisons qui
    ne nous amènerons nul part.Surtout avec l’attitude de notre opposition il
    nous faut le referendum pour que chaque camps puis savoir se positionner.

  • Le 4 septembre 2014 à 18:28, par relwind En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    merci encore.les despotismes juridiques et les majorités fictives (lettre des evêques de juillet 2013) doivent cesser. nous avons tout à gagner et rien à perdre en barrant la route à blaise, courtisans et obligés

  • Le 4 septembre 2014 à 18:57, par jonassan En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    Ce régime-là fera parler même les murs.
    1) Pour tout croyant seul Dieu est le Tout-Puissant. Etre croyant et s’agenouiller devant un mortel pour chanter qu’il est l’HOMME FORT et que Dieu a tant aimé le Burkina qu’il lui a donné B. est un SACRILEGE. J’espère qu’au delà de toute hypocrisie tout croyant saura faire son choix entre notre Dieu Tout-Puissant et ce mortel qui se croit FORT, ETERNEL et finalement dIEU.
    2) Pour tout individu, croyant ou pas, c’est la pensée qui différencie l’homme de l’animal. Si la force des biceps (la FORCE) était un critère suffisant pour être un homme, l’éléphant serait plus homme que l’homme lui-même.
    CONCLUSION :
    En réalité, malgré les concessions faites par le peuple aux humeurs de son chef, celui-ci n’a jamais au grand jamais cru à la démocratie. Après la des Norbert Zongo, il s’est certainement convaincu que le peuple (aucune manifestation, aucune marche avoue-t-il) ne peut changer une loi. Nous avons donc vécu sous un régime d’exception militaro-fasciste qui ne dit pas son nom. Opposition ou pas, comme ceux du Balai Citoyen par exemple, la tyrannie prendra fin.

  • Le 4 septembre 2014 à 18:59, par zping En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    Un écrit très puissant qui ne laisse aucune chance aux pensés ivrognes et ignardes. Le but de la démarche ou le but visé ne doit jamais pervertir et sacrifier la juste valeur de la chose que l’on prétend conserver ou défendre (ici, la démocratie). Non ! Cette démocratie colmatée et racommandée et cette paix qu’ils veulent nous faire siroter comme du thé chaud, ne font pas route avec l’auguste valeur des pensées intègres et juridiquement justes. Réfléchissez.

  • Le 4 septembre 2014 à 19:09, par Imperial En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    De tout les façon,c’est le peuple souverain qui décidera de la révision
    de la constitution dans les urnes.Sinon votre article ne dit absolument rien,
    vous avez passer le temps a paraphraser les auteurs et dispenser un cours
    d’histoire de occidentaux.

  • Le 4 septembre 2014 à 19:38, par Passeck En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    Rien à dire !!!!! J’espère et j’imagine bien que le cercle restrient n’empêche l’accès à de tels écrits au président. Le comble, c’est qu’ils vont le bounkeriser, le faire croire que tout va pour le meilleur des monde. Ils sont même capables de creer un autre lefaso.net, l’alimenter à leur guise pour le président. Ainsi, il foncera tout droit et le pays sombrera. S’ils sont assez sages pour laisser le président lire aux articles, l’espoir est permis !!!!!!!!

  • Le 4 septembre 2014 à 21:36, par Noyesman En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    Big up Dr Somé ! C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai lu les 2 parties de votre écrit inspiré de la marche du 23 août 2014. Tout est dit, le peuple a suffisamment fait preuve de sacrifices en 27 ans de pouvoir sans partage. Aujourd’hui, il revient à Blaise de consentir à son tour le sacrifice nécessaire en maintenant en l’état l’article 37 de notre Constitution.

  • Le 5 septembre 2014 à 03:13, par HEHE !!! En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    "what you do, do it well" !!! Thanks you my brother burkindi. God blessed you ! No comment !

  • Le 5 septembre 2014 à 10:32 En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    C’est propre et c’est bien clair. Que ceux qui veulent entendre entendent et que ceux qui veulent voir voient. Le train de l’histoire poursuit sa route et personne ne pourra l’arrêter. Pas même les hommes forts ! Félicitations professeur.

  • Le 5 septembre 2014 à 14:20, par Espoir En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    Félicitations pour cette analyse claire qui contribue à éclairer même les plus septique et indécis sur la situation sociopolitique de notre pays. Que Dieu protège notre cher Burkina des Hommes forts ! Mais qu’il lui donne de connaître de grands Hommes !

  • Le 5 septembre 2014 à 14:42, par Analyste raisonnable En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    Ho ho ho !!!peut mieux faire monsieur le philosophe.une analyse rapide peut être faite de la forme et du fond de votre article.du point de vue de la forme:je trouve votre article trop long et en fin de compte très ennuyeux au point de faire dormir ou de causer des migraines.ne me dites surtout pas qu’on ne vous a pas enseigné la contraction de texte au lycée,si c’est vraiment le cas vous ferez mieux de lire les autres articles et en prendre exemple.

    du point de vue du fond de votre article:je vous félicite pour ce effort que vous avez dû consentir pour obtenir certaines informations,mais dans l’ensemble on est tenté de dire que vous faites du verbiage inutiles et une analyse grossièrement erronée de la réalité !!!votre analyse sur la question d’hommes forts par exemple dénature profondément le vrai sens de cette notion et surtout votre aveugle refus de reconnaitre que la démocratie se trouve consolidé au Burkina Faso !!!à moins que nous n’ayons pas le même entendement de la démocratie mais malgré tout vous conviendrez avec moi qu’elle implique entre autre la reconnaissance de la souveraineté du peuple,le respect des libertés,le respect des lois et autres institutions et surtout le recours aux urnes en tant que besoin.

    C’est justement parce que le président reconnait cette souveraineté du peuple qu’il entend le consulté afin qu’il se prononce sur la question de l’article 37 et cela respecte bien l’esprit de la loi fondamentale qu’est la constitution ;et c’est aussi en vertu de la liberté à nous reconnaitre par Blaise que votre stupide article à été publié !!!!
    bref,le peuple a décidé de se faire consulter afin qu’il décide lui-même du cours à donner à son destin et on n’y peut rien,donc arrêter de piailler et résignez vous à cela !!!!!!

  • Le 5 septembre 2014 à 14:48, par Nyansi LeCantiniste En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    Pr SOME, je suis fier de vous et hyper impressionné par votre sens de la rigueur intellectuelle ; et la force de votre argumentation force le respect tout en créant la confusion chez les référendistes convaincus seulement par le poids des mallettes d’argent blanchi a eux remis. Vous comprenez pourquoi même les achetés du système sont si silencieux. Même dans la situation ou ils ont vendu leurs viles âmes, ils sont perdu par votre approche irréfutable et pas intellectualisant. Le misérable et inculte paresseux de Alfred Soma qui attaque sans conviction l’article par sa longueur veut simplement se sentir mériter la farine que sa bouche affamée est entrain de gaver son corps sans âme ni morale.

    Votre position est d’autant pédagogique que vous tirez des aspects sociolinguistiques et politico-sociales de notre contexte burkinabé que vous avez savamment combiné a votre large connaissance du monde et cette culture philosophique sans "-isme" qui vous rapproche du peuple. Plutôt que de ressasser ces gros mots aussi intellectualisants que vides et vidés, comme savent le faire les cantinistes (au sens Debsoyirien), ces désœuvrés et pourvoyeurs amoraux de services griotiques aux hommes forts du moment, vous synthétisez vos connaissances bien assimilées pour les transmettre a un public dont le niveau importe peu pour la compréhension et la bonne digestion. Vous n’êtes pas qu’un enseignant, encore moins un enseigneur, vous êtes un Pédagogue dont Socrate serait fier d’en être le maître. Bon courage et que Dieu vous bénisse. Pour terminer, j’aimerais savoir si vous avez un blog que l’on peut visiter pour toujours bénéficier de vos idées, surtout que ce n’est pas chaque chose que vous pouvez publier sur lefaso.net. Je voulais aussi vous suivre sur Facebook, mais je ne,vous y ai pas trouvé. Avez vous un compte Facebook sur un autre nom ? Pouvez vous le partager dans votre prochain article ? Merci d’avance !

    un de mes meilleur extraits de ce chef-d’œuvre : "Pourquoi serait-ce un seul camp, surtout majoritaire, le peuple, qui se soucierait plus de paix au point qu’une minorité la lui dicte tout le temps ? Ce n’est pas juste. Ceux d’en face, leur définition de la paix que l’on appréhende par leur pratique, c’est une paix biaisée à leur avantage, la paix pour les hommes forts auto-proclamés, à l’instar des hommes forts qu’ on reconnaît mieux dans les coups d’état et autres pronunciamentos à mille lieues de la tradition démocratique ; et ils nous demandent, à nous la majorité, de faire semblant d’être en paix puisque, eux, ils sont en paix. C’est donc une tyrannie qui veut se masquer sous le vocable doucereux (dans ce cas de figure) de paix. Les burkinabè se battent pour une paix pour tous, pas pour la paix dont une poignée a joui jusque – là et qu’elle n’entend pas élargir à l’ensemble du corps social et politique. Cette paix égoïste et oligarchique, nous la refusons."

  • Le 5 septembre 2014 à 19:02, par jolie regard En réponse à : De la juste compréhension de la Paix : Test Réussi pour un Peuple qui s’est Retrouvé avec lui- Même 2/2

    Je sent que cette amitié ne s’aura durer,je sens que le MPP veut jouer un sale tour a l’UPC alors comme le dit un proverbe bien connu en Afrique " Se croire plus intelligent que son ami, c’est compromettre l’amitié. "

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