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Léonce Sanon, SG du MPP dans la province du Houet : « On peut parler de dérive si l’on veut nous faire croire que tout le Burkina respire autour d’un seul individu »

Publié le mercredi 27 août 2014 à 20h22min

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Léonce Sanon, SG du MPP dans la province du Houet : « On peut parler de dérive si l’on veut nous faire croire que tout le Burkina respire autour d’un seul individu »

Léonce Sanon incarne le renouveau de la classe politique bobolaise. A 42 ans, ce sociologue de formation apparaît également comme une des cartes surprises du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Sa désignation au très convoité poste de secrétaire général de la section Houet du MPP était inattendue, « précipitée » même pour ses détracteurs. Homme de projet (il a plus de 17 ans d’expérience dans le domaine des projets), Léonce Sanon voit grand. Il partage avec conviction le rêve de Rock Mark Christian Kaboré qui est d’occuper le palais présidentiel de Kossyam en 2015. Très peu connu du milieu politique de Sya, Léonce est en train de se frayer un chemin. Ça tombe bien, il est également grand temps pour le public d’en connaître d’avantage sur celui qui pilote le MPP dans la province du Houet. Ensemble, découvrons le « Léo MPP » grâce à l’interview qu’il a bien voulu nous accorder.

Lefaso.net : Vous êtes le premier responsable du MPP à Bobo-Dioulasso, quel est votre parcours politique avant la création du parti ?

L.S : J’ai côtoyé pendant longtemps les hommes politiques sans pour autant occuper des postes de responsabilité. Petit, je suivais les activités politiques de mon père qui a été un militant de l’UPV puis de l’ODP/MT. Je l’accompagnais dans des activités politiques. Sans être particulièrement actif dans un parti politique, je me suis toujours intéressé à la politique. J’ai milité surtout dans les organisations de la société civile. Dans ma formation politique, je me suis intéressé également au syndicalisme où j’ai énormément appris. La politique étant l’art et la manière de gérer la cité, je puisse dire également que j’ai appris tout au long de mon parcours professionnel en observant et en écoutant mes collaborateurs et mes supérieurs.

Lefaso.net : Quels hommes politiques, vous-avez le plus côtoyé ?

L. S : Comme dit précédemment, j’ai beaucoup côtoyé les hommes politiques. A travers mes lectures, je me suis intéressé à l’histoire politique des Etats-Unis. En Afrique, j’ai beaucoup appris à travers les écrits de Kwame Nkrumah et de Nelson Mandela. Au Burkina, il y a eu des grands hommes qui se sont illustrés en politique. Sont de ceux-là, le professeur Joseph Ki Zerbo et le président Thomas Sankara. Avec les hommes politiques actuels, j’ai appris énormément mais je préfère ne pas citer de noms.

Lefaso.net : Votre désignation au poste du secrétaire général du MPP dans la province du Houet a surpris plus d’une personne. Est-ce qu’on peut savoir ce qui a milité en votre faveur ?

L. S : Cette question doit être posée à ceux qui ont placé leur confiance en moi. Vous pouvez donc la poser au collège qui a travaillé à la désignation des premiers responsables de la section provinciale du Houet. Personnellement, je me suis posé la même question. Connaissant mon militantisme, je travaillerai à mériter cette confiance qui a été placée en moi. Et puis, pour moi, les responsabilisations sont des invites au combat.

Lefaso.net : Vous êtes le capitaine d’un nouveau parti qui continue sa structuration dans le Houet. Comment faites-vous pour gérer les frustrations qui ne manquent pas dans la mise en place des structures décentralisées dans les partis politiques ?

L. S : Je ne suis pas un capitaine. Je suis un coordonnateur. Pour moi, tous les postes au sein du MPP sont des postes de combat. Au MPP, tous les militants travaillent pour un objectif. Et nous avons une équipe pour cela. Dans une équipe, chacun doit jouer sa partition pour la victoire. Il faut éviter de croire en la victoire d’une personne et croire plutôt en la victoire d’une équipe ! C’est ma compréhension de la structuration de notre parti. Il est aussi évident que tout le monde ne peut pas être pris en compte dans la mise en place des structures, mais tous les militants ont chacun un rôle important à jouer. Et puis, les postes attribués sont des postes de combat pour atteindre un objectif commun, la gestion du pouvoir d’Etat au sortir des élections de 2015. Au sein du MPP, il faut parler moins de « frustrations » mais « d’incompréhensions ». Nous travaillons donc à lever les incompréhensions qui, du reste, sont nées des compétions entre camarades pour assurer un leadership dans les structures du parti ; c’est normal ! Cela ne dénote-t-il pas de la vitalité de notre parti ?

Lefaso.net : Est-ce qu’il y avait un contact entre vous et le trio de tête du MPP (Rock Mark Christian Kaboré, Salif Diallo et Simon Compaoré) avant la création du parti ?

L. S : Non ! Il n’y avait pas de contact entre moi et les camarades Rock Mark Christian Kaboré, Salif Diallo ou encore Simon Compaoré avant la création du parti. Cependant, j’ai eu le temps de les observer sur la scène politique burkinabè. C’est le MPP qui nous a rapprochés. J’admire et je salue leur courage et leur détermination dans le combat pour le changement que nous menons ensembles.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui vous a motivé à adhérer au MPP ?

L. S : Bien avant la création du Mouvement du peuple pour le progrès, j’étais animé par l’idée de changement. Reconnaissons-le, la social-démocratie prônée par le régime en place a échoué. A la création du MPP, je n’ai pas hésité à adhérer à ce nouveau parti par conviction. Car, le MPP est un tremplin pour changer la manière de gérer le pays.

Lefaso.net : Selon vous, qu’est-ce qu’on doit changer dans la manière de gérer le Burkina Faso ?

L. S : On ne va pas revenir sur tous les disfonctionnements. Mais il est évident que les pauvres deviennent de plus en plus pauvres au Burkina et que les riches deviennent de plus en plus riches. Ce n’est pas un secret, la gouvernance au Burkina ne va pas. La social-démocratie voulue par le régime en place présente des failles. Des valeurs comme la Justice, la liberté, la solidarité, la maitrise collective de notre destinée sont en perte-de-vitesse. Parlant de la maitrise collective de notre destinée, on peut parler de dérive si l’on veut nous faire croire que tout le Burkina respire autour d’un seul individu. Pour moi, l’homme doit être placé au centre des politiques économiques et sociales. Le changement pour moi doit tendre vers une bonne gouvernance, c’est une meilleure répartition des fruits de la croissance. Le changement, c’est aussi la lutte contre l’impunité, c’est beaucoup d’emplois pour les jeunes et les femmes, c’est lutter contre les disparités régionales. Moi je suis à Bobo et je ne suis pas content de la situation de ma ville et de ma région.

Lefaso.net : Parlant des disparités régionales, nombre de personnes s’offusquent du retard accusé par la ville de Bobo-Dioulasso dans son processus de développement. Cet état des faits, est-il imputable aux fils de la région ou à un système gouvernemental ?

L. S : En ce qui concerne Bobo, les indicateurs de développement sont au rouge ! Même si tout le monde est comptable du retard accusé dans le processus de développement de la ville, il faut noter que c’est à des degrés différents. Mon doigt accusateur se pointe sur les gestionnaires de cette ville. Le retard de développement accusé par Bobo-Dioulasso émane aussi d’une volonté politique. Pendant longtemps, cette ville a été confiée à des personnes qui se débrouillent mal, ce qu’ils savent faire, c’est déposséder nos parents de leurs terres à tout prix et se livrer à des ventes de parcelles pour s’enrichir à grande vitesse. Cela explique en partie l’état de la ville. Il suffit qu’il y ait une petite pluie et on ne peut plus rentrer chez soi, car il n’y a pas de routes ! Si ces personnes avaient une vision de développement, beaucoup de choses allaient être faites. Il faut que la population bobolaise refuse de se faire tondre la laine sur le dos. Quoi qu’on dise, le pouvoir en place est tout de même le principal responsable de la lenteur accusée par Bobo-Dioulasso dans son processus de développement. C’est pour cela nous levons la voix aujourd’hui et nous luttons pour que la tendance s’inverse. Comme je le dis, aucun homme providentiel ne peut faire le bonheur d’une région ou d’un pays.

Lefaso.net : Avez-vous des rapports particuliers avec les ténors du parti au pouvoir à Bobo

L. S : Nous n’avons pas de rapport particulier. J’observe comme tout bon citoyen l’exercice de leur mandat au niveau de la ville. J’observe, et comme tous les citoyens de cette ville je tire également mes conclusions.

Lefaso.net : De votre observation, que retenez-vous de la deuxième mandature de Salia Sanou

L. S : Cette question est à poser à tous les Bobolais. Personnellement, je ne suis pas satisfait de l’actuel conseil municipal. Parce que je n’ai jamais rêvé voir la ville de Bobo-Dioulasso dans cet état. Je pense que beaucoup de citoyens ont la même conviction que moi. Tendez votre micro aux populations de Bobo et vous allez voir que beaucoup de personnes ont les mêmes convictions que moi.

Lefaso.net : Une fois de plus, des milliers de Burkinabè ont arpenté les rues de Ouagadougou (ce samedi 23 août) pour manifester leur opposition à une éventuelle modification de l’article 37. Croyez-vous que des marches peuvent pousser le camp présidentiel à changer son agenda ?

L. S : Je le crois. Les marches qui sont une forme d’expression du peuple ont déjà fait leurs preuves au Burkina et à travers le monde. Si notre Président a une pensée pour ce peuple qui est sorti aussi nombreux, il doit revoir sa position ; ou du moins il doit savoir freiner les ardeurs et l’élan de ceux qui le poussent vers là où le peuple burkinabè n’a pas son bonheur ! Ceux qui sont sortis pour la marche ne représentent que la partie visible de l’iceberg ! Je sais que des millions de citoyens qui sont restés chez eux pour une raison ou pour une autre sont pour la plupart solidaire avec les marcheurs. Je crois que notre Président saura écouter ceux qui se taisent aussi. Je lui souhaite une bonne écoute !

Interview retranscrite par Ousséni BANCE

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