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Crise togolaise : Oppositions et pouvoirs africains interpellés

Publié le mardi 15 février 2005 à 08h06min

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La crise togolaise est un cas d’école. Elle offre, en temps réel, l’opportunité aux exégètes de tous bords, de s’adonner à leur exercice favori. Hommes politiques, associations, journalistes, universitaires, tous y vont de leurs actions ou analyses.

Incontestablement, la palme du courage intellectuel revient à Alpha Oumar Konaré, l’intraitable président de l’Union africaine, qui a mis la barre très haut en parlant tout de suite de "Coup d’Etat militaire".

Mis devant le fait accompli, les chefs d’Etat, même les plus proches du défunt dictateur, ont dû revoir leur copie, à l’image de ces communiqués d’abord hésitants puis fermes de l’Elysée. La machine du refus d’un déni de démocratie au Togo est donc lancée. Pour que la mascarade politique de Faure Eyadema prenne fin et que d’autres dictateurs ne s’en inspirent.

Mais qu’en est-il des partis politiques africains qui clament à longueur de journée leur attachement à une alternance démocratique ? Ce qui se passe au Togo devrait en effet inspirer toute la classe politique africaine pour une profonde introspection sur le devenir du continent.

Comment est-il possible que des résurgences des Etats d’exception dignes des années 60 continuent de refaire surface ? Ce questionnement devrait s’emparer des états majors politiques et des cercles de réflexion, après bien sûr une condamnation ferme du régime que veut instaurer Faure Eyadéma. Mais de cet exercice dévolu à un parti politique digne de ce nom, il n’en a rien été. La plupart des partis, en particulier de la sous-région, sont restés silencieux.

Pour une fois, ce sont les dirigeants dont certains pourtant dissimulent mal leur intention de s’éterniser au pouvoir, qui s’agitent pour ramener Eyadema fils à la raison. Un vrai paradoxe, quand on sait que ce combat est celui des démocrates, des partis politiques mais surtout des oppositions. Aucun démocrate ne peut tolérer que s’installe au Togo, à nouveau, un régime qui serait une autre tâche noire, en plus de la Côte d’Ivoire.

Quant aux partis politiques, ils sont interpellés au premier chef. Ceux au pouvoir, parce qu’ils sont aux affaires, doivent donner le gage qu’ils ne sombreront pas un jour dans les dérives à la Eyadéma. Une condamnation claire des manoeuvres grotesques de l’armée togolaise aurait donc permis de lever tout doute.

On dira qu’en Afrique, lorsqu’un gouvernement prend position, cela engage le parti majoritaire. La séparation de pouvoirs n’étant pas toujours nette, une confusion est vite faite entre l’Etat et le parti au pouvoir. On peut donc considérer que les partis présidentiels épousent les positions des chefs d’Etat face à la crise togolaise.

Mais qu’en est-il des partis d’opposition ? Leur réaction est d’autant plus attendue qu’ils sont au bas de la passerelle, attendant d’accéder au pouvoir. Ils ont donc davantage intérêt à ce que les mécanismes devant permettre l’alternance ne soient pas viciés.

Or le Togo offre l’exemple type d’un système politique sans possibilité d’expression du suffrage universel où le peuple ferait un libre choix de ses dirigeants. On était en droit de s’attendre à une levée de boucliers généralisée et même à une série d’activités sur les manipulations constitutionnelles en Afrique avec leur cortège d’instabilités et de crises diverses.

Au Burkina, en particulier, où l’opposition a fait de l’alternance démocratique son cheval de bataille, le cas togolais est un pain béni pour elle de réaffirmer et dénoncer les risques que court un pays en voie de monarchisation.

Peut-être sont-ils occupés, ces opposants, à résoudre les contradictions internes et les difficultés de tous ordres qui les assaillent. Mais,toujours est-il que personne, encore moins un responsable politique, ne peut rester indifférent aux événements du Togo. Les partis d’opposition ne doivent pas, à travers leur jugement des expériences politiques en Afrique, donner l’impression de pratiquer une démocratie à la carte.

Les critiques faites fréquemment aux dirigeants de constituer un syndicat prompt à défendre un de leurs membres, ne doivent pas s’appliquer aux opposants. Les principes universels de la démocratie doivent guider leur action et les amener à se prononcer, en toute impartialité, sur les grandes questions de l’heure, aussi embarrassantes soient-elles.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 15 février 2005 à 13:36, par le passant En réponse à : > Crise togolaise : Oppositions et pouvoirs africains interpellés

    quels pouvoirs africains ils sont pratiquement tous arrivé au pouvoir par coup d’état et la plupart y sont depuis au moins 20 ans alors c’est surment pas eux qui vont donner des leçons de démocraitie hein Blaise tu en sais quelque chose le mec capable de tuer père et mère pour le pouvoir

    • Le 16 février 2005 à 15:24, par un Burkinabé En réponse à : Signez le "passé" et non le passant !

      Ce n’est pas en ramenant tout au 15 octobre 1987, alors que nous sommes en 2005, que vous nous faites avancer mec toi aussi ! N’eût été la démocratie remise à jour depuis par ce Blaise et son équipe qui vous permet de vomir en public, tu ne porterais pas atteinte au nom du chef d’état du Burkina mon pays ! Sankara t’aurait appelé "Hibou au regard gluant" criant dans les ténèbres !
      Il ne faut pas que le débat politique soit prétexte à de laches attaques personnelles par des zaffreux-pessimistes qui chantent quand l’Afrique meurt ! STOP !!!

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