Ce séminaire qui a réuni les responsables des établissements de formations agricoles d’Afrique de l’Ouest a eu pour objectif principal de discuter des contraintes spécifiques du secteur de l’agriculture et s’accorder sur les processus pour relancer la mise en œuvre de réformes institutionnelles notamment à travers les établissements de formation. « Tous les pays qui ont pu s’en sortir ont d’abord résolu le problème agricole ; le Brésil, la Corée du Sud, l’Inde, la Chine. C’est la matière de base qui permet de faire les transformations et d’aller sur le marché », a scruté Pr. Hamidou Boly, président du comité d’organisation du séminaire. Pour Pr. Boly, cet atelier sous- régional a regroupé des doyens, des chefs de départements, des recteurs des Universités d’Afrique de l’Ouest et du Centre. « Ils se réunissent pour essayer de voir comment on peut améliorer le système de formation agricole. Vous savez que l’agriculture, c’est le poumon de tous les pays. Depuis 40 à 50 ans, nous continuons à enseigner comme on enseignait avant. Aujourd’hui, cet enseignement n’est pas suffisant pour tacler les problèmes de l’agriculture qui n’est plus dans la production dans les champs mais plutôt dans la transformation, la mécanisation, l’utilisation de nouveaux outils pour que nous puissions être compétitifs sur le marché. Le marché est devenu mondialisé, les consommateurs ont des exigences et ils veulent des produits mieux finis, plus sains et capables de répondre à leurs besoins », a expliqué Pr. Boly. Et au niveau du NEPAD, il a donc été jugé bon que tous les acteurs, au niveau d’une sous-région, telle que l’Afrique de l’Ouest, se retrouvent pour partager leurs savoirs et expériences « afin de pouvoir proposer quelque chose de plus solide et régler le problème de formation agricole qui est vraiment en difficulté dans pratiquement tous les pays ». A en croire des participants, en Afrique, on compte 70 ingénieurs agronomes pour un million d’habitants alors que les pays asiatiques en sont à 40 mille ingénieurs agronomes pour un million d’habitants.

Un horizon désormais balisé pour faire du secteur, un levier de développement

Les réflexions ont porté sur la gouvernance universitaire (avoir une politique unique qui permet de faire un continium dans la formation), les curricula pour intégrer de nouveaux modules et des enseignements qui répondent aux besoins des producteurs.

Pendant 72 heures, les travaux ont permis d’identifier de dégager des perspectives et de faire des recommandations. Ainsi, au niveau de la gouvernance, les participants ont, entre autres, proposé, aux niveaux national et régional, une amélioration entre les systèmes nationaux de formation en agriculture. A ce titre, ils suggèrent la création et la « légifération » pour la mise en place d’un Conseil national pour la formation agricole et favoriser la création des Universités d’agriculture.

Au niveau des établissements, ils préconisent une organisation et une gestion qui prennent en compte le renforcement des compétences managériales des dirigeants, la mise en place des mécanismes de contrôle de gestion financière et comptable et de réédition des comptes, l’élaboration des plans stratégiques des établissements, la mise en place des systèmes de suivi-évaluation des performances. Par ailleurs, les séminaristes ont proposé des reformes des programmes basée sur l’identification des métiers du futur, le curricula (enseigner autrement), l’attractivité de l’enseignement agricole, la mobilisation des ressources intérieures et extérieures.

La rencontre est, selon le ministre burkinabè de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, Mahama Zoungrana qui a présidé l’ouverture des travaux, en droite ligne avec les objectifs du programme de développement durable de l’agriculture africaine dont le Burkina fait partie. « La formation agricole adaptée et la recherche scientifique et technologique constituent des axes prioritaires dans les politiques régionales et nationales pour l’atteinte de la sécurité alimentaire », a indiqué M. Zoungrana, soulignant que l’objectif est de faire de l’agriculture un véritable levier de développement.

Oumar L. OUEDRAOGO

Lefaso.net