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Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

Publié le mercredi 23 juillet 2014 à 01h45min

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Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

Ce 22 juillet, les Gambiens “célèbrent” les 20 ans de pouvoir du président Yahya Jammeh. Mais en réalité, y a-t-il vraiment matière à « célébrer », si l’on s’en tient au sens premier de ce mot qui renvoie d’abord à la fête, à la joie et à la communion ?

Il est difficile de répondre par l’affirmative, tant les deux dernières décennies ont vu la Gambie sombrer à petit feu dans l’intolérable. Tout au mieux, la plupart des Gambiens se contenteront de marquer une date qui pour beaucoup est devenue synonyme de recul démocratique, d’atteinte aux libertés, d’impunité, etc…

Du « one man show » du jeune militaire venu au pouvoir par un coup d’Etat et qu’on assimilait à une fougue passagère de tout « début », on est tombé dans une sorte de paranoïa incontrôlée qui a verrouillé toutes les libertés, étouffé dans l’œuf toute velléité d’opposition, réduit au silence toute voix discordante, amené des cadres gambiens à quitter le pays, conduit à plusieurs disparitions forcées et asphyxié tous les médias indépendants du pays.

Le nombre de journalistes, de militants de la société civile et d’opposants qui ont aujourd’hui choisi l’exil plutôt que de vivre dans l’oppression, en disent plus long que tous les discours et rapports d’ONG sur la nature « liberticide » du régime gambien, qui marque ces 20 ans de présence au pouvoir ce 22 juillet 2014.

Hormis la petite clique autour de l’homme fort de Banjul, tous les Gambiens de l’intérieur sont dans le désarroi et vivent dans la peur, incapables de dire leur malheur au reste du monde, au risque de finir dans une prison ou à l’échafaud. Ce n’est pas acceptable.

Le gouvernement de Banjul doit le comprendre et lever cette chape de plomb qu’elle fait peser sur les citoyens qui n’osent plus donner leur opinion ni sur leur gouvernement, ni sur leur propre sort, ni sur la marche de leur pays. C’est intolérable.

Les deux derniers rapports du département d’Etat américain sur les droits humains en Gambie (2012 et 2013) offrent un panorama exhaustif de tous les abus et atteintes aux droits les plus élémentaires des citoyens. Ce qu’on y lit est plus que révoltant.

La « privation arbitraire » de la vie comme en atteste les exécutions des neuf prisonniers en 2012, les « disparitions » devenues courantes, la torture et autres traitements dégradants, les arrestations arbitraires, les atteintes à la vie et à la correspondance privées. La liste est longue qui prouve que le gouvernement de Banjul ne fait rien pour se conformer à ses propres lois d’abord et ensuite aux conventions internationales auxquelles il a adhéré.

C’est une insulte au valeureux peuple gambien qui mérite mieux que ce semblant de démocratie, qui a vu 6 partis d’opposition sur sept refuser de participer au dernier scrutin, parce que sachant les dés pipés d’avance. C’est une provocation manifeste lancée à tous les citoyens africains épris de justice et de liberté. C’est surtout, un pied de nez aux organisations africaines et internationales qui, déclaration après déclaration, énoncent toutes de grands principes sur la sacralité de la vie humaine, le besoin d’une bonne gouvernance et un ancrage plus profond de la démocratie en Afrique – mais qui, pour le cas gambien, regardent sans rien faire.

Alors doit-on laisser se poursuivre une telle attitude ? Doit-on laisser le président Yahya Jammeh, son gouvernement et ses services de sécurité, fouler impunément aux pieds tous les traités internationaux auxquels a souscrit la Gambie ? Les jugements de la Cour de Justice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest que Banjul refuse d’exécuter est bien le signe que le président gambien n’en fait qu’à sa tête. Ses pairs et les instances sous régionales doivent-ils le laisser poursuivre ses actions avec arrogance et impunité, sans jamais le rappeler publiquement à l’ordre ?

On aurait pu continuer à lister ce qui ressemble fort bien à du « je m’en foutisme étatique » pour mieux éclairer l’opinion sur la nature autocratique et parfois surréaliste du régime de Banjul, mais passons.

Demandons –nous plutôt que pouvons-nous faire ? Chacun a sa réponse certes, mais il urge alors de la sortir et de la mettre sur la table afin que demain, la Gambie et les Gambiens soient libres enfin et puissent « célébrer » dignement les dates marquantes de leur histoire, à leur guise, en toute liberté et sans aucune crainte de représailles.

ARTICLE 19 Sénégal/ Afrique de l’Ouest

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Vos commentaires

  • Le 22 juillet 2014 à 17:37, par O En réponse à : Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

    l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa propre révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Le changement ne peut venir que des gambiens...

  • Le 22 juillet 2014 à 17:55 En réponse à : Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

    L’analyse de la photo en dit plus...?! L’Afrique..., mon Afrique...?! Les politiciens africains travaillent pour leur famille. En réalité l’avenir de l’Afrique (du peuple) est leurs dernier soucis. L’afrique ne s’en sortira que quand le "peuple" que je trouve "bête" et "passif" décidera de prendre son avenir en mains.
    Dans le cas contraire, il mourra à petit feu. C’est triste, mais c’est la réalité. Dans ce processus de liberation..., vous les journalistes occupiez une part importante, bravo pour cet article

  • Le 22 juillet 2014 à 18:22, par Guirê En réponse à : Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

    Un véritable clown ! Malheureusement il ne fait pas rire mais plutôt offre des larmes à son peuple.

  • Le 22 juillet 2014 à 19:58, par Fléau En réponse à : Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

    Ici au Faso c’est bien mieux qu’en Gambie. Voyez vous même la différence. Le grand problème de ce pays est que la richesse est monopolisée par un seul clan. Les uns mangent, les autres regardent. Les immeubles poussent au hasard comme si les propriétaires ramassaient l’argent. Pendant ce temps le peuple souffre et agonise. C’est ce grand fléau, cette gangrène puante, ces voleurs de la république que Blaise Compaore doit combattre.

  • Le 22 juillet 2014 à 20:04 En réponse à : Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

    que chacun balaie devant sa porte !

  • Le 22 juillet 2014 à 20:11, par le magicien En réponse à : Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

    Chaque peuple a les dirigeants qu’il mérite. C’est triste de le dire mais c’est une vérité immuable. Dommage pour les gambiens mais chacun doit balayer devant sa cour

  • Le 22 juillet 2014 à 21:55, par fof En réponse à : Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

    c’est ce qu’il faut à l’Afrique vive le président Gambiens

  • Le 22 juillet 2014 à 22:35, par zorcorgnon En réponse à : Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

    quoi ! c’est plutot un hero puisqu’on sait très bien que lorsque un president africain ne fait l’affaire de ces europeens alors il devient le diable.a bas vos propos

  • Le 23 juillet 2014 à 07:16, par kansie En réponse à : Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

    president !president !president !precedent !precedent !oh pardon ,president !president !les artistes ne fetent ils pas leur jubile d or ,d argent ,de diament ?alors,yaya djame est un artiste.ces gambiens sont diriges par un dieu.lui au moins il le fete,et pour nous au faso ?

  • Le 23 juillet 2014 à 09:44, par Danton En réponse à : Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

    Ce type est dangereux.Dieu va nous en debarasser tot ou tard, Amen !

  • Le 23 juillet 2014 à 09:58 En réponse à : Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

    Où est la gambienne BENSOUDA de la CPI dans tout ça ?

  • Le 23 juillet 2014 à 11:39, par sarfalao city boy En réponse à : Gambie : 20 ans de Peur et d’impunité

    J’en connait qui a 27 ans de dicta a lui seul... suivez mon regard

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