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Rapport 2011 de l’ITIE : Djibo prend connaissance du contenu

Publié le dimanche 20 juillet 2014 à 23h13min

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Rapport 2011 de l’ITIE : Djibo prend connaissance du contenu

Le secrétariat permanent de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE-BF) poursuit la dissémination de son 3e rapport. L’équipe chargée de cette tâche était à Djibo, chef-lieu de la province du Soum, le 17 juillet 2014. Cette province abrite la mine d’or de Inata, propriété de la société minière de Bélahouro (SMB). Cette rencontre a permis aux conseillers municipaux, représentants d’organisations de la société civile, représentants des communautés coutumières et religieuses, de prendre connaissance du contenu de ce document.

Djibo constitue la 6e étape de la tournée de dissémination. Comme les précédentes, cette rencontre a consisté présenter l’ITIE et le contenu du document avant de passer aux questions-réponses. L’on retiendra que le secrétariat permanent de l’ITIE, bras technique de la structure, exécute les décisions du comité de pilotage. Elle est chargée, entre autres, d’élaborer mais aussi et surtout de disséminer les rapports de l’initiative, à l’ensemble des populations, principalement celles riveraines des sites miniers.

L’ITIE, son origine, ses objectifs et ses ambitions ont été présentés par Kimségninga Sawadogo, le chargé de communication du SP-ITIE. Puis, la fiscaliste de la structure, Françoise Zouré a expliqué le processus de recrutement du consultant et d’élaboration du rapport, notamment le recensement des sociétés minières, les déclarations de paiements et enfin la conciliation des paiements.

Le chargé du rapport et du renforcement des capacités de l’ITIE, Sidiki Guiré a, quant à lui, présenté le contenu du document. Puis, place à la partie la plus intéressante de la rencontre : la phase de questions-réponses. Et là, on ne s’est pas ennuyé. Loin, s’en faut. Les préoccupations ont porté essentiellement sur : la répartition de la taxe superficiaire aux communes, l’exploitation artisanale, la préservation et restauration de l’environnement, l’enclavement de la zone malgré la richesse de son sous-sol, la lenteur dans l’élaboration des rapports (retard de 3 ans est trop). A cela, s’ajoutent des questions de compréhension et de précision ainsi que les avantages d’être pays conforme.

Le statut de pays conforme à l’ITIE se veut un label de qualité et de bonne gouvernance. De ce fait, il attire les investisseurs, apaise le climat social. A-t-on assuré. La plupart des participants s’est dite satisfaite de cette rencontre. Car, le véritable problème entre les populations riveraines des sites miniers et les sociétés exploitantes se résume sans conteste au manque de communication.

Moussa Diallo

Lefaso.net

Adama Carlos Dicko, président du conseil d’administration de APN-Sahel

Cette rencontre d’information est la bienvenue parce qu’il y a beaucoup de choses qu’on ne comprenait pas sur même l’ITIE. Maintenant, on a compris comment elle fonctionne. On a eu beaucoup d’information ce matin par rapport aux objectifs de l’ITIE. C’est des objectifs nobles. Il faut continuer parce que le principal problème aujourd’hui, c’est la communication, c’est l’information. Et tous les petits conflits là sont dus au manque de communication.

Aujourd’hui, les gens ont compris l’objectif de l’ITIE, qui ne représente pas forcément les mines d’or. Si c’était un débat face aux mines d’or, on savait sur quelle base, on allait débattre. Mais, comme c’est une information sur l’ITIE, son rôle, ses objectifs, il n’y a pas lieu de tirer trop sur les griefs environnementaux, les griefs sur l’emploi et tous les autres problèmes que les gens ont avec les mines d’or parce que même au niveau des mines d’or, le principal problème, c’est le manque de communication. Ils ne communiquent pas du tout et les gens voient ça de loin et ils s’imaginent plein de choses. Ils se disent qu’il y a plein de choses que les sociétés minières auraient pu faire mais qu’elles n’ont pas fait. Tout ça, c’est parce qu’ils manquent d’information. Je pense que la principale arme qu’il faut développer, c’est l’information.

Fati Ouédraogo, Association Seyorè Sahel

Cette rencontre est la bienvenue parce que, quand on a reçu la circulaire, tout le monde se posait la question qu’est-ce que ça veut dire l’ITIE. Mais, avec l’exposé, nous avons obtenu beaucoup de satisfaction. Elle est la bienvenue aussi parce que les gens ignoraient ce que les miniers faisaient sur le terrain et où partaient les taxes. Moi, je suis satisfaite.

Mais, dorénavant, quand il y a ces genres de rencontres, essayez de demander à ce qu’on prenne des gens qui ont au moins des liens avec les sites miniers parce que d’autres personnes peuvent venir écouter, mais de retour, elles ne peuvent pas faire un compte rendu de ce qu’ils ont écouté. Parce qu’elles n’ont pas de relation aussi avec ce domaine.

Yacouba Guindo, président de l’association Equilibre du Soum

Nous ne connaissons rien sur les activités des sociétés minières. Nous cherchons toujours l’information mais nous ne l’obtenons pas. On dit qu’il y a des cahiers de charge, on cherche mais on ne les voit pas. C’est pourquoi, sur tous les aspects, nous avons des difficultés avec les sociétés minières. Quand elles viennent, généralement, il n’y a pas aucune transparence. Quand on va vers elles, elles disent que c’est avec le gouvernement qu’elles ont traité et elles respectent le cahier de charge signé avec le gouvernement. Quand on va vers le gouvernement, il demande qu’on passe par lui parce qu’il est à la base, il dit qu’on va voir. Et quand on va vers les maires, ils ne veulent pas trop s’y aventurer parce qu’ils ne connaissent pas grand-chose. Donc, ça crée des problèmes sur le terrain. On a plusieurs fois discuté, on croyait qu’on allait s’entendre, mais jusqu’aujourd’hui, rien.

On sent qu’avec l’ITIE, comme il y a la transparence, ça nous permettra aussi de dire ce qu’on pense. Vous avez vu que certains ont dit ce qu’ils avaient dans le cœur. Et à partir de là, vous voyez donc que sur le terrain, on n’est pas satisfait de la société minière de Inata.

Les gens vivaient dans leur milieu, on vient les sortir et on va les mettre dans un milieu moderne. Ici, on a affaire à des Peulhs et des Bella, qui vivent dans des huttes. Donc, vous verrez les bâtiments construits par la mine en terme de dédommagements ne leur conviennent pas. Si vous allez sur le terrain, vous verrez que les bâtiments construits sont devenus des magasins, si non abandonné au profit des huttes. C’est dire qu’on n’a pas cherché à savoir les besoins réels des populations.

Les sociétés minières contribuent à dégrader nos routes, il faut qu’elles construisent ces routes, notamment Kongoussi-Djibo. On se rappelle encore le cyanure qui est versé dans nos barrages il y a quelques années, on ne sait pas quelles sont les conséquences à long terme.

Je propose de mettre l’accent sur le dialogue pour une meilleure compréhension entre nous et les sociétés minières. Il faut s’ouvrir, s’expliquer. S’il y a des rencontres de concertation, ça permettra de dissiper certains malentendus.

Propos recueillis par Moussa Diallo

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