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Banque Mondiale-Burkina : Le directeur des opérations à la découverte de Bagrépôle

Publié le samedi 19 juillet 2014 à 01h56min

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Banque Mondiale-Burkina : Le directeur des opérations à la découverte de Bagrépôle

Le directeur des Opérations de la Banque mondiale pour le Burkina, Ousmane Diagana, en visite de travail au Burkina, a effectué une sortie de terrain sur le site du Projet pôle de croissance de Bagré (PPCB) le mercredi 16 juillet 2014. Accompagné de son équipe, dont la représentante-résidente de la Banque mondiale au Burkina, Ousmane Diagana est allé toucher du doigt, l’évolution dans la mise en œuvre de cet ambitieux projet dont son institution est l’un des grands acteurs.

« Ce qui m’a impressionné, c’est surtout d’avoir vu que ce concept de pôle de croissance soit traduit en réalité. Aujourd’hui, à Bagré, nous avons vu dans le domaine de l’agriculture, de la pisciculture, de la création de petites et moyennes entreprises, de la gestion des ressources en eau, des initiatives qui sont-là et qui se complètent. Des initiatives qui contribuent à transformer les conditions de vie dans un environnement donné qui est celui de Bagré ». C’est en ces termes que le directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Burkina a résumé ses sentiments à l’issue de la vaste randonnée qui l’a conduit sur les différents sites d’activités et chantiers de réalisations. Pour Ousmane Diagana, la zone a un potentiel extrêmement important qui ne demande qu’à être exploité. Cela demande plus de la part des populations, une « prise de conscience » sur le fait qu’elles peuvent, elles-mêmes, changer leur destin. « Ce sont ces aspects concrets que j’ai pu voir. Cela m’a vraiment émerveillé et m’a fait dire que la Banque mondiale, qui était au début de Bagrépôle, sera toujours présente pour que Bagrépôle continue à se développer et à prospérer ». En effet, c’est par un exposé introductif qu’a démarré ce périple de travail sur Bagrépôle. Avec « ses hommes », le directeur général du PPCB, Issaka Kargougou, après les traditionnels « salamalecs », a fait une présentation du projet dont il a en charge la direction. La journée du travail s’est déroulée en trois (3) étapes. Ainsi, après la présentation du projet, M. Diagana et son équipe ont eu droit à une visite guidée sur le périmètre avant un face-à-face avec les acteurs.

Le PPCB, vu d’aujourd’hui

Pour plonger son hôte dans le vif du sujet, le directeur général de Bagrépôle, Issaka Kargougou, a fait la genèse du projet, présenté les réalisations et les perspectives. Le projet s’exécute autour de trois (3) composantes. La première concerne le renforcement des capacités institutionnelles de Bagrépôle et de toutes les structures qui accompagnent le développement des pôles de croissance. Barépôle a été érigé sous la forme de société à économie mixte avec participation de l’Etat et du secteur privé au niveau du Conseil d’administration.

La deuxième composante est celle qui touche au développement des infrastructures critiques et la troisième composante vise, quant à elle, à soutenir les fournisseurs de services critiques que sont entre autres les stations d’essence, les services de formation, de conseils financiers, les banques etc.

A ce jour, plusieurs résultats ont été enregistrés, parmi lesquels on peut noter qu’en « seulement » deux ans et demi d’existence, plus de 12 mille bénéficiaires directs du projet dont 18 % de femmes, 11 600 emplois créés, 71 entreprises érigées dans les activités de l’élevage, de la transformation agricole, des services etc. Aussi, note-t-on que plus de 500 mille hectares ont été dégagés pour une zone de concentration de plus de 50 mille hectares. Une loi spéciale a également été adoptée pour les investisseurs qui désirent s’installer à Bagrépôle avec des mesures incitatives allant jusqu’à l’exonération de l’impôt sur les sociétés pendant sept (7) ans. Il y a aussi une dérogation pour ce qui concerne les passations des marchés publics pour éviter la lourdeur administrative « le gouvernement, en accord avec la Banque mondiale, a fait une dérogation pour mieux accompagner les investisseurs ». Grâce au projet, plusieurs centaines d’agriculteurs ont aussi bénéficié du renforcement des capacités dans leur domaine respectif. A cette liste, loin d’être exhaustive, s’ajoutent la mise en place d’un peloton spécial de gendarmerie pour sécuriser la zone du projet et l’opérationnalisation en cours d’un guichet unique pour les différentes opérations sur place et pour faciliter la création d’entreprises.

Bagrépôle est en marche …

Pour le directeur général du PPCB, Issaka Kargougou, le train est maintenant en marche et ne peut plus s’arrêter qu’à destination. Bagrépôle est en train d’amorcer sa « vitesse de croisière » avec de nombreux investisseurs nationaux et internationaux. Parmi ces derniers, on note des « investisseurs de référence » comme « UTTA Sucrotech » du Singapour qui investit dans la canne à sucre, la culture maraichère et l’énergie. Il y a « La Fondation Dreyer » de l’Allemagne pour produire du ‘’moringa’’ pour l’extraction d’huile. « L’’ICDF » de la Chine-Taïwan pour une compagnie semencière. « Seedrock Agriculture » du Canada pour la production de tournesol dont la teneur en huile atteint, selon M. Kargougou, 48 % contre 18% pour le coton et la société « Innovent » de la France pour la production d’énergie solaire.

La visite a également permit à l‘équipe de la Banque mondiale de découvrir les nombreux exploitants et opérateurs agricoles déjà installés, les centres de formations, les unités de transformation des associations féminines ainsi que les nombreuses autres infrastructures socio-économiques déjà achevées ou en cours d’achèvement. Elle a aussi été riche en témoignages édifiants d’investisseurs sur le succès de leurs activités et leurs attentes vis-à-vis de Bagrépôle.

Ce qui a fait dire à M. Diagana qu’avec « ces sourires sur le visage des femmes et hommes rencontrés à Bagrépôle, une nouvelle ère s’ouvre … C’est une réalité concrète ». Et le directeur général du PPCB se réjouit de constater qu’il y a un fort engagement politique du gouvernement dont le Premier ministre suit, « himself », régulièrement l’avancée. Il souligne également avec satisfaction, l’accompagnement de la Banque mondiale et l’ensemble des partenaires du projet. Pour Issaka Kargougou, les leçons de Bagrépôle doivent servir d’autres pôles comme le « pôle minier » du Sahel et les grappes d’entreprises notamment à Bobo-Dioulasso, la capitale économique.

Echanges directs entre la Banque mondiale et les investisseurs

Après environ quatre heures de randonnée sur le site pour toucher du doigt les réalités, le directeur des Opérations de la Banque mondiale pour le Burkina et sa délégation ont eu des échanges directs avec les acteurs (investisseurs et exploitants). L’objectif principal étant de recueillir leurs préoccupations et suggestions pour « toujours mieux faire » car, dit M. Diagana, « l’appétit vient en mangeant ». Ainsi, comme préoccupations, on mentionne un besoin de cautionnement car, selon des investisseurs, l’agriculture nécessite des crédits à longues durées, alors qu’avec les institutions financières présentes, c’est difficile d’avoir des crédits de ce genre. Les équipements et les produits vétérinaires constituent également un point de préoccupations pour les promoteurs du secteur. C’est dans ce même ordre que les petits producteurs et transformateurs ont exprimé leurs doléances relatives aux équipements. D’autres difficultés recensées ont trait à l’accès à l’eau potable, aux infrastructures de stockage, aux centres de santé et aux écoles.

En outre, les investisseurs ont également émis le souhait de voir mettre en place, des « systèmes plus souples » d’octroi de crédits.

Des préoccupations auxquelles la Banque mondiale a apporté des réponses allant des éclaircissements sur son engagement à Bagrépôle au dévoilement des initiatives à venir. Ainsi, on retient que dans le cadre de Bagrépôle, la Banque mondiale est en train de développer avec des banques de la place, des instruments adaptés au service des investisseurs tels que les « agricoles leasings », des micro-finances etc. C’est également le cas des cautionnements où des initiatives sont en train d’être développées.

Cependant, indique M. Diagana, la Banque mondiale « évite » également dans son élan, d’écraser les institutions financières dans leurs activités. C’est pourquoi, « opte »-t-elle de renforcer les capacités des banques pour qu’à leur tour, elles apportent des ressources aux financements des projets des investisseurs, a-t-il souligné avant de rassurer les acteurs que des réponses concrètes seront apportées aux préoccupations concrètes posées. C’est ainsi que dans le domaine de la santé animale, le directeur des opérateurs a révélé qu’un projet est en préparation pour le Burkina. Mieux, ce projet va embrasser des aspects comme la transhumance et bien d’autres liés au secteur de l’élevage. « Si Bagré marche, non seulement il y aura d’autres pôles au Burkina mais également dans d’autres pays, parce que ce sont des complémentarités de ce genres qui vont changer la donne et améliorer le niveau de vie des populations », a expliqué Ousmane Diagana.

A en croire l’équipe de la Banque mondiale, le PPCB est en train d’être bâti et toutes les commodités y seront. « Bagrépôle va être autre chose dans 3 à 4 ans et je vous encourage à mettre le paquet pour améliorer vos conditions de vie », a galvanisé la représentante-résidente de la Banque mondiale au Burkina, Mercy Tembon.

Pour la Banque mondiale, un programme comme le PPCB est un programme dynamique, c’est-à-dire qu’il est conçu de façon à ce qu’il continue à évoluer. Et pour M. Diagana, son institution fera encore plus au regard des efforts déployés par les acteurs.

Mis en place dans le cadre de la SCADD, Bagrépôle vise à soutenir l’effort du Burkina à travers la création d’emplois et l’augmentation de la sécurité alimentaire en s’appuyant sur une approche partenariat public-privé.

Oumar L. OUEDRAOGO

Lefaso.net

Encadré :

Genèse du projet

Le projet Bagré tire son origine de la mise en valeur de la vallée du Nakambé (ex Volta blanche) et du Nazinon (ex Volta rouge), débarrassée de la cécité des rivières. Cette éradication n’a été possible que grâce à l’action conjuguée du Gouvernement du Burkina avec le concours de l’OMS et d’autres partenaires extérieurs.

Les études entreprises sous la Direction de l’Aménagement des Vallées des Voltas (AVV) entre 1972 et 1978 ont abouti à la faisabilité technique, économique et financière du projet. Le projet a connu par la suite plusieurs phases dans sa mise en œuvre :
La première phase a été lancée avec la réalisation des études détaillées d’exécution, de mise en œuvre et d’élaboration des dossiers d’appel d’offres des travaux. Cette phase commencée en 1980-1981 s’est achevée en 1988 par l’élaboration des différents APD et du DAO des travaux du barrage et de la centrale électrique.

La deuxième phase du projet, débutée en 1988 et achevée en 1993 a été caractérisée par le lancement des appels d’offres des travaux du barrage, de la centrale, de la ligne électrique et l’exécution desdits travaux. La mise en eau du barrage est intervenue en Juillet 1992 et son inauguration officielle par les autorités burkinabè le 13 Janvier 1994.

La troisième phase du projet a consisté essentiellement en la réalisation du volet agricole par la mise en œuvre d’une première phase de 2100 ha en rive gauche du Nakambé, la réalisation de mesures d’accompagnement identifiées dans le cadre du schéma d’aménagement du pourtour du lac de Bagré et la mise en valeur de la retenue par le développement de la pêche.

Le premier schéma de financement du volet agricole a été mis en place en décembre 1995 grâce à l’appui de la CFD et de la CEE. Ce schéma a permis le financement de la toute première tranche irriguée d’une superficie de 600 ha couvrant le périmètre pilote de 80 ha initié depuis 1980 à partir du petit barrage de Bagré.

Les travaux d’aménagement d’un second périmètre de 1200 ha en rive droite ont débuté en novembre 1995 avec l’appui technique et financier de la République de Chine de Taïwan. L’approche de mise en valeur retenue est identique à celle qui a été adoptée pour la première tranche de 680 ha d’aménagement en rive gauche. Tous ces aménagements sont depuis lors entièrement réalisés et mis en valeur.

O.L.O

Source : Site web du projet (www.bagrepole.com)

Portfolio

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Vos commentaires

  • Le 18 juillet 2014 à 19:12 En réponse à : Banque Mondiale-Burkina : Le directeur des opérations à la découverte de Bagrépôle

    Très bon boulot,messieurs et mesdames de la Banque mondiale ! Je suis des autorités de mon pays pour leur dévouement au travail. Je tire mon chapeau au DG du PPCB,Issaka Kargougou,un vrai bosseur.

  • Le 18 juillet 2014 à 21:04, par homme de paix En réponse à : Banque Mondiale-Burkina : Le directeur des opérations à la découverte de Bagrépôle

    Merci a mr le journaliste pour le CR bien détaillé.Je voudrais dire que les populations qui vivent a Bagre sont et restent pauvres, le niveau de vie est plus cher qu a Ouagadougou malgré tout ce bavardage.Les multiples discours entendus sur Bagre tranchent avec ce que l on voit tous les jours. Ensuite l état devra accompagner les entreprises jusque au bout et non a mi chemin c est a dire depuis la production jusqu a l écoulement au lieu de multiplier les rencontres...Bon courage

    • Le 21 juillet 2014 à 04:45, par Bonjour En réponse à : Banque Mondiale-Burkina : Le directeur des opérations à la découverte de Bagrépôle

      Homme de paix, Bagrépole n’existe que 2 ans et demi. Penses tu que 2 ans peuvent effacer une pauvreté de près de 50 ans ? je comprends que les attentes sont fortes et les besoins urgents mais le développement ne se construit pas en 2 jours. Les paysans de Bagré savent que les choses change dans leur quotidien. Ils sont passés de 4 tonne à l’hectare à 6 tonnes de riz. Ils n’ont plus de problèmes de financement de leurs intransigeantes agricoles et pastorales et ils ont accès aux stocks homologué grâce à un système de partenariat établi avec des fournisseurs de bonne qualité. Pour eux, ça c’est du concret. Nous devons avancer et pour cela il faut se donner la main et réfléchir ensemble.
      Merci

  • Le 18 juillet 2014 à 21:48 En réponse à : Banque Mondiale-Burkina : Le directeur des opérations à la découverte de Bagrépôle

    homme de paix,je te comprends mais il faut comprendre que c’est une dynamique. Et en tant que telle,il faut accepter la patience des étapes. Bagrépôle,au-delà du discours, est une réalité palpable.Sache aussi qu’on ne peut aller au débeloppement sans passer par une hausse du coût de la vie. Le projet vient de loin et il faut accepter de patienter pour franchir certaines difficultés, sans baisser les bras et sans non plus dormir sur les lauriers. Je conviens avec toi que l’Etat ne doit pas aussi abandonner les entreprises mais sache aussi que c’est un domains de business et la Banque Mondiale a dit éviter d’écraser les banques et c’est de cette façon aussi que l’Etat doit se comporter. Donc,soyons indulgents,positifs et des vecteurs d’encouragements des autres.

  • Le 21 juillet 2014 à 08:31, par Beogninga En réponse à : Banque Mondiale-Burkina : Le directeur des opérations à la découverte de Bagrépôle

    Félicitations a Issaka Kargougou et à toute son équipe pour les résultats déja atteints en 2 ans et demi. Franchement, c’est ce genre de projets qu’il faut multiplier pour assurer un vrai dévelopment à la base. J’ai eu l’occasion d’aller à Bagré et de m’entretenir directement avec les producteurs qui confirment l’impact positif du PPCB sur leurs revenus. Bon courage Issaka, tu es et tu restes un modèle pour la jeunesse burkinabè.

  • Le 21 juillet 2014 à 09:54 En réponse à : Banque Mondiale-Burkina : Le directeur des opérations à la découverte de Bagrépôle

    J’étais certain que Bagré pôle était fait que pour les étrangers. Pour preuve le DG PCB a cité nommément les sociétés qui exploite les lieux. aucune société Burkinabè n’est ressortie. Cela me semble triste

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