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Blaise Compaoré dans Jeune Afrique : « Il n’est pas exclu, même si l’article 37 de notre constitution venait à être modifié, que je m’arrête en 2015 comme prévu »

Publié le lundi 14 juillet 2014 à 23h55min

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Blaise Compaoré dans Jeune Afrique : « Il n’est pas exclu, même si l’article 37 de notre constitution venait à être modifié, que je m’arrête en 2015 comme prévu »

Dans la parution N° 2792 du 13 au 19 juillet de Jeune Afrique, Blaise Compaoré est à la ‘’Une’’. Dans une interview accordée au journal, le Président du Faso aborde des sujets nationaux et internationaux. La crise au Mali, Laurent Gbagbo et la CPI, sommet de Washington auquel il participera en début août…

Concernant le Burkina, le président maintient toujours le doute, même s’il reconnait qu’ « Il faudra partir un jour ». La fin de son mandat et la modification éventuelle de la Constitution, Thomas Sankara ont été les questions nationales abordées. L’occupant de Kossyam ne s’est également pas montré tendre envers les cadres démissionnaires du CDP. N’occultant pas à dire qu’ils lui doivent leur passé glorieux.

Bien avant d’aborder les questions de l’heure, notamment le référendum, son avenir politique, l’opposition politique et bien d’autres sujets, le Président du Faso s’est d’abord exprimé sur des questions africaines et internationales.

La crise malienne, Laurent Gbagbo et la CPI

Pas de problème avec IBK ! S’il est vrai qu’il s’était dit qu’il soutenait Soumaila Cissé, concurrent d’IBK aux élections présidentielles maliennes passées, le chef de l’Etat affirme que cela n’a point entaché leurs relations « Nous en avions déjà parlé lors d’une rencontre à Nouakchott ». Sur la question de présence militaire française au Burkina, des dires du Président, cela s’explique en raison de l’intervention militaire au Mali. Et elle sera présente « tant que la situation l’exigera ».

Par contre, il affirme qu’il n’y a pas de base militaire américaine au nord du pays comme le font croire des rumeurs.

Après le Mali, des questions sur la Cote d’Ivoire. Réagissant aux charges pesant sur Laurent Gbagbo qui ont été confirmées par la CPI, « Que justice se fasse », c’est ce qu’affirmera le président Compaoré ; « Ni vous, ni moi, ni eux ne savons pas ce que la CPI prépare. Attendons donc la fin de la procédure avant de formuler ce type de commentaires » ajoutera-t-il en réponse à ceux qui parlent de justice partisane ou affirment que les ex-rebelles ou Guillaume Soro jouissent de l’impunité.

Contrairement à certains de ses homologues qui n’hésitent pas à indexer la Cour pénale internationale de justice partisane ou de juridiction qui ne s’attaque qu’aux affaires africaines, le président pense lui, que ce n’est pas parce que cette justice a ses limites comme ailleurs dans le monde qu’il faut tout remettre en question. « Balayons devant notre porte » affirmera-t-il. « Ce sont les Africains qui ont permis la création de cette cour. Sans nos voix, je ne suis pas sûr qu’elle aurait existé. Nous estimions que les crimes et les exactions commis sur notre continent ne pouvaient rester impunis. Or il faut bien le reconnaitre, nous ne sommes pas toujours en mesure de nous juger nous-mêmes ».

Relations internationales

Parlant toujours de justice, cette fois sur la garde à vue et les déboires de l’ex président français, Nicolas Sarkozy, celui qui affirme que leur dernier contact date de l’an passé soutient qu’ « avec la justice, mieux vaut attendre la fin du feuilleton avant de se prononcer ».

Le Président qui se rendra au sommet de Washington en début août ne craint-il pas de recevoir des leçons de démocratie compte tenu des positions de Barack Obama sur les nécessaires alternances au pouvoir ? « Je n’ai aucun problème à écouter les autres » dira-t-il ; « ce qui m’intéresse le plus, c’est ce que pensent les Burkinabè ».

Aussi s’il est vrai que son nom a été évoqué pour succéder à Abdou Diouf à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie, Blaise Compaoré dit ne pas avoir les capacités requises pour ce genre de job. Ni le bon profil ; « Il faut une expérience que je n’ai pas. Je suis trop jeune… ».

Concernant la coopération Burkina-Chine Taiwan et si le Burkina est l’un des derniers pays africains à préférer Taiwan à Pékin, le Burkina ne regrette nullement ce choix fait depuis 20 ans selon le président : « Mon obsession, ce sont les partenaires qui nous permettent de nous développer ».

Référendum, révision de l’article 37, l’après 2015, les grandes questions sur le Burkina

En 2012, le Président dans une interview sur Jeune Afrique, quand on lui demandait s’il réviserait l’article 37, répondait que 2015 était loin. Deux ans après et à 16 mois du scrutin, toujours pas de décision, « je suis toujours dans ma réflexion, j’écoute les uns et les autres ». Aveu de sa part ? En tout cas le président n’exclut pas de s’arrêter après 2015, « il n’est d’ailleurs pas exclu, même si l’article 37 de notre Constitution venait à être modifié, que je m’arrête en décembre 2015, comme c’est pour l’instant prévu ». Il affirme également que ce n’est pas l’après pouvoir qui lui fait peur. « Ce qui me préoccupe, c’est ce que deviendra le Burkina, trouver la bonne formule, garantir la stabilité, ne pas voir détruit tout ce qui a été mis en place ».

Parlant de ses jadis « amis proches » qui ont aujourd’hui créé leur parti politique, le MPP, il montre une certaine indifférence, « ce n’est ni la première fois, ni la dernière fois que cela arrive, et j’y suis habitué ». En outre il affirme ne pas être inquiété par le fait qu’actuellement, les opposants n’ont jamais été aussi nombreux, actifs et soudés. « J’aurais pu être inquiet si, au sein des institutions, à l’Assemblée notamment, l’équilibre des forces avait été modifié. Avant le départ des dissidents, le CDP avait 70 députés, il en a toujours 70 aujourd’hui ».

Si les cadres démissionnaires du CDP avaient été qualifiés d’ « ingrats » en son temps par le Secrétaire exécutif national du CDP, Assimi Kouanda, cet avis semble être partagé par le Président. En effet, lorsque le journaliste qui lui demande, si avoir un ancien président de l’Assemblée, un ancien maire de Ouaga et son ex-numéro deux dans l’opposition ne changeait pas beaucoup de choses, le Président rétorque, « l’on se demande à qui ils doivent ce glorieux passé… ». Il ne se montrera pas tendre envers ses amis d’hier. « S’ils pensent réellement ce qu’ils disent de moi- et je remarque que leur ‘’lucidité’’ est pour le moins subite-, je préfère largement qu’ils aient quitté le CDP » ; « les Burkinabè ne sont pas amnésiques : ils les ont entendus dire des choses hier et le contraire aujourd’hui. Pas sûr que cela valorise leur parole politique ». Le divorce semble être consommé, surtout qu’à la question de savoir s’ils sont toujours en contact, il répondra : « absolument pas. Nous discutons par stades interposés ».

Le sénat sujet à polémique depuis des mois n’est plus qu’une question de temps, foi du Président Compaoré. « Son existence figure dans la constitution, donc il verra le jour. Il reste encore un certain nombre de discussions à mener et de points à régler ».

Dernières questions abordées avec le président Compaoré, celles sur Thomas Sankara. « Thomas Sankara est enterré au cimetière de Dagnoën. Certains en doutent, c’est leur droit, mais la justice, ici, est indépendante. », affirmera-t-il, réagissant à la question sur l’exhumation de la dépouille de Sankara qui a été demandée par sa famille.

Par ailleurs, l’ancien ami de celui qui est aujourd’hui adulé par la jeunesse africaine qui n’hésite pas à le qualifier de Che Guevara africain, affirme ne pas être gêné par ce mythe que forme son nom et sa personne en Afrique : « Pas le moins du monde. D’autres se souviennent qu’à son époque il n’y avait aucune liberté dans ce pays : ni de presse, ni d’association, ni d’entreprendre, ni syndicale, ni politique… D’ailleurs, les partis, nombreux, qui revendiquent sa mémoire et utilisent son nom n’ont jamais vraiment brillé. Il y a le mythe et il y a la réalité ».

Amélie GUE

Lefaso.net

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