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Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

Publié le vendredi 11 juillet 2014 à 23h46min

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Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

« La Francophonie du futur ressemblera à une bicyclette, l’un des moyens les plus utilisés au Burkina Faso : les jeunes seront aux pédales pour la faire avancer afin qu’elle tienne en équilibre, les femmes porteuses d’espoir tiendront le guidon pour la diriger raisonnablement et nous inviterons sur son porte-bagage quelques sages philosophes de notre siècle » ; telle est la conviction de l’Ambassadeur Filippe Savadogo ; conviction qu’il exprime dans ce post-scriptum, au moment où il achève son mandat à la tête du bureau de l’Organisation Internationale de la Francophonie à New York.

L’un des pères fondateurs de la Francophonie, le grand écrivain et académicien Léopold Sédar Senghor a toujours puisé la sève nourricière de la Francophonie du 21ème siècle dans le métissage culturel. Quelques décennies plus tard, le grand sage, philosophe et homme politique d’exception, Nelson Mandela, qui vient de nous quitter, a jeté les fondements de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui sur le concept rêvé d’une Nation Arc-en-ciel.

En ce moment même, se déroule la coupe du monde de football 2014 au Brésil, un pays-continent dont le métissage multidimensionnel reste la première vertu de cette nation en pleine émergence, où se côtoient harmonieusement les diversités culturelles, économique, et humaine.

Pour Senghor, la Francophonie des peuples doit « s’enrichir de nos différences pour converger vers la civilisation de l’universel ».

La Représentation permanente de la Francophonie à New York est une fenêtre ouverte sur les Nations Unies et l’on comprend aisément que si la Francophonie veut s’enraciner davantage, elle devrait s’ouvrir à toutes les valeurs positives et aux aspirations profondes de tous les peuples du monde.

C’est pourquoi, je suis fier d’avoir représenté son Secrétaire général, Monsieur Abdou Diouf, en faisant miens les grands objectifs qu’il s’est fixés lui-même à Beyrouth au Liban lorsqu’il prenait le flambeau de notre organisation en 2002. En effet, Abdou Diouf a opté dès sa nomination pour le parachèvement d’une Francophonie nourrie des nobles idéaux qui tirent leurs essences du bien-être social. Très vite, à l’occasion du Sommet de Ouagadougou en 2004, il a jeté les bases de cette Francophonie en visitant le thème : « Francophonie, espace solidaire pour un développement durable ».
Depuis Ouagadougou, la dimension du développement durable est présente en Francophonie, et c’est naturellement avec le même engagement que nous contribuons à la formulation des objectifs du développement durable aux Nations Unies. Nous sommes allés chercher de nouveaux paradigmes susceptibles d’alimenter une Francophonie débarrassée des oripeaux qui lui collent à la peau.
Cette Francophonie décomplexée, nous avons essayé de la construire ensemble en jetant les bases tirées des grandes aspirations de nos pays respectifs. C’est ce que j’ai toujours caractérisé humblement par l’expression : « La Francophonie des peuples ».

Aujourd’hui, nous voulons une Francophonie qui chemine admirablement avec les autres aires linguistiques, tout en faisant de nos spécificités, notre raison d’être.

Ainsi elle pourrait s’amarrer judicieusement au vaisseau planétaire qui permettra à l’humanité d’aller à la conquête d’autres espaces.

Nous avons pris en compte le fait que le soleil ne se couche jamais en Francophonie, pour multiplier les leviers de solidarité afin de vaincre les maux qui minent les aspirations profondes de notre immense communauté.

A l’occasion du Sommet de Hanoi au Vietnam, nos amis de cet hémisphère nous avaient interpellés sur l’intérêt de la dimension économique qui devrait être la raison de leur engagement dans une Francophonie rénovée. Par la suite, les francophones des Amériques nous ont interpellés sur le fait que le fer de lance du monde, à savoir la jeunesse, devait pleinement trouver son compte dans une Francophonie visionnaire.

Prochainement, le Sommet de Dakar se penchera essentiellement sur la dimension stratégique que les femmes pourraient jouer dans l’accélération du développement de la planète.

La Francophonie intègre totalement l’éducation, l’État de droit, le développement durable comme son cheval de bataille pour les décennies à venir. Demain, la Francophonie devrait continuer d’oser en donnant un visage dynamique à ses futurs acteurs et en plaçant au cœur de ses préoccupations toutes les grandes aspirations que sa communauté réclame.

Une personne pétrie de savoir, jeune, alerte, imprégnée de toutes les questions de son siècle devrait incarner le nouveau visage de la Francophonie ; une Francophonie à la fois africaine, asiatique, européenne et américaine.

Aujourd’hui notre planète a amorcé une nouvelle dimension de son existence qui la met en plein régime de croisière dans la mondialisation. Pour notre Secrétaire général, cette mondialisation devrait avoir un visage humain ; elle ne peut donc se réaliser sans la première énergie renouvelable de l’humanité qui reste la culture.

L’Académicien Senghor disait toujours que « la culture est au début et à la fin du développement ». Tandis que Madame Michaëlle Jean, Envoyée Spéciale de l’UNESCO pour Haïti, disait récemment aux Nations Unies que « le peuple de la Francophonie doit montrer combien par la culture tout est possible et sans elle nous nous fragilisons ».

La Francophonie du futur ressemblera à une bicyclette, l’un des moyens les plus utilisés au Burkina Faso : les jeunes seront aux pédales pour la faire avancer afin qu’elle tienne en équilibre, les femmes porteuses d’espoir tiendront le guidon pour la diriger raisonnablement et nous inviterons sur son porte-bagage quelques sages philosophes de notre siècle.
Je le souhaite non seulement pour la Francophonie, mais également pour les Nations Unies, car d’après Louis Aragon : « la femme est l’avenir de l’homme ».

Ambassadeur Filippe Savadogo

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Vos commentaires

  • Le 11 juillet 2014 à 16:39, par Koumbem Tipousga En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

    Bonsoir. Monsieur Sawadogo, merci pour ce post-criptum, mais c’est vous seul qui mangez dans la francophonie qui croyez à la francophonie. Nous engageons nos enfants et frères vers l’anglais et allez-y au Ghana pour voir l’afflue. On dira pour vous convaincre que je ne parle pas pour parler. In good English, let’s say that French is downsizing and English is upsizing. Il faut encourager les gens à être pragmatique avec l’anglais comme le Rwanda l’a fait et se porte mieux au lieu de nous fourrer dans une langue de mégalomane. Bonne suite. Let’s go for English.

    • Le 11 juillet 2014 à 17:14, par Le bon citoyen En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

      Il faut laisser Philipe rêver. La jeunesse ne pédalera jamais les pédales de ton vélo car même les français ne croient plus à ce machin. Donc mange pour toi et laisse les autres se chercher.

    • Le 11 juillet 2014 à 19:59, par yimi-frande En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

      Bien dit mon frere !
      Il faudrait ajouter une de nos langues nationale en plus de l anglais.
      Le moore ou le dioula dans un sens large car il est couramment parle chez nous dans plusieurs villes au mali et en cote d ivoire. Dans lidee de reunir au moins 3 pays en afrique de l ouest.
      Meme si on doit parler l arabe ou le chinois je pense qu il est temps de s en passer au francais nuisible sans aucun futur.
      Yes for english for all trading business and computer science, elctricity, electronic and ...and ...and..!

  • Le 11 juillet 2014 à 18:08, par Pass En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

    L’idéale voudrait que celui qui tient le guidon conduise en même temps pour mieux faire avancer le vélo. Sinon ce vélo risque de ne pas aller loin.

  • Le 11 juillet 2014 à 18:47, par Kamélé En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

    S’il existe de vrais chercheurs francophones ou français (chercheurs dignes et efficaces), pourquoi ne font-ils pas de la recherche empirique pour permettre à la langue française de dominer ou mieux concurrencer l’anglais ? Mêmes les français ont en train de tourner vers l’anglais et oblige les africains à rester dans le français. De plus en plus de conférences en anglais sont organisées au coeur de Paris.

  • Le 11 juillet 2014 à 18:52 En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

    C’est comme si Mr Savadogo a ecrit pour ecrire. De nos jours on va faire quoi avec la langue Francaise ? Meme pour être vigile, on vous demande si vous parlez anglais, et si vous avez la chance de vous rappeller de votre anglais de 6e ( what is your name ?) vous etes sauve. Ecrivez sur des sujets importants du genre : Comment sortir notre Pays du sous-developement ? De la mal-gouvernance ? De la dependance totale vis a vis de l’Occident ? Comment amener les citoyens a faire confiance a leurs leaders ? Comment reformer la justice ? L’education ? Si vous ne voulez pas aborder ces sujets de peur de couper votre gombo, alors mangez et taisez-vous.

    • Le 12 juillet 2014 à 08:12 En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

      Mettons balle à terre les amis. Notre monde chemine vers une civilisation universelle qui englobe anglophonie, francophonie, lusophonie, russophonie et de toutes les langes et valeure émergentes dans un monde du donner et du recevoir... L’Homme doit demeurer au cœur de cette culture universelle. N’est-ce pas cher Filippe et autres frères et amis internautes ? Faisons avec grande courtoisie de la place à chacun et a tous sous le soleil. Cordial salut à chacun et a tous.

  • Le 11 juillet 2014 à 19:13, par baobab En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

    Bien,moi particulieremet j’ai aimé le voyage !Surtout ces images de vélo qui pédalent au soleil.les gens aiment ca. Mais soyons réalistes quant au contexte national ce qui est fait et ce qui embellie les discours des gens...

  • Le 12 juillet 2014 à 06:35, par BEN En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

    Bonjours M. Savadogo et félicitations pour ton mandat â New York. Nous espérons quand même que vous n’excluez pas certaines personnes, futures candidates en disant que : " une personne pétrie de savoir, jeune, alerte, imprégnée de toutes les questions de son siècle devrait incarner le nouveau visage de la Francophonie à la fois africaine, asiatique , européenne et américaine".

    • Le 12 juillet 2014 à 16:42, par matyp & K’Emp En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

      Jusqu’à présent, je n’ai pas encore compris ce qu’est la Francophonie. Par contre, sans être pour autant anglophone, j’ai une idée claire de ce qu’est le Commonwealth.
      De mon expérience, la Francophonie n’est qu’une idée à laquelle s’accroche les Africains et les Québécois. Demandez à un Français, il vous dira que c’est la première fois qu’il entend ce mot.
      Si quelqu’un pouvait m’éclairer (sans trop de littérature comme c’est le cas maintenant), ça m’aidera beaucoup (j’espère).

  • Le 13 juillet 2014 à 06:42, par MOYENGA En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

    j’aurai pensé les sages au guidon que sur le porte- bagages !à mon avis la métaphore du vélo est inadéquate ;car il faut bien l’avouer la nouvelle génération ne croit guère au français. alors avec elle comme moteur de la francophonie puisque dévolue aux pédales le vélo n’ira pas bien loin mais se trouvera garé au bord de la route.

  • Le 13 juillet 2014 à 08:03, par @lpha2014 En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

    Je ne rentre pas dans le débat, je précise seulement que je suis un francophile indécrotable, mais que je me suis remis à l’anglais et que je fais des efforts pour approfondir mes connaissances dans nos deux principales langues nationales : essayer de parler quinze minutes en Moore sans y glisser un mot de français. C’est beaucoup plus difficile qu’on imagine. Pourtant la Richesse de la langue Moore autorise beaucoup de possibilités.
    Je me permets de mettre en garde mes jeunes frères contre la pensée unique qu’amènerait un passage au tout anglais. Ce serait un appauvrissement dommageable pour nous tous. Si le Rwanda réussit, c’est pour d’autres raisons que le passage à l’anglais. La langue française est d’une grande richesse. Quel les français ne sachent pas la mettre en valeur et en tirer profit est un fait. Mais ce n’est pas une raison pour nous ruer tête baissée sur l’anglais car en définitive c’est une négation de nos propres valeurs et un blanc seing à la pensée unique Anglo saxonne. Quel désastre en perspective !

    • Le 13 juillet 2014 à 19:16, par Dibi En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

      Mauvaise communication, contre-sens, polysémie et sous-entendus en français gaulois et grivois !
      Vous avez dis : "les jeunes aux pédales" ?
      Sait-on ce que c’est qu’une pédale en français argotique peu parlé en Afrique ?
      Mieux vaut ne pas en dire plus ! Et souhaiter qu’à jamais, nos jeunes ne soient livrés à cette espèce de prédateurs sexuels décatis.

    • Le 14 juillet 2014 à 07:49, par Koumbem Tipousga En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

      Merci M. Alpha. Je vous comprends, mais il faut un peu plus du réalisme. Pouvez-vous vous passer de votre cellulaire une journée ? Il y a 15-20 ans, vous viviez sans en avoir peut-être, mais cela ne vous derangeait pas. Il y a des choses qui s’imposent à nous et si nous ne prenons pas le cours des choses à temps, on sera comme ces chefs qui envoyaient les enfants de leurs sujets à l’école et en laissant les leurs en croyant avoir bien fait. Résultat, vous le savez. Personne n’a dit d’oublier le français, mais au lieu de faire sa promotion, il faut promouvoir autre chose. Si on parle de francophonie aujourd’hui est qu’elle est devenue le gagne-pain de certaines personnes, c’est qu’il y a menance quel que part et il faut en tenir compte. Un proverbe de chez nous dit que l’enfant s’amuse là ou il n’a pas pleuré hier. Le français dans ce monde a-t-il réellement de l’avenir si des conférences sont tenues en plein Paris en anglais ? Parcourez le net pour une recherche, vous verrez que le français carracole et l’anglais est au top. Faut-il dire : j’aime le français, donc j’attends que l’on traduise. le fait d’être obligé de traduire est déjà un signe. Je sais de quoi je parle, car je suis aussi bien locuteur du français, de l’anglais, le mooré qui est la langue que je parle le moins mal et le dioula. Mais en tant que traducteur, je vous affirme que le français retro-pédale. Apprenez bien l’anglais au lieu de défendre des valeurs qui quoi qu’on dise ne sont pas les notres. français et anglais. Demandez à Filippe si étant à New York c’est combien pour cent de français qu’il utilise pour défendre le français ? Quand les gens mangent dans quelque chose, ils veulent berner les autres. C’est de cela qu’il s’agit.

      Bonne journée

    • Le 9 août 2014 à 12:15, par Dapuda Z KANE En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

      MERCI ALPHA. Je ne comprends pas les africains. Les français parlaient une autre langue, pourquoi ils ont crées le français actuelle ? Pour être indépendants mais nous voila les africains se botter pour anglais et français ou arabe. Dieu nous a tous crée avec nos langues. Le français est inventé moins de six siècle alors que nul ne peut situer la création du bamanankan ou du Moore. L’Afrique doit se libérer des griffes de l’occident et les armes les plus sophistiquées pour bien mener ce combat sont nos langues.

  • Le 9 octobre 2014 à 23:08, par youblobissan En réponse à : Le post-scriptum de Filippe SAVADOGO : La Francophonie du futur

    Toutes les revues scientifiques sont éditées d’abord en anglais pour que les chercheurs anglophones se prononcent et la traduction se fera 1a 2 ans après. Celui qui veut progresser dans tous les domaines , devra maîtriser l’anglais.

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