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5è Conférence pénitentiaire internationale : De multiples et multiformes attentes

Publié le mardi 8 juillet 2014 à 22h01min

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5è Conférence pénitentiaire internationale : De multiples et multiformes attentes

La 5è Conférence pénitentiaire internationale placée sous le thème central « La promotion des partenariats régionaux et les meilleures pratiques en soutien des programmes de réforme du système pénitentiaire dans les opérations de paix des Nations-Unies » est en cours depuis ce matin 8 juillet 2014 à Ouagadougou. La cérémonie de lancement de ladite conférence – ponctuée d’animations musicales de la troupe de détenus de la MACO - a été présidée par le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Dramane Yaméogo, représentant le Premier ministre.

Après Stockholm en Suède en 2009, Gand en Belgique en 2010, Singapour en 2011 et Berlin en Allemagne en 2012, la Conférence pénitentiaire internationale se tient – pour la première fois en Afrique – à Ouagadougou au pays des Hommes intègres.

Pour le ministre Dramane Yaméogo, en sus de sa volonté de « démontrer sa foi en l’Etat de droit, ses capacités organisationnelles, ses valeurs sociales et hospitalières », le Burkina Faso entend, à travers l’organisation de cette conférence, tenir « son rang honorable de premier pays contributeur en officiers pénitentiaires dans les opérations de maintien de la paix des Nations-Unies ». En effet, précise-t-il, « de juillet 2006 au 30 juin 2014, 157 personnels de la Garde de Sécurité Pénitentiaire ont été déployés dans les opérations de maintien de la paix. Depuis le 1er juillet de cette année, on compte une quarantaine d’officiers correctionnels burkinabè présents dans les opérations de maintien de la paix à Haïti, en République Démocratique du Congo, en Côte-d’Ivoire et en République Centrafricaine. Actuellement, le Burkina Faso compte trois cadres permanents qui servent au sein des opérations de maintien de la paix dans le domaine pénitentiaire ». Ce qui, selon lui, a fini par arracher la confiance de la communauté internationale qui a consenti à la tenue de la présente Conférence en terre burkinabè.

Une opportunité d’échanges entre acteurs du monde pénitentiaire

Cette conférence constitue, à en croire le ministre Yaméogo, « une opportunité d’échanges entre magistrats, personnels pénitentiaires, travailleurs sociaux, personnels de santé, intervenants pénitentiaires, experts nationaux et internationaux ainsi que les acteurs de la société civile » venus de 53 pays à travers le monde. De ces échanges, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies en Côte-d’Ivoire, Aïchatou Mindaoudou, dit attendre de voir tracées, les voies pour la « mise sur pied de systèmes correctionnels justes et équitables », gages de « systèmes pénitentiaires fiables, sécurisés et à visage humain ».

Partenariat, mais aussi participation aux opérations de paix

En outre, cette conférence devra permettre aux acteurs du monde pénitentiaire de se doter d’outils à même de favoriser et de renforcer le partenariat. Ce qui, selon Aïcahtou Mindaoudou, permettra de faire - au mieux - face aux défis structurels qui ont pour noms, « infrastructures délabrées, voire inexistantes, lois inappropriées ou dépassées, mauvaises conditions de vie entrainant la négation des droits des détenus, insuffisance des services sociaux de base y compris les problèmes d’accès à l’eau, à l’assainissement, défaut de cohérence du système de justice pénale, climat d’insécurité qui prévaut la plupart du temps dans des situations de sortie de crise qui affectent très souvent le fonctionnement de l’administration pénitentiaire ».

Par ailleurs, les conclusions de cette conférence doivent, de l’avis de Mme Mindaoudou, permettre de créer un climat favorable à l’accroissement quantitatif et qualitatif de la participation des Etats aux opérations de maintien de la paix dans le domaine pénitentiaire.

Fulbert Paré

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Ils se prononcent sur l’état des lieux de la situation pénitentiaire et expriment leurs attentes ….

Adama Rouamba, Directeur général de la GSP :

Avec les efforts qui sont faits ces dernières années par notre pays, depuis la politique de réinsertion sociale en passant par le programme national de réforme de la justice jusqu’à l’adoption du programme national de justice actuel, le gouvernement a consenti beaucoup d’efforts. On a pu construire de nouveaux établissements pénitentiaires, on a recruté de nouveaux personnels, on a augmenté la ration alimentaire allouée aux détenus, les produits d’hygiène, l’accès aux soins médicaux. Mais le problème c‘est que la prison, c’est le reflet de la société. L’augmentation de la criminalité dans la société entraine nécessairement un effet de surpopulation qui est ressenti dans les établissements pénitentiaires. Et c’est justement cette surpopulation qui est la maladie des prisons. Qui dit surpopulation, dit insalubrité, maladie, manque ou insuffisance d’alimentation et de soins médicaux. Ce sont les réalités des prisons en Afrique et un peu partout dans le monde.

Nos attentes particulières de cette conférence, c’est de partager les bonnes pratiques en matière pénitentiaire. Bonnes pratique pour assurer la sécurité dans les établissements pénitentiaires, bonnes pratiques pour concevoir de bonnes architectures pénitentiaires qui tiennent compte de la valeur humaine et des objectifs de sécurité et de réinsertion, bonnes pratiques pour lutter contre la surpopulation carcérale par des mesures d’aménagement des peines par des peines alternatives, des activités récréatives de réinsertion sociale, de formation, d’alphabétisation et de socialisation. Bonnes pratiques pour mieux former nos personnels, et bonnes pratiques pour intervenir dans les pays en situation d’après conflit pour les aider à restructurer leur système pénitentiaire.

Danielle Boisvert, chef de la Section pénitentiaire de l’ONUCI

Je pense que le fait que cette conférence se tient ici au Burkina Faso témoigne du progrès fait en matière pénitentiaire. Nous en Côte-d’Ivoire, on bénéficie vraiment de services que le Burkina Faso nous rend en permettant d’avoir accès à ses agents pénitentiaires qui nous apportent une expertise vraiment exceptionnelle. Le fait que le Burkina Faso soit un pays francophone nous aide aussi à travailler avec les autres pays francophones qui ont besoin de notre appui.

Quand on travaille dans des prisons là où il y a des missions de maintien de la paix, on est confronté à beaucoup de défis dont la reconstruction du système pénitentiaire, le renforcement des capacités des agents pénitentiaires, les soins médicaux, le respect des droits humains des détenus. Ce sont autant de challenges auxquels on est confronté. On espère que les pays contributeurs vont pouvoir nous aider à les relever.

Nous avons l’honneur de travailler avec un système pénitentiaire qui est très répondant. Vraiment, on voit que le système là-bas (en Côte-d’Ivoire, ndlr) veut des améliorations, veut bénéficier des expériences de la communauté internationale. Il travaille étroitement avec nous pour rétablir les meilleures conditions de détention. Sur le plan de la santé des détenus, ils se sont très bien engagés avec nous pour des résultats vraiment merveilleux qui ont amélioré pleinement les conditions de vie, la possibilité de survie des détenus dans les prisons. Je félicite la Côte-d’Ivoire pour tous les efforts qu’elle fait pour travailler avec nous.

Nous espérons que nous allons vraiment avoir des discussions enrichissantes, que nous allons apprendre des pratiques et de nouvelles approches pour le maintien de la paix dans les pays des Nations-Unies et aussi que nous allons avoir une franche collaboration avec tous les partenaires qui sont ici présents.

Propos recueillis par Fulbert Paré

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