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Diaspora : Le développement durable de l’Afrique au centre d’un Forum à Lyon

Publié le vendredi 13 juin 2014 à 22h58min

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Diaspora : Le développement durable de l’Afrique au centre d’un Forum à Lyon

Un mois après la dixième édition des Journées culturelles, l’Association des Burkinabè de Lyon (ABL) a organisé les 7 et 8 juin, en collaboration avec le Collectif Africa 50, la deuxième édition du Forum économique et de développement durable de l’Afrique (Fedda).

Créer un cadre de réflexion approfondie sur les bases de développement de l’Afrique de manière générale et de l’Afrique de l’ouest en particulier, favoriser le business entre entreprises européennes et africaines, encourager le développement des carrières, l’entrepreneuriat et la formation professionnelle et permettre l’épanouissement de la diaspora africaine, etc., tels sont, entre autres, les objectifs visés par l’Association des Burkinabè de Lyon (ABL) en organisant les 7 et 8 juin, la deuxième édition du Forum économique et de développement durable de l’Afrique (FEDDA). Les débats se sont déroulés toute la journée dans l’amphithéâtre de l’Ecole supérieure de commerce et de développement 3A, « un établissement à vocation internationale qui s’intéresse particulièrement à l’Asie, l’Afrique et l’Amérique », comme l’a souligné son président, Alain Scappaticci.
« Notre ambition est de faire du FEDDA un rendez-vous régional, national voire international », a lancé pour sa part, la présidente du comité d’organisation et secrétaire générale adjointe de l’ABL, Myriam Yelkouni, expert-comptable de profession.

Au menu de cette deuxième édition du FEDDA, des débats sur les conditions du développement des affaires en Afrique, les opportunités d’affaires en Afrique de l’Ouest, avec un focus sur le Mali, le droit des affaires dans la zone OHADA, le programme entrepreneurs en Afrique, un concours de business plan, un défilé de mode suivi d’un concert et un tournoi de football.

« Entre le Burkina et le Mali, existent des relations ancestrales, nous avons un destin commun et le Burkina joue un rôle important en tant que médiateur dans la crise malienne », a déclaré Tidjani Djime Diallo, conseiller à la communication de l’ambassade du Mali en France, venu représenter l’ambassadeur Check Mouctary Diarra, retenu à Paris pour des concertations au Quai d’Orsay. Le conseiller économique à l’ambassade du Burkina à Paris, Abdouramane Ouédraogo, venu lui aussi représenter l’ambassadeur Eric Tiaré, contraint de rester dans la capitale française pour assister à une rencontre d’affaires entre le ministre de l’Economie et des finances et des chefs d’entreprises français, a rappelé que l’Afrique a enregistré un taux de croissance économique d’environ 5% ces dernières années, et que son pays avait adopté des réformes visant à assainir le climat des affaires.

Le principal orateur du jour aura été François Kaboré, professeur d’économie à Georgetown University, à Washington et au Centre de recherche et d’action pour la paix, par ailleurs Père jésuite diplômé en théologie. Il a entretenu l’assistance de deux thèmes : « Doing Business in Africa ; quelles stratégies, quelles approches ? », et « Opportunités d’affaires en Afrique de l’ouest : quels marchés porteurs, quelles opportunités ? Focus sur le Mali ».

« Doing Business », explique t-il, « c’est mener toute action qui crée des opportunités professionnelles et pécuniaires et cela passe par l’innovation, c’est-à-dire, la création de nouveaux produits. Entreprendre, c’est donc innover, tout le contraire de l’imitateur qui lui se distingue par sa paresse intellectuelle ». Il a ensuite exposé les atouts économiques et humains dont dispose l’Afrique et qui fait d’elle, le continent de l’avenir.

D’immenses ressources naturelles

En 2025, le continent noir aura la plus grande population active de l’histoire de l’humanité avec plus de 50% de jeunes qui auront 20 ans. L’Afrique dispose d’immenses ressources naturelles, notamment le diamant (30% de la production mondiale), l’or et la bauxite (50%), le colton (70%) le platinium et le cobalt (90%), le chronium (98%), etc. Le Produit national brut du continent a enregistré une augmentation continue entre 2000 et 2012 en Afrique Sub-saharienne, passant de 344.1 à 1334.2 milliards de dollars, et devrait atteindre 1844.6 milliards de dollars en 2017 selon les prévisions du FMI. Quant à la parité du pouvoir d’achat, il est passé de 1600 dollars en 1990 à 2500 dollars en 2012. Le conférencier a aussi indiqué que la croissance avait été plus forte en Afrique (11%) qu’en Asie (10%) depuis 2009, et que c’est le même continent qui a attiré le plus d’investissements directs étrangers (IDE) ces dernières années. Les Etats-Unis, le Royaume Uni et la France arrivent en tête des pays pourvoyeurs d’IDE entre 2007 et 2012, avec respectivement 516 milliards de dollars, soit une augmentation de 11.2%, 456 milliards (25.1%) et 398 milliards de dollars (-6.3%). Sur le continent, les principales sources d’IDE sont l’Afrique du Sud, avec 235 milliards de dollars, soit une croissance de 56,5% sur la même période, le Kenya, 113 milliards (60.0%) et le Nigeria 78 milliards (20.1%).
Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les matières premières qui constituent la principale source de croissance économique de l’Afrique, mais il y a aussi les services, qui sur la période 2000-2011 représentaient 53,9%, suivis des ressources naturelles (15,9%) et l’agriculture (15.7%).

Certes, les mines, les métaux et les hydrocarbures attirent toujours plus les investisseurs avec respectivement 26, 24 et 22%, mais selon une étude du cabinet Ernst &Young’S publiée en 2013, les investissements dans ces secteurs ont connu une baisse de -12, -3 et -4% en 2012 comparativement à 2011. En revanche, dans les secteurs des infrastructures, des services financiers, l’information et les télécommunications, la dynamique est restée positive. C’est donc là que se trouvent les opportunités d’affaires. Les mines ne sont donc plus aussi attractives qu’ils l’étaient il y a une dizaine d’années, alors que dans le même temps, le climat des affaires s’est beaucoup amélioré dans de nombreux pays africains.

La contribution de la diaspora africaine

S’agissant de la diaspora africaine, le professeur Kaboré a montré que si dans le cycle secondaire, elle possédait un niveau d’éducation équivalent à celui enregistré sur le continent (30%), en revanche, dans le tertiaire, l’écart entre les deux était très significatif, 30% contre 5%.

Quantitativement, ce sont les Algériens (24,3%), Marocains (23.9%), Tunisiens (7.1%) et Sud-Africains (5.0%) qui sont les plus nombreux dans la diaspora africaine. Mais qualitativement, les plus instruits sont les Mauriciens (58%), les Sierra-Léonais (51%), les Ghanéens (45%) et les Libériens (44%). Selon le professeur Kaboré, c’est le Canada qui accueille les Africains les plus qualifiés (60%), suivi de l’Irlande (58%), les Etats-Unis (49%), le Royaume-Uni (47%). La France quant à elle, accueille (20%) d’Africains vivant hors du continent devant l’Espagne et l’Allemagne (5%) et l’Italie (4%).

Comment cette diaspora peut-elle apporter sa contribution au développement de l’Afrique ? La question est au centre d’une polémique depuis plusieurs années et globalement, la perception qu’on a d’elle est négative. Les Africains de la diaspora sont au mieux, perçus comme des gens ayant renoncé à affronter les difficultés auxquelles est confronté le contient, au pire, comme des apatrides, des ingrats qui ont honteusement tourné le dos à la mère patrie.

De l’avis du conférencier, parler de fuite des cerveaux, c’est méconnaître une réalité économique qui est que le travailleur qualifié n’est pas forcément obligé d’être physiquement sur son lieu de travail pour accomplir la tâche qui lui est confiée. Même à des milliers de km de son pays d’origine, on peut bien être autant utile que celui qui réside sur le continent. Au-delà des transferts de fonds qu’ils effectuent vers l’Afrique-40 milliards de dollars par an selon la Banque mondiale-, les Africains de la diaspora jouent un rôle dans le développement du continent. « La réussite d’un parent qui est à l’étranger peut inciter les neveux et nièces à vouloir être comme lui, donc, ça peut les inciter à bien travailler à l’école », explique le professeur Kaboré.
Mieux, quand un pays adopte une politique volontariste en direction de sa diaspora, comme le fait le Mali, il peut en tirer le meilleur profit. En 2005, les 4 millions de Maliens disséminés partout dans le monde ont rapatrié 300 milliards de F CFA, soit 11% du PIB du pays et 79% de l’Aide publique au développement. « Il y a là une source de financement de l’économie nationale, disponible, patriotique que nos Etats ignorent, préférant négocier des prêts auprès des institutions financières internationales à des conditions parfois humiliantes », commente un chef d’entreprise.

Profiter de l’expertise de la matière grise malienne

Ayant compris depuis longtemps l’intérêt que le pays avait à mobiliser sa diaspora dans la construction du pays, les autorités maliennes ont créé en 1998, le Transfer of Knowledge Through expatriate nationals (Tokten), l’objectif étant de profiter de l’expertise de la matière grise malienne à l’étranger et de mieux orienter les fonds transférés vers l’investissement productif. « Grâce à ce dispositif, beaucoup d’étudiants bénéficient de l’encadrement de nos compatriotes de l’étranger », explique le conseiller à la communication à l’ambassade du Mali, Tidjani Djime Diallo. Afin de les inciter à s’investir davantage dans le développement du pays, le gouvernement a créé un fonds dédié spécialement à sa diaspora et a décidé des exonérations douanières pour les investissements. « On ne peut pas obliger ceux qui sont dehors à rentrer au pays, le seul moyen de les associer au développement de nos pays, c’est de créer des conditions incitatives pour eux », conclut le conseiller.
Après un exposé sur le traité OHADA par l’avocat Thierry Bonnet, du barreau de Lyon, et spécialiste du droit international, et une présentation du Service relations établissements entreprises du programme Entrepreneurs en Afrique de Campus France, le Forum a pris fin par un concours de Business plan.

Quatre candidats étaient en lisse : un projet de distribution de viande à Madagascar, un bureau d’études dans le domaine du génie civil et du bâtiment au Togo, des cours en ligne ouverts en massif et une unité de distribution de la viande de volaille à Ouagadougou. C’est ce dernier projet, porté par notre compatriote, Ida Ouédraogo, qui a été primé. Elle bénéficie d’un billet d’avion pour retourner au Burkina et mieux affiner son Business Plan.

Dans la soirée, un diner, un défilé de mode et concert ont clos la journée. Le lendemain 8 juin, la deuxième édition du FEDDA s’est poursuivie avec un tournoi de football, une sorte de Mondial avant l’heure, qui a mis aux prises, huit équipes : Burkina, Cameroun, Congo-Brazzaville, Côte d’Ivoire, Guinée, Espagne, Djibouti, Sénégal. Un tournoi remporté par les Lions de la Teranga face aux éléphants de la Côte d’Ivoire sur le score de 3 buts à 1. Le Burkina, pays organisateur, n’a hélas, pas pu passer le premier tour et en guise de consolation, les Etalons ont reçu le Trophée du Fairplay !

Joachim Vokouma

Lefaso.net (France)

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Vos commentaires

  • Le 13 juin 2014 à 13:34 En réponse à : Diaspora : Le développement durable de l’Afrique au centre d’un Forum à Lyon

    Décidément ces Burkinabè de Lyon sont dynamiques ! Bravo et continuez comme ça !

  • Le 13 juin 2014 à 15:14, par Patriote En réponse à : Diaspora : Le développement durable de l’Afrique au centre d’un Forum à Lyon

    Félicitations aux Burkinabé de Lyon pour cette activité. Vous faites la fierté de la Diaspora Africaine en France. Vous êtes de vrais ambassadeurs.
    Bravos

  • Le 13 juin 2014 à 15:15 En réponse à : Diaspora : Le développement durable de l’Afrique au centre d’un Forum à Lyon

    Décidément ces Burkinabè de Lyon sont dynamiques ! Bravo et continuez comme ça !

  • Le 13 juin 2014 à 17:12 En réponse à : Diaspora : Le développement durable de l’Afrique au centre d’un Forum à Lyon

    FECITATION MES FRERES ,L’AFRIQUE BOUGE GRACE A NOTRE APPORT,MAIS ,MAIS ,NOUS VOULONS UN CHANGEMENT DES REGIMES DICTATAURIOTS,POUR UNE VRAIE DEMOCRATIE ,POUR S’EPANOUIR LIBREMENT,SANS TUERIES POUR NOS IDEES ET OPINIONS,AU BURKINA LA SITUATION EST GRAVISSIME ,Et ÇA FAIT TRES PEUR POUR NOUS DIASPO,....

  • Le 13 juin 2014 à 22:15, par Les amis de l’ABL en SUISSE En réponse à : Diaspora : Le développement durable de l’Afrique au centre d’un Forum à Lyon

    La diaspora Burkina a travers des journalistes comme J. vokouma sont les vrais ambassadeurs plus que les ambassadeurs du Burkina à travers le monde. Le burkinabé est immigrant dès sa naissance soit chez la tante soit chez l’oncle et ensuite la Cote d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Gabon, disons dans tous les pays voisins du Burkina qui sont nos débouchés maritime et généreux en main d’œuvre. Les doyens vivants en France en Italie ont su transmettre la sagesse du rôle d’ambassadeur a tous les compatriotes qui arrivent dans ces pays, dont notre premier ambassadeur en France au temps du président Maurice Yameogo, le feu Gomkoudougou Victor kaboré disait a tous les nouveaux arrivants en France, ‘’’’mes frères et sœurs vous êtes les bienvenus en France, la bonne nouvelle que je vous annonce c’est que vous êtes les nouveaux ambassadeurs de la haute volta en France, faites votre rôle de vrais voltaïque avec courage, dignité, et n’oubliez jamais d’où vous venez, car vos placentas se trouvent dans vos villages et attendent vos retours.’’’’ L’ABL et son représentant Amidou Ouédraogo que Lyon et le vieux Lyon passant par Villeurbanne à adopter, prennent la parole du feu son excellence Victor Gomkoudougou Kaboré a cœur. Bon vent l’ABL et ses représentants, sans oublier les responsables de la ville de Lyon qui les soutiennent. Bon courage au journaliste J. Vokouma pour ses reportages qui vont pour le mieux de la diaspora Burkinabé en France et partout dans le monde. G.et C.

  • Le 14 juin 2014 à 07:09, par Les amis de l’ABL en SUISSE En réponse à : Diaspora : Le développement durable de l’Afrique au centre d’un Forum à Lyon

    La diaspora Burkinabé a travers des journalistes comme J. vokouma sont les vrais ambassadeurs du Burkina dans le monde. Le burkinabé est immigrant dès sa naissance soit chez la tante soit chez l’oncle et ensuite la Cote d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Gabon, disons dans tous les pays voisins du Burkina qui sont nos débouchés maritime et généreux en main d’œuvre. Les doyens vivants en France en Italie ont su transmettre la sagesse du rôle d’ambassadeur a tous les compatriotes qui arrivent dans ces pays, dont notre premier ambassadeur en France au temps du président Maurice Yameogo, le feu Gomkoudougou Victor kaboré disait a tous les nouveaux arrivants en France, ‘’’’mes frères et sœurs vous êtes les bienvenus en France, la bonne nouvelle que je vous annonce c’est que vous êtes les nouveaux ambassadeurs de la haute volta en France, faites votre rôle de vrais voltaïque avec courage, dignité, et n’oubliez jamais d’où vous venez, car vos placentas se trouvent dans vos villages et attendent vos retours.’’’’ L’ABL et son représentant Amidou Ouédraogo que Lyon et le vieux Lyon passant par Villeurbanne à adopter, prennent la parole du feu son excellence Victor Gomkoudougou Kaboré a cœur. Bon vent l’ABL et ses représentants, sans oublier les responsables de la ville de Lyon qui les soutiennent. Bon courage au journaliste J. Vokouma pour ses reportages qui vont pour le mieux de la diaspora Burkinabé en France et partout dans le monde.

  • Le 17 juin 2014 à 10:18, par nacid En réponse à : Diaspora : Le développement durable de l’Afrique au centre d’un Forum à Lyon

    Bravo à l’ABL et bonne suite !

  • Le 20 juillet 2014 à 19:34, par Yéri youblo En réponse à : Diaspora : Le développement durable de l’Afrique au centre d’un Forum à Lyon

    Toutes ces initiatives sont à saluer mais tant qu’une solution ne sera pas trouvée à la concurrence déloyale, à la corruption , à la passation de marchés publics de gré à gré , je doute fort du succès de ces initiatives.

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