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L’après-Eyadema : Que vont-ils devenir ?

Publié le mercredi 9 février 2005 à 00h00min

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Ils s’appellent Gilchrist Olympio, Yawo Agboyibo, Edem Kodjo, Léopold Gnininvi, Rock Gnassingbé... Ils font partie soit du système Eyadéma, soit de l’opposition. Après la perpétuation de ce qu’il est convenu d’appeler la "monarchie Gnassingbé", que vont-ils devenir ? Essai de réponses.

Gilchrist Olympio

Le fils du premier président du Togo et patron de l’Union des forces du changement (U.F.C.) vit depuis plusieurs années déjà à l’étranger. Après la période de braise (1990-1994), il a d’abord vécu au Ghana où il a bénéficié de la bienveillance du président J.J. Rawlings. Avec l’arrivée de Jonh Kuffuor, il a dû partir à Paris, où il vit, avec de fréquents séjours à Londres.

Leader charismatique, il a une assise réelle au Togo, même dans le Nord, réputé être le fief du défunt chef d’Etat Eyadéma. Sudiste (il est de l’ethnie Ewé) Olympio prône un discours assez modéré. Il a un talon d’Achille : d’aucuns estiment qu’il ne connaît pas les réalités du pays pour être resté trop longtemps "dehors" . Lui rétorque qu’après avoir échappé de peu à la mort (il a été grièvement blessé en 1993) il doit être sur ses gardes. Va-t-il rejoindre le Togo pour participer au vaste mouvement des opposants, qui semble se dessiner ?

Léopold Gnininvi

Ce professeur de physique, leader de la Convergence démocratique des peuples africains (CDPA), est un opposant radical avec un discours acéré. Alors qu’en 1993, beaucoup d’opposants, soucieux d’atténuer la misère des Togolais frappés par les opérations "Togo mort", appelaient à renouer le dialogue avec Eyadéma, Gnininvi a dit "niet". Ce radicalisme pur et dur a fragilisé son parti, qui demeure néanmoins présent dans quelques villes. Avec des alliances, il peut, si Faure Gnassingbé daigne organiser des élections, faire pencher la balance d’un côté.

Edem Kodjo

Quand Sylvanus Olympio a été assassiné en janvier 1963, Edem Kodjo était en France depuis 6 ans. Enarque au civil, ancien responsable de la FEANF, donc "olympiste", il n’hésitera pourtant pas à retourner à Lomé en 1967, où il rencontre Eyadéma, qui le fera nommer Secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances. Ce sera le début d’une longue idylle politique entrecoupée de hauts et de bas. En avril 1991, Kodjo créera sa formation politique, l’Union togolaise pour la démocratie (UTD).

En 1994 il est nommé Premier ministre à la place de Me Yawo Agboyibo, à qui revenait légitimement le poste, selon la Constitution de l’époque. Un acte qui a plombé l’opposition et signé la mort politique d’Edem Kodjo, même si on sait qu’en politique on peut rebondir selon le contexte. Aujourd’hui, Edem Kodjo, de même que les Kokou Koffigoh et autre Zarifou Ayeva, ne représentent plus grand-chose dans le landernau politique.

Les fils Gnassingbé

Qu’on le veuille ou non, les principaux fils du défunt président sont des pièces maîtresses dans le puzzle politique togolais :
Faure Gnassingbé : à tout seigneur, tout honneur, ce titulaire de MBA en finances, à 39 ans, est entré dans l’histoire du Togo en devenant le deuxième président du pays. (l’homme gérait les biens de son père et s’occupait du juteux domaine des phosphates). Ci-devant ministre de l’Equipement, il est jugé modéré.

Ernest Gnassingbé : L’aîné d’Eyadéma est lieutenant-colonel, et chef des fameux bérets verts, il est un homme à poigne. Son père, dit-on, préférait séjourner à Kara, lui laissant régenter Lomé. Il est actuellement perclus par une vilaine hémiplégie, qui l’oblige à se déplacer sur une chaise roulante.

Rock Gnassingbé : colonel lui aussi, il est le président de la Fédération togolaise de football (F.T.F.). Il est l’antithèse de son frère aîné Ernest. Il désapprouvait certains actes de son père (tel le fait qu’il se soit représenté en juin 2003). Il s’intéresse plus au sport qu’à la politique.

Le tandem Dahuku Père-Bob Akitani

En 2003, un avocat, Me Abi, créa le Parti socialiste pour le renouveau (PSR), dont il confiera les commandes à Dahuku Père, l’ancien président de l’Assemblée nationale. Dahuku Père, qui avait osé critiqué le fonctionnement du RPT, avait quitté ce parti présidentiel.

Dahuku fera investir Bob Akitani comme candidat du PSR à la présidentielle du 1er juin 2003. Ce dernier a obtenu 34,14% des suffrages lors de ce scrutin controversé. Le tandem Dahuku-Akitani bénéficie du soutien d’un électorat assez considérable au Sud comme au Nord. Dahuku est presque du même village qu’Eyadéma .

Fambéré Natchaba Ouattara

Fidèle parmi les fidèles du "patron" avec le défunt Koffi Panou, et autres Bary Moussa Barqué, Dama Dramani, Natchaba, le président de l’Assemblée nationale déchu le 6 février dernier, peut prétendre difficilement avoir, après le décès du maître, un (grand ?) rôle à jouer.

Me Yawo Agboyibo

Le président du Comité d’action pour le renouveau (C.A.R.) aurait pu devenir, de l’avis de certains analystes politiques, le président de la République du Togo dans les années 90. Il a été à cette époque-là au faite de sa performance politique : le CAR, aux législatives de janvier-février 1994, avait obtenu 34 sièges sur les 78, faisant de lui le premier parti du pays à l’époque. Même le RPT avait été battu. Selon la Constitution d’alors, Me Yawo devait être nommé Premier ministre, mais Eyadéma lui a préféré Edem Kodjo, qui faisait son affaire. Le "belier noir", comme ses militants l’appellent, demeure de nos jours incontournable au Togo, même si le CAR a perdu un peu de son électorat.

Agbeyomé Messan Kodjo

Celui qui était considéré en 2000 comme le dauphin d’Eyadéma est tombé en disgrâce après avoir osé critiquer le système qui l’a fabriqué, de "décadent, fossilisé". Il vit actuellement à Paris, et ne se réclame d’aucun parti politique. On n’ignore ses intentions actuelles (lire son interview dans l’édition d’hier mardi).

Le colonel Bitinewé Kouma

Ancien chef d’état-major de l’armée de terre, il a été accusé de tentative de coup d’Etat courant 2002. Il a pris la fuite et serait selon certaines sources à Bobo-Dioulasso où il vit. Il jouit d’une certaine ascendance dans l’armée togolaise.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
L’Observateur

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