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Crise au Burkina Faso : Article 37 ou 165, l’« inculture citoyenne » et le procès des intellectuels Africains en question

Publié le mercredi 28 mai 2014 à 02h12min

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Crise au Burkina Faso : Article 37 ou 165,  l’« inculture citoyenne » et le procès des intellectuels Africains en question

C’est un fait. En Afrique, dès que vient le moment de passer le relais, les « politiques » africains deviennent vite moins vertueux. Cet écrit ne veut pas rentrer dans le débat qui s’est érigé en dialogue de sourds au respectueux Pays des Hommes Intègres. Nous voudrions évoquer la question de l’« inculture citoyenne » au Burkina Faso. Faut-il aller au référendum ou pas ? Faut-il changer l’article 37 ? Et pourquoi ne pas lire l’article 165 pour commencer…

L’« inculture citoyenne » en question

La crise « vue de haut » nous enseigne encore une fois que les Africains tiennent difficilement leurs promesses. Les pays Africains de l’ouest Africain ont célébré (avec faste ?) leurs cinquantenaires, il y a quelques années pour la plupart… Les bilans sont sans doute restés dans les tiroirs (comme dirait l’humoriste). Dans tous les cas, on a été informé de la longue liste de ce qui n’a pas marché et de ce qui restait à faire dans un avenir très proche. Nous sommes habitués à ce genre de discours, direz-vous…

Dans les engagements pris, on pensait (sérieusement) qu’il fallait accélérer la formation des citoyens. Pour y réussir, on était bien d‘accord qu’on parlait d’abord d’instructions (alphabétisation, écoles etc.). On n’a pas besoin d’être un expert pour comprendre que les deux choses sont liées… Mais, voilà que la première chose n’a pas fait l’objet d’un développement prodigieux ! La seconde, elle, ne pouvait que patienter. Or, dans une Afrique, où chaque jour on fait des promesses, tout le monde finit par se lasser (pour de vrai). Résultat ? Aucun. Vous voulez des chiffres ou des lettres ?

Tout le monde est au moins d’accord (cette fois-ci) qu’on n’a pas bougé (ou presque). Il faudra encore d’autres analyses (à coup de millions de FCFA) pour saisir la bête qui gêne le « développement » de nos chères nations aux « indépendances » bien acquises, non plutôt bien trempées…

Alors, où est le problème ? (l’Afrique, au moins, sait conjuguer cette expression à tous les temps). Le problème est devant nos yeux. Nous manquons tous (Y’a-t-il des exceptions ?) de culture citoyenne ! ? Les politiques (s’ils prenaient conscience) feraient vite ! Le citoyen lamda également en ferait un souci primordial. Pourquoi ? Evaluez (vous-mêmes) la situation nationale du Faso et dites (ô Hommes intègres) la Vérité ! Vers quoi allons-nous ? Vers les conséquences d’une « inculture citoyenne » sur les plans politique, économie, social etc.

Article 37 ou article 165 de la Constitution burkinabé : où se trouve le diable ?

On change l’article 37 ? Oui, puisque la Constitution n’a pas dit le contraire. Non, plutôt, parce que le mandat présidentiel est limité ! En fait, entre les « pro » et les « anti », qui a lu la Constitution du Faso ? (Si vous avez honte de cette question, c’est un indice…) Ce sont les Burkinabé, les premiers, qui doivent lire leur Loi fondamentale, ce n’est pas la crise qui va la lire à leur place !

Un jeu de mot. L’article 37 est bien écrit. L’article 165 est bel et bien écrit aussi. Le premier dit : « on a fixé à 5 ans renouvelable une fois », le second dit : « on peut réviser puisque je n’ai rien dit là-dessus » (le vide juridique en question). Les plus pathétiques disent : « Pardon ! On demande d’arrêter quand même ! ». Ils oublient une chose : en politique, il n’y a pas de « limitation de pouvoir » ! Une Constitution doit être claire et nette dès le départ !

Il y a visiblement une guerre des articles (ou d’analphabètes ?). Au moins, les Burkinabé sauront lire deux articles de leur Constitution une fois dans leur vie, dirait encore le satirique.

Le procès des « intellectuels africains »

L’« inculture citoyenne » est-elle responsable de la crise actuelle (et bien d’autres ?) ou devons-nous intenter un procès aux intellectuels africains ? Ce procès-là viendra un jour. Le jour, où malheureusement, ceux qui devront être jugés, auront certainement quitté ce bas monde. De quoi s’agit-il ? Les Africains qui sont allés à l’école (instruction, scolarité etc.) exploitent toujours leurs frères analphabètes. C’est connu, il n’y a rien de nouveau ! En politique, la chose se vérifie également. Depuis quand avons-nous introduit nos Constitutions dans nos écoles (et alphabétisations) et adaptées à la compréhension de tous* ? Pourquoi cette absente critique dans les bases de l’éducation de nos pays ? Il ne s’agit pas de dire qu’on fait des efforts etc.

Les citoyens sont habitués également à ce refrain ! Ils ne veulent plus être accoutumés à des polémiques qu’un document intègre peut démêler. À ce titre-là, ce sont de véritables Écoles (ou cours) du citoyen qui doivent poindre sur tout le territoire (pourquoi pas dans tous les villages). Et pour cause : ce manque laisse libre cours aux « intellectuels » d’occuper (et même de saturer ?) tous les débats dans lesquels, hélas, le citoyen (encore une fois !) paie la note finale. Qui a intérêt à ce que le citoyen basique ne s’émancipe pas ? Une Constitution claire libère et fait prospérer sûrement un pays. Au fait, sont-ils nombreux ceux qui savent qu’ils existent une Constitution dans chaque pays de cette Union Africaine ?

Un bon instituteur (Ah, ces pionniers infatigables !), recommandera ceci : allez (re) lire (pardon), réécrire votre Constitution, la traduire et la vulgariser partout. Par respect pour les citoyens qui attendent d’être moins incultes pour entrer dans de vrais débats démocratiques. Ce sera la preuve que vous en faites soit un sujet soit un objet. Juste par respect pour le citoyen Africain. Vous attendez une conclusion ?

*Projet MRSI/CRDI : traduction de la Constitution burkinabé financée par la Coopération canadienne et a coûté la bagatelle somme de plus 24 millions en 2013. « Valorisation des résultats de recherches et des innovations au Burkina Faso ». Notes personnelles : ce sont les « toubabous » qui doivent toujours nous montrer le chemin ?

Nérée Z.

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