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Situation au Togo : L’UIDH condamne et propose

Publié le mercredi 9 février 2005 à 07h55min

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"En choisissant de s’asseoir délibérément et en toute complicité sur la Constitution togolaise, l’armée n’a pas rendu service au peuple togolais". L’Union interafricaine des droits de l’Homme (UIDH) lance donc, dans cette déclaration, un "appel pressant" au régime togolais et à la Communauté internationale.

La disparition brutale du président Gnassingbé Eyadéma le 5 février 2005 va sûrement aggraver encore plus la crise politique, socio-économique, qui secoue le Togo depuis plus d’une décennie.
Les élections présidentielles de 2003 n’ont pas fini de faire couler beaucoup d’encre tant elles paraissaient déjà contestables.

L’accroc constitutionnel grave qui vient de se produire et qui est la conséquence du décès du président Eyadéma est venu ramener brutalement le Togo à sa précarité d’avant la conférence nationale et de l’immédiat après la conférence nationale de 1990, avec leurs cortèges d’assassinats, d’arrestations arbitraires, d’emprisonnements, de procès judiciaires intempestifs et bidons touchant les leaders de l’opposition, les animateurs des médias, les défenseurs des droits humains, les étudiants et même les juges. Nombreux sont les Togolais qui vivent l’exil intérieur et l’exil extérieur.

En choisissant de s’asseoir délibérément et en toute complicité sur la Constitution togolaise, l’armée n’a pas rendu service au peuple togolais. Elle vient d’opérer un vulgaire coup d’Etat en l’absence du "timonier". Elle a choisi de jeter par terre les acquis de l’accord cadre de Lomé du 29 juillet 1999. Elle a détruit également les récents résultats des négociations qui ont mis en présence l’Union européenne, les forces vives du Togo et la majorité présidentielle. Elle vient de mettre le Togo sur la voie d’une monarchisation dynamique inacceptable.

L’Assemblée nationale togolaise vient de révéler au grand jour le caractère "godillot" de ses membres. En effet, comment comprendre qu’elle ait pu tordre le coup à leur président Natiaba Fambaré Ouattara et prendre un raccourci qui a consisté à introniser Eyadéma II en le ramenant du gouvernement à l’Assemblée nationale par un cheminement aussi contestable.

"Que cesse la répression sur la jeunesse !"

"L’opinion de l’accord cadre de Lomé, le respect de la Constitution et des engagements pris, l’approfondissement de la vie démocratique et le respect des droits de l’Homme sont des points susceptibles de permettre au Togo d’affirmer de manière positive son rayonnement extérieur et de développer ses relations avec les institutions régionales et internationales", lit-on dans l’accord de Lomé dont les dispositions restent d’une grave actualité.

L’UIDH appuie fortement les positions du président de l’Union africaine M. Olesegun Obassanjo, celles du président de la Commission de l’Union africaine, M. Alpha Omar Konaré, celles de l’Union européenne et de la France, celles de la CEDEAO qui, toutes, demandent le retour rapide à une vie constitutionnelle normale au Togo.
Ces positions doivent être accompagnées d’actes diligents et fermes et non rester au stade du verbiage.

L’armée togolaise doit se consacrer aujourd’hui à la défense extérieure ou à la garantie de la sécurité des citoyens car ils sont en danger et cette situation menace les pays de la sous-région. C’est le moment d’organiser rapidement le retour des réfugiés et des déplacés du Togo et dissoudre les milices, de détruire leurs caches d’armes, de ramasser toutes les armes détenues illégalement. L’organisation d’élections libres avec la participation de toutes les parties prenantes au processus doit constituer une préoccupation majeure.

L’UIDH demande l’application de l’article 65 de la Constitution togolaise qui invite à la désignation du président de l’Assemblée comme chef de l’Etat par intérim, la mise en oeuvre du processus électoral dans les 60 jours, la prise en compte des positions des parties politiques d’opposition quant à la recomposition de la CENI, la libération de tous les détenus politiques. Elle demande également que cesse la répression sur la jeunesse, notamment sa partie estudiantine.

Ouagadougou, le 06/02/2005

Le Président Halidou OUEDRAOGO

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